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SÉNÉGAL : « Corona et philosophe » de l’auteur Nourou Al Amiin, professeur de philosophie au lycée de Tattaguine.

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Nourou Al Amiin, auteur et professeur de philosophie.

Coronavirus. Le philosophe, longtemps décrié et décrit comme un beau parleur, un rêveur qui tombe dans des puits à force de scruter le mouvement des eastres(en philosophant), est-il autorisé à en parler, à donner son point de vue, face au défi actuel du monde à savoir vaincre le coronavirus? N’est-il pas plutôt convié, supplié, forcé, condamné à en parler? S’il se prive de la tâche, porte-t-il réellement le costume de philosophe ?

À l’encontre du profane qui s’endort calmement après avoir satisfait instinctivement ses besoins les plus animaux (y compris manger, boire, dormir), et qui se dit de la manière la plus insouciante qui soit, parfois même à allure fataliste : “rien ne me concerne de ce qui se passe loin de moi, hors de mon environnement” ; le philosophe, lui, n’ose point penser ou agir de la sorte. Ce que le profane ignore, au-delà de sa propre ignorance (doublement ignorant) c’est que le cosmos est un tout réuni et les différents bouts aussi éloignés les uns les autres sont interconnectés.

Le philosophe, je précise, ne cherche pas à mettre de l’huile sur le feu, ni à faire peur, mais il a la possibilité d’inviter à la prise de conscience, d’amener les gens à s’inquiéter (et non à perdre le contrôle) pour mieux agir, à se poser des questions les plus idoines, sortir du cercle des préjugés.

« Ce que le profane ignore, au-delà de sa propre ignorance (doublement ignorant) c’est que le cosmos est un tout réuni et les différents bouts aussi éloignés les uns les autres sont interconnectés ».

Un moindre geste, tout négligé, non pensé, le plus bidon peut avoir des conséquences inestimables. Il peut même ébranler la quiétude et l’équilibre total de l’univers( ce qui est en phase de se passer, une vraie démondialisation). En guise d’exemple, serrer la main d’un infecté du virus corona, manquer de vigilance, de propreté, de distinction…, chacun de ces faits et gestes est à revoir et à repenser au gré de l’équilibre social.

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Aussi, faut-il préciser, nul humain ne peut se replier totalement dans son propre univers, n’étant ni monstre, ni dieu, ne pouvant se suffire à lui seul. En vérité, il “n’est pas un empire dans un empire”, dixit Spinoza. Certes, il est recommandé à tout un chacun de se confiner. Et c’est bien. Mais il est encore plus efficace de vaincre l’ignorance.

Elle est le point de départ de tout malheur. Platon confirme : “celui qui ne sait pas se trompera ; en se trompant, il agit mal ; en agissant mal, il sera malheureux”. Elle guette notre quotidien et nous empêche de voir clair, de dépasser les certitudes. Ce qui, du coup, nous interpelle à preendre au sérieux la pandémie, et finalement à faire le choix de la raison bien que notre conviction accorde aussi une importance capitale à la foi éclairée par la lumière de la raison,(les deux, raison et foi, feraient bon ménage).

Voilà autant de raisons assez solides qui fortifient la pensée hégélienne selon laquelle “le philosophe est le fils de son temps”. Ce qui n’est pas loin de nous faire penser au sujet du baccalauréat proposé en 2017 : “Lorsque le philosophe se contente d’analyser les traditions du passé, il refuse de faire face aux défis actuel du monde”.

Trahir son peuple( en tant que philosophe), c’est choisir « déraisonnablement » de se taire, un silence comparable à celui du poète contemplatif, chanteur et lyrique au moment où Rome,Paris, Pékin, Caire, tous brûlent à hautes flammes.e

       

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