AFRIQUE DE L’OUEST
GAMBIE – Des poursuites contre Yahya Jammeh réclamées
La Commission vérité et réconciliation qui avait la tâche d’enquêter sur les crimes et exactions commis par l’ancien président gambien, Yahya Jammeh de 1994 à 2016, a exigé, le 24 décembre 2021, la tenue d’un procès et la condamnation de l’ancien dictateur ainsi que tous ses complices. Selon ladite Commission, l’ancien chef d’État devrait être poursuivi pour « meurtres, détentions arbitraires, disparitions. »
La Commission vérité et réconciliation, chargée d’enquêter sur l’ancien président de la Gambie, Yahya Jammeh, à présenté son rapport le vendredi 24 décembre 2021. L’une des recommandations fortes de la Commission est la poursuite de l’homme politique gambien et la tenue de son procès hors du territoire gambien. La Commission souhaite un procès « dans un pays d’Afrique de l’Ouest autre que la Gambie, sous l’égide de la Communauté économique des Etats ouest-africains (Cédéao) et/ou de l’Union africaine. » Pendant 22 ans à la tête de la Gambie, Yahya Jammeh a été accusé d’être responsable de la mort de plusieurs citoyens du pays ainsi que la disparition de beaucoup d’autres. Abusant ouvertement de son pouvoir, l’ancien président a terrorisé le peuple gambien avec une violation manifeste et sans précédent des droits des citoyens. . »Durant une période de vingt-deux ans, à partir du 22 juillet 1994, Yahya Jammeh et ses collègues [membres de l’APRC, le parti présidentiel] et d’autres coauteurs ont perpétré de graves crimes en Gambie », a indiqué le rapport.
Le rapport, rédigé en dix-sept volumes, est entre les mains de l’actuel président gambien, Adama Barrow, depuis le 25 novembre 2021. La Commission n’a apparemment rien oublié, elle a listé tous les crimes et délits commis par Yahya Jammeh pendant les 22 ans passés à la tête de la magistrature suprême : assassinats, actes de tortures, disparitions forcées, viols et castrations, arrestations arbitraires, chasses aux sorcières, jusqu’à l’administration contrainte d’un faux traitement contre le Sida.
Le ministre gambien de la justice, Dawda Jallow, a confié que le gouvernement s’est engagé à appliquer les recommandations issues des rapports de la Commission. D’ailleurs, il est prévu la publication d’un livre blanc sur ces mêmes recommandations avant le 25 mai 2022.
À rappeler que la commission vérité et réconciliation à été mise en place en 2017. Elle a interrogé de janvier 2019 à mai 2021 plus de 393 témoins, victimes et anciens « junglers » (« broussards »), les membres des escadrons de la mort du régime, venus exposer ce qu’ils ont dû faire sous la présidence de Yahya Jammeh. Des atrocités et des actes de torture indescriptibles qui ont souvent heurté la sensibilité des membres de la Commission. Le rapport a indiqué qu’entre 240 et 250 personnes sont mortes entre les mains de l’Etat et de ses agents.
L’avocat américain, Reed Brody, engagé au côté des victimes, a aussi mis en évidence l’urgence de tenir un procès tant réclamé par les victimes et par tout le peuple gambien. « Après les puissants témoignages publics devant la TRRC qui ont profondément touché les Gambiens, il va y avoir beaucoup de pressions en Gambie et à l’étranger, pour que justice soit faite sans tarder pour les victimes qui ont déjà attendu cinq ans et parfois plus longtemps. », a-t-il déclaré.
AFRIQUE
GUINÉE – Présidentielle 2025 : neuf candidats pour un scrutin décisif
La Guinée s’apprête à vivre un rendez-vous politique majeur avec l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Neuf candidats sont officiellement en lice pour succéder – ou reconduire – Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021. Cette élection marque une étape décisive dans le processus de transition politique engagé dans le pays.
Parmi les candidats figure Abdoulaye Yero Baldé, 61 ans, ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Technocrate reconnu, passé par la Banque mondiale, la Banque centrale de Guinée et le secteur minier, il s’est illustré en 2020 en démissionnant du gouvernement pour dénoncer le changement constitutionnel ayant permis à Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Son programme place l’éducation au centre des priorités, avec l’ambition de tripler le budget qui lui est consacré.
Makalé Camara est la seule femme candidate de ce scrutin. Ancienne ministre des Affaires étrangères sous Alpha Condé, elle se présente pour la deuxième fois après un score modeste en 2020. Forte d’une longue carrière au sommet de l’État depuis les années 1980, elle sillonne actuellement l’intérieur du pays et entend faire de son expérience et de son profil un atout majeur.
À la tête du pays depuis près de quatre ans, Mamadi Doumbouya est candidat indépendant sous la bannière « Bâtir ensemble ». Soutenu par son Premier ministre Bah Oury, il défend un projet de continuité, axé sur la stabilité et la poursuite des réformes engagées depuis la prise de pouvoir par les militaires.
Autre figure de la scène politique, Elhadj Bouna Keita, président du Rassemblement pour une Guinée prospère, mise sur son parcours d’entrepreneur dans les mines, la banque et l’immobilier. Il fonde sa campagne sur la prospérité économique, la cohésion nationale et la transformation industrielle du pays.
Abdoulaye Kourouma, président du RRD, est également de retour après une première candidature en 2020. Cette fois, il fait de la justice et de l’État de droit le socle de son projet politique.
Faya Lansana Milimouno, ancien enseignant-chercheur et cadre international, se présente avec le Bloc libéral, dix ans après une première candidature remarquée. Il défend une vision libérale et institutionnelle du développement.
Mohamed Nabé, fondateur de l’Alliance pour le renouveau et le progrès, insiste sur la réconciliation nationale comme condition indispensable au développement. Mohamed Chérif Tounkara, opérateur économique et expert en pierres précieuses, mise sur la jeunesse et l’éducation. Enfin, Ibrahima Abé Sylla, ancien ministre de l’Énergie, promet de poursuivre les réformes engagées, avec une priorité affichée pour la justice.
AFRIQUE
CÔTE D’IVOIRE – Le RHDP favori, le PDCI en quête de remobilisation pour les élections législatives
À l’approche des élections législatives en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’impose comme le parti le plus présent sur le terrain électoral. Il aligne le plus grand nombre de candidats, dont une large majorité de ministres en fonction et de figures majeures du parti. Du chef du gouvernement aux ministres des Eaux et Forêts ou de la Santé, les principaux cadres sont engagés dans leurs fiefs respectifs. Pour plusieurs observateurs, ces élections constituent un test politique majeur, dans un contexte où le président de la République souhaite impulser une transition générationnelle au sein de l’appareil d’État et du parti.
Favori du scrutin, le RHDP doit néanmoins composer avec une difficulté récurrente : la multiplication de candidatures indépendantes issues de ses propres rangs. Dans des régions stratégiques comme le Tonkpi à l’ouest ou la Bagoué au nord, ces dissidences fragilisent l’unité du parti. Le ministre Bruno Koné, lui-même candidat dans le nord du pays, a d’ailleurs appelé à la discipline et à la loyauté, afin d’éviter une dispersion des voix préjudiciable.
Face au RHDP, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) présente 163 candidats. Désormais dirigé par Tidjane Thiam, le parti doit aussi gérer des tensions internes. Des figures historiques, comme Maurice Kakou Guikahué à Gagnoa ou Olivier Akoto à Daoukro, se présentent en indépendants après avoir été écartées des investitures officielles. Après son absence remarquée à la présidentielle, le PDCI devra surtout mobiliser un électorat tenté par l’abstention.
Grand absent de ces législatives, le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo a opté pour le boycott, dénonçant un climat politique qu’il juge délétère. D’autres acteurs majeurs de la présidentielle d’octobre ne sont pas non plus candidats, à l’image de Jean-Louis Billon ou de Simone Ehivet Gbagbo, même si son parti aligne une quinzaine de prétendants. Quant au FPI de Pascal Affi N’Guessan, il présente 21 candidats, sans son leader en tête de liste.
AFRIQUE
BÉNIN – Patrice Talon s’exprime sur la traque des mutins et la réforme constitutionnelle
Le président béninois Patrice Talon s’est exprimé sur deux dossiers majeurs de l’actualité nationale : la poursuite des auteurs des événements du 7 décembre dernier et la récente révision de la Constitution, promulguée le 17 décembre 2025.
Concernant la tentative de mutinerie, le chef de l’État a assuré que la traque du principal responsable et de ses complices se poursuit activement. Un mandat d’arrêt international a été émis, et les autorités béninoises ont sollicité la coopération des pays voisins afin de faciliter leur localisation et leur extradition. Sans citer de pays précis, Patrice Talon a indiqué que les auteurs de ces actes ont été manipulés par des responsables politiques qu’il qualifie de « nostalgiques et jaloux », avec l’appui de soutiens extérieurs.
Le président n’a pas mâché ses mots à l’égard des mutins, les qualifiant de « crapules », de « voyous » et de « marginaux ». Il s’est félicité de l’absence totale de ralliement, tant au sein de l’armée et de la Garde nationale que de la population. Évoquant le cas de Pascal Tigri, Patrice Talon a révélé que ce dernier avait été contacté par son supérieur hiérarchique et invité à se rendre, avant de prendre la fuite en tenue civile. Il a salué le professionnalisme et la loyauté des forces de défense et de sécurité, qu’il a jugées « extraordinaires ».
Le second volet de son intervention a porté sur la révision constitutionnelle, vivement critiquée par l’opposition. Patrice Talon a rejeté toute accusation d’allongement déguisé du mandat présidentiel et a clarifié la notion de trêve politique. Selon lui, celle-ci ne vise qu’à empêcher une campagne électorale permanente, rappelant que la Constitution encadre déjà strictement les périodes de campagne. Il a précisé que la critique de l’action publique demeure pleinement garantie.
Enfin, s’agissant de la création du Sénat, le président a défendu cette institution comme un organe d’arbitrage destiné à prévenir les blocages institutionnels et à assurer la stabilité politique, estimant que son expérience du pouvoir en démontre la nécessité.
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