Assane Diouf hume, depuis jeudi 28 janvier, l’air de la liberté après huit mois passés derrière les barreaux. Celui qu’on surnomme l’insulteur public N°1 a été condamné à trois mois de prison ferme pour outrage à agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions. Mais son avocat ne compte pas s’en arrêter là. Estimant que son client a subi une injustice, il n’exclut pas de saisir les juridictions internationales notamment la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
La Cour d’appel de Dakar a rendu son verdict, jeudi 28 janvier, dans l’affaire Assane Diouf. Il a été reconnu coupable du délit d’outrage à agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions et condamné à trois mois de prison ferme alors qu’il a passé huit mois en détention. Il a été relaxé de tous les autres chefs d’accusation dont appel à un attroupement armé non suivi d’effet et délit de rébellion. Ce que déplore son avocat Maître Ciré Clédor Ly qui a poussé un vrai coup de gueule après la libération de son client.
« Aujourd’hui, avec toutes les infractions au départ, on a retenu que l’outrage. En tant qu’avocat, je constate qu’aucun policier n’a été entendu par le juge d’instruction pour confirmer l’existence de cet outrage ou, en tout cas, se désigner comme étant une victime. Lors du procès, le procureur de la République ne s’est pas hasardé à convoquer les agents qui ont procédé à l’arrestation. Donc, en réalité, ce sont des agents qui ont toujours été fantomatiques pour toute la procédure », dénonce-t-il.
Il indique ne même pas être choqué par rapport à cela, parce qu’en tout état de cause, on a eu à prêter à Assane Diouf des propos et des actes que le tribunal considère qu’ils n’étaient pas exacts. Il estime plutôt que le système judiciaire doit être réformé. « On doit auditer le travail du procureur de la République depuis qu’il est là et celui du juge d’instruction et de certains cabinets d’instruction », déclare-t-il.
A en croire maître Ciré Clédor Ly, on doit se poser la question de savoir pourquoi des gens sont gardés en prison en violation des principes de la présomption d’innocence. « Le système judiciaire est malade, il est en pente et l’état de droit est en train de partir en lambeaux et il y a des abus de qualification, des abus de procédures », a-t-il dénoncé avant de regretter : « Aujourd’hui tout le monde se tait face aux dérives de la justice, demain tout le monde sera victime ».
Pour ce qui est de son client, il considère qu’il a fait pratiquement 08 mois de détention pour rien. L’infraction qui a été introduite dans la procédure pour pouvoir contourner la loi qui ne permettait pas qu’on le mette en détention a été la provocation à un attroupement armé non suivi d’effet. Il a été relaxé et blanchi pour ça parce que, en réalité, déclare l’avocat, les propos qu’on lui prêtait étaient mensongers. Et les débats d’audience, l’audition et le visionnage de la cassette ont permis au juge de se faire une religion comme quoi cette infraction n’existait pas et qu’elle a été introduite rien que pour pouvoir le garder en prison. Il a été aussi blanchi à grande eau pour rébellion parce que tout le monde a assisté à son arrestation. « Il était la victime dans cette affaire », a tranché Maître Ciré Clédor Ly.
Aussi, l’avocat ne compte-t-il pas s’en arrêter là, il annonce qu’il va saisir les juridictions internationales. « Mon client est sorti de prison. Un appel dépend de lui. Je suis contre les condamnations. Nous irons à la CEDEAO, on nous dira pourquoi il a été gardé pendant huit mois pour des infractions qui n’existent pas. Je suis prêt à continuer le combat et non pas pour Assane Diouf, mais c’est parce que ce sont des combats de principe. »