AFRIQUE DE L’OUEST
MALI : des manifestants exigent la démission d’IBK
Vent debout contre la gestion de leur pays, des centaines de Maliens se sont rassemblés ce vendredi à la Place de l’Indépendance de Bamako pour le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Ce lieu symbolique de la capitale malienne était noir de monde. Invités par la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahamoud Dicko (Cmas), Espoir Mali Koura (EMK) et le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), ces citoyens réclament un nouveau Mali.
Au terme du rassemblement, ces trois organisations ont signé une déclaration finaledans laquelle elles listent les maux du pays, non sans mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités.
« Le Mali, jadis envié, écouté et respecté aussi bien en Afrique qu’à travers le monde entier, est en passe de devenir la risée des autres nations, tant il est aujourd’hui balloté et humilié, à cause d’une gouvernance chaotique », se désole d’emblée le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali.
Selon cet organisme, « la gestion actuelle du régime en place, symbole de la décrépitude d’un système étatique décrié, a fini de précipiter (le Mali) dans l’impasse. Pire, au bord du gouffre ».
A en croire ces pourfendeurs d’IBK, « le peuple malien découvre chaque jour, de façon ahurissante, les scandales d’une gestion hasardeuse, dénuée de vision et de cohérence vis-à-vis des intérêts vitaux et stratégiques du Mali, et ce, dans le déni des valeursfondamentales de notre société ».
Avant de battre le pavé, le FSD, la Cmas et EMK ont tenu, le mardi 26 mai dernier, une rencontre pour réfléchir sur la situation du Mali. Il en ressort entre autres qu’il y a « une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle au Mali ; des atteintes à la souveraineté, à l’intégrité du territoire national ; l’insécurité généralisée avec son cortège de morts, de villages détruits et de populations déplacées ; la malgouvemance, la corruption et la gabegie financière au détriment du monde paysan et du secteur privé ».
En outre, le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali déplore « l’abandon des forces armées et de sécurité ; la détérioration sans précédent des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’électricité, l’eau,les infrastructures routières ; la paupérisation croissante des populations laborieuses ; des atteintes récurrentes aux valeurs et principes de la République et l’impasse d’une voie électorale désormais hypothéquée ».
De l’avis des trois organisations, le régime d’IBK a aussi porté atteinte aux principes constitutionnels, républicains et démocratiques car il « s’est illustré par la tenue d’élections injustes, opaques et inéquitables enlevant ainsi toute crédibilité au processus électoral ».
« Face à l’urgente nécessité de sauver (leur) Nation d’un péril certain », elles ont lancé un appel à tous les Maliens de l’intérieur et de la Diaspora pour « un sursaut national ».
Pour ce faire, le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali a listé, dans sa déclaration finale, dix mesures essentielles au redressement du pays.
Il s’agit entre autres de la priorisation de l’éducation et de la santé ; de la garantie de l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures ; de la reconstruction des forces armées et de sécurité, mieux recrutées, mieux formées et mieux équipées, dignes d’un Etat protecteur de ses citoyens et de sesinstitutions.
C’est également la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, son unité, sa laïcité et le plein exercice de sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national ; une gouvernance vertueuse garantissant la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale, ainsi que la restauration de la confiance entre l’Etat et les citoyens et la mise en oeuvre de toutes les actions nécessaires pour la libération de Soumaila Cissé, chef defile de l’opposition républicaine, et de toutes les personnes enlevées et injustement privées de leur liberté.
Source : ID/cgd/APA
AFRIQUE
GAMBIE – L’ex-Jungler Sanna Manjang inculpé pour deux meurtres
En Gambie, la justice a formellement inculpé, ce mercredi 3 décembre 2025, Sanna Manjang, ancien membre des redoutés « Junglers », les escadrons de la mort qui opéraient sous le régime de Yahya Jammeh. Considéré depuis plusieurs années comme l’un des fugitifs les plus recherchés du pays, il a été appréhendé au Sénégal le samedi 29 novembre, lors d’une opération conjointe menée avec les autorités gambiennes, avant d’être transféré mardi à Banjul. Il devra désormais répondre du meurtre de deux hommes, des crimes liés à la période la plus sombre de la dictature jammehiste.
Sanna Manjang est poursuivi pour l’assassinat du journaliste de l’AFP, Deyda Haidara, tué en 2004, ainsi que pour celui de l’homme d’affaires Ndongo Mboob, en 2006. À l’époque, il appartenait aux Junglers, une unité paramilitaire chargée d’exécuter les opérations clandestines du régime : intimidations, disparitions forcées, tortures, exécutions extrajudiciaires. Ce groupe avait pour mission d’étouffer toute dissidence sous l’autorité de Yahya Jammeh, qui a dirigé la Gambie d’une main de fer de 1994 à 2017 avant de s’exiler en Guinée équatoriale.
Les conclusions de la Commission « Vérité, réconciliation et réparations » (TRRC) placent d’ailleurs Sanna Manjang au cœur du système répressif. Elles le décrivent comme l’un des exécutants les plus impliqués dans les opérations illégales menées par les Junglers. En 2019, devant cette même commission, l’ex-membre Malick Jatta avait rapporté que Manjang figurait parmi ceux qui avaient tiré sur Deyda Haidara : « Nous avons tiré, moi, Alieu Jeng, un autre Jungler et Sanna Manjang », avait-il affirmé.
Pour l’avocat américain Reed Brody, engagé auprès des victimes de Jammeh, l’arrestation de Manjang pourrait constituer un tournant majeur. S’il coopère avec la justice, son témoignage pourrait fournir des éléments déterminants sur le fonctionnement interne des Junglers et potentiellement accélérer la mise en cause de Yahya Jammeh lui-même.
AFRIQUE
GUINÉE – Nouveau look, nouvelles ambitions : Doumbouya vise les urnes pour 2025
C’est la fin d’un suspense qui tenait la scène politique guinéenne en haleine depuis de longs mois. Mamadi Doumbouya a définitivement troqué le silence contre l’action politique en officialisant, ce mardi, sa candidature à l’élection présidentielle de 2025. C’est depuis son quartier général situé à Landréah, dans la commune de Dixinn, que le candidat indépendant a lancé les hostilités, porté par la mouvance « Génération pour la modernité et le développement ».
Ce lancement de campagne a été marqué par une transformation visuelle symbolique et soigneusement orchestrée. Loin de l’image austère du militaire, Mamadi Doumbouya est apparu vêtu d’un maillot de football floqué « Mamadi Doumbouya Président 2025 » et d’une casquette. Détail frappant qui n’a échappé à personne : l’absence de ses lunettes noires habituelles, un choix de style suggérant une volonté de transparence et de proximité avec le peuple pour cette nouvelle étape civile.
Dans son discours inaugural, largement relayé sur les réseaux sociaux, le candidat sortant a misé sur la continuité. Il a vigoureusement défendu le bilan de ses quatre années à la tête de la Guinée, égrenant les réussites de sa gouvernance. Des réformes dans le secteur minier à la construction d’infrastructures routières, en passant par les améliorations dans l’éducation et la santé, Doumbouya présente son action comme un socle solide pour l’avenir.
La course à la présidence s’annonce toutefois disputée. Mamadi Doumbouya devra faire face à huit autres prétendants, dont une figure notable : l’ancien ministre Abdoulaye Yéro Baldé, candidat du Frondeg. Conscient de l’enjeu, le couple Doumbouya semble prêt à battre le pavé. Les images du lancement montrent le candidat aux côtés de son épouse, Lauriane Doumbouya, elle aussi en tenue de campagne. Une stratégie de communication rodée qui annonce une nouvelle phase offensive : aller au contact direct des électeurs pour détailler un programme de société ambitieux.
AFRIQUE
GUINÉE-BISSAU – Matériel détruit, PV confisqués : le processus électoral s’effondre
En Guinée-Bissau, le processus électoral issu du double scrutin du 23 novembre 2025 est désormais totalement paralysé. La commission électorale affirme qu’elle est incapable de publier le moindre résultat, non pas par manque de données, mais parce que tout ce qui permettait de compiler et vérifier les votes a été détruit lors du coup d’État du 26 novembre.
Mardi 2 décembre, Idriça Djalo, secrétaire exécutif adjoint de la commission électorale, a expliqué qu’aucun procès-verbal n’a pu être sauvé. Selon lui, les conditions « logistiques et matérielles » nécessaires à la proclamation des résultats n’existent plus. Pendant l’attaque, des hommes armés, masqués, ont fait irruption dans la salle où se déroulait la compilation. Ils ont terrorisé les 45 agents présents, confisqué leurs téléphones et détruit tout le matériel, y compris le serveur principal. Même les procès-verbaux provenant des régions d’Oio et Cacheu ont été interceptés pendant leur transfert et saisis par d’autres groupes armés.
Ce coup de force met un arrêt brutal au processus électoral qui s’apprêtait à livrer ses résultats. Le lendemain devait être annoncé le vainqueur de la présidentielle. À la place, les militaires ont renversé le président sortant Umaro Sissoco Embalo et suspendu tout le processus. Depuis, ils ont installé un pouvoir de transition dirigé par le général Horta N’Tam pour une durée annoncée d’un an.
Face à cette situation, une délégation de la CEDEAO s’est rendue à Bissau afin d’évaluer la possibilité d’une reprise du processus. La réponse de la commission a été catégorique : il est impossible de publier des résultats qui n’existent plus. L’organisation régionale, qui condamne le coup d’État, demande le rétablissement de l’ordre constitutionnel, mais la réalité sur le terrain montre un pays plongé dans l’incertitude totale.
-
CULTURE2 mois .GUINÉE – Azaya, comme un cri de conquête, à l’Arena
-
Tech2 mois .L’Annuaire Africain : la digitalisation et la créativité au service de l’entrepreneuriat africain
-
CULTURE2 mois .SÉNÉGAL – “Mémoires mélancoliques” ou de la tragique nécessité de la poésie de Mansor Diop
-
AFRIQUE2 mois .MADAGASCAR/COMORES – Les diasporas et forces vives de l’océan indien appellent à une transition démocratique exemplaire
-
CULTURE3 mois .CÔTE D’IVOIRE – La cheffe Sonia Marty Sokouri brille à la Private Chef World Cup 2025
-
ASIE3 mois .AFGHANISTAN – Plus de 1400 Victimes dans le Séisme de Magnitude 6
-
ECONOMIE3 mois .MADAGASCAR – Polémique autour de la réforme de la loi sur les grands investissements miniers
-
AFRIQUE3 mois .BURKINA FASO – Du nouveau code des personnes et de la famille et de la polémique sur l’h0mos3xualité


