Home ÉDUCATION RD CONGO – Debora Kayembe : De réfugiée à rectrice de l’université...

RD CONGO – Debora Kayembe : De réfugiée à rectrice de l’université d’Edimbourg

0
Debora Kayemb @Capture Facebook

Debora Kayembe, une réfugiée congolaise, a été nommée rectrice de l’université d’Edimbourg d’Ecosse. Cette avocate des droits humains prendra fonction le 1er mars 2021. Elle sera le 54ème recteur de cette institution britannique fondée en 1583, figurant parmi les dix meilleures universités d’Europe. Elle sera la première personne noire à occuper ce poste.

La réfugiée congolaise, Debora Kayembe, 45 ans, est la nouvelle rectrice de de l’université d’Edimbourg d’Ecosse. Une consécration à laquelle elle ne s’attendait pas. « C’est quelque chose que je n’ai jamais imaginé, jamais cherché, c’est arrivé sur un plateau. J’exprime un sentiment de profonde gratitude pour ceux qui m’ont désignée en tant que candidate. C’est une grande responsabilité parce que je suis un exemple qui montre au monde que si vous êtes capables de réaliser les bonnes choses et de lutter pour la justice en vous oubliant vous-mêmes et en mettant la cause des autres en avant, la récompense sera toujours grande », a-t-elle déclaré au lendemain de son élection.

Debora Kayemb @Capture Facebook

En effet, cette mère de famille a été victime de racisme en Ecosse, mais les attaques ont atteint leur paroxysme en juin 2020. Debora Kayembe se rendait à un rendez-vous professionnel quand sa voiture a brusquement quitté la route. En inspectant le véhicule, elle s’est rendu compte que des clous avaient été mis sur les quatre pneus. « Les fois précédentes, je pouvais dormir tranquille. Parfois il faut faire le dos rond et laisser passer les choses, mais ce qui m’est arrivé ce jour-là est inacceptable », a-t-elle déploré. Elle a donc décidé de partager sa mésaventure sur les réseaux sociaux. Mais au lieu de chercher la confrontation, elle a choisi de lancer un message de tolérance et de dialogue avec ses agresseurs. «  Je leur ai dit : écoutez, ces choses font partie du passé, on a dépassé ça, si vous ne comprenez toujours pas, il va falloir qu’on dialogue. C’était ça mon message. Rien d’autre », a-t-elle indiqué

À voir aussi  COMORES : Fin de la lutte contre les tarifs douaniers.

Mais peu de temps après, un autre incident vient perturber sa quiétude. Sa fille est revenue de l’école en larmes, une enseignante lui avait demandé de faire « une danse d’esclave » devant ses camarades de classe. Cette fois, l’avocate n’a pas laissé l’affaire sans suite. Après des explications avec l’école, elle a lancé une pétition pour que le Parlement écossais s’attaque d’urgence au racisme dans le système éducatif. Le parlement a accepté et la question sera débattue dans les mois qui viennent. Et c’est justement son message de dialogue et de tolérance qui a attiré l’attention de l’université d’Edimbourg qui compte parmi ses anciens étudiants des Premiers ministres, prix Nobel et athlètes olympiques. « Ils m’ont dit qu’en tant que rectrice de l’université, votre message ira loin et le monde entier écoutera. C’est pour ça que nous voudrions que vous preniez le poste », narre-t-elle. 

Debora Kayembe a fui la République démocratique du Congo après avoir reçu des menaces d’un groupe armé qu’elle avait contribué à démanteler. L’avocate n’est plus jamais retournée dans son pays où sa vie est toujours menacée. Elle a demandé l’asile au Royaume-Uni en 2004. Et, depuis 2011, elle s’est installée en Ecosse où elle s’est spécialisée dans les dossiers de droits humains. En 2019, son nom était déjà entré dans l’histoire lorsqu’elle fut la première Africaine à intégrer la Royal Society of Edinburgh, l’Académie des sciences et des lettres fondée en 1783.

       

Laisser un commentaire