AFRIQUE DE L’EST
MALI : Le référendum constitution en mal.
Nous nous acheminons vers la tenue du référendum constitutionnel prévu pour le 09 juillet prochain, malgré le tumulte provoqué par cette initiative qui est en train de décaper le vernis d’accalmie et de cohésion qui régnait, pour permettre de faire face à des questions cruciales qui hantent le quotidien des citoyens. Mais entre la rue qui gronde à quelques mois de la présidentielle de 2018 et la fidélité à l’Accord d’Alger, IBK a un choix difficile à faire.
L’opposition a beau se démener pour tenter d’arrêter le processus, elle n’y parviendra point car le président IBK est engagé dans un processus qui semble irréversible. En effet, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la stabilité issu du processus d’Alger constitue, à elle seule, tout un programme de gouvernance pour le pouvoir en place car rien ne se fait désormais plus sans tenir compte de cet Accord. Bien au contraire, tout semble se faire au nom de cet Accord. Lequel, telle une lanterne, éclaire le chemin de la gouvernance du président de la République décidé à aller jusqu’au bout de sa logique, pour espérer enfin trouver la paix et la stabilité tant recherchées.
Ce qui n’est pas aussi évident car la situation au nord et au centre du pays se complexifie tous les jours et à l’heure où nous en sommes, il est plus que hasardeux de penser que les signataires de cet Accord, s’ils étaient influents hier, le sont encore aujourd’hui pour pouvoir faire régner l’ordre, la paix et la stabilité au nord du pays. En effet, il y a tellement de groupes armés qui s’agitent et en plus, beaucoup de ces groupes se sont mis en dehors du champ d’application de cet accord, dès lors qu’ils se retrouvent sur le terrain du djihadisme déclaré et qui cache mal un terrorisme soutenu par des narco trafiquants.
Il y a aussi la question du centre du pays, avec des régions comme Ségou et Mopti qui ne sont pas directement impliquées dans le processus, mais qui sont aujourd’hui devenues des terrains plus dangereux et mortels que les localités du nord du pays.
N’empêche, le président IBK est resté dans sa logique de respecter les termes de cet accord conclu sous l’œil vigilant de la Communauté internationale. Et c’est justement cet accord qui fait de la révision constitutionnelle un passage obligé pour réformer les institutions du pays et prévoir des mécanismes qui permettront de réaliser des projets et programmes prévus dans ses dispositions.
C’est pourquoi, l’opposition a beau parler de forcing, le pouvoir adopte la posture selon laquelle “le chien aboie et la caravane passe ” déroulant tranquillement les préparatifs de ce référendum qui entre dans le cadre d’un agenda électoral bien précis car, en réalité, ne pas tenir le référendum de révision constitutionnelle reviendra non seulement à dire adieu à l’Accord, mais aura un impact sur l’agenda électoral car certaines questions reviendront au-devant de l’actualité pour bloquer et les locales en perspectives et la présidentielle de 2018 qui se joue en filigrane derrière ce référendum.
L’opposition ne dira pas qu’elle ignorait que les dispositions de l’Accord issu du processus d’Alger conduiraient à la tenue d’un référendum, elle qui a adhéré à cet accord du reste adopté par l’Assemblée nationale.
En plus, il eut été judicieux pour l’opposition, dès le départ, de dire non au projet de révisions constitutionnelle et de ne se mêler d’aucun travail préparatoire, pour utiliser ce temps à mobiliser les populations contre ledit projet, au lieu de travailler sur des amendements et attendre après le vote pour adopter cette posture radicale.
Selon la confidence d’un responsable de l’opposition, mieux vaut peser dès le départ pour ôter certaines sources de dérives du texte présenté au référendum que de s’aventurer à les laisser user de leur majorité mécanique à l’Assemblée nationale pour soumettre au référendum un texte comme celui transmis au départ à l’Assemblée nationale.
Une façon de dire que si l’opposition ne parvient pas à obtenir la non-tenue du scrutin, elle aurait au moins limité les dégâts. Reconnaissons que c’est une stratégie acceptable, mais qui s’inscrit déjà dans la logique d’une éventuelle incapacité à faire fléchir le président de la République.
C’est vrai que parmi ses arguments, il y a la question sécuritaire, qui rend notamment impossible, voir difficile, la tenue du référendum. Et à ce sujet, elle a saisi la Cour constitutionnelle qui estime que l’insécurité n’est que résiduelle. Là aussi, la Minusma, Barkhane et la Communauté internationale qui nous appuient dans la sécurisation et la stabilisation du pays sauront apprécier, à sa juste valeur, ce point de vue de la Cour constitutionnelle. Mais passons…
En dehors de l’opposition, une partie de la diaspora et de la société civile disent non à la tenue de ce référendum même si, pour le moment, les quelques louvoiements notés par-ci et par-là ne permettent en rien de dissuader le président IBK de tenir “son” référendum.
Mis une chose est sure : derrière cette contestation de la tenue du référendum se cache l’expression d’un malaise profond par rapport à la gestion des affaires publiques et il suffit d’écouter les discours servis pour s’en convaincre. En effet, à peine parle-t-on de la révision constitutionnelle, pour dériver rapidement vers des critiques sur la gouvernance du pays et la gestion du dossier sécuritaire. C’est comme si le projet de référendum a sonné le tocsin de l’entrée en mouvement de la contestation qui risque de ne pas faiblir, même après le vote dans le cadre de la consultation populaire du 09 juillet prochain.
D’ailleurs, un référendum tenu au forceps par le pouvoir serait ainsi un bon argument de campagne électorale prématurée pour l’opposition en vue de la présidentielle de 2018 et le pays sera tenu en haleine pendant de longs mois au cours desquels les conséquences d’une telle agitation seront incommensurables, notamment sur l’économie nationale.
C’est dire que le président IBK, par ce référendum, attise déjà l’adversité politique en se mettant sur le dos d’éventuels alliés de la prochaine présidentielle, à quelques encablures de cette échéance. En contrepartie, il se trouve lié par un accord qui pèse désormais très lourd dans ses prises de décision. Alors que le président de la République est regardé ans certains milieux du pays, comme le grand défenseur de la Constitution de 1992 qu’il a hésité à toucher, malgré les pressions de son mentor dans les temps, Alpha Oumar Konaré.
Source : Aujourd’hui-Mali / Par Amadou Bamba NIANG
AFRIQUE
SOUDAN – Une attaque de drone meurtrière frappe des civils au Darfour
Au moins dix personnes ont été tuées samedi 20 décembre 2025 lors d’une frappe de drone ayant visé un marché dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan. L’attaque, survenue dans un contexte sécuritaire extrêmement dégradé, a été confirmée dimanche par des secouristes locaux. À ce stade, les auteurs de la frappe n’ont pas été formellement identifiés, alimentant les inquiétudes quant à l’intensification et à la complexité du conflit en cours.
Le bombardement a touché la ville d’Al-Malha, située dans une zone désertique proche de la frontière libyenne. Cette localité est passée sous le contrôle des Forces de soutien rapide (FSR) en mars dernier. Dirigées par le général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », les FSR dominent aujourd’hui l’ensemble de la région du Darfour, théâtre de violences récurrentes depuis le déclenchement du conflit avec l’armée régulière soudanaise.
Les victimes de cette frappe se trouvaient sur un marché, un lieu vital pour l’approvisionnement des populations locales déjà confrontées à des pénuries alimentaires, à l’insécurité et à l’effondrement des services de base. Les secouristes évoquent un bilan provisoire susceptible de s’alourdir, certaines personnes ayant été grièvement blessées.
Depuis le début des affrontements entre les Forces de soutien rapide et l’armée soudanaise, le pays est plongé dans une crise humanitaire d’une ampleur alarmante. Les combats ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes et contraint des millions de civils à l’exil, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières nationales. Le Darfour, en particulier, reste l’une des régions les plus durement touchées par les violences et les déplacements forcés.
Fin octobre, après la chute du dernier bastion de l’armée régulière dans le Darfour, les FSR ont redéployé une partie de leurs opérations vers la région du Kordofan. Ce mouvement stratégique nourrit les craintes d’un élargissement du conflit à d’autres zones déjà fragilisées, aggravant encore une situation humanitaire jugée catastrophique par les organisations internationales.
AFRIQUE
SOUDAN – Al-Burhan balaie la proposition de trêve américaine et relance le bras de fer diplomatique
Au Soudan, la perspective d’un apaisement s’éloigne à nouveau. Dimanche 23 novembre, le général Abdel Fattah al-Burhan a catégoriquement rejeté le plan de cessez-le-feu présenté par Washington. Face à ses hauts gradés, le chef de l’armée a dénoncé une proposition « pire que toutes les précédentes », estimant que l’initiative américaine manquait d’équilibre et servait des intérêts étrangers au détriment de la souveraineté soudanaise.
L’initiative en question, portée par Massad Boulos, envoyé spécial américain pour l’Afrique, s’inscrit dans la médiation du « Quad », composé des États-Unis, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Ce cadre diplomatique vise à mettre un terme à la guerre qui oppose, depuis 2023, l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti. Mais pour al-Burhan, la proposition franchit une ligne rouge : elle ne prévoit ni démantèlement des FSR, ni leur intégration contrôlée, tout en exigeant la dissolution de l’armée et des services sécuritaires ralliés au gouvernement de Port-Soudan. Un scénario jugé « inacceptable ».
Au centre de ce rejet se trouve un vieux soupçon : Washington accuserait l’armée soudanaise d’être infiltrée par les Frères musulmans, ce que le général considère comme un récit façonné par Abou Dhabi, soutien assumé des FSR. Une accusation renforcée par les déclarations d’Anwar Gargash, ancien chef de la diplomatie émiratie, qui dénonce « la résurgence inquiétante » de l’influence islamiste.
Le camp d’Hemedti, lui, enfonce le clou. Son conseiller, Elbasha Tibeig, accuse al-Burhan de vouloir « tromper » la communauté internationale en niant l’influence du Mouvement islamique sur l’armée.
Pour Andreas Krieg, spécialiste des questions sécuritaires au King’s College de Londres, la voie est claire : il faut briser « la stratégie de diversion » et pousser Abou Dhabi à user de son poids pour imposer un cessez-le-feu véritable.
AFRIQUE
TANZANIE – La présidente Samia Suluhu crée une commission d’enquête après les violences post-électorales
En Tanzanie, la présidente Samia Suluhu Hassan a annoncé ce vendredi 14 novembre 2025 la création d’une commission d’enquête indépendante chargée de faire toute la lumière sur les décès enregistrés lors des violentes manifestations qui ont éclaté en marge des élections législatives et présidentielle du 29 octobre.
Devant le Parlement, la cheffe de l’État s’est dite « profondément attristée » par les pertes en vies humaines survenues lors de cette journée électorale marquée par une contestation sans précédent. « Ceux qui ont perdu la vie lors des violences du 29 octobre méritent que la vérité soit établie », a-t-elle déclaré, promettant que la commission aura pour mandat d’identifier les causes, les responsabilités et les circonstances de ces événements.
La présidente a également appelé à la clémence envers les jeunes arrêtés et poursuivis pour trahison dans le cadre des manifestations. « En tant que mère de cette Nation, j’ordonne aux forces de l’ordre d’évaluer la gravité des faits reprochés. Ceux qui ont simplement suivi la foule doivent pouvoir effacer leurs erreurs », a-t-elle insisté.
Samia Suluhu Hassan a officiellement remporté l’élection présidentielle avec un score de près de 98 %, un résultat largement contesté par l’opposition et par plusieurs organisations nationales et internationales. Ces accusations de fraude, combinées à une répression musclée, ont conduit à plusieurs jours de tensions. Selon l’opposition et des ONG, des centaines de personnes auraient été tuées par les forces de sécurité. Aucun bilan officiel n’a pour l’instant été communiqué par le gouvernement.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a réclamé, le 11 novembre, l’ouverture d’enquêtes « crédibles » après des informations faisant état de corps emportés vers des lieux non divulgués. Quelques jours plus tôt, les observateurs de l’Union africaine avaient estimé que l’intégrité du scrutin avait été « compromise » en raison de bourrages d’urnes signalés dans plusieurs bureaux de vote.
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