CULTURE
Sokhna Benga et la Mission de la Littérature – Sénégal Njaay – Senegal-njaay.com

Mettant en avant l’importance cruciale de l’écrivain, l’auteure Sokhna Benga encourage les Sénégalais à s’intéresser à la lecture, soulignant que la littérature englobe toutes les facettes du développement humain. Elle s’exprimait lors du panel intitulé « Regards croisés sur la littérature et la construction citoyenne », qui s’est tenu dans le cadre du Salon national du livre à Foundiougne.
Soulignant le rôle important de l’écrivain, l’auteure Sokhna Benga invite les Sénégalais à lire les ouvrages. Car, selon elle, la littérature prend en charge toutes les dimensions du développement humain. Elle est intervenue au panel intitulé ‘’Regards croisés sur la littérature et la construction citoyenne’’ organisé dans le cadre du Salon national du livre qui se tient à Foundiougne.
‘’Aujourd’hui, l’écrivain est face à un dilemme : le peuple lit peu ou lit mal. La méconnaissance de notre littérature par notre peuple est de plus en plus un réel problème’’, a déclaré l’écrivaine Sokhna Benga. « Notre bonheur aurait été d’être lus par notre peuple, d’être compris afin que les leçons ou expériences que nous partageons puissent servir et permettre aux populations d’assurer cette transformation positive », ajoutera-t-elle.
En effet, d’après elle, sous nos cieux, la littérature est comme un véhicule de l’engagement. Aux yeux de cette femme de lettres sénégalaise, cette littérature montre et décrit des événements et des réalités sociales exprimés par le langage, qui est lui-même un instrument social. ‘’Il y a une relation indispensable entre le développement humain et la construction citoyenne… La littérature est active pour apporter des transformations dans la société. Elle est une réflexion sur la vie, les réalités de notre peuple. À quelques exceptions près, elle vise la quête d’une amélioration sociale, voire d’une transformation positive de l’homme, donc du citoyen et de la société », a souligné l’éditrice, indiquant le rôle de l’écrivain dans le patriotisme et la citoyenneté.
Pour étayer son propos, Sokhna Benga a évoqué le rôle des écrivains de l’ère postcoloniale, une période où l’accent était mis sur les relations. Ces écrivains ont eu l’opportunité de fréquenter des lecteurs engagés, ce qui, selon Mme Benga, explique l’effervescence notée dans les années 1940, 1950 et 1960, période qui a conduit au processus de décolonisation. « Les lecteurs de cette époque, lorsqu’ils lisaient les œuvres de Senghor, de Césaire et d’autres grands auteurs, en faisaient leur propre combat », a-t-elle salué. « Toutes les solutions sont dans les livres, mais on ne les lit pas », a-t-elle souligné.
‘’La littérature est engagée’’
Ainsi, elle affirme que la littérature sensibilise et mobilise tout un chacun pour trouver des solutions économiques, politiques, environnementales et bien d’autres. « Elle a contribué, que cela soit reconnu ou non, au processus de civilisation depuis ses origines. De la République de Platon jusqu’à nos jours, elle sert d’exemple en matière de citoyenneté… Car le monde entier, sous chaque latitude, reflète sa littérature. La littérature est engagée, le monde l’est aussi. Elle est impertinente, tout comme l’est le monde », a soutenu Sokhna Benga, soulignant que lorsque l’auteur écrit, il partage sa vision du monde.
« Il crée sa propre chaîne de mots ; il devient un critique social. Son œuvre peut convaincre le lecteur au point d’influencer son action au quotidien… J’ai vécu cette expérience extraordinaire lorsque j’ai adapté ‘L’or de Ninki Nanka’ en une série télévisée diffusée à travers le monde, abordant des thèmes politiques et citoyens. C’est ainsi que j’ai réalisé qu’aucune œuvre n’est plus importante qu’une œuvre littéraire », a-t-elle confié, soutenant que l’écrivain littéraire peut effectuer des changements socioculturels par son œuvre critique.
Interpellé, le directeur du Livre, Ibrahima Lo, a évoqué les écrits de Cheikh Hamidou Kane, l’auteur des livres « Le Gardien du Temple » et « L’Aventure Ambiguë », mettant en lumière la situation du personnage Samba Diallo confronté à la problématique de l’école. « Il est question de la royauté torodo qui se voit contrainte d’accepter le projet d’école coloniale. Cependant, elle met en place divers mécanismes pour accompagner les élèves, afin qu’ils fréquentent l’école sans perdre leur identité. Il s’agit d’assimiler les principes de la science tout en préservant son authenticité », a-t-il expliqué d’entrée de jeu.
« Trente-cinq ans plus tard, en 2005, c’est ce que Aminata Sow Fall développe dans ‘Les Festins de la détresse’ », a-t-il ajouté pour souligner que cette discussion prolonge un ensemble de préoccupations très anciennes. « La création littéraire prend en considération une écologie des comportements et des identités. Elle s’efforce de les transmettre afin de proposer aux citoyens des choix de lecture », a souligné Ibrahima Lo.
OUVERTURE OFFICIELLE SALON DU LIVRE
L’appel d’Aliou Sow
Lors de la cérémonie officielle d’ouverture du Salon du livre qui s’est tenue à la mairie de Fatick, le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, a parlé des enjeux et défis à relever pour un accès universel au livre. ‘’Le salon du livre qui se tient à Fatick est intéressant, car il permet de débattre des enjeux et des défis à relever pour faciliter l’accès universel au livre pour tous les jeunes ainsi que pour les amateurs de littérature », a déclaré Aliou Sow qui s’est réjoui de voir les jeunes rencontrer les écrivains. ‘’Ces derniers, bien connus, viennent parfois de localités inconnues des Sénégalais, mais sont reconnus pour la qualité de leur plume en tant que dignes fils ou filles de ces régions. Il est également important de célébrer le Sine à travers les hommes et les femmes qui ont marqué le monde du livre, tout en sensibilisant les jeunes à la lecture et à la production littéraire », a invité M. Sow.
Par ailleurs, il a profité de l’occasion offerte pour rendre un hommage mérité à l’écrivain, ancien journaliste et ancien ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly ainsi qu’au directeur du Warc, le professeur Ousmane Sène.
Sur un tout autre registre, Aliou Sow a annoncé qu’il a accordé des bourses mensuelles de 25 000 F tout au long de l’année 2024 aux meilleurs élèves de l’école élémentaire où le président a fait son cycle élémentaire. Une manière pour lui de rendre hommage à l’ancien maire de Fatick. « J’ai attribué des bourses aux 15 meilleurs élèves de l’école élémentaire où le président de la République, Macky Sall, a fait son cycle élémentaire », a-t-il précisé.
Il a d’ailleurs invité les acteurs du livre à ériger une bibliothèque dans cette école pour faciliter l’accès aux livres aux élèves de la zone.
Texte : BABACAR SY SEYE – Enquête+
Titre : BABACAR KORJO
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CULTURE
CÔTE D’IVOIRE – Dopelym, symbole d’une unité générationnelle

Dopelym pourrait être décrit comme un artiste à la fois d’ici et d’ailleurs. Avec plus de 110 000 abonnés, plus de 20 millions de streams cumulés et une communauté fidèle, active et bouillonnante – la « Dopeframily » – il s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Didi B ou Himra, avec lesquels il a d’ailleurs collaboré. Mais son style reste unique : plus mélodique, plus réfléchi. Il parle au cœur autant qu’à la tête, mêlant le son et le sens. Le 20 décembre 2025, il sera sur la scène du Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire pour un concert qui s’annonce comme une véritable consécration.
Né à Levallois-Perret, Dopelym – de son vrai nom Dope – est un artiste franco-ivoirien âgé d’une vingtaine d’années. À cet âge, il séduit déjà par la singularité de sa trajectoire artistique. Et comme il aime le dire lui-même, son flow est « le reflet de [sa] réalité ». Sa musique mêle afrotrap, drill et rythmes ivoiriens. Là où d’autres cloisonnent, lui (r)assemble : les beats du 93 rencontrent le nouchi abidjanais et convoquent parfois le créole. Une musique hybride et fédératrice, à l’image d’une génération d’ascendance africaine, fière de ses racines et lucide sur les défis contemporains.
Pourtant, Dopelym n’est pas qu’un artiste : il est aussi étudiant en relations publiques internationales et diplomatie. De quoi surprendre. Le jour, il étudie les mécanismes du dialogue entre les peuples ; le soir, il transforme la scène en un autre espace diplomatique – celui de l’émotion brute. Pour lui, chanter ou rapper, c’est aussi « négocier avec la vie, les doutes, le monde ». Et ce monde, il l’a déjà conquis : du Palais de la Culture d’Abidjan au Mother Africa Festival, en passant par le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, le Canada, ou encore la France, où il s’est produit au Casino de Paris et à l’Olympia aux côtés de Jungeli.
Dopelym n’est pas un inconnu, même s’il cultive la discrétion. À l’heure du streaming à outrance, il s’impose aussi comme une icône digitale. Son clip « Nouveau Départ » cumule des millions de vues sur YouTube, son single « Guala » flirte avec les 8 millions de streams, et son projet “Who Is Døpe?” (2025) dépasse les 5 millions d’écoutes sur Spotify. Des chiffres impressionnants pour un artiste encore dans la vingtaine – fruits d’un savant mélange de sincérité et de stratégie. Là où beaucoup peinent à exister dans la masse des playlists, lui s’impose par une identité visuelle forte et une écriture introspective. Ses textes évoquent la résilience, la quête de reconnaissance, et cette tension intime d’une jeunesse partagée entre loyauté et ambition.
Sur scène, Dopelym ne triche pas. Il donne tout. Son premier grand concert, au Palais de la Culture d’Abidjan, devant 8 000 spectateurs, a marqué les esprits : énergie, maîtrise, sincérité, tout y était. Depuis, il n’a plus besoin d’un marketing tapageur. Sa fanbase solide parle pour lui. Et c’est fort de cette confiance qu’il prépare son prochain grand rendez-vous : le 20 décembre 2025, au Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.
CULTURE
SÉNÉGAL – Dakar célèbre la musique sénégalaise : trois jours de notes endiablées

Sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, «Regards croisés sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise» s’annonce comme une traversée inédite du patrimoine sonore et musical du Sénégal.
Du 27 au 29 octobre, Dakar, la capitale sénégalaise, replongera dans l’histoire de sa musique. Placé sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, cet événement entend revisiter les artistes, les chansons et les courants musicaux qui ont façonné l’identité musicale du Sénégal : du chant des griots aux hybridations contemporaines. Organisé par le Laboratoire Littérature, Langues et Sociétés d’Afrique de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), « Regards croisés » conjugue trois dimensions : la réflexion académique, les performances artistiques et la célébration populaire. Trois jours, trois lieux, trois thèmes pour explorer la trajectoire d’un univers musical qui n’a jamais cessé de se réinventer.
À travers des conférences, projections et concerts, l’événement propose une véritable radioscopie de la musique sénégalaise : ses héritages, ses mutations et ses imaginaires. Le parcours commencera par les premiers foyers musicaux de Rufisque et Saint-Louis, pour remonter jusqu’à la mondialisation du mballax. « Regards croisés » sera une plateforme d’échanges entre artistes, chercheurs, producteurs et journalistes, mais aussi un espace de mémoire et de transmission. Le Professeur Ibrahima Wane, directeur de l’événement, explique : « La musique sénégalaise est un miroir de notre société, un reflet de nos histoires et de nos aspirations. Cet événement est une invitation à comprendre son passé, à célébrer son présent et à imaginer son futur. »
Du 27 au 29 octobre, la musique sénégalaise sera à l’honneur, de Rufisque à Dakar. Tout débutera au Cercle Culturel Maurice Guèye avec une table ronde intitulée « L’héritage musical des premières villes sénégalaises », animée par Sahite Sarr Samb, Yatma Fall, Pape Armand Boye et Rokhaya Daba Sarr (Africa Fête). Le lendemain, le 28 octobre, la Maison de la Culture Douta Seck accueillera une conférence sur « Des airs “typiques” au mballax : visages et usages de la musique sénégalaise », animée par Felwine Sarr, Michael Soumah, Ngoné Ndour et Abdoul Aziz Dieng. Enfin, le 29 octobre, à la Place du Souvenir Africain, sera projeté le documentaire « Le mballax dans tous ses états », suivi d’un échange intitulé « Le mballax, ses éclats et ses écarts », en présence de Dudu Sarr, Moustapha Diop, Abdou Bouri Ba et Maïmouna Dembélé. Pour clore ces trois jours, une grande soirée musicale rétro rendra hommage aux années 1970-1980.
Conçu comme un dialogue entre mémoire et innovation, cet événement s’inscrit dans une réflexion profonde sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il fait écho à la Convention de 2003 de l’UNESCO, dont le Professeur Ibrahima Wane est le référent national. Sous sa direction, « Regards croisés » devient un acte de transmission : il relie les anciens orchestres urbains aux nouvelles scènes digitales, fait dialoguer les générations d’artistes et rappelle que, au Sénégal, la musique demeure une forme vivante de récit collectif. Professeur titulaire de littérature africaine orale à l’UCAD, docteur d’État ès lettres, chercheur et critique, Ibrahima Wane incarne cette articulation rare entre savoir et création. Figure majeure du paysage intellectuel sénégalais,
CULTURE
MALI – Le Festival international Chant des Linguères donne la voix aux femmes africaines

Du jeudi 6 au samedi 8 novembre 2025, à Bamako, les voix féminines africaines feront, pour cette deuxième édition du Festival international Chant des Linguères, vibrer le fleuve Djoliba jusque dans ses rives. Placée sous le thème « La culture, levier et facteur de développement », cette édition sera, une fois encore, l’occasion pour Coumba Gawlo d’affirmer son engagement artistique et social en faveur du continent.
Initiatrice du festival, Coumba Gawlo revient cette année avec un thème fort et porteur de sens. L’événement sera l’occasion de promouvoir les droits des femmes et la protection des enfants, à travers les actions de Go Médias et de l’association Lumière pour l’Enfance – Coumba Gawlo (LPE-GC). Ambassadrice de bonne volonté auprès de plusieurs institutions et ONG, l’artiste voit dans la musique un outil puissant de plaidoyer, de communication et de sensibilisation, capable de transformer les mentalités.
Le Festival international Chant des Linguères est un événement entièrement animé par des femmes. Il porte une ambition claire : faire entendre la voix des artistes féminines sur des enjeux majeurs tels que l’autonomisation économique des femmes, le leadership féminin, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la scolarisation des filles, la santé maternelle et infantile, ou encore la lutte contre les violences basées sur le genre et le mariage précoce.
Coumba Gawlo est née avec une voix au timbre d’or et de cristal. Un don hérité de sa mère, qui la destinait déjà à un brillant avenir. À seulement 14 ans, elle remporte le concours « Voix d’Or du Sénégal » grâce à Soweto, une chanson écrite par son père. En 1990, elle signe chez Syllart Records son premier album, Seytané, qui la fait connaître du grand public. Suivront quatre autres albums. Malgré plusieurs distinctions locales, la consécration internationale tarde à venir. Mais en 1998, à la surprise générale, elle dévoile Yo Malé, une véritable pépite musicale. L’album, sur lequel figure Patrick Bruel, lui vaut un double disque d’or en Belgique et un disque de platine en France. Et le succès ne s’arrête pas là : la chanson Pata Pata achève d’asseoir sa notoriété sur la scène internationale.
Aux côtés de Coumba Gawlo, cette deuxième édition réunira des artistes venues du Mali et du Burkina Faso : Mariam Bâ Lagaré, Djeneba Diaouné, Delphine Mounkoro et Kalam, surnommée la Reine du Kundé, partageront la scène pour célébrer la force, la créativité et la solidarité féminines. Pendant ces trois jours de festivités, le programme s’annonce riche : une conférence de presse inaugurale ouvrira l’événement, suivie, le vendredi 7 novembre à 9 h, d’un forum thématique. Le soir, la musique reprendra ses droits avec un grand concert populaire à la Place du Cinquantenaire. Le festival se clôturera le samedi 8 novembre à 20 h, au CICB, par un dîner de gala placé sous le signe du partage et de l’inspiration.
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