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CULTURE

MARTINIQUE – Jerryka Jacques-Gustave, une voix d’exception “marquée au fer” par Johnny Hallyday

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À la mort de Johnny Hallyday, chacun avait quelque chose à dire. De ceux qui avaient vu l’homme à la sortie de l’Accord Arena et de ceux qui n’avaient jamais entendu une note de sa musique. Ça frôlait la saturation. Mais parmi tous, s’il y a avait une personne qui le connaissait tant dans la vie que sur scène, ce serait Jerryka Jacques-Gustave, sa choriste. Lever de rideau sur une artiste hors-pair.

De Johnny Hallyday aux Trois Mailletz
Jerryka Jacques-Gustave n’est plus à présenter. Ou peut-être que si. Car si nous avons tous, un jour, entendu sa voix, il faut reconnaître qu’il n’est pas toujours facile d’y associer un visage et un nom. Il s’agit pourtant de la ravissante choriste martiniquaise, belle, fluette, au sourire ravageur, qui se tenait derrière la légende du rock, Johnny Hallyday. Vous voyez maintenant ! Même si Johnny n’est plus, Jerryka n’a jamais cessé de faire résonner sa voix dans les salles de spectacle parisiennes, notamment dans le célèbre cabaret Aux Trois Mailletz.

Artiste précoce
Jerryka Jacques-Gustave n’a pas toujours été dans l’entourage de Johnny. Ancienne choriste de ce dernier, dont elle fut la cheffe d’orchestre pendant quatre ans, elle a su saisir sa chance lorsqu’une opportunité s’est présentée. Son parcours n’a cependant pas toujours été fait de lumières et de strass. Tout commence pour Jerryka à Fort-de-France. Âgée de seulement 12 ans, elle chante pour la première fois dans la cathédrale de la ville. Après une longue pause musicale, son destin prend un tournant décisif lorsqu’elle monte à Paris en 1983, à l’âge de 17 ans. Désillusion ! Les Parisiens n’ont pas l’image idyllique qu’elle s’était toujours représentée. Entre études de coiffure et petits boulots, elle fait une rencontre qui va changer sa vie : un inconnu l’invite à poser sa voix en studio. Cette opportunité la mène vers la talentueuse Édith Lefel et, surtout, Pedro Wognin, son mentor et futur compagnon, qui l’invite chez lui en Côte d’Ivoire, un pays qu’elle adoptera comme une seconde patrie.

Jerryka : des piano-bars au Stade de France
À la fin des années 1980, Jerryka se produit au Back Street, un piano-bar que Johnny Hallyday adore. Dix ans plus tard, sans se douter du tournant que sa carrière s’apprête à prendre, elle est convoquée à une audition avec deux autres choristes. Son cœur bondit dans sa poitrine. La surprise est immense lorsqu’elle apprend qu’elle vient d’être sélectionnée pour accompagner l’idole des jeunes lors de son mythique concert au Stade de France. “Nous avons été prises pour faire avec Johnny le Stade de France. Là, la vraie aventure a commencé”, se souvient-elle avec émotion. En tant que cheffe choriste, elle doit apprendre plus de 51 chansons et proposer des arrangements vocaux. Au-delà du défi que représente une telle responsabilité, elle y voit une opportunité inoubliable qui donne un nouvel élan à sa carrière.

Des anecdotes sur un Johnny généreux et perfectionniste
De Johnny, Jerryka garde le souvenir d’un artiste hors du commun qui “[…] est au-dessus de la star […]”. Soucieux de son public et avide de dépassement de soi, il “[…] voulait toujours se surpasser, se mettre en danger. Il montait dans un hélicoptère, passait sous une trappe… Il se mettait vraiment en danger, mais le show était tellement beau », raconte-t-elle, admirative. Elle se rappelle aussi un moment amusant : un jour, Johnny apprend qu’elle organise un dîner chez sa mère avec quelques invités. Il lui lance alors, faussement vexé : “Je suis déçu de ne pas être invité.” Jerryka rit encore en racontant cette anecdote. Finalement, Laeticia et lui rejoignent la tablée, partageant un moment chaleureux autour du célèbre crabe antillais de la famille. Un autre souvenir marquant la fait sourire : lors d’un concert à l’Olympia, une choriste mal attachée perd sa chaussure en pleine prestation. Celle-ci frôle l’oreille de Johnny, qui éclate de rire et peine à reprendre sa chanson tant la situation l’amuse. Puis vient l’instant fatal qu’elle n’oubliera jamais : le 6 décembre 2017. Johnny Hallyday s’éteint alors qu’elle chante dans un cabaret. Elle se remémore alors un moment de tendresse : lors d’un concert de Sylvie Vartan, où elle était choriste, Johnny l’avait présentée au public en déclarant qu’elle était “l’une des meilleures”. Selon elle, tout l’homme est là.

Jerryka, entre musique et naturopathie
Jerryka Jacques-Gustave continue de chanter au cabaret Aux Trois Mailletz, où elle émerveille son petit public d’habitués. Cela lui convient. Mais loin de se limiter à la musique, elle explore aussi d’autres horizons : elle est modèle pour maquillage et éducatrice en santé naturelle, spécialisée en nutrition, naturopathie et phyto-aromathérapie. Avoir chanté aux côtés de Johnny Hallyday a été pour Jerryka “une expérience unique […] qui l’a marquée au fer”.

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CULTURE

MAURITANIE – Authentique BD, plus qu’un phénomène de chiffres

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Du 18 au 20 juillet 2025, Blois accueille la 9e édition du FIGAS – le Festival International de la Gastronomie, des Arts et de la Scène. Pour ce festival porté par l’association Afrik’Consult, il y a Authentique BD, le jeune rappeur mauritanien le plus doué de sa génération.

La Mauritanie est un ensemble de villes rares et dépeuplées, des dromadaires, des minerais, un désert à perte de vue et une température moyenne de 40 degrés. Mais, ce pays n’est pas que ça : elle regorge d’artistes talentueux au nombre desquelles on peut citer un rappeur hors-pair, authentique. Il s’agit d’Authentique BD. Authentique BD, en plus d’être un phénomène de chiffres (plusieurs millions de streams), c’est une belle voix. Né Nouakchott, Authentique BD porte en lui l’énergie et la force d’un peuple. Aujourd’hui, il est parvenu à transformer la poussière chaude de la Mauritanie en or sonore. Avec Authentique BD, c’est le passage du rêve à la réalité sans jamais rompre le lien avec sa communauté. Il raconte sans fard, micro tendu comme un stéthoscope sur les battements de son époque. Depuis ses débuts, il avait promis : sortir le rap mauritanien de l’ordinaire. Promesse tenue. Et même, dépassée. Comme quand on écoute son dernier EP.

Un EP qui adoucit la chaleur de Nouakchott
Son dernier EP, sorti le 16 février 2025, semble avoir tenu toutes ses promesses. Ce sont six titres, tous des coups de cœur. Sur plusieurs de ses chansons, on peut entendre des voix comme celles de Roi Hems, Nino OG, Albert King Einstein… Autant de voix montantes d’une génération africaine qui ne veut plus baisser la voix. Les beats, eux, sont signés par Monzbeat, Baze FG, ou encore 808 Ghost. Ils alternent entre nappes atmosphériques et percussions sèches, entre introspection et appel à la révolte. Sur le titre “YEED”, Authentique BD mord, raille, dénonce. Il ne s’épargne pas. Autant dire qu’il ne ménage pas les autres.

Une parole politique, une plume sociale
Les actions d’Authentique BD ne se limitent pas qu’à la musique. Tout doucement, il se bâtit une certaine notoriété. En février 2025, il est nommé ambassadeur de l’ONG World Vision International. Quelques jours plus tard, il sort “Mi Wawa”, une véritable attaque en règle contre le système des castes qui gangrène la société mauritanienne. Le clip, réalisé comme un documentaire, met en scène l’histoire d’un amour interdit, sabordé par les carcans sociaux. On y retrouve Djame et Tyfa Guissè, stars de la série populaire Djame et Fatoumata, qui incarnent avec justesse la détresse de cette jeunesse piégée entre traditions et aspirations. “Mi Wawa” dénonce, interroge, bouscule, mais surtout bouleverse.

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CAMEROUN – Imane Ayissi : entre racines africaines et conscience écologique

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Imane Ayissi, styliste et artiste franco-camerounais, a présenté sa collection “automne-hiver 2025-2026” à la Semaine de la Haute Couture à Paris. Toujours fidèle à cette double ambition qu’il porte depuis ses debuts dans l’univers de la mode (sublimer la femme et raconter le monde), Imane Ayissi revient en force. Lors de son défilé, un nouveau défi, intitulé “Ikrorok” ( jardin laissé en friche), il s’affirme un artiste en mutation constante, comme pour échapper une sorte de sclérose.

“Ikrorok” : une démarche esthétique et militante
Chez Ayissi, la haute couture est une manière de parler au monde, autant dire une certaine forme de langage. C’est la raison pour laquelle ce styliste étonne dans l’univers de la haute couture parisienne. Et cette saison, Ayissi va parler d’“Ikrorok”, un jardin que l’on cesse d’exploiter pour mieux le laisser renaître. Ses créations, comme celles dévoilées lors de sa dernière collection, tissent un dialogue subtil entre l’Afrique et l’Occident. On voit bien que ce concept revêt une métaphore écologique, mais aussi poétique, qu’on retrouve dans toutes les collections d’Imane Ayissi. La nature y est omniprésente tant dans les matières que les textures et les coupes.

Ikrorok : un mixte entre traditions africaines et savoir-faire européen
Dans cette collection, Imane Ayissi explore les multiples facettes dans lesquelles la mode peut évoquer la nature de quelle que forme qu’elle soit : végétale, animale ou minérale. Ainsi, les imprimés floraux, les brocards chatoyants, les broderies délicates et les motifs évoquant la faune sauvage s’entrelacent dans une symphonie de couleurs et de textures sublimes. Il y a le bògòlanfini malien, le kente ghanéen, le tissu baoulé. Imane Ayissi vise à revaloriser les savoir-faire africains, tout en les inscrivant dans l’exigence de la haute couture parisienne. Ainsi, une robe bustier en tissu brodé est exaltée par une cape diaphane, tandis qu’une combinaison à motifs wax stylisés se pare de coupes nettes, presque futuristes. Tout cela est ponctué d’ornements raffinés : perlage minutieux de petits animaux inspiré des techniques yorubas, appliqués organiques, ou encore pièces en feutre de laine française travaillées avec des fragments de porcelaine, de pierre semi-précieuse et de laque urushi. Tout ceci est le fruit d’une collaboration précieuse avec l’artiste visuelle Aline Puto-Toupry.

Une mode respectueuse et engagée
Sur le podium, des silhouettes drapés dans des tissus majestueux, des volumes sculpturaux, des franges dynamiques avec leurs lignes épurées défilent avec assurance sous la lumière des chandeliers. Avec Imane Ayissi, l’Afrique ne cesse de réinventer son élégance. Mais au-delà du spectacle que représente les défilés de mode, Imane Ayissi interroge les fondements mêmes du luxe. Sa couture se veut une communion avec la nature. Exit les matières polluantes. Dans la collection Ikrorok d’Imane Ayissi, il n’y a que les fibres biodégradables, les teintures écoresponsables, et les vêtements pensés comme des œuvres durables qui s’étirent dans le temps. Le vêtement devient alors plus qu’un objet de luxe ; il devient ce qui s’apparente à un acte politique.

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SÉNÉGAL – Dip Doundou Guiss ressuscite les ‘‘Jambaar’’ grâce à l’IA

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À 34 ans, Dominique Preira, alias Dip Doundou Guiss, s’épanouit bien dans le rap galsen. Par la magie de la technologie, il rouvre une page sanglante de l’histoire : le massacre de Thiaroye. Visionné plus de 1,4 million de fois, le clip, qui accompagne la bande originale du film T44 d’Oumar Diagne, convoque une mémoire refoulée au rythme d’un rap qui vous prend par les tripes

Quand le rap galsen ravive la mémoire
Ce clip est une sorte de saut dans le passé par la magie de la technologie. Grâce à l’intelligence artificielle générative, Dip Doundou Guiss nous plonge dans l’histoire de l’Afrique. Le clip “Jambaar” de Dip Doundou Guiss, mis en ligne le 8 décembre 2024 sur YouTube, est à 1,4 million de vues. Cette histoire, portée par l’intelligence artificielle, raconte ce que trop d’années ont tu : le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, en 1944.

“Jambar”, un trip mémoriel
Réalisé par Hussein Dembel Sow et Papa Oumar Diagne, produit par Jean-Pierre Seck, Jambaar (“guerrier” en wolof) marque une première historique : c’est le premier clip africain entièrement conçu à l’aide d’outils d’intelligence artificielle, dont Runway et Kling IA. Mais derrière cette prouesse technologique, c’est surtout une œuvre de réparation poétique et artistique que propose Dip, en s’attaquant à l’un des silences les plus pesants de l’histoire coloniale française.

“Guerrier vaillant, dans l’arène des braves tu te tiens”
Les paroles, portées par la voix puissante de Dip, résonnent comme une incantation. Aussi, il y a le refrain qui célèbre l’héroïsme des soldats oubliés : ‘‘Tu es le lion qui ne fuit jamais, majestueux roi de la jungle.’’ ‘‘Guerrier intrépide, guerrier vaillant, inébranlable, toujours plus fort.’’ Et dans ses couplets, Dip se fait le griot moderne, le lanceur d’alerte et l’historien des rues sablonneuses de Thiaroye. Il parle des dettes impayées, des trahisons de la République, des blessures profondes laissées par la colonisation : ‘‘Nos cicatrices qui ornent vos médailles/Vos habits de guerre, tachés de notre sang.’’ Ces phrasés percutants rappelle que l’ingratitude coloniale est une plaie encore vive : ‘‘Celui dont le grand-père a versé ton sang n’essuiera pas tes larmes.’’

L’IA pour parler du passé
Généralement, l’IA sert à se projeter dans le futur. Dip, avec l’IA, raconte le parcours captivant, parfois sombre, des tirailleurs sénégalais. Le clip convoque une iconographie hybride, mêlant visages modélisés, décors numériques et silhouettes fantomatiques. Les personnages – Dip Doundou Guiss, Oumar Diaw, Thiek – sont incarnés par des comédiens IA, avatars spectralement réalistes, qui nous plongent dans une atmosphère irréelle, entre mémoire et mythe. Sous l’égide de la direction artistique d’Oumar Diaw et Laura Bui, Jambaar assume une esthétique post-rap, afrofuturiste, proche du cinéma immersif, à la croisée de Black Panther, du spoken word et du devoir de mémoire. Un procédé déjà exploré par le réalisateur américain Dave Clark pour retracer le destin du 320e bataillon afro-américain lors du Débarquement. Mais ici, c’est depuis Dakar, avec une équipe 100 % locale, que se dessine cette révolution du storytelling africain.

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Dip Doundou Guiss, figure polymorphe du rap sénégalais
Dip Doundou Guiss est né en mars 1990 à Dakar. Depuis “Beuss Niki Ray” en 2014 jusqu’à “Califat”, Dip a multiplié les succès et s’est imposé comme l’un des plus gros streamers de la scène ouest-africaine. Figure adulée, respectée pour ses punchlines, sa lucidité sociale et sa présence scénique, il est aujourd’hui un rappeur conscient à la croisée des générations, héritier de Positive Black Soul, Daara J, mais aussi des logiques du rap mondialisé à la Burna Boy. Capable de collaborations avec Youssoupha, Lefa, Locko ou Jizzle, Dip déjoue les étiquettes. Il est philosophe, pamphlétaire, griot et technophile. Ses textes, souvent autobiographiques, mêlent ego-trip, fierté panafricaine et profondeur politique. Sa communication léchée sur les réseaux, son sens du visuel et sa maîtrise de la scène font de lui un véritable produit total, comme les grands noms de la scène afro-urbaine mondiale.

Plus qu’un clip : une page d’histoire
“Jambaar”, en plus d’être un hommage, interroge l’histoire, dérange la France et bouscule les textes officiels. Il rappelle que l’histoire coloniale est encore une lutte contemporaine, et que la technologie, si elle est bien utilisée, peut être un instrument d’émancipation narrative. Ayant compris que l’IA, aussi performante soit-elle, ne saurait remplacer les historiens, Dip et son équipe essaient de réanimer le passé pour en faire une matière vivante, politique et esthétique.

Crédit phot : Page facebook dip

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