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POLITIQUE

TCHAD – Les victimes de Habre réclament des réparations

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Les victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré attendent toujours de recevoir les indemnisations ordonnées par la justice, sept ans après sa condamnation historique au Sénégal en 2016, ont indiqué ce vendredi 26 Mai 2023 sept organisations tchadiennes et internationales. A quelques jours de cet anniversaire, deux victimes sont encore décédées.

Le 30 mai 2016, Habré a été condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, notamment pour des faits de violences sexuelles et viol, par un tribunal sénégalais soutenu par l’Union africaine. Habré est par la suite décédé en août 2021. À l’issue d’un procès distinct au Tchad, le 25 mars 2015, une Cour criminelle a condamné 20 agents du régime Habré pour des faits de torture et assassinats. Les deux tribunaux ont ordonné le paiement de millions de dollars d’indemnisation au profit des victimes. L’Union africaine et le gouvernement du Tchad devraient respecter leurs obligations vis-à-vis des victimes découlant de ces décisions de justice, ont déclaré les organisations.

« Les victimes de Habré sont des héros qui se sont battus sans relâche pendant 25 ans pour traduire en justice leur dictateur et ses sbires, et se sont vu accorder des millions de dollars d’indemnisation, mais à ce jour elles n’ont pas reçu un seul centime de ces réparations », a constaté Jacqueline Moudeina, la principale avocate des victimes. « Deux des victimes les plus actives viennent de décéder et nombre d’entre elles ont la santé très fragile et ont désespérément besoin de ces réparations. »

Le 15 mai 2023, Ginette Ngarbaye, qui a été torturée et violée et qui a accouché dans une prison secrète de Habré est décédée des suites d’une longue maladie. Elle était secrétaire de l’Association des Victimes de Crimes et Répressions du régime de Hissène Habré (AVCRHH) et l’un des témoins clé au procès de Habré. Le même jour, Fatime Kagone Tchangdoum, dont le mari avait été assassiné par les forces de sécurité de Habré en 1983 et qui était devenue une militante de l’AVCRHH, est également décédée. Selon le groupe de victimes, environ 400 victimes directes et indirectes sont décédées depuis le verdict de 2016.

Le procès de Hissène Habré, qui est le seul au monde lors duquel les tribunaux d’un État ont condamné un ancien dirigeant d’un autre État pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a été considéré par de nombreux observateurs comme « un tournant pour la justice en Afrique ». L’Union africaine s’est félicité de ce jugement « significatif dans la mesure où il renforce le principe prôné par l’Union africaine, qui consiste à trouver des solutions africaines aux problèmes africains »

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Lorsqu’une Chambre d’appel a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017, et octroyé 82 milliards de francs CFA (environ 130 millions de dollars) à 7 396 victimes identifiées, elle a mandaté un fonds fiduciaire de l’Union africaine pour lever de l’argent en recherchant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions volontaires. Bien que l’Union africaine ait alloué 5 millions de dollars au fonds fiduciaire, ce dernier n’est toujours pas opérationnel.

En septembre 2021, à la suite de la mort de Habré et d’un regain d’intérêt international pour le sort des victimes, l’Union africaine a dépêché une délégation au Tchad, où elle a pris possession d’un bâtiment destiné au Fonds, qu’elle a décrit comme « un tournant décisif dans le processus de réparation » pour les victimes. Un responsable de l’UA a indiqué que la commission de l’UA travaillait « à rendre opérationnel ce fonds dans les meilleurs délais ». Il faudra attendre près d’un an pour qu’une deuxième délégation de l’UA arrive en août 2022 pour « mettre en place le secrétariat provisoire du fonds, […] établir un plan de travail et fixer les modalités du processus de réparation ». Mais elle a quitté le Tchad sans l’avoir fait.

Le 19 septembre 2022, la présidence tchadienne a écrit au Fonds fiduciaire pour annoncer que le gouvernement lui avait alloué 10 milliards de francs CFA (16,5 millions de dollars). Selon l’UA, cet argent n’a toutefois pas été reçu. Le 2 mai 2023, le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a déclaré à une délégation du groupe de victimes qu’il avait demandé au ministre des finances de mettre la contribution du Tchad à la disposition des victimes.

Dans le procès tchadien des sbires de Habré, la Cour criminelle de N’Djaména a également octroyé 75 milliards de francs CFA (environ 119 millions de dollars) d’indemnisation à 7 000 victimes, à charge pour l’État tchadien d’en payer la moitié et les condamnés l’autre moitié. La cour a également enjoint le gouvernement d’ériger un monument « dans un délai n’excédant pas un an » en hommage aux personnes tuées sous le régime Habré, et de créer un musée au sein du quartier général de l’ancienne police politique (Direction de la Documentation et de la Sécurité, DDS), où les détenus étaient torturés. Le gouvernement n’a exécuté aucune de ces décisions à ce jour.

« L’Union africaine et le gouvernement tchadien doivent travailler ensemble et mettre en œuvre ces décisions de justice afin que les victimes puissent enfin recevoir des réparations pour ce que nous avons souffert », a déclaré Adoumbaye Dam Pierre, président de l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH), prisonnier sous le régime Habré. « Nous nous sommes battus pendant des décennies pour obtenir ces jugements, et maintenant nous devons nous battre encore pour que ces jugements soient enfin appliqués ».

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Le régime à parti unique de Hissène Habré (1982-1990) a été marqué par des atrocités massives et généralisées, dont des répressions ethniques ciblées et des violences sexuelles et basées sur le genre.

Les sept organisations qui demandent à l’Union africaine et au gouvernement du Tchad d’accorder des réparations sont : Amnesty International, l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH), l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), Human Rights Watch, la Commission internationale de juristes (CIJ), REDRESS et l’Association Rose Lokissim.

Source : Ze-Africanews.com

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AFRIQUE

MALI – Le ministère français des Affaires étrangères tire la sonnette d’alarme sur la situation

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Le ministère français des Affaires étrangères a recommandé, ce vendredi 7 novembre 2025, à ses ressortissants de quitter temporairement le Mali « dès que possible », en raison d’une forte dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.

Dans un communiqué publié sur son site, le Quai d’Orsay fait état d’un contexte « en nette détérioration », évoquant notamment « un blocus djihadiste qui asphyxie progressivement Bamako et plusieurs régions du pays ».

« Depuis plusieurs semaines, le contexte sécuritaire se dégrade au Mali, y compris à Bamako », précise le ministère, appelant les ressortissants français à « prévoir un départ temporaire dès que possible par les vols commerciaux encore disponibles ».

Le communiqué déconseille également tout déplacement par voie terrestre, soulignant que « plusieurs routes nationales sont devenues la cible d’attaques de groupes armés terroristes ».

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AFRIQUE

SÉNÉGAL – L’ancien président Macky Sall charge le nouveau régime : « Les Sénégalais sont déçus »

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À l’occasion de l’installation du Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (APR), ce jeudi 6 novembre 2025, l’ancien président Macky Sall est sorti de son silence pour adresser de vives critiques au régime en place.

Dans un discours lu par Me Sidiki Kaba, le fondateur de l’APR a dénoncé un pouvoir qu’il accuse de trahir les principes démocratiques et de faire reculer les acquis républicains obtenus, selon lui, « de haute lutte » par le peuple sénégalais.

« Nous vivons un temps nouveau dominé par l’avènement d’un type de pouvoir jamais expérimenté au Sénégal, marqué par une addiction à la violence destructrice et un déni des valeurs de l’État de droit », a fustigé l’ancien chef de l’État, estimant que « le nouveau pouvoir a déçu la majorité de nos compatriotes ».

Macky Sall affirme constater une atteinte croissante aux libertés démocratiques et une érosion des avancées institutionnelles bâties au fil des décennies. Selon lui, la République « se dérobe » et le modèle démocratique sénégalais, jadis « admiré dans le monde », s’effrite sous la conduite de ceux qu’il qualifie de « tenants d’un parti-État ».

L’ancien président dit observer avec « effarement » la multiplication de dérapages et dérives du nouveau régime.
Il prévient enfin que l’héritage qu’il affirme avoir laissé au pays ne saurait être effacé par « l’amateurisme » ou « une haine revancharde », qui, selon lui, conduisent à une paralysie et à une régression dans tous les domaines.

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AFRIQUE

GABON – Le FMI réitère son soutien aux réformes engagées par la Transition

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Le Palais du Bord de Mer a abrité, ce mercredi 5 novembre 2025, une importante rencontre entre le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, et Abebe Aemro Selassie, Directeur du Département Afrique du Fonds monétaire international (FMI).

Cette audience s’inscrivait dans le cadre du dialogue permanent entre le Gabon et les institutions financières internationales. Elle a permis de faire le point sur les réformes engagées par le gouvernement de la Transition et d’explorer les perspectives d’un partenariat renouvelé, orienté vers la transformation structurelle de l’économie nationale.

Une vision économique axée sur la souveraineté et la bonne gouvernance

Le Président Oligui Nguema a rappelé la ligne directrice de son action : bâtir un Gabon souverain, inclusif et prospère, où la croissance bénéficie en priorité aux citoyens.
Il a insisté sur la nécessité de consolider les bases de l’économie à travers la diversification, la transparence budgétaire et la lutte contre les inégalités sociales.

« Notre priorité est de replacer le citoyen au cœur de la politique économique. La rigueur, la justice sociale et la durabilité guideront notre action », a déclaré le Chef de l’État.

Le FMI salue les progrès du Gabon

Le Directeur Afrique du FMI a félicité les autorités gabonaises pour les progrès réalisés en matière de gouvernance, de rationalisation des dépenses publiques et d’amélioration du climat des affaires.
Il a salué la stabilité politique du pays et son potentiel économique diversifié, tout en réaffirmant la disponibilité du FMI à accompagner le Gabon dans la mise en œuvre de ses priorités de développement.

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Vers un partenariat durable et équilibré

Les discussions ont également porté sur la modernisation du cadre fiscal, la digitalisation des services publics, la maîtrise de la dette et le renforcement des capacités institutionnelles.
Le Président Oligui Nguema a réaffirmé la volonté du gouvernement de promouvoir les investissements productifs dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie, les infrastructures et l’industrie de transformation.

« Le Gabon doit devenir un modèle d’efficacité économique en Afrique centrale », a-t-il souligné, en appelant à la discipline, l’innovation et la transparence comme leviers de la croissance durable.

Une coopération fondée sur la confiance et la responsabilité

Cette rencontre marque une étape majeure dans la redéfinition des relations entre le Gabon et le FMI, fondée désormais sur la confiance mutuelle et la responsabilité partagée.
Elle confirme la volonté du Chef de l’État de repositionner le Gabon comme un acteur crédible sur la scène économique internationale, tout en préservant sa souveraineté et son indépendance décisionnelle.

Le FMI a, pour sa part, renouvelé son engagement à soutenir la vision économique du Président Oligui Nguema, axée sur la bonne gouvernance, la justice sociale et la prospérité partagée.

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