A LA UNE
SÉNÉGAL – 62ème anniversaire d’indépendance / le discours intégral du président Macky Sall

A l’occasion du 62ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal, le président Macky sall s’est adressé à se compatriotes.
Comme il est de coutume à la veille de la fête de l’indépendance, le président de la république, Macky s’est, dans un discours radio-télévisé, adressé au peuple sénégalais. Nous vous proposons l’intégralité de son discours.
« Mes chers compatriotes,
Demain, 4 avril 2022, nous célébrons à l’unisson le 62e anniversaire de l’indépendance de notre pays.
A toutes et à tous, chers compatriotes d’ici et de la diaspora, j’adresse mes chaleureuses félicitations.
Je rends un vibrant hommage à nos vaillants Lions, qui nous ont offert la première CAN de notre histoire, et la 2e qualification consécutive de notre pays à la Coupe du monde de football.
Merci à vous, chers Lions, à votre coach et votre encadrement d’avoir porté si haut les couleurs nationales.
Nos prières et vœux ardents de succès vous accompagnent sur la route du Mondial 2022. Comme toujours, l’Etat sera à vos côtés pour vous apporter tout le soutien nécessaire.
Au nom de l’Union Africaine, que notre pays a l’honneur de présider cette année, je salue nos frères et sœurs d’Afrique, et leur exprime mon engagement sans faille au service des intérêts de notre continent.
Par la grâce de Dieu, notre fête nationale se tient en période d’intense ferveur spirituelle, avec le ramadan et le carême.
Puisse l’esprit de foi et de concorde que porte ce temps béni raffermir notre vivre ensemble dans la paix, la stabilité et l’harmonie nationales.
En raison des travaux sur le chantier du BRT, le défilé marquant cette édition aura lieu à la place de l’Indépendance, en format réduit ; mais avec toute la solennité qui exalte notre commun vouloir de vie commune et la symbiose Armée-Nation.
En votre nom et au mien propre, je redis à nos chers anciens combattants nos sentiments de respect, d’affection et de gratitude.
Le souvenir impérissable de leurs sacrifices pour la défense de la liberté restera toujours gravé dans nos cœurs et nos esprits.
A vous, officiers, sous-officiers et militaires du rang, je réitère ma confiance et la fierté de la nation.
Je salue la mémoire de nos soldats tombés au champ d’honneur. Aux blessés, j’adresse mes vœux de prompt rétablissement.
Je renouvelle mon soutien à ceux et celles parmi vous qui sont déployés au service de la paix dans le monde, et en opérations pour la défense de l’intégrité territoriale, et la lutte contre la criminalité transfrontalière et le pillage de nos ressources naturelles.
J’ai donné ordre à nos Forces de défense et de sécurité de poursuivre sans répit ces opérations jusqu’à ce que tous les objectifs assignés soient atteints.
Les hommes et femmes qui ont choisi le métier des armes pour défendre les intérêts vitaux de la nation, au péril de leur vie, méritent notre soutien et notre gratitude.
C’est pourquoi je tiens à l’amélioration constante des conditions d’existence de nos soldats, l’efficacité opérationnelle de leurs missions et la quiétude de leurs familles.
Cette année, le thème de la fête de l’indépendance porte sur Forces de défense et de sécurité et résilience nationale.
Dans un contexte mondial agité et incertain, qui s’ajoute à la profonde crise sanitaire et économique née de la pandémie COVID-19, ce thème nous invite à persévérer dans nos efforts individuels et collectifs face aux épreuves de notre temps.
Nos Forces de défense et de sécurité, faisant corps et âme avec la nation, ont contribué de façon remarquable à la mise en œuvre de notre stratégie de riposte sanitaire et socio-économique, en plus de l’exécution des mesures régaliennes.
Dans le même esprit, devant la montée des périls et la complexité des menaces, le programme de renforcement des capacités opérationnelles de notre armée se poursuit, afin que nos Forces de défense et de sécurité soient prêtes, en tout temps et en tout lieu, à assurer leur mission de défense du territoire national.
En outre, 12 nouveaux escadrons de gendarmerie, 11 commissariats de sécurité publique et 3 postes avancés aux frontières ont été créés, en plus de l’acquisition de nouveaux moyens de lutte contre la grande délinquance et la criminalité organisée.
Ces efforts, parmi d’autres, seront maintenus et renforcés.
Mes chers compatriotes,
Dans mon message à la nation à l’occasion du nouvel an, je vous ai entretenu de nos politiques de développement économique et social, y compris la mise en œuvre des projets d’infrastructures indispensables à l’objectif d’émergence.
Depuis lors, nous avons :
– inauguré le Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio et le pont Nelson Mandela de Foundiougne ;
-mis en service l’autopont de Cambérène ;
– et lancé les travaux de la 2e phase du TER ; pendant que l’exécution des projets du BRT et de l’autoroute Mbour-Fatick-Kaolack progresse à un rythme satisfaisant.
En même temps, la formation aux métiers, l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes restent au cœur de mes priorités.
La mise en œuvre du Programme d’urgence Xëyu ndaw ñi, financé à hauteur de 450 milliards de FCFA sur trois ans, se poursuit au sein des Pôles-Emploi et Entrepreneuriat pour les Jeunes et les Femmes, de la DER/FJ, de l’ANPEJ, de l’ADPME, du FONGIP, du FERA, du PROMOVILLES, de l’AGETIP, du 3FPT et de la Convention nationale Etat-Employeurs privés.
Au total, dans différents secteurs tels que l’environnement et le cadre de vie, la santé, le tourisme, la sécurité, le service civique national et l’animation socio-éducative, le Programme d’urgence a généré 46 334 emplois, 12 200 bons de formation et financé 86023 bénéficiaires.
Des Centres de formation dans les filières de l’horticulture, de l’aviculture, de l’hôtellerie et de la restauration ont été réceptionnés à Diama, Thiepp, Diamniadio, Gandon et Ziguinchor ; et 12 Centres de proximité ouverts dans différentes localités des régions de Saint-Louis, Matam, Louga, Diourbel et Fatick.
Ce soir, mes chers compatriotes, considérant le risque élevé de pénurie et de flambée des prix en raison de la crise mondiale, j’appelle à une mobilisation générale pour accroitre et valoriser davantage nos produits agricoles, d’élevage et de pêche.
Afin de soulager les ménages, j’ai fait baisser les prix des denrées de première nécessité, notamment le riz, le sucre et l’huile ; et augmenté la subvention du riz local.
Mais pour être à l’abri des aléas de la conjoncture internationale, nous devons, par un effort individuel et collectif sur nous-mêmes, faire preuve de résilience en gagnant au plus vite la bataille de la souveraineté alimentaire.
Car, à vrai dire, l’indépendance n’est pas l’acte isolé d’un jour, mais un combat permanent, qui se gagne également sur le front de la sécurité alimentaire. C’est ce qui ajoute à la souveraineté nationale un surcroit de liberté.
Il nous faut produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons.
C’est le sens des investissements massifs que l’Etat continue de consacrer à la modernisation et à la diversification des secteurs de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture.
De plus, pour la deuxième fois consécutive, le budget de la campagne agricole est revu à la hausse, et passe cette année de 60 à 70 milliards de fcfa.
Dans cette quête de l’autosuffisance alimentaire, j’engage les forces vives de la nation, en particulier les jeunes, les femmes et le secteur privé, à s’investir davantage dans les chaines de valeurs de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture.
L’expérience des Domaines agricoles communautaires (DAC) montre que nous pouvons relever ce défi, à l’image des belles moissons du DAC de Keur Momar Sarr, sept mois seulement après son lancement en juillet dernier.
Il en est de même du projet pilote d’Incubateur de Mboro, lancé par le Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes, en partenariat avec le secteur privé, dans le cadre de l’initiative Xëyu ndaw ñi.
En moins d’un an, ce complexe multifonctionnel moderne, financé à plus de 5 milliards de fcfa, a réalisé d’excellentes performances en mettant sur le marché des produits de qualité.
En outre, l’incubateur a formé 1053 jeunes, plus de 22 000 membres de GIE, et assisté 500 jeunes entrepreneurs à accomplir les formalités administratives nécessaires à leurs activités.
Relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, c’est aussi faciliter les échanges entre les zones de production et les marchés.
C’est l’objet du Programme spécial de désenclavement, portant sur plus de 2500 Km de routes en cours d’exécution.
S’y ajoute le lancement prochain du Programme d’amélioration de la connectivité des zones agricoles du nord et du centre, financé par l’Etat et soutenu par la Banque mondiale.
D’un coût global de 130 milliards de fcfa, ce nouveau programme mettra en place des infrastructures routières et de renforcement des capacités en matière de formation et de production.
Il permettra, entre autres, de faciliter l’accès aux zones de production agricole, de pêche et d’élevage, afin d’améliorer les conditions de transport et renforcer les échanges intérieurs et avec les pays voisins.
De plus, le volet rural du Programme d’Appui aux Communes et Agglomérations du Sénégal, (PACASEN-rural) financé à hauteur de 352 milliards de fcfa démarrera cette année, pour améliorer l’accès aux services sociaux de base dans 435 communes.
Je rappelle que la composante urbaine du PACASEN est déjà en cours d’activité.
Les politiques d’équité territoriale et de justice sociale resteront toujours au centre de mes préoccupations ; car du fond de mon cœur, je veux que chaque sénégalaise et chaque sénégalais ait sa part de bien-être, de dignité et de décence qu’une nation qui se veut solidaire, unie et indivisible peut offrir à tous ses citoyens.
Telle est la vocation de la nation sénégalaise. C’est le legs que nous ont laissé les anciens, et c’est l’héritage que nous devons aux générations futures.
Pour ma part, je resterai sans relâche le gardien vigilant de ce patrimoine national et des exigences attachées à nos valeurs de culture et de civilisation.
Ensemble, mes chers compatriotes, sur la voie tracée par nos anciens, continuons de bâtir cette nation riche de sa diversité ; cette nation chaleureuse et accueillante, qui nous couve et fait battre notre cœur à chaque instant de notre vie, pour donner vie et force à notre destin commun.
Vive le Sénégal !
Bonsoir et bonne fête de l’indépendance.
A LA UNE
MALI – Pari réussi ! Sidiki Diabaté casse La Défense Arena

Pas besoin de passer au crible les statistiques d’écoute en ligne pour connaître la profondeur du bassin de popularité de Sidiki Diabaté à Paris, il fallait juste se trouver, à son concert, le samedi 8 février 2025, à La Défense Arena.
Une nuit torride sur la Seine musicale
Après le Zénith en septembre 2022 et la salle polyvalente de Bercy en novembre 2023, le roi de la kora – ayant succédé à son père disparu – vient de franchir un cap en investissant la mythique Défense Arena. Des basses puissantes offraient une expérience sonore et visuelle d’exception dans cette salle, l’une des plus vastes d’Europe. Pour ceux qui doutaient encore de la capacité de l’artiste à relever un tel défi, ils ont été servis. Sidiki Diabaté, dans la fleur de l’âge, demeure toujours au sommet de sa forme. Chose qui a échappé à plus d’un : le 8 février était aussi le jour d’anniversaire de l’artiste. Trente-deux ans bien compté. Le public, transporté par la magie du live, dans une ambiance surchauffée comme un night club à trois heures du matin, oscillait entre ferveur et contemplation. Mais le doute n’était pas permis. Un seul mot était de mise : s’abandonner dans ce grand raout.

Sidiki Diabaté @Diouf
Une performance bien léchée
Le fils de Toumani Diabaté a fait honneur aux siens, la caste des griots du Mandingue – et surtout à son père, Toumani Diabaté. Lorsque le “king of” kora est entré sur scène… Que dis-je ? Il n’est pas entré sur scène; il en est littéralement sorti. Quand la lumière, incandescente, est tombée sur le public très féminin, une ovation vibrante, rythmée par des applaudissements et des acclamations a résonné dans l’immensité de l’arène. Et l’artiste, couronne d’or sur la tête, en blaser noir, est sorti d’une trappe ingénieusement disposée au milieu de la scène. Les fans du crooner malien, électrisés par les jeux de lumières sophistiqués, les écrans géants diffusant des images en haute définition et une acoustique calibrée pour une restitution sonore parfaite, ne tenaient plus en place. Une ferveur à peine croyable pour ce jeune artiste qu’on avait vite fait de classer dans le tiroir des stars passées de mode.
Moment d’immersion transcendant
Ce fut une soirée riche en surprises, notamment grâce à la diversité des styles musicaux. Bien qu’on s’attendît à entendre ses mélanges harmonieux de musique traditionnelle et de sonorités contemporaines, nous avons tout de même été bluffés par la dextérité de l’artiste. Les basses, profondes et cristallines, résonnaient sans saturer, tandis que chaque note jouée sur la kora de Sidiki Diabaté semblait flotter dans l’espace, enveloppant l’audience dans une immersion musicale pure. Mélangeant habilement la musique traditionnelle malienne avec des genres modernes tels que le rap, le hip-hop et le R&B, il a, et excusez-moi du pléonasme, fait applaudir la foule des deux mains. Reprenant en chœur avec le public ses titres à succès, Sidiki Diabaté, avec le talent exceptionnel qu’on lui connaît, a fait vivre au public une expérience musicale unique. Une performance captivante.
Des invités de marques
Sidiki Diabaté a aussi invité certains de ses amis à monter sur scène. Au rang de ces personnes, il y avait plusieurs artistes de renom tels que Mokobé, Black M, Sidy Diop et Wally Seck. L’instant clé fut lorsqu’il s’est mis à enchaîner les classiques de son répertoire comme “Béni” (2019) et “Kora Lover” (2024). Et surtout les chorégraphies parfaitement exécutées. Dans la plus grande salle de spectacle d’Europe (U Arena), le nouveau roi de la kora a écrit une nouvelle page de sa carrière. « Ce concert, c’est la renaissance, une nouvelle ère pour la musique mandingue », a-t-il confié. Comme il l’avait fait en novembre 2023 à l’Accor Arena (Bercy) de Paris, Sidiki Diabaté a réitéré son exploit en remplissant les 40 000 places de l’U Arena. Il avait promis des étincelles, nous avons vu des flammes rugir des téléphones portables.

Sidiki Diabaté @Chasseur d’images
Un moment décisif
Visuellement ce n’était pas le Super Bowl, mais la scénographie était spectaculaire. Des projections lumineuses transformaient la salle en un décor mouvant, amplifiant l’émotion du spectacle. L’éclairage, synchronisé avec les rythmes mandingues et les envolées vocales du roi de la kora, sublimait chaque moment. L’événement a également été l’occasion pour le virtuose de la kora de jauger le succès de son tout nouvel album, “Kora Lover”, auprès du public européen et de la diaspora africaine. Et cette nuit fut l’occasion parfaite pour cela. Avant le concert, il avait posté sur ses réseaux sociaux : « J’ai hâte de vous retrouver ce samedi 8 février dans la plus grande salle d’Europe pour écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de la musique africaine ». Nous pouvons dire, après le concert, que les notes puissantes de la kora de Sidiki Diabaté résonneront pendant longtemps dans les couloirs de La Défense Arena.
A LA UNE
CAMEROUN – Julia Young, une voix aux mille couleurs

La chanteuse franco-camerounaise, qui vocalise en bafia, a croisé les rythmes africains avec les mélopées occidentales dans les années 80 et s’est rapidement imposée comme l’une des plus belles voix de l’Afrique de l’Ouest. Retour sur la carrière exceptionnelle d’une artiste à la luxuriance vocale incomparable qui fait aussi partie du groupe Nipa.
La résurrection d’une diva
C’est en Côte d’Ivoire, vers la fin des années 80, que Julia Young lance sa carrière musicale. On est immédiatement séduit par sa voix cristalline qui, comme dotée d’ailes, s’élève et se gonfle d’un lyrisme sans pareil. Elle faisait partie des grandes voix féminines aux côtés de Tshala Muana, Aïcha Koné, Nayanka Bell… Écumant les grands stades d’Afrique, elle finit par s’établir à Abidjan, où elle devient propriétaire du cabaret La Gazelle, qui connaît un grand succès à l’époque. Tout commence pour elle à 17 ans, à Yaoundé, au sein de l’orchestre de la radio nationale camerounaise. Véritable globe-trotteuse, elle tente de faire de la musique un langage universel.
Julia Joung : les premières scènes africaines
Après la sortie de son premier disque Dikendi à Paradis en 1982, produit par Isidore Tamwo, sa carrière prend un tournant décisif. Forte de ce succès, elle entame une tournée africaine qui la mène en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Congo, au Burkina Faso et au-delà. Elle partage la scène avec des légendes comme Myriam Makeba, Abeti Masikini ou encore Mbilia Bell, et est même considérée comme l’une des grandes voix du continent. En 1989, elle sort Frivole, suivi en 1991 de N’dolam. C’est l’apothéose. Ce dernier album, arrangé par le guitariste Diblo Dibala et produit par René Provost, la propulse au-devant de la scène. À travers ces deux projets, elle confirme son talent de compositrice et d’interprète en mêlant makossa, bikutsi et blues dans un univers musical unique.
Julia Young, un registre hétéroclite
Julia Young ne se limite pas à la musique. Elle se distingue également dans le monde du théâtre et des spectacles musicaux. En 2005, elle incarne Méduse dans Les Bacchantes, une production dirigée par Jean-Yves Pénafiel et Emmanuelle Gabarra, qui la mène en tournée sur des scènes prestigieuses en France. Après plusieurs années passées en Égypte, où elle explore de nouvelles influences, elle revient à Paris et multiplie les concerts au Baiser Salé, au New Morning et à la Cité de la Musique. Elle enrichit aussi son expression artistique en se consacrant à la peinture, exposant ses œuvres au Caire et à Paris.
KOKEN, un retour en force
Après une longue pause, la rareté de ses apparitions nourrit la nostalgie de ses fans, et même celle d’un public plus jeune. Grâce à l’aide d’un de ces jeunes passionnés par sa carrière, Julia Young revient en 2022 avec KOKEN, un EP où elle fusionne afropop, blues, jazz et reggae. Les titres Boum, Betoren, Koken et Bim i Bell portent des messages forts, mêlant douceur et mélancolie. Avec une voix mûrie par les voyages et le temps, elle évoque des figures comme Nina Simone ou Tracy Chapman, oscillant entre engagement et sensibilité.
Un héritage musical ancré et ouvert sur le monde
Julia Young mériterait de figurer dans le livre des records Guinness. Elle est en effet la première artiste à avoir chanté au Stade de France en 1997 lors du match Variétés Club de France contre l’équipe des constructeurs du Stade. Cette diva, qui chante dans plusieurs langues camerounaises, ancre profondément sa musique dans les traditions africaines tout en l’ouvrant aux influences contemporaines. Aujourd’hui, après plusieurs années d’absence, elle revient avec un EP porté par une instrumentation riche et des textes profonds.
A LA UNE
MALI – Sidiki Diabaté, le prodige de la kora dresse le pont tradition et modernité

Il fait partie des rares artistes qui n’ont pas eu à modifier leur civil pour booster leur carrière. Longtemps dans l’ombre de son père, le légendaire Toumani Diabaté, son nom s’accompagne d’un lot de chiffres sur les plateformes de téléchargement à donner le tournis. Albums après albums, tubes après tubes, la notoriété de l’artiste ne fait que s’épaissir.
Dans l’ombre de Toumani
Déjà à l’adolescence, Sidiki Diabaté s’est fait un nom sur les scènes européennes lors des concerts de son père, Toumani. Avec un visage juvénile et un doigté impeccable dans le maniement de la kora, l’artiste fait honneur à la caste des griots. On se souvient encore de son show à seulement 14 ans au festival Images et Paroles d’Afrique en Ardèche où il avait ouvert les yeux du public européen avec ses syncopes d’une infinie vélocité et groovy à couper le souffle sur les antiques répertoires mandingues. Ce jeune virtuose de la kora, doté d’un jeu sublime, cosigne, en 2014, avec son père l’album Toumani & Sidiki. Aujourd’hui encore, cette œuvre purement acoustique, où si on veut un trait d’union entre le père et le fils, démontre une certaine coulée de sève de la racine (le père) à la feuille (le fils). Cependant, Sidiki Diabaté ne fait pas que se borner à la transmission d’un héritage séculier. En effet, il s’est mué pour s’adapter aux exigences et aux nouvelles influences musicales d’une société qui n’a de cesse de se réinventer. Les collaborations sont donc pour lui des moyens de toujours rester à la page.

Sidiki Diabaté @Diouf photographie
Sidiki Diabaté, une aura lumineuse
Sidiki Diabaté, loin d’être accroché à la tradition, a réinventé son style, en se posant comme un as de la musique urbaine ouest-africaine. Il a prouvé par ses productions qu’il n’est pas qu’un simple joueur de kora. Dans un style musical qui allie la rumba congolaise et les sonorités mandingues, et aussi des éléments de rap et de musiques urbaines. C’est à juste titre qu’il confiera à la journaliste sénégalaise Aïssatou Diamanka que sa musique “[…] est une autre façon de faire perdurer la tradition des griots […] avec une cascade d’effets synthétiques.” Ce jeune producteur et arrangeur talentueux dépasse aujourd’hui les frontières maliennes et son influence, toujours grandissante, témoignent de ses nombreuses collaborations avec des artistes africains et internationaux. Aussi, en 2015, il participe à l’album Humanz du groupe britannique Gorillaz. Il est également membre du collectif Lamomali, aux côtés de Matthieu Chedid, Fatoumata Diawara et Toumani Diabaté, une fusion musicale qui célèbre la diversité des sonorités africaines. Parmi ses nombreuses distinctions, l’artiste aligne les trophées : trois disques de platine, deux disques d’or, plusieurs Tamani d’Or en tant que meilleur artiste malien, sans oublier son statut de Meilleur artiste de l’Afrique de l’Ouest aux PRIMUD à deux reprises.

Sidiki Diabaté @Diouf photographie
Des influences sénégalaises
Sidiki Diabaté se définit comme un enfant du monde. Cependant, son ancrage musical, profondément mandingue, est très proche des sonorités musicales sénégalaises telles que le mbalax. Selon lui, il n’a qu’en mentor. Youssou N’Dour, le golden boy sénégalais. Cela surprend quand on sait qu’il a fait ses premiers pas dans les pas de son père. « Youssou N’Dour est mon parrain artistique », confie-t-il, « et je prends souvent conseil auprès de lui. » Cette proximité avec la scène sénégalaise se reflète dans ses collaborations et ses liens amicaux avec des artistes comme Wally Seck. Son attachement au pays de la teranga s’est d’ailleurs concrétisé par un concert mémorable à l’Accor Arena à Paris, où il a célébré l’unité et la richesse des musiques africaines. « Pour moi, toutes les musiques africaines ont la même tonalité », explique-t-il, « c’est la manière de les proposer qui change. »
8 février, une date inédite
À l’approche de son concert du 8 février, Sidiki promet une expérience hors norme : « Ce sera un spectacle avec des effets spéciaux et une mise en scène grandiose. » Toujours animé par l’envie d’innover, il expérimente un concept qu’il a nommé la rumba mandingue. Ce nouveau style musical qu’il a créé est une fusion de sonorités africaines. Malgré les polémiques, de ces dernières années, qui ont écornées son image, Sidiki Diabaté gagne peu à peu une dimension et une maturité musicale qu’il prouve bien qu’il est l’héritier d’un nouveau style, à la croisée de la tradition et de la modernité. On pourrait dire en quelques mots qu’il fait de l’inédit avec du vieux et du moderne.
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