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CÔTE D’IVOIRE – “Il me disait que si je partais du pouvoir, je ne serais pas poursuivi” dixit Laurent Gbagbo

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Laurent Gbagbo

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo s’est exprimé sur sa page facebook relatant avec précision les échanges téléphoniques entre lui et les autorités américaines d’alors notamment un sous-secrétaire d’Etat américain. Ensuite  Hillary Clinton et  Barack Obama ont essayé de la joindre pour la convaincre à céder le pouvoir et de s’exiler avec soixante personnes de son entourage complètement prises en charge. Ils voulaient, selon lui, l’exhorter à quitter le pouvoir qui, selon lui, était le seul vainqueur. Nous sommes en 2011, le scrutin de l’élection président vient de s’achever. Laurent Gbagbo président sortant candidat à sa propre succession revendique le pouvoir. Alassane Ouattara, son opposant revendique lui aussi la tête de la Côte d’ivoire. Un bras de fer s’ensuivit entre les deux belligérants, avec comme arbitre la communauté internationale et la France en tête de ce ring politique. Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo, son épouse et une quarantaine de proches étaient arrêtés par les forces fidèles à Alassane Ouattara.  C’est la fin de ce que l’on a appelé « la bataille d’Abidjan ». Laurent Gbagbo sera traduit à la CPI avec son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé.

Ce dimanche 18 avril 2021, Laurent Gbagbo est revenu sur cette page politique de la Côte d’Ivoire. Ci-dessus les mots publiés sur sa page :

“Un sous-secrétaire d’Etat américain m’a téléphoné et m’a parlé pendant au moins une heure. Il me disait que si je partais du pouvoir, je ne serais pas poursuivi, je pourrais m’exiler avec soixante-quatre personnes de mon entourage et que tous seraient pris en charge. Quant à moi, je serais logé, nourri et blanchi, j’aurais un travail et des revenus équivalant à 2 millions de dollars, etc. Cette conversation ou plutôt ce monologue était surréaliste.

Il y avait un tel décalage entre ce que disait ce monsieur et la réalité que je vivais avec le peuple ivoirien que son discours était indigeste. J’ai finalement raccroché, fatigué de l’entendre pérorer sur les propositions qui m’attendaient si j’acceptais de quitter le pouvoir. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’étrange dans ce discours. Quel était le sujet ? A mon avis, c’était le résultat des élections présidentielles. Ils ont tous prétendu que j’avais perdu les élections présidentielles mais le Conseil constitutionnel de mon pays a dit le contraire. J’ai demandé de recompter les voix, ils ont refusé. J’ai même proposé une commission d’enquête indépendante internationale pour examiner les faits. On a refusé. Pourtant, les données sont simples. S’il est prouvé que j’ai perdu les élections, je m’incline sans autre forme de discussion. Si j’ai gagné, je suis disposé à faire des concessions politiques pour créer un climat d’apaisement et de paix dans tout le pays. Mais pourquoi s’obstine-t-on à me faire des propositions absurdes ? Pourquoi cherche-t-on à me corrompre et à me menacer si on est convaincu que j’ai perdu les élections ?

Peu après ce coup de téléphone étrange, mes conseillers me disent qu’Hillary Clinton cherche à me joindre au téléphone. Je refuse de prendre la communication car je suis convaincu que je vais encore passer un moment à entendre à nouveau les mêmes propositions. Elle m’a finalement adressé un message pour me proposer je ne sais quoi. Je n’ai même pas ouvert l’enveloppe. Après Hillary Clinton, le président Obama m’a directement appelé à son tour. Une fois de plus, j’ai refusé de prendre la communication. Je ne voulais plus écouter ni entendre les discours ennuyeux et les propositions ubuesques qu’ils infligeaient à mes oreilles. Gbagbo Laurent”

Pour rappel, Gbagbo Laurent et son ministre de la jeunesse et l’ex-chef des Jeunes patriotes Charles Blé Goudé, ont été acquittés par la Cour pénale internationale en janvier 2019. La chambre d’appel de la CPI a confirmé leur acquittement le mercredi 31 mars 2021 après dix ans de procès. 

       

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