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AFRIQUE CENTRALE

RD CONGO – “RDC : Les enjeux”, Nathalie Yamb s’insurge

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L’activiste Nathalie Yamb est scandalisée par le fait que le monde fasse comme s’il venait justement de se rendre compte, avec la mort de l’ambassadeur italien Luca Attanasio, tué dans l’attaque du convoi du PAM, que la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à la guerre depuis des années. Les milices font la loi au Kivu, massacrant et tuant hommes, femmes et enfants. Elle a évoqué le rôle des voisins de la RDC dans ce conflit sous-tendu par l’exploitation des ressources minières du pays. Les exactions des milices, les conflits ethniques pour des motifs économiques, le silence des grandes puissances fournisseurs d’armes et surtout la division de la classe dirigeante congolaise sont autant de sujets développés par Nathalie Yamb dans une vidéo postée sur sa page Facebook et sa chaine Youtube ce mercredi 24 févrieravec comme titre “RDC : Les enjeux”. Ci-dessous l’intégralité de son analyse : 

“Bonjour, il faut qu’un ambassadeur européen s’y fasse tuer pour que tout à coup, soudain, brusquement, le reste du monde se souvienne que le Kivu subit une guerre meurtrière depuis des années. Pourtant, la mort est quotidienne dans cette région. Des civils sont tués par centaines, des femmes violées, saccagées, des enfants enlevés et mis en esclavage. Les chiffres sont énormes. Les hommes, les femmes, les enfants meurent à une cadence que même des concepteurs de jeux vidéo n’auraient pas osé imaginer.

L’Est de la RDC, composé du nord Kivu, du sud Kivu, de l’Ituri et du parc national de Virunga, est un territoire où des milices armées, financées par les Etats voisins notamment le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda, sèment la mort, la violence et la désolation pour s’approprier les richesses du sol et surtout du sous-sol. C’est ainsi qu’un pays comme le Rwanda peut se retrouver premier exportateur de coltan alors que la grande majorité des réserves mondiales de ce minerai se trouve en RDC. Un peu comme le Burkina Faso s’était retrouvé grand exportateur de cacao au temps où la rébellion de Guillaume Soro avait coupé en deux la Côte d’Ivoire, premier pays producteur.

Lors d’un recensement effectué récemment, on a compté 122 différents groupes armés à l’Est du pays. Au Congo, il y a eu 700 morts du Covid en 2020 mais sur la même période, dans le pays où béni est maudit, rien que dans la province de l’Ituri, la milice ougandaise ADF a tué 849 civils et enlevé 534 personnes dont 457 sont toujours portées disparues. Ça, ce sont seulement les chiffres régionaux d’une milice sur un an. Il y en a 122, toutes plus barbares les unes que les autres. Je vous laisse faire les calculs. Et pendant que les puristes se disputent sur le fait de savoir si on doit qualifier ces millions de morts de génocide ou pas, l’hécatombe continue.

L’intégralité de la vidéo ici :

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Les conflits ethniques ou communautaires entre Banianwouléngué contre les Mai Mai ou bien contre les Lindou et les Emma, ce sont des exemples, sont attisés et exploités pour des guerres économiques. Je vous l’ai dit dans ma dernière vidéo, nos guerres, nos conflits sont leur business. Les cinq membres du Conseil de l’Insécurité (sic) de l’ONU sont les cinq plus grands vendeurs d’armements de la planète. Et c’est aussi chez eux que se trouvent les entreprises qui ont besoin des minerais de sang dont regorge le Congo qui représente 90% des exportations d’un pays qui est classé comme le 8ème le plus pauvre de la planète. Mais vous et moi, nous savons bien que le pays n’est pas pauvre, qu’il est même l’un des plus riches du monde. Mais, ce sont ses habitants qui sont maintenus dans la pauvreté. Un autre exemple d’irrationalité, la RDC est dotée d’un potentiel hydroélectrique gigantesque 100 000 Mwt, soit le tiers du potentiel de l’Afrique. Mais seuls 2677 Mwt sont installés dont seulement 1130 Mwt sont en fonctionnement pour cause de manque de maintenance. Et c’est comme ça que seuls 9% de ses habitants ont accès à l’électricité. C’est à se taper la tête contre un mur.

Si c’était trois collaborateurs locaux de l’ambassade d’Italie qui étaient décédés, ça n’aurait pas fait les grands titres. Ça aurait été business as usual. Dans notre monde sans pitié, tant que les morts sont les Noirs, ce n’est pas grave. Ça ne compte pas trop. Ils sont comme ça les Africains, toujours à se faire la guerre ou bien à mourir de famine. L’essentiel, n’est-il pas qu’ils n’arrivent jamais en Europe ? Alors qu’ils meurent dans les forêts du Congo ou bien au fond de la Méditerranée, c’est kif-kif bourricot. Par contre, le coltan, le tolsten, le cobalt, l’uranium, l’étain, le diamant, le cuivre, l’or eux peuvent non, doivent venir en Occident. Ils doivent sortir de la brousse africaine car on en a besoin pour la fabrication des Smartphones, des ordinateurs portables, des caméras, de l’électronique, des voitures électriques, des missiles nucléaires et aéronautiques, dans la métallurgie. 80% des réserves mondiales du coltan sont situés au Congo et 60% du cobalt mondial est extrait de mines artisanales congolaises où souvent des enfants creusent à la main et où parfois des tunnels s’effondrent en les tuant ou en les mutilant pour qu’ailleurs dans le monde des gens puissent avoir des gadgets comme la caméra qui filme cette vidéo. La différence, c’est que certains sont conscients du sang qui coule sur les mains de Apple, Google, Tesla, Samsung, Bayer, Sony, Huawei compagnies et d’autres l’ignorent ou font semblant de l’ignorer. Mais maintenant, vous qui regardez-là, vous ne pouvez plus l’ignorer.

Je sais qu’en Afrique beaucoup n’aiment pas lire, mais je vous suggère quand même une bande dessinée intitulée « Kivu » que j’avais acheté avant mon expulsion dont je vous mets le lien en commentaire ou dans la boite de description, qui raconte avec une réalité saisissante la situation dans l’Est du Congo et les relations sanglantes qui lient les « Monsieurs propres » occidentaux avec les monstres tueurs de la forêt équatoriale. Mais la communauté internationale dit qu’elle a déjà tant fait pour les Congolais. Tiens ! Il y a une opération des Nations unies, la MONUSCO, qui ne sert pas à grand-chose sauf à tenir les statistiques macabres des morts qui s’amoncellent. Pourtant, c’est un budget de 1 milliards 154 millions de dollars par an qui est mis à la disposition de 17 000 casques bleus bien mieux équipés que l’armée congolaise qui n’arrive pas à faire cesser le bain de sang dont sont en majeure partie victimes les populations civiles, dont la protection constitue quand même le cœur de la mission pour laquelle 14 000 membres du personnel militaire, 660 observateurs militaires et officiers d’état civil, 591 policiers et 1050 membres des unités de police constituées sont implantés depuis 2010. Ah oui, et puis on a donné le prix Nobel de la Paix à Denis Mukwege, gynécologue, l’homme qui répare les femmes dont les vagins ont été défoncés par les coups de butoir et les baillonnettes de leurs violeurs. On lui a aussi donné le prix Olof Palme, le prix des droits de l’Homme des Nations unies, le prix de la fondation Clinton, le prix de la fondation Chirac, le prix Sakharov. C’est tellement plus facile de s’acheter une conscience en abreuvant une seule personne d’une montagne de prix plutôt que de faire cesser les massacres qui endeuillent un pays mais qui enrichissent vos entrepreneurs.

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La RDC a la possibilité de devenir la Chine de l’Afrique, en termes de puissance démographique 100 millions d’habitants, en termes d’étendu territorial, c’est 2 345 000 km2, en termes de ressources minières. Mais au lieu d’être un colosse qui inspire le respect, qui propulse le développement, qui envoie les gens dans l’espace, c’est un géant aux pieds d’argile que ses petits voisins violentent au calme depuis des années et expédient ses enfants six pieds sous terre. Alors c’est vrai, l’extérieur a sa part non négligeable de responsabilité. Et il est bon qu’il lui soit rappelé, de temps à autre, que perdre un père, un mari ou un fils dans des attaques violentes n’a pas à être l’apanage des Congolais. Mais ce qui me met en colère, c’est l’incapacité des leaders politiques de RDC à s’unir pour enfin donner à leur pays la place qui devrait être la sienne sur la scène continentale et mondiale, et aux populations un quotidien de paix et de prospérité. Pourtant, comme le scandait Mamadou Coulibaly en Côte d’Ivoire, le 10 octobre 2020, un peuple uni, jamais ne sera vaincu. Le malheur du Congo ne vient pas de l’appétit que suscitent ses ressources minières à l’extérieur du pays. Le malheur du Congo, ce sont ses dirigeants les corrompus, les voleurs, les vendus, les traîtres à la patrie, les sans courage et les sans idée. La loi qui institue que le sol et le sous-sol congolais sont la propriété de l’Etat est une des sources importantes de la situation actuelle. Il faut réformer le foncier au Congo et en donner la propriété aux populations locales en même temps qu’on leur donne les moyens de défendre leurs biens. Je mettrai à la fin de cette vidéo le lien d’une de Mamadou Coulibaly qui explique sa proposition de réforme du foncier en Côte d’Ivoire qui peut être, pourquoi pas la base d’une réflexion pour le Congo.

Nous, Africains, ne pouvons pas faire comme si le Congo, c’est juste les ‘‘sapeurs’’ et la ‘‘rumba cadencée’’. Depuis quelques semaines, c’est le Président congolais Félix Tchisekedi qui a pris la tête de l’Union africaine. Cela va être difficile pour lui d’être crédible dans cette fonction si, en parallèle, la situation n’évolue pas positivement dans son pays. Le minimum qu’il puisse faire, c’est de mobiliser les énergies et les attentions autour du conflit qui déchire le Congo pour faire stopper les rivières de sang qui endeuillent la région des grands lacs et qui n’honorent aucun d’entre-nous en Afrique ; c’est d’obtenir les moyens de former et d’équiper l’armée congolaise pour sécuriser la zone de l’Est, qui sert aussi de base-arrière à des rébellions qui cherchent à renverser les gouvernements des pays limitrophes ; c’est de réformer certaines lois contrer les effets voraces de l’appétit géostratégique extérieur et c’est aussi d’investir dans le capital humain. La tâche n’est pas aisée, mais il faut que l’on puisse sentir la volonté inébranlable d’aller au charbon pour renverser la vapeur. Souhaitons-lui de réussir, aidons-le à réussir, car ce sera l’Afrique qui gagnera.

Très peu de médias ont donné le nom du chauffeur décédé hier. Il s’appelait Milambo Mustapha. Je présente mon yako à ses proches et aux centaines de milliers de familles qui ont perdu des membres dans cette guerre sans fin du Kivu et du Congo. Prenez soin de vous et à bientôt.”

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AFRIQUE

CAMEROUN – La campagne touche à sa fin dans un climat polarisé

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À deux jours du scrutin, le Cameroun vit les dernières heures d’une campagne électorale à la fois intense et polarisée.
En Une du journal Cameroon Tribune, le ton est donné : « L’heure approche », titre le quotidien gouvernemental, soulignant que les candidats et leurs équipes « jettent leurs dernières forces dans la bataille ».
De son côté, Mutations résume l’enjeu en une question simple mais lourde de sens : « Paul Biya, oui ou non ? »

Les grands meetings de clôture

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a annoncé des rassemblements de clôture dans tout le pays les 10 et 11 octobre.
Les deux principaux challengers venus du Nord, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, terminent leurs campagnes respectivement à Maroua et Garoua, leurs bastions politiques.

À Douala, Pierre Kwemo, candidat de l’Union des mouvements socialistes (UMS), a prévu un meeting au Cercle municipal.
Pendant ce temps, Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), rassemble ses partisans à Yaoundé pour une grande mobilisation.
Enfin, Patricia Hermine Ndam Njoya, seule femme en lice, clôture sa campagne à Foumban, son fief, sous les couleurs jaune or de son parti, l’Union démocratique du Cameroun (UDC).
Sur ses affiches, un message : « Une nouvelle ère est arrivée ».

L’unité impossible de l’opposition

Malgré plusieurs appels à l’union, l’opposition n’a pas réussi à présenter un front commun face au président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
L’idée d’un programme partagé ou d’un candidat unique n’a pas abouti.
Seuls deux candidats anglophones, Caxton Ateki Seta et Akere Muna, se sont désistés en faveur de Bello Bouba Maïgari.
Les autres maintiennent leurs candidatures, y compris Issa Tchiroma, pourtant pressenti pour une alliance du Nord.

Les observateurs jugent désormais improbable tout rapprochement de dernière minute.
La campagne se conclut donc sur deux lignes claires : le camp du changement face à celui de la stabilité et de la continuité.
Mais dans ce climat tendu, les programmes restent peu audibles, éclipsés par les invectives, l’absence de débats directs et une forte activité sur les réseaux sociaux.

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AFRIQUE

TCHAD – Le gouvernement met fin à sa collaboration avec African Parks

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Le gouvernement tchadien a annoncé, dans un communiqué publié le 6 octobre et signé par Hassan Bakhit Djamous, ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, la fin de sa collaboration avec l’ONG sud-africaine African Parks.


Les autorités reprochent à l’organisation une série de manquements graves, évoquant une recrudescence du braconnage, un déficit d’investissements dans les infrastructures et projets communautaires, ainsi qu’un non-respect des accords de partenariat. Le ministère dénonce également une attitude jugée irrespectueuse envers les institutions tchadiennes.

En réponse, African Parks a publié un communiqué affirmant avoir ouvert des discussions avec le gouvernement afin de « préserver les acquis significatifs en matière de conservation et de développement social » obtenus au cours des quinze dernières années.
L’ONG défend son bilan, rappelant notamment avoir sauvé les populations d’éléphants du Tchad de la disparition face aux braconniers et aux milices Janjawids venues du Darfour.

Une ONG sous le feu des critiques

Active dans 13 pays africains, African Parks s’est imposée comme un acteur majeur de la protection de la faune sauvage. Ses méthodes, toutefois, font régulièrement polémique.
Certains observateurs les jugent trop militarisées et empreintes de pratiques néocoloniales, des critiques documentées dans l’enquête du journaliste Olivier Van Beemen, Au nom de la nature : enquête sur les pratiques néocolonialistes de l’ONG African Parks (Éditions de l’Échiquier).

Face à cette rupture, le gouvernement tchadien se dit prêt à explorer de nouveaux partenariats pour assurer la gestion durable et souveraine de ses aires protégées.

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AFRIQUE

CAMEROUN – À 92 ans, Paul Biya lance enfin sa campagne à Maroua

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À seulement cinq jours de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, Paul Biya a effectué mardi un retour remarqué sur la scène politique. Après plusieurs mois d’absence, le président sortant, âgé de 92 ans et à la tête du pays depuis 1982, a animé son premier grand meeting de campagne à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord.

« Ma détermination à vous servir demeure intacte », a lancé le chef de l’État, d’une voix assurée, devant une foule venue l’acclamer. « Je vous demande, une fois encore, de me renouveler votre précieux soutien », a-t-il ajouté, lors de cette apparition publique — la première depuis mai 2025.

Le doyen des dirigeants en exercice à travers le monde avait jusque-là brillé par son absence dans la campagne. Tandis que ses concurrents multipliaient les déplacements à travers le pays, Paul Biya s’était contenté d’un lancement virtuel de campagne le 27 septembre, via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, largement critiquée pour son recours à des images générées par intelligence artificielle.

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