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AFRIQUE – L’éminent historien afro-americain, Runoko Rashidi, n’est plus

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Le panafricaniste béninois Dieudonné Gnammankou, le chercheur en histoire, lui a rendu un vibrant hommage dans un texte publié le mardi 3 août sur sa page Facebook.

Le monde de l’histoire est en deuil. Le célèbre historien afro-americain, Runoko Rashidi, est décédé ce mardi 3 août lors d’un voyage en Égypte. Réputé pour ses connaissances et recherches sur la grandeur des Civilisations classiques africaines, leur présence en Amérique précolombienne et en Asie ancienne, l’auteur de « Histoire millénaire des africains en Asie » a travaillé depuis des décennies à restaurer le passé des Noirs. Il a fait de sa mission sur terre l’unité des Africains et surtout des Africains des Amériques. Il était aussi connu pour son admiration pour la femme africaine qu’il voulait voir s’élever au plus haut. Runoko Rashidi, l’homme qui a visité de nombreux pays de la planète, a rendu l’âme à l’âge de 67 ans au cours d’un voyage avec ses étudiants en Égypte. Le panafricaniste béninois Dieudonné Gnammankou, célèbre chercheur en histoire, lui a rendu un vibrant hommage dans un texte publié le mardi 3 août sur sa page facebook. Ze-africanews vous laisse découvrir ce beau témoignage d’un passionné d’histoire du continent africain.

Chers amis et passionnés d’histoire, l’annonce du départ auprès des Ancêtres du célèbre historien Runoko Rashidi, m’a bouleversé cet après-midi, 3 août 2021. Je paraphraserai la tradition fon en disant que je suis inconsolable et sous le choc depuis que j’ai appris que mon fofo Runoko Rashidi est parti au pays des Aïnou/Ayinou, les Ancêtres fondateurs du pays de Kemi (Kemet) venus de Ta Nehesi (Nubie).

À 67 ans et sans crier gare, un des derniers grands Géants de l’écriture et de la vulgarisation de l’histoire africaine mondiale est devenu un Ancêtre en quittant ce bas monde lors de son voyage annuel en Egypte avec ses étudiants.

Une perte terrible pour sa famille et sa dernière fille, Assata-Garvey, mais aussi pour la communauté historienne africaine mondiale dont il était une des plus brillantes étoiles à l’image de Sopedet (Sirius).

Formé à l’école du grand historien Ivan van Seritima ( *They came before Colombus*, *Journal of African Civilizations*, etc) et d’autres grands historiens africains des États-Unis, il était le plus grand défenseur et promoteur de l’influence africaine dans le monde. Auteur prolifique, pas moins de 22 livres, j’en suis l’éditeur de cinq à Londres et deux à Paris, Brother Runoko comme il aimait que je l’appelle, était un Africain par excellence, qui aimait son continent. On pourrait même le nommer à titre posthume, le Roi du soft power africain. Il adorait les Africains et les Africaines et leurs grandes réalisations dans l’histoire du monde.

Alors président du Sénégal, Abdoulaye Wade, fut tellement impressionné par le contenu de son premier livre que j’avais publié en France en 2005, *Histoire millénaire des Africains en Asie*, rééditée par DAGAN Éditions en 2012 sous le titre, *Cent mille ans de présence africaine en Asie*, qu’il le fit venir en guest star au Fesman 2010, Festival mondial des Arts Nègres à Dakar. Excellent orateur sorti tout droit des temples de la Haute Égypte, Brother Runoko savait transmettre son savoir encyclopédique au grand public sans le moindre élitisme avec son charisme et son humour ravageur. Le président Wade était aux anges. Il prit le micro pour expliquer l’importance du travail de Runoko Rashidi sur les contributions africaines majeures aux pays asiatiques.

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Brother Runoko était l’ambassadeur infatigable des peuples noirs opprimés de Papouasie Nouvelle Guinée, dont le chef, Benny Wenda, avait été invité au Fesman. Les Dalits, minorité noire opprimée de l’Inde ont perdu leur meilleur ambassadeur international !

C’est le 12 mai 2005 que j’ai eu l’honneur de rencontrer en personne Brother Runoko, à Miami, au Florida International University, à un important symposium organisé par Carole Boyce Davis. Colloque préparatoire de l’Encyclopédie de la diaspora africaine. J’étais très heureux de le voir en chair et en os et lui aussi car il avait lu mes deux livres sur le général Hannibal et le poète russe Pouchkine. Pour moi c’était un géant du monde noir global. Runoko adorait Pouchkine. Il adorait aussi Dumas.

Nous avons sympathisé et en décembre j’étais l’éditeur de son premier livre traduit en français par un jeune traducteur rwandais Maurice Akingeneye. Pour cette occasion, je l’avais fait venir à Toulouse au colloque de la MAT, Maison de l’Afrique à Toulouse, sur *Les Africains et leurs descendants en Europe avant le XXe siècle*. Puis à Paris où la grande salle de l’Ecole des Mines était remplie à craquer. Plus de 300 livres dédicacés ce jour là… C’était mon baptême d’éditeur. Nous ne nous sommes plus quittés depuis.

Brother Runoko est venu me voir à Porto Novo en janvier 2019 en faisant du Bénin une destination de son Runoko Tour en Afrique. Il voulait voir le Centre Akanga. Il m’aimait beaucoup et adorait mes livres. Il m’a fait l’insigne honneur de mettre dans sa Liste des 100 livres d’auteurs noirs les plus importants du 20e siècle mon livre, *Pouchkine et le monde noir* paru en 1999 chez Présence Africaine!

En 2012 j’ai publié son second livre en français traduit par Zawadi Sagna, *Réflexions et voyages sur les traces de l’Afrique dans le monde*. J’ai publié également cinq autres de ses livres dans ma maison d’édition londonienne Books of Africa.

En 2014, il était venu à la Journée Histoire et Renaissance que le Centre Dumas-Pouchkine dont je suis le président avait organisé à Achères en région parisienne.

Brother Runoko avait promis revenir au Bénin. C’était un grand homme qui mériterait d’avoir une statue et un Centre dans une ville africaine.

Alcali Dieudonné Gnammankou

       

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