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CÔTE D'IVOIRE

CÔTE D’IVOIRE : Communiqué de Amnesty International sur les violences post-électorales

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Communiqué de presse AILRC-F du 16 novembre 2020 Côte d’Ivoire. L’usage de machettes et d’armes à feu témoigne de l’horreur des violences post-électorales

1-Des dizaines de personnes tuées depuis l’élection du 31 octobre

2-Des centaines de blessés lors d’affrontements

3-Des dizaines de membres de l’opposition arrêtés

4-Le leader de l’opposition Pascal Affi N’Guessan détenu au secret

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Les autorités en Côte d’Ivoire doivent enquêter sur l’homicide de dizaines de personnes tuées à coups de fusils, de pistolets et de machettes depuis l’élection présidentielle, a déclaré Amnesty International le 16 novembre 2020.

Les témoins avec lesquels elle s’est entretenue ont raconté les scènes de violences post-électorales dans le cadre d’affrontements croissants entre des sympathisants de l’opposition et du parti au pouvoir depuis le 31 octobre. Dans certains cas, les forces de sécurité ont été submergées, incapables de faire barrage aux violences imputables aux deux camps.

« Nous demandons aux autorités ivoiriennes d’enquêter sur ces violences sanglantes et de traduire les responsables présumés de ces agissements en justice. L’impunité qui règne de longue date en Côte d’Ivoire offre un terreau fertile à ceux qui se livrent à des homicides et bafouent les droits humains sans craindre d’être amenés à rendre des comptes, a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

« C’est la deuxième fois en 10 ans que des élections en Côte d’Ivoire sont émaillées de violences. Il faut prendre sans délai des mesures afin de protéger la population et faire clairement savoir que ces meurtres ne resteront pas impunis. »

Des violences ont éclaté dans plusieurs villes du pays à l’approche de l’élection présidentielle et se sont prolongées après le scrutin. Selon le Conseil national des droits de l’homme, entre le 31 octobre et le 10 novembre, le bilan s’élève à 55 morts et 282 blessés.

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En outre, des dizaines de membres de partis de l’opposition ont été interpellés, dont le leader Pascal Affi N’Guessan, arrêté dans la nuit du 6 au 7 novembre.

La semaine dernière, les violences se sont intensifiées dans le centre de la Côte d’Ivoire, notamment dans les villes de Mbatto, Elibou et Daoukro.

À Mbatto, entre le 9 et le 10 novembre, une manifestation de l’opposition s’est soldée par au moins deux morts et des dizaines de blessés, dont cinq se trouvent dans un état critique, d’après les informations reçues par Amnesty International.

Selon des témoins, les sympathisant·e·s du parti au pouvoir ont attaqué les manifestant·e·s en leur jetant des pierres, ce qui a par la suite déclenché de violents affrontements à coups de machettes et de pistolets, tandis que les forces de sécurité étaient submergées.

Un témoin a expliqué à Amnesty International :

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« Ils ont commencé avec des pierres, puis des machettes et finalement on a entendu des coups de fusil […] Nous avons été violemment agressés […] Ils ont commencé à mettre le feu, à saccager et à nous tirer dessus. Les gendarmes qui se trouvaient au milieu pour disperser la foule avec des gaz lacrymogènes se sont découragés. Nous nous sommes retrouvés livrés à nous-mêmes. »

Selon un autre témoin, au moins 24 personnes ont été blessées par armes à feu les 9 et 10 novembre. Cinq se trouvaient dans un état critique et n’ont pas pu être évacuées en raison des violences. « Nous n’avons jamais vu ça, habituellement les gens prennent des machettes, mais cette fois-ci, ils avaient tous des armes à feu », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Amnesty International a constaté l’arrestation de dizaines de membres de l’opposition en marge de l’élection, après que l’opposition a appelé à la désobéissance civile, à boycotter le scrutin, à créer un Conseil national de transition et à rejeter la réélection du président Alassane Ouattara.

Le leader de l’opposition Pascal Affi N’Guessan a été arrêté dans la nuit du 6 novembre et détenu au secret jusqu’au 9 novembre. Durant ces quelques jours, il n’a pas pu communiquer avec sa famille ni son avocat. Pascal Affi N’Guessan a affirmé qu’il n’avait pas vu la lumière du jour pendant 60 heures. Il est visé par 30 chefs d’accusation, notamment « attaque et complot contre l’autorité de l’État, assassinat et actes de terrorisme ». Son avocat n’a réussi à le voir que lors de sa comparution devant le juge le 9 novembre. Depuis, ni son avocat ni sa famille n’ont pu entrer en contact avec lui. Il est pour l’instant impossible de confirmer le lieu où se trouve Pascal Affi N’Guessan. Les autorités doivent lui permettre de communiquer avec son avocat.

Le 3 novembre, 21 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire au domicile du leader de l’opposition Henri Konan Bédié. Cinq se trouvent toujours en détention ; il s’agit de Maurice Guikahué, numéro deux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), des sénateurs Seri Bi N’Guessan et Bassy Koffi Bernard, et de Narcisse N’dri Kouadio, directeur de cabinet d’Henri Konan Bédié. Ils ont à répondre de 16 chefs d’inculpation, notamment d’« attaque et complot contre l’autorité de l’État ». Les forces de sécurité sont toujours postées autour des domiciles de l’ancien ministre Hubert Oulaye et de Pascal Affi N’Guessan, et personne ne peut y entrer ni en sortir. Amnesty International estime qu’il s’agit d’une restriction arbitraire du droit de circuler librement de toutes les personnes se trouvant à l’intérieur de ces bâtiments.

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Cette vague d’arrestations d’opposant·e·s politiques fait suite à une autre série d’arrestations un peu plus tôt cette année. En août, Amnesty International a signalé une vague d’arrestations visant des dissident·e·s politiques. Entre le 13 août et le 25 octobre, au moins 41 personnes ont été interpellées à Abidjan, Korogho, Toumodi et Alepe pendant qu’elles manifestaient ou après avoir appelé à manifester. Il s’agit entre autres de cinq membres du parti d’opposition GPS, arrêtés le 13 août alors qu’ils se rendaient à une manifestation, et de Pulchérie Edith Gbalet, coordinatrice de l’ONG Alternatives Citoyennes (ACI), interpellée le 15 août à l’hôtel où elle était descendue avec deux collègues après avoir appelé la population à manifester contre un troisième mandat d’Alassane Ouattara.

« La répression croissante visant les leaders de l’opposition et les détracteurs du gouvernement constitue une offensive contre les droits humains. Les autorités ivoiriennes doivent rétablir le droit de circuler librement des personnes se trouvant aux domiciles des leaders de l’opposition en mettant fin à la mission des forces de sécurité qui y sont stationnées, a déclaré Samira Daoud.

« Elles doivent libérer immédiatement et sans condition Pascal Affi N’Guessan et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Enfin, elles doivent s’engager à créer un espace où les citoyen·ne·s peuvent exprimer librement leurs opinions et manifester pacifiquement, sans crainte d’être arrêtés, agressés ou tués. »

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AFRIQUE

CÔTE D’IVOIRE – Le RHDP favori, le PDCI en quête de remobilisation pour les élections législatives

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À l’approche des élections législatives en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’impose comme le parti le plus présent sur le terrain électoral. Il aligne le plus grand nombre de candidats, dont une large majorité de ministres en fonction et de figures majeures du parti. Du chef du gouvernement aux ministres des Eaux et Forêts ou de la Santé, les principaux cadres sont engagés dans leurs fiefs respectifs. Pour plusieurs observateurs, ces élections constituent un test politique majeur, dans un contexte où le président de la République souhaite impulser une transition générationnelle au sein de l’appareil d’État et du parti.

Favori du scrutin, le RHDP doit néanmoins composer avec une difficulté récurrente : la multiplication de candidatures indépendantes issues de ses propres rangs. Dans des régions stratégiques comme le Tonkpi à l’ouest ou la Bagoué au nord, ces dissidences fragilisent l’unité du parti. Le ministre Bruno Koné, lui-même candidat dans le nord du pays, a d’ailleurs appelé à la discipline et à la loyauté, afin d’éviter une dispersion des voix préjudiciable.

Face au RHDP, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) présente 163 candidats. Désormais dirigé par Tidjane Thiam, le parti doit aussi gérer des tensions internes. Des figures historiques, comme Maurice Kakou Guikahué à Gagnoa ou Olivier Akoto à Daoukro, se présentent en indépendants après avoir été écartées des investitures officielles. Après son absence remarquée à la présidentielle, le PDCI devra surtout mobiliser un électorat tenté par l’abstention.

Grand absent de ces législatives, le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo a opté pour le boycott, dénonçant un climat politique qu’il juge délétère. D’autres acteurs majeurs de la présidentielle d’octobre ne sont pas non plus candidats, à l’image de Jean-Louis Billon ou de Simone Ehivet Gbagbo, même si son parti aligne une quinzaine de prétendants. Quant au FPI de Pascal Affi N’Guessan, il présente 21 candidats, sans son leader en tête de liste.

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AFRIQUE

CÔTE D’IVOIRE – Le président Alassane Ouattara prête serment devant un parterre de dirigeants africains et internationaux

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L’investiture d’Alassane Ouattara, organisée ce lundi au Palais présidentiel du Plateau à Abidjan, a constitué un moment diplomatique majeur pour la Côte d’Ivoire. Une dizaine de chefs d’État africains, plusieurs anciens présidents et des représentants des grandes puissances ont fait le déplacement, illustrant l’influence régionale et internationale du pays à l’aube d’un nouveau mandat présidentiel.

Réélu le 25 octobre avec près de 90 % des suffrages exprimés, Alassane Ouattara a prêté serment devant le Conseil constitutionnel pour entamer son quatrième mandat. Il s’est engagé à défendre la Constitution, à incarner l’unité nationale et à œuvrer pour les intérêts supérieurs du pays. Cette reconduction, qui marque la continuité politique du régime, s’inscrit dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires persistants et la nécessité de maintenir la stabilité.

La cérémonie a réuni de nombreuses personnalités africaines, dont Denis Sassou Nguesso, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, John Dramani Mahama, Bassirou Diomaye Faye, Julius Maada Bio, Joseph Nyuma Boakaï, Azali Assoumani, Brice Clotaire Oligui Nguema, João Lourenço et Adama Barrow. À ces dirigeants en exercice se sont ajoutés trois anciens présidents : Goodluck Jonathan, Nana Akufo-Addo et Mahamadou Issoufou, confirmant l’étendue des réseaux diplomatiques ivoiriens.

La présence d’émissaires des grandes puissances, notamment Jacob Helberg pour les États-Unis et Éléonore Caroit pour la France, a également souligné l’importance stratégique de la Côte d’Ivoire. Washington, Paris et d’autres partenaires internationaux voient dans la stabilité ivoirienne un enjeu clé pour l’Afrique de l’Ouest.

À 83 ans, Alassane Ouattara ouvre un nouveau quinquennat dans un climat économique favorable mais politiquement contrasté. Si le pays affiche une croissance robuste, l’opposition continue de contester la légitimité du mandat. Dans son adresse attendue à la Nation, le président devrait réaffirmer ses priorités : consolidation de la paix, cohésion sociale et poursuite des réformes économiques. La composition future du gouvernement donnera les premières indications sur les orientations de ce mandat renouvelé.

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AFRIQUE

CÔTE D’IVOIRE – La révocation de Stéphane Kipré plonge le PPA-CI dans une nouvelle crise interne

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Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) traverse une nouvelle zone de turbulence après la révocation de Stéphane Kipré, l’un de ses vice-présidents, pour avoir maintenu sa candidature indépendante aux législatives du 27 décembre 2025 en dépit du mot d’ordre de boycott. La décision, annoncée mercredi 19 novembre 2025, révèle les tensions persistantes entre discipline partisane et ancrage territorial au sein du parti fondé par Laurent Gbagbo.

La direction du PPA-CI a reproché à M. Kipré son refus d’aligner sa position sur celle du Comité central, qui avait appelé à ne pas participer au scrutin, dénonçant des élections « à court terme » qui viendraient « couvrir la forfaiture » des processus précédents. Pour la porte-parole du parti, Me Habiba Touré, cette sanction illustre la fermeté d’une formation attachée à la cohésion interne : « La discipline reste une priorité. »

Stéphane Kipré, également gendre de Laurent Gbagbo, a réagi dans la foulée sur Facebook en disant « prendre acte » de sa révocation. Il a réaffirmé sa « loyauté totale » envers l’ancien président et rappelé sa disponibilité pour toute mission future, désormais en tant que simple « militant de base ».

Mais l’ex-vice-président assume son choix de se présenter dans la circonscription de Gboguhé/Zaïbo, expliquant répondre à « l’appel clair, massif et constant » des populations locales qui souhaitent conserver une représentation politique forte. Selon lui, cette décision relève d’un impératif territorial plus que d’un positionnement partisan.

Kipré évoque également le précédent des régionales de 2023, lorsqu’il avait renoncé à se présenter pour appuyer un autre candidat à la demande du parti. Un retrait mal compris sur le terrain et suivi d’une défaite. Cette fois, dit-il, il refuse de « tourner le dos » à ses électeurs.

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Malgré sa révocation, Stéphane Kipré maintient donc sa double posture : fidèle à Gbagbo, mais candidat indépendant face à un parti divisé.

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