POLITIQUE
AFRIQUE : Mobilisation contre le mal : de la nécessité de surveiller toujours l’autre coronavirus.
Tous les pays du monde, depuis quelques mois, sont sur pied de guerre. Toute l’attention des États est focalisée en cette période de pandémie mondiale sur la lutte contre le coronavirus et à juste titre. C’est une « guerre » et il faut la gagner. Toutefois, on ne doit pas oublier de mettre sous surveillance l’autre coronavirus que nous connaissons dans le monde depuis plus d’une décennie. Ce coronavirus, c’est le terrorisme qui fait aussi des dégâts en Afrique de l’Ouest et partout dans le monde. Les terroristes sont toujours à l’affut et d’aplomb, prêts à frapper de plein fouet un pays comme ils l’ont fait récemment en attaquant de manière violente, spectaculaire et simultanée le Nigéria et le Tchad. Ces attaques ont été une grande humiliation pour les armées de ces pays, en l’occurrence l’armée tchadienne. D’où la nécessité pour les États d’avoir un œil pour le coronavirus et un autre pour le terrorisme. Parce que ces attaques ont eu lieu lorsque les premiers cas de coronavirus sont signalés en Afrique de l’Ouest.
Le 23 mars 2020, en plein crise du coronavirus, l’armée tchadienne résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et en Afrique Centrale, a été attaquée à Boma dans la province du Lac. Une attaque dans laquelle cette armée connue et reconnue comme étant l’une des mieux entraînées et mieux équipées pour lutter contre les terroristes a perdu une centaine de soldats (92) et 47 blessés. C’est la plus lourde perte qu’a connue cette armée, rapporte-t-on. Les terroristes auraient aussi, dans leur fuite, volé des armes de l’armée tchadienne. Cette attaque est vécue comme une humiliation par le Tchad, en premier son président Idriss Deby qui envisage une revanche à la hauteur de l’attaque.
Idriss Deby s’est, dans la foulée, rendu en personne dès le lendemain, dans la province du Lac, où ont eu lieu les terribles combats entre son armée et les combattants de Boko Haram ( le groupe djihadiste né au Nigéria qui perturbe la quiétude des Etats depuis quelques années). «La réplique doit être foudroyante», a prédit le président tchadien, lui même ancien militaire qui semblait se retrouver dans son élément d’ancien soldat intrépide. Dans la perspective de cette réplique, il a voulu lui-même superviser et diriger les opérations. Sous couvert de l’anonymat, des soldats de l’armée tchadienne ont affirmé à des médias que le bilan serait bien plus lourd que le chiffre officiel avancé et que certains soldats pourraient avoir été pris en otage en plus du matériel volé par des terroristes.
«C’est là, dans cette île maudite, que nous avons perdu 92 de nos soldats, sous-officiers et officiers», a dit le président Deby cité par le site d’information Alwihda Info. Le chef d’État tchadien engagé dans la lutte contre le terrorisme reconnaît toutefois la bravoure de ses troupes qui sont tombées armes à la main. Les combats auraient duré 7 heures malgré les renforts envoyés par l’armée tchadienne. La zone est une île où les combats ne sont pas aisés
«Le combat était acharné. Malgré la surprise de l’attaque, nos forces armées ont héroïquement défendu la localité. Le bilan est lourd des deux côtés. Le camp est transformé en un champ de ruines»
Personnellement affecté par cette attaque , « Idriss Déby va rester dans la province du Lac pour diriger personnellement des opérations militaires contre Boko Haram. Il ‘refuse de rejoindre son bureau à N’Djamena», rapporte la présidence tchadienne au média tchadien Alwihda Info.
Pour mémoire, l’attaque contre l’armée tchadienne est intervenue quelques heures seulement après une dure défaite infligée à l’armée nigériane par la branche de Boko Haram qui a fait allégeance à l’État islamique, dans l’État nigérian voisin du Borno, selon des sources militaires. 70 militaires nigérians ont péri dans cette attaque. C’est justement quelques semaines avant ces attaques coordonnées au Nigeria puis au Tchad, que le géant nigérian enregistrait ses premiers cas de coronavirus. Toute chose qui met tous les États en alerte maximale pour se préparer à faire face à la pandémie.
Avec ces attaques non seulement Boko Haram profite opportunément de la pandémie de coronavirus, mais elle rappelle aussi que ceux qui le donnaient pour mort ou affaibli ont tout faux et plus que jamais il est présent et sa capacité de nuisance intacte.
En effet, une semaine avant ces deux attaques coordonnées, les armées de la région se félicitaient en effet d’avoir «éliminé» Ibrahim Bakoura, un des chefs de la secte djihadiste dans cette région du lac Tchad. Ce Nigérian était une figure de proue de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest, «impliqué dans plusieurs attaques horribles contre les civils et les Forces de défense et de sécurité, ainsi que des enlèvements contre paiement de rançons », rappelle le site d’info Actu Niger.
Les terroristes ne dorment pas, ils ont beau être atteints, ils se remobilisent pour lancer les assauts quand ils le peuvent. Ce serait une erreur de les donner pour morts prématurément. «Boko Haram, dont on disait à tort ou à raison que la voilure a été réduite face aux coups de boutoir de la Force multinationale mixte (FMM) [composée des armées de la région], vient rappeler qu’il faudra toujours compter avec lui. Que ceux qui l’avaient donné pour mort se ravisent. Le chacal est toujours là et dispose toujours d’une forte capacité de nuisance. La preuve, il vient de frapper là où, et au moment où, on l’attendait le moins », écrit le journal burkinabé Le Pays.
En tout cas, il est urgent que le dispositif d’alerte mis en place dans différents pays pour lutter contre les attaques terroristes demeure, voire se renforce parce que comme on l’a vu récemment au Nigéria et au Tchad, les groupes djihadistes peuvent opportunément profiter de la crise du coronavirus pour passer à l’acte et faire très mal aux États. Il est d’autant plus urgent de surveiller ces marchands de la mort , ces fous de Dieu pour qui la vie humaine ne vaut rien et qui ne semblent pas avoir de sensibilité pour la souffrance des humains.
Ces dernières attaques de Boko Haram viennent «rappeler à tous la nécessité de faire de la lutte contre l’insécurité un combat permanent. En la matière, la moindre hésitation se paie cash. Il faut donc garder l’arme au pied » comme écrit Le Pays. Tout comme le coronavirus, la lutte contre le terrorisme nécessite de la coopération et de la collaboration entre États. Ce ne sont pas des guerres éparses que chaque États mène de son côté. Chapeau bas à nos personnels de la santé, chapeau bas à nos forces de défenses et de sécurité.
Source SeneNews / Par Noël SAMBOU
AFRIQUE
TUNISIE – Démission de Noureddine Taboubi, l’UGTT face à ses divisions
En Tunisie, la scène syndicale est secouée par l’annonce de la démission de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), rendue publique le 23 décembre 2025. Si cette décision était largement anticipée en interne, son calendrier soulève de nombreuses interrogations. Elle intervient en effet à moins d’un mois d’une grève générale décrétée par la centrale pour le 21 janvier, sur fond de rupture prolongée du dialogue social avec le gouvernement.
Âgé de 64 ans, Noureddine Taboubi dirigeait l’UGTT depuis 2017. À ce stade, il n’a pas officiellement expliqué les raisons de son départ. Toutefois, plusieurs facteurs politiques et internes permettent d’éclairer ce choix. Ces derniers mois, la centrale syndicale a fait face à une pression politique croissante. Des attaques contre son siège, survenues en août dernier, ainsi que des campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux ont contribué à fragiliser son image et son influence.
Parallèlement, l’UGTT connaît un affaiblissement sur le plan institutionnel. Le dialogue social avec les autorités est rompu depuis plusieurs mois, réduisant la capacité de la centrale à peser sur les décisions économiques et sociales. Cette marginalisation progressive intervient dans un contexte national déjà tendu, marqué par des difficultés économiques et sociales persistantes.
Mais selon plusieurs observateurs, la principale explication de cette démission réside dans les luttes internes au sein de l’UGTT. Une véritable guerre de clans et de succession oppose aujourd’hui différentes tendances. Deux camps se font face : l’un plaide pour l’organisation rapide d’un congrès électif en mars 2026, tandis que l’autre souhaite en repousser la tenue à 2027. Les partisans d’un congrès anticipé critiquent la gouvernance de Noureddine Taboubi, jugée clivante au sein du bureau exécutif et contestée dans certaines structures régionales.
Cette démission, annoncée à la veille d’une mobilisation nationale majeure, risque d’accentuer les divisions internes et de fragiliser davantage la centrale syndicale. Elle pourrait également affecter la capacité de l’UGTT à mobiliser ses bases pour la grève générale prévue le 21 janvier. Une situation qui, selon le politologue Mohamed Dhia Hammami, profite indirectement au pouvoir en place.
Conformément aux statuts de l’UGTT, la démission de Noureddine Taboubi n’est toutefois pas immédiate. Elle doit être examinée et validée par les instances dirigeantes dans un délai de quinze jours, période durant laquelle le secrétaire général peut encore revenir sur sa décision.
AFRIQUE
RD CONGO – 23 corps retrouvés à Kasumbalesa, l’insécurité inquiète
En République démocratique du Congo, la ville frontalière de Kasumbalesa, troisième agglomération de la province du Haut-Katanga, est secouée par une série de découvertes macabres qui accentuent le sentiment d’insécurité au sein de la population. Dans les collines dites « 7 », situées au-delà du quartier Whisky, le nombre de corps retrouvés sans vie continue d’augmenter. Selon les autorités militaires, le bilan s’élève désormais à 23 morts.
D’après le commandant de l’armée dans la région, le général Eddy Kapend, les victimes sont majoritairement des hommes : 22 hommes et une femme ont été recensés à ce stade. Il affirme que plusieurs suspects ont déjà été interpellés et promet des sanctions sévères contre les auteurs de ces crimes. Les enquêtes en cours devront toutefois établir si ces meurtres sont liés entre eux ou s’ils relèvent d’actes distincts.
L’hôtel de ville de Kasumbalesa confirme pour sa part que 17 corps ont pu être identifiés puis enterrés. Les autorités municipales précisent également qu’une femme a été retrouvée morte à près d’un kilomètre du site principal, laissant supposer une extension géographique des violences.
Selon les autorités locales, l’alerte a été donnée par un motocycliste ayant miraculeusement échappé à une tentative de meurtre. Abandonné par ses agresseurs, qui le croyaient mort, il aurait permis de révéler l’existence de ces corps. Des témoins rapportent par ailleurs que certaines victimes présentaient des traces de torture, renforçant l’horreur suscitée par ces découvertes.
Cette situation plonge les habitants de Kasumbalesa dans un climat de peur et de psychose, d’autant plus que la ville est stratégique en raison de sa proximité avec la Zambie et de son intense activité commerciale. Des organisations de la société civile montent au créneau pour dénoncer une dégradation continue de la sécurité.
L’ONG Justice ASBL, par la voix de son responsable Maître Thimothe Mbuya, appelle les autorités nationales et provinciales à agir rapidement. Il exhorte à l’identification des responsables et au renforcement de la protection des civils, soulignant qu’« il ne se passe pas un jour dans cette ville sans qu’un meurtre ou un grave incident de sécurité publique ne soit signalé ».
AFRIQUE
GUINÉE – Présidentielle 2025 : neuf candidats pour un scrutin décisif
La Guinée s’apprête à vivre un rendez-vous politique majeur avec l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Neuf candidats sont officiellement en lice pour succéder – ou reconduire – Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021. Cette élection marque une étape décisive dans le processus de transition politique engagé dans le pays.
Parmi les candidats figure Abdoulaye Yero Baldé, 61 ans, ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Technocrate reconnu, passé par la Banque mondiale, la Banque centrale de Guinée et le secteur minier, il s’est illustré en 2020 en démissionnant du gouvernement pour dénoncer le changement constitutionnel ayant permis à Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Son programme place l’éducation au centre des priorités, avec l’ambition de tripler le budget qui lui est consacré.
Makalé Camara est la seule femme candidate de ce scrutin. Ancienne ministre des Affaires étrangères sous Alpha Condé, elle se présente pour la deuxième fois après un score modeste en 2020. Forte d’une longue carrière au sommet de l’État depuis les années 1980, elle sillonne actuellement l’intérieur du pays et entend faire de son expérience et de son profil un atout majeur.
À la tête du pays depuis près de quatre ans, Mamadi Doumbouya est candidat indépendant sous la bannière « Bâtir ensemble ». Soutenu par son Premier ministre Bah Oury, il défend un projet de continuité, axé sur la stabilité et la poursuite des réformes engagées depuis la prise de pouvoir par les militaires.
Autre figure de la scène politique, Elhadj Bouna Keita, président du Rassemblement pour une Guinée prospère, mise sur son parcours d’entrepreneur dans les mines, la banque et l’immobilier. Il fonde sa campagne sur la prospérité économique, la cohésion nationale et la transformation industrielle du pays.
Abdoulaye Kourouma, président du RRD, est également de retour après une première candidature en 2020. Cette fois, il fait de la justice et de l’État de droit le socle de son projet politique.
Faya Lansana Milimouno, ancien enseignant-chercheur et cadre international, se présente avec le Bloc libéral, dix ans après une première candidature remarquée. Il défend une vision libérale et institutionnelle du développement.
Mohamed Nabé, fondateur de l’Alliance pour le renouveau et le progrès, insiste sur la réconciliation nationale comme condition indispensable au développement. Mohamed Chérif Tounkara, opérateur économique et expert en pierres précieuses, mise sur la jeunesse et l’éducation. Enfin, Ibrahima Abé Sylla, ancien ministre de l’Énergie, promet de poursuivre les réformes engagées, avec une priorité affichée pour la justice.
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