Abubakar Shekau avait été déclaré mort fin mai. L’annonce du groupe ISWAP, rival de Boko Haram, vient confirmer ce qui n’était alors qu’une rumeur et pourrait bien marquer la fin de la secte connue pour ses exactions sanglantes, mais aussi le début de l’expansion de l’Etat Islamique au Nigeria.
Le chef du groupe terroriste Boko Haram, Abubakar Shekau, est bien mort en mai dernier. C’est en tout cas ce qu’a annoncé le groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui, dans un enregistrement audio, confirme l’information qui circulait depuis plusieurs semaines.
« Shekau a préféré l’humiliation dans l’au-delà à l’humiliation sur terre. Il s’est donné la mort en déclenchant un explosif », a indiqué l’enregistrement dont la transcription a été relayée par plusieurs médias.
L’enregistrement audio décrit les combats qui ont opposé les troupes d’Abubakar Shekau et celles de l’Iswap, dans la forêt de Sambisa durant le mois dernier. Selon le groupe affilié à l’Etat Islamique, le chef de Boko Haram, acculé par les feux ennemis a « battu en retraite et s’est échappé, errant à travers la brousse pendant cinq jours ». Néanmoins, ajoute-t-il, « les combattants (de l’Iswap) ont continué à le chercher et à le traquer jusqu’à ce qu’ils soient capables de le localiser ». Sommé de se rendre, le leader terroriste a préféré se donner la mort, conclut la voix s’exprimant sur l’enregistrement audio, et qui a été attribuée au chef de l’Iswap, Abu Musab Al-Barnawi.
La mort d’Abubakar Shekau avait été annoncée le 20 mai par des sources sécuritaires qui avaient également évoqué la thèse du suicide suite à une altercation entre Boko Haram et l’Iswap. Cependant, ni les terroristes ni l’armée nigériane n’ont confirmé cette information, et Abuja avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour vérifier ce qui n’était alors qu’une rumeur.
Rappelons que des affrontements entre la secte Boko Haram et le groupe ISWAP avaient déjà eu lieu par le passé. Formant au départ une seule et même entité, les deux groupes se sont scindés en 2016, lorsque Shekau qui avait auparavant prêté allégeance au groupe Etat Islamique a été écarté par ce dernier pour « extrémisme ». Depuis lors, ils sont devenus des rivaux et se sont affrontés occasionnellement. La traque ayant abouti à la mort d’Abubakar Shekau aurait été ordonnée par le calife de l’EI lui-même, basé en Orient.
La présence sur le territoire nigérian de ces deux organisations terroristes a compliqué la riposte du gouvernement central contre l’extrémisme religieux. Depuis l’insurrection djihadiste de Boko Haram en 2009, on estime que l’organisation a tué 40 000 personnes et forcé près de 2 millions à fuir leurs domiciles.
Si d’autres sources confirment la mort de Shekau, le Nigeria serait probablement débarrassé de l’une des plus grandes menaces à sa sécurité et à son intégrité territoriale. Cependant, sa disparition coïnciderait probablement avec une expansion de l’ISWAP qui cherche manifestement à étendre sa zone d’influence à la forêt de Sambisa, considérée comme la base arrière de Boko Haram.
La mort du chef terroriste a plusieurs fois été annoncée par le gouvernement nigérian au cours des années précédentes. Il avait à chaque fois démenti ces allégations à travers des vidéos.
Source : Agence Ecofin / Par Moutiou Adjibi Nourou
