CULTURE
Amadou Lamine Sall ouvre la voie aux jeunes talents – Sénégal Njaay – Senegal-njaay.com
Une discussion profonde et captivante avec Amadou Lamine Sall, éminent poète sénégalais, révélant sa décision de céder les Rencontres Poétiques Internationales de Dakar à la jeune génération. Cette entrevue passionnante dévoile les raisons, les défis et les espoirs que le poète a pour l’avenir de la poésie au Sénégal et dans le monde.
Propos recueillis par Fatou Kiné Sène, Cheffe du Service Culture et Loisirs Société Nationale-Agence de Presse Sénégalaise (SN-APS)
1- Vous semblez annoncer votre retraite en cédant les Rencontres Poétiques Internationales de Dakar aux jeunes poètes ?
Oui, mais le mot « retraite » n’est pas le bon mot. Je m’efface pour faire de la place aux jeunes poètes. Il faut et il est temps qu’ils apprennent à dépasser l’espace national pour celui international et mondial. Depuis 1998, j’ai créé et piloté ces Rencontres Internationales de poésie. J’ai fait ce que j’ai pu. J’ai mis en place deux prix importants : le prix international Léopold Sédar Senghor et le prix de la MAPI pour les jeunes poètes. Dakar et le Sénégal ont été montré au monde. Aux jeunes de prouver leur capacité de mobilisation, de rigueur, de travail et d’innovation.
2- Pourquoi cette option ?
Ce n’est pas une option. C’est un désir de céder la place aux jeunes poètes pour qu’ils soient plus visibles et plus motivés.
3- Qu’est-ce qui vous pousse à avoir confiance aux jeunes poètes et en pensant qu’ils pourront perpétuer ce legs ?
Si vous ne faites pas confiance aux jeunes, à qui donc feriez-vous confiance ? Les cycles, il faut les respecter, les laisser s’installer, en espérant que le savoir-faire et le savoir être soient au rendez-vous. Les nouveaux cycles font peur car les nouveaux arrivants sont plombés par des conjonctures économiques et sociales effrayantes, sans compter le plus désastreux : le manque de culture et l’analphabétisme ! Ces deux monstres réunis par le monde, sont l’annonce d’une 3ème guerre mondiale ! Je viens d’apprendre que les États-Unis d’Amérique sont parmi les premiers pays ou l’analphabétisme est le plus élevé chez les Noirs et pire encore chez les Blancs, puisqu’ils sont les plus nombreux ! L’école publique s’est affaissée. Un élève de CM2 au Sénégal, me dit mon interlocuteur américain, est plus cultivé qu’un lycéen américain en classe de terminale. Les enseignants dans le public ont un niveau bas et alarmant insoupçonné. Comment est-ce possible demandais-je pour une première puissance mondiale ? Réponse : le système politique est féroce, dominant, richissime, manipulateur et n’a aucun intérêt à ce que le plus grand nombre des citoyens américains électeurs soient instruits. L’école privée coûte 100 fois la peau des fesses et inaccessible aux pauvres ! Pour revenir à la poésie, à la littérature, à l’écriture, à la dignité humaine tout simplement, il faut du savoir, le respecter et l’acquérir. Nos hommes politiques en Afrique, hélas, en sont les plus démunis. Le pouvoir, l’argent, le paraitre, les tirent vers le bas. Aidons notre jeunesse à être cultivée, à respecter le savoir.
4- Vous avez organisé pendant dix éditions cette biennale de la poésie internationale à Dakar donc cela fait vingt ans d’existence, quel bilan en retenez-vous ?
Un solide et merveilleux bilan : une nouvelle génération de poètes est née et sans âge. Il faut en citer, cela fait du bien : Fally Diaïté Kaba, Moustapha Dieng, Saliou Ndiaye, Arfang Sarr Crao, Abdoulaye Fodé Ndione, Amadou Lamine Ba, Pape Samba Kane si habité, Meïssa Maty Ndiaye, Gorgodio Sow. J’en oublie et des meilleurs. De très grands poètes internationaux ont visité le Sénégal, rencontré et échangé avec son président de la République. Ils sont repartis chez eux fous de notre pays et de son peuple. Des recueils de poésie en nombre ont été édités, publiés, promus. De jeunes poètes ont voyagé loin pour aller découvrir d’autres cultures par la poésie. Des co-éditions réussies ont été réalisées qui ont porté loin la poésie sénégalaise. Des poètes sénégalais ont été distingués à l’étranger et traduits dans des langues étrangères. Oui, le bilan est total. Le Sénégal moderne fondé par un poète a montré au monde que la poésie restait un poste budgétaire important dans la marche de l’humanité, même si elle n’était pas la voix dominante.
5- Qu’est-ce qui a fait le plus votre fierté pour cette organisation que vous avez portée ? Et votre regret ?
Avoir démontré au monde que le Sénégal restait un pays de poésie, d’écriture, de culture. Regret ? Aucun ! Rien que de la fierté dans l’humilité !
6- Pourquoi invitez-vous à une réforme du « Grand Prix du Chef de l’État pour les Arts et les Lettres » après plus de trente ans d’existence?
Vous ne seriez pas tranquille si vous ne m’aviez pas posé cette question ! Avec d’autres confrères, vous avez tellement insisté sur cette question que j’ai abordée dans mon discours d’ouverture au musée Senghor le 13 novembre dernier lors de la 10e édition des Rencontres Poétiques Internationales de Dakar. Je n’ai fait que rappeler l’historique de ce Prix que j’ai initié en 1990 quand j’étais arrivé dans le cabinet du ministre de la Culture du Président Abdou Diouf, notre regretté Moustapha KA. Un esthète ! En même temps que ce Prix, j’avais proposé la création d’une Biennale internationale des arts et des lettres, Biennale que j’ai dirigée durant deux éditions avant de quitter le secrétariat général, remplacé par le très talentueux Rémy Sagna qui hérita d’une Biennale de l’art africain contemporain que l’UE nous imposa, à l’époque. Revenons au Grand Prix du président de la République pour les arts et les lettres. J’avais proposé l’appellation suivante : « Grand Prix de la République pour les arts et les lettres » ! Nous attendions la réponse du Président Diouf. La réponse vint de Monsieur le Secrétaire Général de la présidence de la République de l’époque : Jean Collin. Sa correspondance indiquait : « Grand Prix du président de la République » ! Cette option fut notée et acceptée ! J’ai demandé, pour répondre, à votre question, de retourner à la formule « Grand Prix de la République » ! La République nous gouverne tous et c’est elle seule qui restera après nous ! Je suis un fou de la République ! Elle est sacrée et rien ne doit être au-dessus d’elle ! Mais le plus important que j’ai encore dit et proposé, c’est de doter ce Grand Prix d’au moins 50 millions de FCFA, si ce n’est plus. J’ajoutai que le jury de ce Grand Prix devait également être intraitable, pour ne pas en dire plus ! Un ami a proposé la création du « Grand Prix du plus mauvais livre de l’année » ! Génial ! « Il risque d’être mieux acheté et mieux lu que l’autre », ajoute-t-il, sans rire !
7- Qu’est-ce qui fait la différence avec ce que vous proposez « Grand prix de la République… » ?
J’y ai déjà répondu !
8- Vous demandez aussi la mise en place d’un jury soigneusement élu et d’une hausse de la récompense ? Une invite lancée également aux capitaines d’industrie pour la création de Grands Prix ?
J’ai déjà, en partie, répondu à cette question. ! En revanche, pour ce qui ressort des capitaines d’industrie dont j’ai parlé, il s’agit de les pousser avec leur colossale fortune pour certains, à rester dans l’histoire en créant de Grands Prix internationaux fortement dotés, comme le Nobel et récompensant nombre de discipline. C’est le cas du Prix Goncourt. L’État doit être relayé. A la vérité, un État n’est pas fait pour créer des Prix littéraires ou scientifiques. Des titres et des décorations, oui ! On dit que tout ce que l’État protège, meurt. Ce n’est pas toujours vrai, mais la création de Prix devrait lui être épargné ! J’ai évoqué la très forte vision culturelle et artistique du feu Colonel Kadhafi qui tenait à mettre en place un Grand Prix africain équivalent au Nobel, 10 fois mieux doté et qui récompenserait à la fois les fils de l’Afrique mais aussi tous ceux qui, par le monde, se distinguent par leur génie dans telle ou telle discipline. Je m’étais battu pour ce prix rêvé par Kadhafi et dont il m’avait personnellement parlé à Acra, au Ghana, lors d’un Sommet de l’Union Africaine. J’avais souhaité voir ce Prix mis en place, quand mon cher Président Macky Sall occupait le poste de Président de l’Union Africaine. Toujours marquer l’histoire, élever la pensée, distinguer le savoir.
9- Comment appréciez-vous le fait que le chef de l’État par décret choisit les lauréats du Grand Prix du chef de l’État ?
Il n’y a que vous Fatou Kiné, pour poser une telle question ! Elle aurait pu ne pas être embarrassante, mais elle l’est ! Par contre, ce qu’il faut d’abord savoir et saluer, c’est la générosité du professeur Aliou Sow, ministre en charge de la Culture et du Patrimoine, de vouloir distinguer deux très grandes figures de notre littérature : Cheikh Hamidou Kane et Aminata Sow Fall. Qu’Allah les garde encore longtemps, longtemps parmi nous ! C’est cette forte et si noble symbolique de Monsieur le ministre, qu’il faut retenir et mettre en avant. Mais, on aurait pu agir autrement en sortant de ce décret et de ce Grand Prix, en créant autre chose encore plus puissant, plus original, pour mettre à l’honneur ces deux écrivains. Mais ce qui a été fait est grand, beau et généreux.
10- Le Mémorial de Gorée revient au-devant de la scène, après quelques mois d’incertitude. Vous-même, vous avez eu à faire une sortie sur un supposé abandon du projet. Aujourd’hui la confiance semble-t-elle renaitre après cette audience avec le Chef de l’État ?
Depuis trente ans, je veille, je me bats contre des puissances malveillantes et des pouvoirs qui me dépassent, pour faire bâtir ce projet international, laboratoire des droits de l’homme, pour que plus jamais l’humanité n’assiste à un tel génocide ! Macky Sall, sublime, affectueux, généreux, informé et décisif, m’a tenu la main et dans cette immense obscurité du pouvoir et des jeux d’intérêts inimaginables, sa lampe et sa voix rassurante, ne m’ont jamais quitté. Il devait lui-même inaugurer le Mémorial de Gorée sur la corniche ouest de Dakar avant de quitter le pouvoir. Tout, tout avait été mis en place. Le Diable qui rode est venu subitement s’installer dans un fauteuil qui n’aurait pas dû être là. Je n’ai jamais été autant habité par la douleur, la tristesse, la rage. Échappant au Diable, Macky Sall est redevenu Macky Sall : prévenant, attentif, éveillé, sensible, bon, fidèle à lui-même et à ses principes. Sa noblesse a triomphé ! Je l’ai rencontré et ensemble, avec Dieu, il a éclairé le chemin et libéré toutes ses promesses de réaliser ce projet culturel qui, dans l’histoire, restera son joyau et son patrimoine de la mémoire face aux générations futures. Nous reparlerons mieux de cet homme d’État quand il aura quitté le pouvoir. Il existe un temps qui ne peut être chanté que quand il y a le silence. Le temps des poètes et des écrivains n’est pas le temps des politiques. Puisse le bien et le beau l’emporter sur le mal, la haine, la vengeance ! Ceux qui ne veulent pas se coucher avec le soleil, veilleront mais sans yeux, sans oreille et sans mémoire. Les Sénégalais dorment toujours avec Dieu !
11- A l’Assemblée nationale, le ministre Aliou Sow a parlé d’une délocalisation du projet de son site initial. Vous, vous nous avez parlé de son maintien sur le site de la Corniche ouest ! Qu’est-ce qui a amené ce changement entre jeudi (Assemblée nationale) et vendredi (audience avec le président de la République) ?
Encore du Fatou Kiné ! Indéboulonnable dans ses approches curieuses ! Vous avez l’oreille fine et vous aimez les détails cachés. Vous ne serez pas servie, puisque rien de fondamental ne s’est passé, en vérité. Vous êtes loin d’imaginer combien, depuis Abdoulaye Wade, le site du Mémorial sur la corniche fait saliver des puissances d’argent et des corsaires de haute mer. J’ai failli laisser ma vie dans le combat de préservation de ce site. Notre chance, c’est Macky Sall. Le Président, très vite, a tout compris. Avec l’autorité qu’on lui connait et sa sérénité désarçonnant, il a tout déconstruit. Sa fidélité et son amour pour le projet du Mémorial ont pris le pas sur toutes les avides convoitises. Le Mémorial de Gorée ne saurait rivaliser avec un projet, serait-il générateur de milliards de dollars pour le Trésor public ! Le Président Sall, très vite, a tranché. La culture a triomphé ! La générosité a triomphé. Notre gratitude est infinie. Tout le reste est derrière nous ! Avançons avec le Président !
12- Quels sont les bienfaits de ce Mémorial pour le Sénégal, pour l’Afrique et le monde ?
Ce sont justement ces bienfaits sur lesquels vous m’interrogez, qui ont sauvé ce projet entre les mains d’un décideur politique inspiré, généreux, cultivé et pointilleux sur les enjeux de mémoire. Le Président Macky Sall m’a invité à l’accompagner en Guadeloupe lors de l’inauguration du Mémorial Act, érigé dans les Caraïbes. L’Amérique aussi a bâti son Mémorial à New-York. Restait l’Afrique. Le Président Sall s’est engagé devant son continent, devant le monde à la tribune des Nations Unies, face aux diasporas noires de toutes les couleurs, à fermer le triangle en réalisant au Sénégal, à Dakar, face à l’océan, le Mémorial de Gorée. Il lancera le chantier en janvier 2024. Je demande au futur président de la République du Sénégal de l’inviter à venir, à ses côtés, inaugurer ce monument de la mémoire dont il a été le chef cuisinier ! Le Mémorial de Gorée sera un joyau pour la ville de Dakar. Il sera notre Tour Eiffel de la mémoire, du deuil, du recueillement, du pardon ! Dans sa phase de réalisation comme à son achèvement, il sera un grenier de créations d’emplois. Il sera doté d’un embarcadère avec deux chaloupes. L’une desservant l’île de Gorée depuis la corniche ouest, l’autre, comme l’a voulu le Président Sall lui-même, desservira l’ile des Madeleines qui fait face au Mémorial. Une étude nous révèle que plus de 800 mille personnes visiteront le Mémorial quand il sera inauguré. Un chiffre d’affaires annuel de trois milliards sera généré par les activités du Mémorial : visites, chaloupes, restaurations, parkings, commerce des boutiques, autres dérivés divers et multiformes. Le Mémorial de Gorée est un projet culturel et économique d’envergure internationale jamais réalisée en Afrique. Il sera le phare du Sénégal.
13- Vous critiquez ces prédateurs du site du projet que vous jugez de « manque de culture. L’irrespect au savoir. La rage du seul profit », pourquoi un ton si sévère ?
Il arrive un moment où il faut arrêter la langue de bois et les métaphores poétiques. Trente ans face à des hyènes et des serpents sans pitié, vous transforment un homme. Encore que vous me citiez dans des termes que j’ai voulus dépouillés mais fermes. J’ai appris, même dans la colère et le dépit, à être respectueux. Le manque de culture, l’irrespect au savoir, le combat reptilien d’annihiler et de détruire le projet du Mémorial de Gorée avec tout ce qu’il porte de puissant, de deuil, de recueillement, de respect de la mémoire des millions d’africains morts ou déportés aux Amériques, sont inacceptables et relèvent d’esprits malades et faisandés. Comment un être normalement constitué peut-il combattre un tel projet qui touche ce que l’homme noir a subi de plus tragique et de plus humiliant ? Le Mémorial de Gorée ne relève pas et ne peut pas relever d’un problème d’argent. Il transcende l’argent et le dépasse. Il fait partie de notre âme, de notre passé, de notre avenir dans le pardon et non l’oubli.
14- Les travaux seront lancés en janvier à quelques mois du départ du président Macky Sall Êtes-vous confiant que son successeur va continuer le chantier ?
Ce n’est pas une bonne question. Elle n’a même pas lieu d’être. Ce chantier n’a pas à être continué. Il est. Il continue. Il est son propre métronome. Tous les candidats actuels à l’élection présidentielle de février 2024 militent pour ce projet de mémoire soutenu par la communauté internationale et toutes les diasporas africaines. Comment, par ailleurs, un Chef d’État normalement constitué pourrait-il refuser ou oser renier un tel projet de mémoire voulu, salué et attendu par toutes les femmes, tous les hommes de paix et de concorde ? La culture est notre avenir. La paix notre repos.
15- C’est un projet de 100 milliards. Qui finance ?
Commencez par vérifier vos sources et vos chiffres ! Pourquoi vous raffolez des chiffres ? Toujours l’argent, combien a-t-on dépensé ? Il est des projets culturels, des projets sociaux, des projets économiques dont les fonds qui les sortent de terre sont appelés des « fonds liés » ! Ce qui veut dire que l’argent alloué pour acheter des tomates ne peut pas être utilisé pour acheter de la salade ! Où ce sont les tomates, ou ce n’est rien d’autre. Vous demandez « qui finance ? » Cela ne devrait pas être une question ! Dieu, Macky Sall, les prières des Sénégalais dans leur bonté, les vœux de toutes les diasporas, les fonds internationaux, voilà des pistes pour aller chercher et trouver « qui finance. » Si vous saviez le nombre d’États qui ont proposé de prendre part au financement du projet du Mémorial ! Le Président Sall, dans sa grâce, son pragmatisme, sa générosité et son noble orgueil, a toujours dit : « C’est à nous de bâtir le Mémorial et nous le bâtirons ».
16- Une critique avait été émise par le ministre Abdou Latif Coulibaly dans un de ses ouvrages attirant l’attention sur une ‘’ressemblance confondante’’ des plans architecturaux du futur monument dénommé ‘’Mémorial de Gorée’’ avec ‘’La Tour des Arabes’’, un des principaux éléments de l’attrait touristique de Dubaï, qu’en pensez-vous ?
Je n’en pense rien. Je n’ai pas lu cet « ouvrage » dont vous parlez. Envoyez-moi le titre et la page dès lors que vous avez lu cet ouvrage et la critique que vous évoquez. Laissons Monsieur le ministre Abdou Latif Coulibaly tranquille et avançons. Ce Mémorial nous appartient à tous. Ils nous fédèrent. C’est d’ailleurs ici, pour moi, l’occasion de dire ici merci à tous les ministres de la Culture du Président Macky Sall qui ont, chacun à sa manière et selon son cœur, porté le projet du Mémorial de Gorée. Mes pensées et mes prières infinies vont particulièrement à feu le ministre Abdoul Aziz Mbaye. Un solide et admirable intellectuel, un frère et un ami attachant qui me manque et qui me manque beaucoup, beaucoup, comme Madame Assa Keïta, mon assistante chérie et si bien-aimée qui était la mémoire chantante du Mémorial de Gorée. Dieu, accueille-les donc dans tes jardins les plus parfumés !
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CULTURE
CÔTE D’IVOIRE – Nin’wlou en Concert Slam, ce sera “Autre Chose”
Ce samedi 14 septembre 2024, à 19h30, au Wafou, à Biétri, Nin’wlou, le poète-slameur, sera en Concert Slam. Quand je vais parler de lui, nombreux diront que c’est “autre chose”. Et ils auront raison, car ce sera “Autre Chose” qu’un simple concert.
Autour du slam
Même si le slam est aujourd’hui très médiatisé “Le slam va bien, comme le disent les slameurs eux-mêmes”, il n’en demeure pas moins qu’il hésite encore à se soumettre facilement aux tentatives de définition, de classification. C’est un concept qu’on pourrait qualifier de polysémique tant il est assez vaporeux. De poésie ? Quelle poésie ? Une forme de poésie ? Du chant ? Du rap ?… Un genre d’oralité africaine ? Ou une forme d’expression qui se pose comme un point d’intersection de plusieurs formes d’expression artistique… Aussi, pour s’imposer dans ce milieu (comme ailleurs), tout slameur doit être original, c’est-à-dire se détacher de la foule et drainer des foules. Et ça c’est Nin’wlou ! Ne pas toujours déclamer les mêmes textes sans souffle et éviter d’invoquer à tire-larigot des lieux communs dénués de charme. Pour être au top, le slameur doit toujours se surprendre lui-même. Nin’wlou l’a si bien compris qu’il est aujourd’hui l’une des voix incontournables du slam en Afrique de l’Ouest.
Autre Chose, comme une maïeutique
Une chose est sûre : “Autre Chose” sera “D’éclairs et de foudres : chant de braise pour une liberté en flammes” – Merci aux Muses aux poitrines ailées de m’avoir inspiré cette phrase : incruster Jean-Marie Adiaffi dans cet Autre Chose que Nin’wlou s’apprête à offrir. Cette association de poètes prophétise ce qui va se passer. Dans ce concert slam, la parole sera tantôt de feu, tantôt de braise ; en tout cas, ce sera autre chose que tout ce que vous avez vu ou entendu sur le slam. La magie artistique consiste à se servir des mots de tous les jours pour leur insuffler un souffle propre à soi. Aujourd’hui et pour l’éternité, le slam retiendra que Nin’wlou a fait autre chose.
Quand la crise fait naître la vocation
Pourtant, l’amour de Nin’wlou pour les mots n’a commencé qu’en 2010, année de la crise post-électorale ivoirienne. Comme quoi, certains cerveaux n’entrent en ébullition que lorsque des balles sifflent au-dessus de leur tête. Depuis lors, il n’a cessé de glaner récompenses et honneurs, tant sur la scène musicale “Man Tchè”, “Niehi, “Pour ces mômes” qu’en littérature (Marche du Feu, 2022).
Une voix pour l’avenir
Avec sa voix un tantinet nasillarde, Nin’wlou slame comme un stand-upper. Donel Jack’sman résume à la perfection tout l’art de l’artiste avec cette phrase : “… c’est quand le mec a la grâce de te faire croire que tout ce qu’il raconte n’est pas écrit, que c’est de l’impro totale.” Nin’wlou dynamise les mots, même ceux qui sont surannés, avec un élégant panache. Va voir Nin’wlou sur scène en train de dérouler sa grande poésie lyrique. Le slam de Nin’wlou, des métaphores qui piègent et éblouissent : la panenka poétique.
A LA UNE
SÉNÉGAL – Mia Guissé enflamme le Casino de Paris : un concert d’anthologie
Le samedi 7 septembre 2024, c’est au milieu du plus vif succès, tout à fait d’enthousiasme, et en présence d’un public nombreux qu’une brillante soirée s’est déroulée au Casino de Paris. Un événement exceptionnel était à l’affiche : le premier grand concert de Mia Guissé, organisé par Boss +, la société de diffusion et de production de spectacles vivants. La diaspora sénégalaise, ainsi que de nombreux mélomanes, ont vécu un concert magnifique, ponctué par les apparitions d’artistes de renoms tels que Axel Merryl, Waly Seck ou JAHMAN X-PRESS… Pour ceux qui n’ont pas pu assister à l’événement pour des raisons indépendantes de leur volonté, voici les temps forts de cette soirée mémorable où le Sénégal a été célébré au cœur de Paris.
Une ambiance survoltée et un public conquis
Quand on parle d’un spectacle musical, c’est souvent l’artiste qui est mis en avant ; on parle peu de l’orchestre. Avant l’arrivée de Mia, le public a été ambiancé par l’habile qui a chauffé la salle avec la prestation énergique de Angie la Showkine. Ensuite, viendront le sympathique Seny Diop, star du mbalax, et le groupe Serigne Mor, qui vont le public en haleine avec ses percussions inégalées. Félicitations réitérées à Boss + , qui n’a pas lésiné sur les moyens pour faire ce ce concert une réussite.
Mia Guissé : une entrée royale et des duos inoubliables
C’est aux alentours de 21 heures que Mia Guissé fait son entrée dans la salle. Les applaudissements tonnent, et les jeux de lumière subliment son arrivée. Vêtue d’une tenue étincelante, elle commence avec « IDDA », ce titre célèbre qui a fait sa renommée. Le public adore. Les acclamations fusent. A chacune de ses chansons, puisées de son répertoire, la brillante étoile du Casino, de l’éclat le plus vif de sa voix, soulève les tonnerre d’applaudissements. Tout au long de la soirée, la chanteuse n’a cessé de surprendre, enchaînant les morceaux avec une maîtrise impeccable. Le spectacle gagne crescendo en intensité tour à tour quand les artistes invités se succèdent sur le podium. Le moment émouvant, c’est lorsque l’artiste invité Axel Merryl à la rejoindre sur scène. Ensemble, ils interprètent « Titulaire », un morceau déjà culte. L’alchimie entre les deux artistes est palpable. Le duo enflamme la salle. Mais ce n’est pas tout : Mia partage également la scène avec Waly Ballago Seck sur le hit « Confuse ». Il y a aussi des artistes comme Jahman X-PRESS qui, avec son style singulier, a contribué au show.
Des tenues spectaculaires
Mia Guissé éblouit non seulement par son talent, mais aussi par ses tenues à couper le souffle. Dès son entrée, elle attire tous les regards avec une robe blanche illuminée de guirlandes. Au fil du spectacle, elle enchaîne avec un ensemble en jean audacieux, composé d’un corset bustier et d’un pantalon aux détails originaux. N’oubliant pas ses origines, elle fait un clin d’œil à la culture peulhs en arborant un boubou traditionnel blanc, agrémenté de bijoux et d’accessoires.
Une carrière prometteuse
Mia Guissé a une fois de plus prouvé qu’elle était une artiste complète, aussi bien par son talent musical que par sa présence scénique. Ce concert au Casino de Paris, on espère, n’est qu’une nouvelle étape dans une carrière prometteuse. Et chapeau à Boss + qui réussit toujours à faire entendre aux Africains de la diaspora de la bonne musique africaine à Paris.
CULTURE
SÉNÉGAL – MIA GUISSÉ, UNE ARTISTE QUI DÉCHIRE
Rendez-vous le samedi 7 septembre 2024 à 20 heures au Casino de Paris. Mais, ce ne sera pas pour jouer au blackjack, au baccara, ni même au poker. Le lieu sera le théâtre d’un show musical de grande envergure, organisé par Boss Plus & Co, où Mia Guissé compte bien vous faire passer par toutes sortes d’émotions. On vous aura prévenu !
Origines
De son vrai nom Aïssata Guissé, Mia est originaire de Tambacounda, au Sénégal. Ce n’est pas une novice qui est entrée dans la musique sur un coup de tête. Très tôt, dès son plus jeune âge, elle a commencé à se produire lors des événements qui se déroulaient dans sa région natale. Ensuite, après avoir intégré un groupe pendant quelques années, elle décide de faire cavalier seul. Cependant, c’est son titre “Idda” qui la révélera au monde et la fera entrer dans le cœur des mélomanes.
Une carrière fulgurante
Le cœur des mélomanes conquis, cette ravissante chanteuse à l’aura sulfureuse enchaîne les tubes, à commencer par “La vie est belle”, suivi par “GLP” (2023), un *ndeweneul* au rythme endiablé et haut en couleur. Elle gagne alors son ticket pour écumer les podiums. Elle ne va pas se reposer sur ses lauriers et entame une tournée au Sénégal avec “Éclosion”, comme pour dire que désormais, la chenille est devenue un papillon. Partout où elle passe, c’est sold out, guichet fermé. On ne parle que d’elle dans le milieu artistique. De toute évidence, elle obtient le titre de « Tsunami de la musique sénégalaise » tant elle attire les foules.
Une musique envoûtante
Ses morceaux, aux rythmes effervescents, sont teintés de hip-hop. Mais, quand on l’écoute de près, c’est clairement de l’afropop qu’elle fait. Mia emprunte beaucoup au mbalax, avec une voix sublime qui donne au wolof une sonorité unique. Même si son flow se rapproche de celui des artistes nigérians, Mia réussit à conserver cette touche caractéristique du mbalax. Il est vrai que ses tenues de scène ne plaisent pas à tout le monde, mais c’est sa personnalité. On dira que c’est son comme ça ! Prenons-là ainsi.
De succès en succès
En novembre 2023, c’est la consécration lorsqu’elle sort un single à couper le souffle : « Lonkotina ». La vidéo atteint le million de vues en moins de 48 heures, une prouesse artistique. Cela ne signifie qu’une chose : le public l’adore. Elle multiplie les collaborations avec des artistes venant de divers horizons. En mai 2024, elle sort un nouveau single dont le clip, réalisé sur les bords de la lagune Ébrié, à Abidjan, captive les mélomanes. Dans un style afropop, elle se montre à l’aise sur du mbalax.
Une artiste aux multiples talents
Cette étoile montante de la musique sénégalaise n’a pas qu’une corde à son arc. En plus d’être une grande chanteuse, Mia Guissé est également une designer accomplie. Elle dessine et conçoit elle-même ses tenues de scène, ainsi que celles de ses danseuses et de tous les autres membres de son orchestre. Tous ses vêtements portent la marque “Miaguissestyle”, une marque qui incarne une vision moderne et authentiquement africaine de la mode.
Un concert à ne pas rater
Mia Guissé se produira le 7 septembre au Casino de Paris, et l’ambiance s’annonce comme un moment inoubliable pour ses fans. Ce concert débutera à 20 heures. Vous y êtes tous conviés. Nous, nous avons réservé nos places. Il ne manque plus que vous ! Au Casino de Paris, on va faire sauter la banque.
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