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SENEGAL : Idrissa Seck, le cheval de Troie des Wade ?

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Idrissa seck et l'ancien président Abdoulaye Wade

L’empire du pape du Sopi a volé en éclat. Il a fini comme l’empire Carolingien de Charlemagne ! La vision prophétique de Me Abdoulaye Wade a eu du plomb dans l’aile. Sa famille politique, du moins rangée derrière lui, ne régnera pas sur de longues décennies au Sénégal ! A moins que…

A l’inverse de Charlemagne, les fils héritiers de Me Wade n’ont même pas attendu sa mort. De son vivant, car assoiffés de pouvoir, ils se sont entre-déchirés entre eux ! Une longue guerre de succession s’en est suivie entre Macky Sall, Idrissa Seck et Karim Wade. D’une convocation à l’assemblée nationale à la prison de Rebeuss en passant par des démissions forcées ou des rétrogradations politiques et protocolaires vexatoires, tout était bon pour éliminer, discréditer, abattre dans le seul but inavoué d’écarter de la route présidentielle ses anciens frères. A ce jeu-là incontestablement, Macky Sall, pourtant novice en politique, l’a emporté haut la main. D’élève, il s’est hissé au niveau de maître dans l’art de gouverner par les lois et par la force. Quelle ingéniosité de faire appel à la bonne gouvernance pour ne pas partager le pouvoir et jeter ses adversaires en pâture aux lions ! Pas même une miette de mil entre les héritiers comme ce fût le cas après la mort de Charlemagne ! A la place d’un partage équitable, c’est l’exil ou la disgrâce que l’on offre.

Macky Sall ne s’est pas complètement débarrassé de tous les héritiers du pape du Sopi.

La ligne droite vers la présidentielle de 2019 ravive les tensions entre les trois héritiers du pape du Sopi. Les Wade n’ont pas dit leur dernier mot : ils affûtent leurs armes. Le rapport de la Banque mondiale innocentant Karim Wade lance un pavé dans la marre, quant à la manipulation de la justice « politique » sénégalaise.

Avec l’éloignement de Karim Wade, Idrissa Seck fait un appel du pied à son ancienne famille politique, le PDS.

Macky Sall ne s’est pas complètement débarrassé de tous les héritiers du pape du Sopi. Un d’entre eux resté jusqu’alors en embuscade, sort du bois ces derniers jours. Idrissa Seck lance des attaques tous azimuts. Il surfe sur les doutes entretenus par Ousmane Sonko concernant les contrats de gaz et pétroliers. Talon d’Achille de la famille présidentielle Sall !

Avec l’éloignement de Karim Wade, Idrissa Seck fait un appel du pied à son ancienne famille politique, le PDS. Il faut dire que le silence de Karim Wade ne plaide pas en sa faveur. Reviendra-t-il avant février 2019 ? Sera-t-il apte à payer son amende colossale ? La dernière visite de l’Emir du Qatar au Sénégal (voyage non prévu dans son agenda) semble nous indiquer que le retour du fils prodigue de Me Abdoulaye Wade est en l’état impossible. La révélation à l’opinion publique du rapport de la Banque mondiale est une tentative désespérée, une bouteille lancée dans le golfe persique dans le seul but d’appeler au secours le peuple sénégalais. Car disons-le sans ambages, le protocole de Doha existe. Il a été bel et bien négocié par les parties, la présence du procureur du Qatar dans l’avion d’exil en est une preuve sur sa force exécutoire !

Le parti socialiste a été décapité, les néo-mouvements politiques manquent d’assises populaires. Il ne reste plus donc que le PDS pour garantir à Idrissa Seck une victoire courte au second tour.

La seule solution pour le pape du Sopi est d’avaler des couleuvres et s’il le faut des Lamprophis fuliginosus ! Je me souviens d’un épisode qui en dit long sur l’inimitié entre la famille Wade et Idrissa Seck. Assis dans le bureau du secrétaire général de la Présidence Abdoulaye Baldé, en la présence d’Hassan BA, nous discutions de la réplique à apporter aux accusations de Latif Coulibaly concernant la gouvernance du pape de Sopi. Première alerte chaude pour le régime Wade qui jusque-là jubilait ! Nous étions en 2003. Et pendant la réunion, a été soulevée la réaction d’Idrissa Seck. Où était-il passé ? En villégiature sur les plages américaines ? Quelques mois après, ce jeune prometteur premier ministre a été contraint à donner sa démission. En réalité, certains (ceux qui vous veulent toujours du bien !) ont susurré à l’oreille du Président Wade que la jurisprudence Habib Bourguiba était sa stratégie pernicieuse : laisser Wade se dépêtrer dans le bain de boue à la sénégalaise et apparaître comme un dernier recours.

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A moins que …Idrissa Seck peut être la dernière chance du pape du Sopi de voir sa vision prophétique se réaliser ou tout au moins de sauvegarder son héritage. Le parti socialiste a été décapité, les néo-mouvements politiques manquent d’assises populaires. Il ne reste plus donc que le PDS pour garantir à Idrissa Seck une victoire courte au second tour. Dans la balance de la négociation, une réhabilitation judiciaire de Karim Wade et un poste de premier plan.
Les deux héritiers auront alors obtenu leur revanche sur Macky Sall, s’ouvrira plus tard une nouvelle guerre de succession entre eux. Mais nous n’en sommes pas encore là !

       

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