MUSIQUE
MALI : Affaire Rokia Traoré : Bamako plaide pour une « solution équilibrée »

Le gouvernement malien apporte son soutien à la chanteuse franco-malienne, rentrée à Bamako le 9 mai, alors qu’elle était placée sous contrôle judiciaire depuis fin mars avec interdiction de quitter le territoire français. Par Jeune Afrique
Le chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, a évoqué lundi « l’arrivée à Bamako le 9 mai dernier de l’artiste Rokia Traoré » lors d’une rencontre avec les ambassadeurs de Belgique et de France au Mali, a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères.
Tiébilé Dramé a « saisi l’occasion pour inviter toutes les parties au dialogue en vue de privilégier l’intérêt de l’enfant, âgé de 5 ans », précise le ministère. Le gouvernement malien, qui avait auparavant exprimé sa « solidarité » avec la chanteuse, « encourage les avocats des deux parties à se rapprocher pour trouver une solution équilibrée ».
Trouver un compromis
Le ministre des Affaires étrangères malien a par ailleurs « invité Jan Goosens, père de l’enfant, et son avocat à venir au Mali dès que les conditions le permettront pour poursuivre la recherche d’un juste compromis ».
« C’est une mère aux abois qui a peur qu’on lui arrache son enfant, c’est pour ça qu’elle est partie au Mali, où elle habite », avait expliqué dimanche, Kenneth Feliho, l’avocat de la chanteuse.
La cour d’appel de Paris avait approuvé la remise de Rokia Traoré à la Belgique fin mars, dans le cadre du litige qui l’oppose au père de sa fille, célèbre dramaturge et directeur de théâtre flamand qui dirige notamment le Festival de Marseille, dans le sud de la France. En attendant cette remise, elle avait d’abord été écrouée, avant d’être libérée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la France.
Le mandat d’arrêt qui la vise pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage » a été émis par un juge d’instruction de Bruxelles et découle du non-respect d’un jugement rendu fin juin 2019 et exigeant la remise de sa fille à son père, dont Rokia Traoré est séparée.
La chanteuse et guitariste, qui a affirmé sur Facebook avoir quitté la France par un vol privé, conteste la décision de la justice belge de confier la garde exclusive de l’enfant à son père.
Enquête de la cour d’appel de Paris
Selon son avocat, une décision de la justice malienne a accordé à la chanteuse la garde de sa fille. Le mandat d’arrêt émis par la Belgique entraîne l’inscription de Rokia Traoré au fichier des personnes recherchées mais elle a quitté le pays de façon régulière depuis l’aéroport du Bourget (dans le nord de Paris), a rapporté dimanche une source policière française.
Selon une source judiciaire interrogée dimanche, le parquet général de la cour d’appel de Paris était en attente d’éléments pouvant attester que la chanteuse n’a pas respecté son contrôle judiciaire. Si cela est avéré, il requerra sa révocation auprès de la chambre de l’instruction, qui pourra ordonner un mandat d’arrêt contre elle.
Source : Jeune Afrique
CULTURE
GUINÉE – Azaya, comme un cri de conquête, à l’Arena

Le 13 décembre 2025, l’Arena Grand Paris va vibrer au rythme du balafon, de la kora, du n’gôni, et de la voix d’Azaya. À la fois interprète, producteur et compositeur, cette figure majeure de la pop guinéenne viendra mettre en lumière, dans un concert inédit, une culture longtemps reléguée aux marges des grandes scènes internationales : la culture guinéenne, à travers sa musique et un artiste : Azaya.
Cela peut paraître cliché, mais pour certains, le destin semble tracé dès le berceau. Azaya fait partie de ceux-là. Son entourage a largement contribué à façonner l’artiste qu’il est devenu : un musicien accompli, fier de hisser haut les couleurs de la Guinée. Neveu de Balla Kalla Kouyaté, fondateur de l’ “Horoya Band”, il baigne très tôt dans la musique. Pourtant, Mamady Kamissoko, alias Azaya, choisit d’abord une autre voie : il poursuit des études de droit et de science politique à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia. Mais la musique finit par le rattraper. Entre 2006 et 2008, il rejoint tour à tour les groupes de Diakhoumba Sékou et de Sékou Kandia Kouyaté.
Après avoir côtoyé de grandes figures comme Sékouba Bambino et Mory Kanté, Azaya décide de prendre son envol. Son premier album, Gnènèssouma (2015), marque le début d’une ascension fulgurante. Des titres comme Love Pimenté, Allah lé kabon ou encore BB-Là – interprété en duo avec sa compagne, la chanteuse Djelykaba Bintou – cumulent aujourd’hui plus de 130 millions de vues sur YouTube et 200 millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Des chiffres vertigineux pour un artiste qui continue d’écrire et de chanter en soussou, en malinké et en français.
Très vite, il conquiert les cœurs. Car Azaya n’a pas choisi de faire la musique “comme les autres”. Il a créé un style singulier où les rythmes mandingues se mêlent à la pop urbaine et la kora dialogue avec la guitare électrique. Cette fusion des sonorités lui vaut d’être sacré Meilleur artiste masculin d’Afrique de l’Ouest aux AFRIMMA 2022, en Côte d’Ivoire.
Le 13 décembre prochain, l’Arena Grand Paris accueillera ce qu’il décrit comme un “concert de conquête” Pour Azaya, ce n’est pas un simple concert : c’est une occasion unique de valoriser une voix africaine et de redorer l’image de la Guinée. Le projet vise à mettre en lumière la diaspora guinéenne d’Europe et à inscrire la Guinée dans une véritable stratégie de nation branding, chère aux gouvernements africains contemporains.
Sur scène, le public découvrira une mise en scène méticuleuse et savamment travaillée: des grands percussionnistes de la Guinée, des acrobates chevronnés, des chœurs traditionnels et des musiciens fusionneront leurs univers dans une scénographie pensée comme un pont entre Conakry et Paris. Un pont qui brise les barrières entre le Nord et le Sud.
CULTURE
CAMEROUN – Pit Baccardi signe son come-back à l’Olympia

Vingt-cinq ans de rap. Un quart de siècle de compétition et de création. À 47 ans, Pit Baccardi, de son vrai nom Guillaume N’Goumou, né à Yaoundé, revient à Paris le 25 septembre 2025 pour un concert-anniversaire à l’Olympia. Figure incontournable du rap francophone, pionnier du Secteur Ä et producteur visionnaire, il célèbre une carrière qui a marqué plusieurs générations.
L’Olympia accueillera ce soir-là une véritable rétrospective : un voyage à travers ses quatre albums, enrichi d’une dizaine de collaborations et d’une influence diffuse qui irrigue le rap francophone depuis plus de deux décennies. Fidèle à son style, Pit Baccardi s’est imposé comme l’un de ceux qui ont su tenir le cap contre vents et modes passagères.
Très tôt orphelin de mère, il est élevé par sa grand-mère au Cameroun. En 1982, il rejoint son père en France avant de repartir quatre ans plus tard. Son adolescence oscille entre Yaoundé et Paris, entre scolarité et fréquentations de rue. En 1995, il intègre le collectif ATK, où son flow grave et ses textes aiguisés retiennent l’attention. L’année suivante, il entre dans la galaxie Time Bomb. Aux côtés d’Oxmo Puccino, Lunatic ou X-Men, il forge sa réputation dans les freestyles et sur des compilations devenues cultes.
Membre fondateur du collectif Secteur Ä, qui symbolise pour beaucoup l’âge d’or du rap français des années 2000, Pit impose un rap à la fois introspectif et engagé. Installé durablement en France à la fin des années 90, il s’affirme comme une voix forte de la scène, sans céder aux tendances éphémères. Son premier album solo (1999), puis Le Poids des Maux (2002), restent des jalons essentiels pour une génération en quête d’identité à travers le rap.
Mais si Pit Baccardi est aujourd’hui auréolé du respect dû aux vétérans, c’est aussi parce qu’il n’a jamais limité son rôle à celui de rappeur. En 2013, il fonde Empire Company, un label qui devient tremplin pour une nouvelle vague d’artistes camerounais (Magasco, X Maleya, Duc Z). En 2018, son projet POWER fédère les voix montantes de la scène urbaine africaine (Locko, Tenor, Mink’s, MIMIE). En 2020, sa nomination à la tête d’Universal Music Africa confirme son flair et son sens du collectif. Plus récemment, il crée Gold Prod à Abidjan, un label où se rencontrent sa vision artistique et son instinct entrepreneurial.
Loin de se reposer sur ses lauriers, Pit Baccardi poursuit ses explorations. Après un showcase intimiste à Abidjan en décembre dernier, il enchaîne les coups d’éclat : Chiffres Romains, en duo avec son frère Dosseh (mai 2025), puis Feu (juin 2025), un titre audacieux aux textures inédites. Comme un pied de nez à l’usure du temps, il prouve une fois de plus sa capacité à se réinventer.
CULTURE
CAMEROUN – Le jour où Ben Decca a cassé l’Olympia

On imagine mal comment un artiste presque septuagénaire peut encore réussir un tel exploit. Et pourtant, le 4 mai 2025, Ben Decca, le roi du makossa, a enflammé Paris. Son nom s’affichait en grandes lettres rouges au fronton du mythique Olympia. Après plus de quarante ans de carrière et de succès, c’était une première pour lui dans cette salle légendaire – une première qui avait tout d’une consécration. Deux heures de show ininterrompu, offertes à un public conquis.
Le makossa, un succès populaire
Né à Douala, Mouangue Eyoum Victor, alias Ben Decca, est ce qu’on peut appeler la mémoire vivante de la musique camerounaise. Pour ses fans, qui l’appellent affectueusement “Papa Ben”, il est ce parent proche dont la voix résonne dans les souvenirs intimes de chacun. Dès que l’on entend le makossa, ce rythme urbain né à Douala dans les années 1950, on pense spontanément à lui. Ses titres – Ye Te Na Oa (1982), Souffrance d’amour, ou encore les refrains de son vingtième album repris lors des mariages et bals africains – sont devenus partie intégrante du patrimoine musical camerounais. Avec vingt-cinq albums et plus de cent cinquante chansons à son actif, Ben Decca a contribué à rendre immortel le makossa, qui résiste encore et toujours à l’usure du temps.
À l’Olympia, Ben Decca a fait le show en grand
Le chanteur camerounais a livré une prestation millimétrée, soutenue par des musiciens d’exception, à commencer par le maître de la basse, Étienne Mbappé. La machine était parfaitement huilée, et le live – du début à la fin – a touché les cœurs avec intensité. Entouré de son orchestre, Ben Decca a revisité ses classiques intemporels, tout en réservant de belles surprises. Parmi elles : la présence de Locko, de Lemo, nouvelle voix de l’afrobeat, et de Gaëlle Wondje. De ce rendez-vous entre Ben Decca et l’Olympia, il reste plus qu’un simple concert : la reconnaissance. Celle d’un artiste qui, depuis plus de quatre décennies, a fait danser, pleurer et rêver toute une diaspora. Et celle d’un genre musical, le makossa, qui continue d’imposer sa pulsation chaloupée face aux modes passagères.
Une production signée Mastatik
L’événement a été porté par Mastatik Records, le label fondé par Masta Premier, devenu en quelques années un passeur essentiel entre les scènes africaines et européennes. Après avoir accompagné Suspect 95, Locko ou Salatiel, la structure a offert à Ben Decca une scène à la mesure de son héritage.
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