CULTURE
SÉNÉGAL – La voix des rappeurs sénégalais résonne pour le peuple
Après l’arrestation du leader de Pastef-Les Patriotes Ousmane Sonko le 03 Mars 2021, le Sénégal a été le théâtre de violents affrontements avec la mort de 13 personnes, des centaines de blessés et des personnes mises en prison. Les rappeurs sénégalais ont voulu extérioriser leur sentiment profond face à cette situation de chaos qu’a vécu leur pays. Canabasse, Hakill Dip Doundou Guiss, Ngaka Blindé, le groupe Positive Black Soul avec Didier Awadi ou encore le DaaraJ Family, tous ont participé dans cette lutte pour la démocratie à travers des chansons qui dénoncent ce qu’ils appellent les dérives du pouvoir en place du président Macky Sall.
Le rap est un mouvement culturel et musical qui tire ses origines du hip-hop. Il est apparu au début des années 1970 dans les ghettos aux États-Unis. Cependant, le hip-hop sénégalais, ou rap sénégalais, désigne la culture hip-hop ayant émergé au Sénégal depuis le début des années 1980 dans la ville sénégalaise de Dakar, dans un contexte politiquement engagé et social. Lorsque le hip-hop émerge en Afrique, il se popularise dans un contexte beaucoup plus engagé qui s’est toujours rangé du côté des opprimés. Cette fonction de cette musique militante, a été confirmée par les rappeurs sénégalais durant les manifestations contre l’arrestation d’Ousmane Sonko qui ont secoué le Sénégal.
Pour rappel, les rappeurs sénégalais ont joué un rôle déterminant dans le départ du régime de Abdoulaye Wade en 2012 avec des textes très engagés de Thiat, Kilifeu et Simon avec le mouvement « Y’en A Marre » ou Books de « Sen Kumpa”. Pour ce soulèvement populaire de 2021, né de l’affaire “Ousmane Sonko – Adji Sarr”, les rappeurs sénégalais ont emprunté la même ligne de conduite pour faire entendre leur voix.
Le leader du label “Reptile Music” Dip Doundou Guiss, par ailleurs, l’un des rappeurs sénégalais les plus populaires, a ouvert le bal avec une chanson aux paroles très fortes. Dip dénonce avec la plus grande énergie l’injustice qui sévit au Sénégal, les inégalités mais aussi et surtout le manque de considération envers les jeunes. La chanson de Dip Doundou Guiss qui a pour titre « Free Sénégal » débute par des pleurs d’une jeune fille et on entend une autre fille qui dit : « Elle pleure parce qu’elle est triste, ce sont nos frères et sœurs qui sont là et difficile de les voir dans ces conditions ». Dip commence par dire que « Nous vivons dans un pays avec quelqu’un qui aime la violence et c’est ce qui me fait mal. Vous êtes tous pareil et ça me fait mal de voir des jeunes mourir ».
Le rappeur Hakill, ancien poulain de Dip, s’est inscrit dans la même lancée pour dire ses vérités face à la situation et au régime du président sénégalais. Sa chanson qui a pour titre « Fii » qui signifie « ici » en français est l’un des titres de son futur album. Canabasse de “Buzzlab”, de son côté lance « Khekh yu bess », dans cette chanson le rappeur tacle le pouvoir en place en ces termes : “Vous avez oublié ceux qui vous ont élu. Je demande si vous allez dormir avec la conscience tranquille après toutes ces violences ».
Ngaka Blindé avec « Sunu drapeau » invite la jeunesse de ne pas casser et surtout éviter de prendre les biens d’autrui. En dehors de lui, Akbess et tant d’autres rappeurs ont aussi apporté leur soutien par des chansons militantes et engagées qui invitent les dirigeants sénégalais à avoir plus de respect et considération pour leurs compatriotes.
Les anciens rappeurs ne sont pas en reste, le groupe mythique Positive Black Soul avec Didier Awadi a sorti une chanson intitulée » Bayil Mou Sed » pour alerter, et surtout dénoncer les actes du gouvernement en place sans oublié la chanson sortie par le Daraa J Family intitulé « Ça rend fou », dans cette chanson les deux acolytes s’adressent aux dirigeants africains véreux et à la jeunesse africaine dans son ensemble. Ils nous parlent des abus du pouvoir en ces termes : « On les cherche souvent dans les hôpitaux ou dans les asiles. On les appelle malades mentaux ou même des débiles. Les fous sont parmi nous, plus habiles et plus subtiles, des fous heureux, les fous amoureux, des fous dangereux, ils sont accros au pouvoir… Le pouvoir et l’argent ça rend fou. Ils ont tué Kadhafi – Lumumba. Ils ont tiré sur le capitaine (Thomas Sankara) à bout portant. Et tout ça pour le pouvoir. Et tout ça pour la renommée et l’argent.”
Les sénégalais de leur côté ont magnifié le geste symbolique de ces rappeurs, porteurs de voix qui ont été sensibles aux problèmes du pays.
CULTURE
CÔTE D’IVOIRE – Dopelym, symbole d’une unité générationnelle
Dopelym pourrait être décrit comme un artiste à la fois d’ici et d’ailleurs. Avec plus de 110 000 abonnés, plus de 20 millions de streams cumulés et une communauté fidèle, active et bouillonnante – la « Dopeframily » – il s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Didi B ou Himra, avec lesquels il a d’ailleurs collaboré. Mais son style reste unique : plus mélodique, plus réfléchi. Il parle au cœur autant qu’à la tête, mêlant le son et le sens. Le 20 décembre 2025, il sera sur la scène du Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire pour un concert qui s’annonce comme une véritable consécration.

Né à Levallois-Perret, Dopelym – de son vrai nom Dope – est un artiste franco-ivoirien âgé d’une vingtaine d’années. À cet âge, il séduit déjà par la singularité de sa trajectoire artistique. Et comme il aime le dire lui-même, son flow est « le reflet de [sa] réalité ». Sa musique mêle afrotrap, drill et rythmes ivoiriens. Là où d’autres cloisonnent, lui (r)assemble : les beats du 93 rencontrent le nouchi abidjanais et convoquent parfois le créole. Une musique hybride et fédératrice, à l’image d’une génération d’ascendance africaine, fière de ses racines et lucide sur les défis contemporains.

Pourtant, Dopelym n’est pas qu’un artiste : il est aussi étudiant en relations publiques internationales et diplomatie. De quoi surprendre. Le jour, il étudie les mécanismes du dialogue entre les peuples ; le soir, il transforme la scène en un autre espace diplomatique – celui de l’émotion brute. Pour lui, chanter ou rapper, c’est aussi « négocier avec la vie, les doutes, le monde ». Et ce monde, il l’a déjà conquis : du Palais de la Culture d’Abidjan au Mother Africa Festival, en passant par le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, le Canada, ou encore la France, où il s’est produit au Casino de Paris et à l’Olympia aux côtés de Jungeli.

Dopelym n’est pas un inconnu, même s’il cultive la discrétion. À l’heure du streaming à outrance, il s’impose aussi comme une icône digitale. Son clip « Nouveau Départ » cumule des millions de vues sur YouTube, son single « Guala » flirte avec les 8 millions de streams, et son projet “Who Is Døpe?” (2025) dépasse les 5 millions d’écoutes sur Spotify. Des chiffres impressionnants pour un artiste encore dans la vingtaine – fruits d’un savant mélange de sincérité et de stratégie. Là où beaucoup peinent à exister dans la masse des playlists, lui s’impose par une identité visuelle forte et une écriture introspective. Ses textes évoquent la résilience, la quête de reconnaissance, et cette tension intime d’une jeunesse partagée entre loyauté et ambition.

Sur scène, Dopelym ne triche pas. Il donne tout. Son premier grand concert, au Palais de la Culture d’Abidjan, devant 8 000 spectateurs, a marqué les esprits : énergie, maîtrise, sincérité, tout y était. Depuis, il n’a plus besoin d’un marketing tapageur. Sa fanbase solide parle pour lui. Et c’est fort de cette confiance qu’il prépare son prochain grand rendez-vous : le 20 décembre 2025, au Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.






CULTURE
SÉNÉGAL – Dakar célèbre la musique sénégalaise : trois jours de notes endiablées
Sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, «Regards croisés sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise» s’annonce comme une traversée inédite du patrimoine sonore et musical du Sénégal.
Du 27 au 29 octobre, Dakar, la capitale sénégalaise, replongera dans l’histoire de sa musique. Placé sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, cet événement entend revisiter les artistes, les chansons et les courants musicaux qui ont façonné l’identité musicale du Sénégal : du chant des griots aux hybridations contemporaines. Organisé par le Laboratoire Littérature, Langues et Sociétés d’Afrique de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), « Regards croisés » conjugue trois dimensions : la réflexion académique, les performances artistiques et la célébration populaire. Trois jours, trois lieux, trois thèmes pour explorer la trajectoire d’un univers musical qui n’a jamais cessé de se réinventer.

À travers des conférences, projections et concerts, l’événement propose une véritable radioscopie de la musique sénégalaise : ses héritages, ses mutations et ses imaginaires. Le parcours commencera par les premiers foyers musicaux de Rufisque et Saint-Louis, pour remonter jusqu’à la mondialisation du mballax. « Regards croisés » sera une plateforme d’échanges entre artistes, chercheurs, producteurs et journalistes, mais aussi un espace de mémoire et de transmission. Le Professeur Ibrahima Wane, directeur de l’événement, explique : « La musique sénégalaise est un miroir de notre société, un reflet de nos histoires et de nos aspirations. Cet événement est une invitation à comprendre son passé, à célébrer son présent et à imaginer son futur. »

Du 27 au 29 octobre, la musique sénégalaise sera à l’honneur, de Rufisque à Dakar. Tout débutera au Cercle Culturel Maurice Guèye avec une table ronde intitulée « L’héritage musical des premières villes sénégalaises », animée par Sahite Sarr Samb, Yatma Fall, Pape Armand Boye et Rokhaya Daba Sarr (Africa Fête). Le lendemain, le 28 octobre, la Maison de la Culture Douta Seck accueillera une conférence sur « Des airs “typiques” au mballax : visages et usages de la musique sénégalaise », animée par Felwine Sarr, Michael Soumah, Ngoné Ndour et Abdoul Aziz Dieng. Enfin, le 29 octobre, à la Place du Souvenir Africain, sera projeté le documentaire « Le mballax dans tous ses états », suivi d’un échange intitulé « Le mballax, ses éclats et ses écarts », en présence de Dudu Sarr, Moustapha Diop, Abdou Bouri Ba et Maïmouna Dembélé. Pour clore ces trois jours, une grande soirée musicale rétro rendra hommage aux années 1970-1980.

Conçu comme un dialogue entre mémoire et innovation, cet événement s’inscrit dans une réflexion profonde sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il fait écho à la Convention de 2003 de l’UNESCO, dont le Professeur Ibrahima Wane est le référent national. Sous sa direction, « Regards croisés » devient un acte de transmission : il relie les anciens orchestres urbains aux nouvelles scènes digitales, fait dialoguer les générations d’artistes et rappelle que, au Sénégal, la musique demeure une forme vivante de récit collectif. Professeur titulaire de littérature africaine orale à l’UCAD, docteur d’État ès lettres, chercheur et critique, Ibrahima Wane incarne cette articulation rare entre savoir et création. Figure majeure du paysage intellectuel sénégalais,


CULTURE
MALI – Le Festival international Chant des Linguères donne la voix aux femmes africaines
Du jeudi 6 au samedi 8 novembre 2025, à Bamako, les voix féminines africaines feront, pour cette deuxième édition du Festival international Chant des Linguères, vibrer le fleuve Djoliba jusque dans ses rives. Placée sous le thème « La culture, levier et facteur de développement », cette édition sera, une fois encore, l’occasion pour Coumba Gawlo d’affirmer son engagement artistique et social en faveur du continent.
Initiatrice du festival, Coumba Gawlo revient cette année avec un thème fort et porteur de sens. L’événement sera l’occasion de promouvoir les droits des femmes et la protection des enfants, à travers les actions de Go Médias et de l’association Lumière pour l’Enfance – Coumba Gawlo (LPE-GC). Ambassadrice de bonne volonté auprès de plusieurs institutions et ONG, l’artiste voit dans la musique un outil puissant de plaidoyer, de communication et de sensibilisation, capable de transformer les mentalités.
Le Festival international Chant des Linguères est un événement entièrement animé par des femmes. Il porte une ambition claire : faire entendre la voix des artistes féminines sur des enjeux majeurs tels que l’autonomisation économique des femmes, le leadership féminin, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la scolarisation des filles, la santé maternelle et infantile, ou encore la lutte contre les violences basées sur le genre et le mariage précoce.

Coumba Gawlo est née avec une voix au timbre d’or et de cristal. Un don hérité de sa mère, qui la destinait déjà à un brillant avenir. À seulement 14 ans, elle remporte le concours « Voix d’Or du Sénégal » grâce à Soweto, une chanson écrite par son père. En 1990, elle signe chez Syllart Records son premier album, Seytané, qui la fait connaître du grand public. Suivront quatre autres albums. Malgré plusieurs distinctions locales, la consécration internationale tarde à venir. Mais en 1998, à la surprise générale, elle dévoile Yo Malé, une véritable pépite musicale. L’album, sur lequel figure Patrick Bruel, lui vaut un double disque d’or en Belgique et un disque de platine en France. Et le succès ne s’arrête pas là : la chanson Pata Pata achève d’asseoir sa notoriété sur la scène internationale.
Aux côtés de Coumba Gawlo, cette deuxième édition réunira des artistes venues du Mali et du Burkina Faso : Mariam Bâ Lagaré, Djeneba Diaouné, Delphine Mounkoro et Kalam, surnommée la Reine du Kundé, partageront la scène pour célébrer la force, la créativité et la solidarité féminines. Pendant ces trois jours de festivités, le programme s’annonce riche : une conférence de presse inaugurale ouvrira l’événement, suivie, le vendredi 7 novembre à 9 h, d’un forum thématique. Le soir, la musique reprendra ses droits avec un grand concert populaire à la Place du Cinquantenaire. Le festival se clôturera le samedi 8 novembre à 20 h, au CICB, par un dîner de gala placé sous le signe du partage et de l’inspiration.
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