PORTRAIT
SÉNÉGAL – CHEICK ANTA DIOP : Une boule de feu savant dans le ciel africain

Cela fait des jours que je me demande de quel côté, je vais pouvoir m’attaquer à ce monstre. Et jusqu’à ce soir, je n’ai pas été fichu de m’exécuter. Mais, il le faut bien. Ma carrière de chroniqueur à deux balles en dépend. Je vais donc me jeter sur ce monstre hasard, à l’aveuglette et il plaira au public de me dire, si j’ai pu le saisir par le meilleur des bouts.
Soyez sans crainte ! Le monstre auquel je veux m’attaquer n’a rien d’un fauve mythologique tout droit sorti de Poudlard, de l’univers de Harry Potter. Il s’agit d’un des penseurs africains les plus contesté de la fin du vingtième siècle : c’est l’auteur de « Nations nègres et culture », de « Antériorité des civilisations nègres », de « Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines… Vous l’aurez deviné, je veux parler de Cheikh Anta Diop, cet égyptologue de rare culture préoccupée à rechercher des traces de mélanine sous les bandeaux des momies égyptiennes. Toute sa vie, cette obsession l’a hanté.
Cheikh Anta Diop est un penseur sénégalais d’ampleur planétaire qui s’est lancé pour défi de remettre les pendules de l’histoire à l’heure. Le point culminant de sa théorie pourrait se résumer en ces mots : « les premiers habitants de la vallée du Nil, nos ancêtres, étaient tous des blacks. Tout ce que les blancs nous racontent, ce sont des bobards, du pipeau, de la couille de loup. L’image des Égyptiens qu’ils ont dressée n’avait qu’une finalité : mieux nous entuber les gars, avec la complicité des mectons comme Senghor. J’ai un peu forcé sur le registre familier. En tout cas, on ne saurait être plus clair. Cheikh Anta Diop a apporté un dialogue des cultures dans le monde avec de nouvelles observations piquantes : les origines noires des Égyptiens. Il est l’un des esprits les plus curieux et singuliers de notre temps. Il y a un certain héroïsme, un certain donquichottisme, à ramer à contre-courant du fleuve de la vie avec ses maelstroms vertigineux. Alors qu’il pouvait la fermer et marcher dans les sillons creusés par ses prédécesseurs, il a déployé une rare énergie à réarranger les ordres de pensées qui ont prévalu jusque-là. Cette boule de feu, aux grondements soniques, a jeté des éclats de doute sur des certitudes admises. Les échos de ses déclarations sonores continuent de retentir aujourd’hui encore dans la communauté scientifique.
Des idées controversées
« Le pharaon était noir ! » Un coup de tonnerre qui fait dresser les poils des cheveux sur la tête. Frayeurs et stupeurs dans le monde scientifique. Si cela avait été lancé par un de ces illuminés New Age qui distribuent la bonne nouvelle comme des kalachnikovs en temps de guerre, personne n’y verrait quelque intérêt. Mais, elle vient d’un universitaire, d’un des leur : Cheikh Anta Diop. Ces idées nouvelles et iconoclastes mettent la communauté scientifique en émoi. Un nouveau débat s’engage. D’un côté, précisément en Afrique, on l’encense, on lui jette des fleurs au nez, on salue la naissance d’un nouvel érudit africain ; le nouveau porte-flambeau du panafricanisme. De l’autre côté, ses pairs le clouent au piloris : ils crient à l’imposture d’une imagination déréglée. Ils se désolent de cet attentat à la pensée scientifique, rigoureuse. Un coup de poignard, en somme

@Page Facebook Cheikh Anta Diop
Diop-Senghor, une opposition crypto-personnelle
En dépit des nombreux points de convergences qu’ils avaient pourtant ensemble, en commun, ces deux hommes avaient l’un pour l’autre une étrange et profonde rancœur. On aurait dit des frères consanguins qui se disputent un héritage paternel. Ils ne pouvaient pas se sentir. Sortis des universités françaises, universitaires et hommes politiques de leur pays, ces deux hommes se vouaient une haine viscérale. Ils ont passé leur vie à se combattre mutuellement. Alors que Diop accuse Senghor de détruire la vraie culture africaine, ce dernier lui ferme les portes de l’université et recrute des chercheurs au sein même du parti politique de Diop. Ainsi, il prépare le terrain de son éclatement. Senghor est un chantre de la francophonie ; Diop un afrocentriste. L’un et l’autre ne peuvent, par définition, s’entendre. L’espoir d’une collaboration entre ces deux hommes n’aurait été que pure utopie.
PORTRAIT
GABON – Zita Oligui Nguema : de colonel des douanes à première dame

Née le 25 septembre 1978 à Libreville, Zita Oligui Nguema a construit un parcours aussi solide qu’atypique avant d’endosser le rôle de première dame du Gabon. Titulaire d’un baccalauréat scientifique, elle poursuit ses études supérieures en Biologie végétale et obtient une maîtrise dans cette spécialité. Sa trajectoire prend ensuite une orientation décisive vers les métiers de la douane.
En 2005, elle décroche le Diplôme d’études supérieures en Douane au Centre de Formation Douanière de Casablanca, au Maroc (CFD). L’année suivante, elle rejoint la Direction régionale des Douanes gabonaises. Dès 2007, elle est affectée au Bureau central de Libreville Aéroport où elle occupe le poste d’inspecteur central, une fonction stratégique au sein de l’administration.
Sa carrière prend un tournant en 2015. À la faveur d’un rapprochement familial, elle est affectée en complément d’effectif auprès de l’attaché douanier de l’ambassade du Gabon à Dakar, au Sénégal. Cette expérience internationale renforce son profil et témoigne de sa polyvalence.
De retour au pays, elle rejoint le Bureau central du Port-Môle, autre point névralgique du commerce maritime gabonais. En juillet 2023, Zita Oligui Nguema est promue Inspecteur principal des Douanes, confirmant son expertise et son ascension dans une institution clé de l’économie nationale.
Aujourd’hui première dame, son parcours professionnel illustre une personnalité discrète mais affirmée, marquée par la rigueur et le sens du devoir. Entre carrière administrative et rôle institutionnel, Zita Oligui Nguema incarne un profil singulier dans le paysage gabonais.




CULTURE
GUINÉE – Saifond, le visage à l’afro-pastorale

À 28 ans, Saifond fait les beaux jours de la scène musicale guinéenne. Son style, à mi-chemin entre l’afrobeat et les sonorités locales, a séduit un large public. Après son premier album “Sabou No Weli”, Saifond – de son vrai nom Saifoulaye Baldé – a imposé une identité musicale singulière : l’afro-pastorale. Un don, presque surnaturel, qui lui permet de tisser des rythmes reliant l’afrobeat au hip-hop tout en rendant hommage aux traditions de son Fouta natal.
Né le 17 juin 1997 à Labé, en Guinée, Saifond grandit dans l’effervescence des quartiers populaires. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il danse, rappe et rêve de percer. Ses débuts se font au sein du groupe de rap Révolution 24, dans la commune de Dixinn, avant qu’il ne décide de tracer sa route en solo. En 2017, il sort son premier morceau, “Djiwo Atchou Mi hidhè” (“Fille, laisse-moi t’aimer”), qui fixe déjà sa trajectoire : chanter l’amour. S’ensuivent des singles, des collaborations – avec Habib Fatako, Jizzle, Jobizz ou encore Jeeba –, mais aussi la création de son label indépendant Mintigui Prod avec une poignée d’amis animés du même rêve. En 2019, son clip “Naturel” marque un tournant décisif : Saifond assume alors pleinement l’afro-pastorale.
Très vite, il s’impose comme une figure montante. Les récompenses s’accumulent : triple nomination aux Victoires de la musique guinéenne en 2020, sacré Artiste révélation de l’année. La pandémie freine ses projets de concerts, mais l’élan reprend aussitôt : Stade Iba Mar Diop de Dakar, Bissau, la Gambie, puis l’Europe – Paris, Bruxelles, Rome, Londres. Contrairement aux préjugés, sa musique franchit les frontières, même lorsqu’il chante en poular. Sa fanbase dépasse largement la communauté peule et s’élargit à une jeunesse africaine avide de nouvelles sonorités.
Son premier album “Sabou No Weli” paraît en 2021 et confirme l’étoffe d’un artiste majeur. Les distinctions continuent de pleuvoir : plusieurs fois couronné Meilleur artiste masculin aux Victoires guinéennes (2023 et 2024), lauréat du prix du Meilleur clip aux Septimius Awards aux Pays-Bas. En mai 2023, son retour à Labé prend des allures de consécration, porté par un répertoire déjà riche – Fodari, Ghari Djinna, Kho Guigol, Labé. Ses chansons traduisent les dilemmes d’une génération partagée entre enracinement et ouverture, entre traditions familiales et rêves d’ailleurs.
Avec son timbre clair, sa mélancolie douce et ses refrains entêtants, Saifond incarne aujourd’hui une jeunesse africaine qui réinvente la musique sans la trahir. Ses morceaux, bouillonnants d’énergie afropop, explorent l’amour et cherchent à apaiser les blessures. À l’heure où l’afrobeat tend à s’uniformiser, lui s’attache à faire entendre la voix de Labé, la mémoire des bergers et des griots, et les aspirations d’une génération qui refuse de choisir entre modernité et tradition.
PORTRAIT
CÔTE D’IVOIRE – Ali Diarrassouba, personnalité télévisuelle de premier plan

Avant la libéralisation du paysage médiatique, il fallait, pour être connu, être animateur ou présentateur à la RTI, l’Office de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne, la seule chaîne étatique. Il y avait Lévy Nyamké, Georges Aboké, Serge Fatoh, Barthélémy Inabo… Des talents purs. Aujourd’hui, avec la multiplication des chaînes de télévision, une nouvelle génération de journalistes émerge, parmi lesquels figure un presque quadragénaire, à la voix familière, au regard acéré sur l’actualité, et doté d’un grand professionnalisme dans le traitement de l’information. Il s’agit d’Ali Diarrassouba. Qui est donc cet homme qui représente aujourd’hui une figure de confiance ?
Une vocation née dans les couloirs du lycée
Dernier-né d’une fratrie de six enfants, Néhéto Tendo Diarrassouba, alias Ali Diarrassouba, voit le jour le 11 décembre 1985. Scolarisé au lycée Descartes de Marcory, il adore les débats d’idées et les prises de parole. Au sein de l’établissement, il se fait remarquer comme un brillant animateur. Son aisance à l’oral, son naturel et son sens du contact séduisent ses camarades.
En revanche, cette ambition de devenir journaliste inquiète sa mère, qui s’y oppose fermement. La mère ayant parlé, il se plie à sa volonté. Par dépit, il passe le concours de l’INPH-B, qu’il réussit. Mais ne pouvant résister à l’appel de sa vocation, il plaque tout et décide de faire de la radio. Sur la soixantaine de candidats, il est retenu. L’aventure commence. Très vite, il impressionne par son professionnalisme et son énergie. À 24 ans, il devient le plus jeune présentateur du JT de 20 h sur RTI 1, la télévision nationale.
De la RTI à NCI
C’est en 2011, au plus fort de la crise post-électorale, qu’Ali Diarrassouba est découvert par le grand public sur la chaîne TCI, alors très proche du pouvoir de M. Alassane Ouattara. Lorsque la guerre post-électorale prend fin, il rejoint la RTI. Entre 2011 et 2016, il devient un pilier de la chaîne. Il présente le Journal de l’Économie, puis l’émission Made in Africa, vitrine des réussites économiques du continent.
En parallèle, il continue de se former : diplômé de l’Institut des Technologies d’Abidjan, il passe par l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny, puis intègre le prestigieux Executive MBA de HEC Paris, tout en suivant un cursus en diplomatie et relations internationales au CAMPC.
En décembre 2019, il rejoint la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), nouvel acteur du paysage audiovisuel, au moment même où la Côte d’Ivoire libéralise son espace télévisuel. Pari réussi : dès sa première année, la chaîne s’impose et Ali en devient le visage. Il présente l’actualité, anime des débats, conçoit des formats dynamiques qui séduisent les téléspectateurs.
Reconnaissances et récompenses
En janvier 2021, la consécration arrive : à la 22e édition des Soirées EBONY à Yamoussoukro, il est sacré Meilleur Présentateur Télé de Côte d’Ivoire. Une distinction qu’il dédie à son équipe, au management de NCI, mais aussi aux téléspectateurs :
“Beaucoup de reconnaissance et de gratitude ce soir…” déclare-t-il, ému.
Aujourd’hui directeur de l’information à NCI et présentateur vedette de plusieurs émissions à succès, il vient de recevoir le Prix national d’excellence 2025 dans la catégorie Développement des Médias.
Ali Diarrassouba est l’un des visages les plus familiers du paysage audiovisuel ivoirien. Son parcours s’inscrit dans la continuité des grandes voix de la RTI, celles qui ont marqué les mémoires : Lévy Nyamké, Emmanuel Gratty Lavry, Noufé Naby, Jésus Kouassi Yoboué… Autant de modèles qui ont façonné l’imaginaire collectif et auxquels Ali Diarrassouba, à sa manière, rend hommage.
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