AFRIQUE DE L’OUEST
SÉNÉGAL – Pouvoir et opposition, deux camps manifestent le 23 juin
L’anniversaire des 10 ans du M23 marquant le combat mené contre le ticket présidentiel introduit par le Président Abdoulaye Wade en 2011, a été célébré dans la division. Si les militants de l’Alliance Pour la République (APR) et les membres du M23 originel se sont retrouvés à la Place de la nation, le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) et tous les autres mouvements citoyens ont préféré se donner rendez-vous au terrain des HLM Grand Yoff, sis dans la capitale sénégalaise. Deux manifestations disjointes avec des objectifs différents. Le M23 a voulu se rappeler le combat mené contre le quart bloquant de Me Abdoulaye Wade qui consistait à faire passer un candidat au premier tour avec 25% des suffrages. Pour le M2D, c’est le statu quo car les mêmes revendications demeurent 10 ans après.
Manifestations monstres ! Dakar, la capitale sénégalaise a vibré ce mercredi 23 juin 2021. Dix ans après le combat contre le ticket présidentiel et la troisième candidature de Me Abdoulaye Wade, le M23 a commémoré l’événement à la Place de la Nation avec le parti au pouvoir. Une manifestation fortement dominée par la présence des cadres au pouvoir et des militants de l’Apr. Thérèse Faye, directrice du Fongip et militante de l’Apr, présente à la Place de la Nation, a jugé que les acquis du M23 demeurent toujours car le président de la République, Macky Sall, est dans une dynamique de préservation des acquis issus de ce combat qui avait emporté la vie de l’étudiant Mamadou Diop. « Le rassemblement du peuple sénégalais aujourd’hui [mercredi 23 juin] à la Place de l’Obélisque est la preuve que la politique du président de la République Macky Sall a convaincu. Les acquis démocratiques issus du combat mené par le M23 restent inchangés. », a déclaré l’ex-directrice de la Case des Tout-Petits.
Le M2D, les mouvements citoyens, les leaders politiques de l’opposition ainsi que les activistes étaient aux HLM Grand Yoff. Si le rassemblement du M23 originel a duré moins de 2h (16h à 18h), le M2D, qui a battu le record de la mobilisation, a pris le temps nécessaire (16h à 19h) pour un seul mot d’ordre : “Non au troisième mandat du président de la République Macky Sall”. Le MD2, soutenu par une foule impressionnante, composée majoritairement de jeunes, est décidé à barrer la route au président de la République Macky Sall dont « les agissements visent à endormir le peuple afin de se présenter une troisième fois à l’élection présidentielle de 2024″, d’après Déthié Fall, secrétaire général du Parti Républicain pour le Progrès.

Dans la même mouvance, Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop, membre du M2D, est convaincue que Macky Sall cherche mordicus à « confisquer le processus électoral, assujettir l’Assemblée nationale, dévaloriser les forces républicaines et légaliser la violence étatique au point de faire chanceler un des biens les plus précieux que sont la paix et la concorde sociale« .
Sous les cris et les applaudissements du public, Ousmane Sonko, le leader du Pastef-Les Patriotes est monté au créneau pour encore mettre en garde le président de la République Macky Sall contre un éventuel forcing constitutionnel dans le but de se présenter illégalement au prochain scrutin présidentiel. Il a appelé les jeunes à rester déterminés afin de mener le combat jusqu’au bout car l’adversaire en face, en l’occurrence le chef de l’Etat Macky Sall, ne compte pas lâcher l’affaire s’il n’est pas poussé à bout. « Préparez-vous au combat ! Sachez que, face à un président qui recrute des nervis, il ne faut pas se laisser faire. C’est dès à présent qu’il faut se battre et lui faire savoir que vous, en tant que jeunes, vous êtes bien réveillés pour lui barrer la route face à ses agissements exagérés« , a tonné le leader de Pastef sous les appréciations d’autres leaders politiques ou des membres de la société civile notamment Guy Marius Sagna, Bougane Gueye Dany, Barthélemy Diaz, Dr Abdourahmane Diouf, Fatoumata Ndiaye du mouvement Fouta Tampi ou encore Cheikh Tidiane Dièye, coordonnateur du M2D.
A rappeler que le Mouvement du 23 juin, communément appelé M23, est né en 2011, le jour où l’assemblée nationale sénégalaise examinait une réforme constitutionnelle visant à assurer la victoire au premier tour du scrutin présidentiel un candidat ayant 25% des suffrages valablement exprimés. Alors, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile s’était mobilisée contre ce projet antidémocratique mais aussi contre la candidature du président Abdoulaye Wade à un troisième mandat en 2012. Le combat, âprement mené, a conduit au retrait de cette loi le même jour.

AFRIQUE
CÔTE D’IVOIRE – Le RHDP favori, le PDCI en quête de remobilisation pour les élections législatives
À l’approche des élections législatives en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’impose comme le parti le plus présent sur le terrain électoral. Il aligne le plus grand nombre de candidats, dont une large majorité de ministres en fonction et de figures majeures du parti. Du chef du gouvernement aux ministres des Eaux et Forêts ou de la Santé, les principaux cadres sont engagés dans leurs fiefs respectifs. Pour plusieurs observateurs, ces élections constituent un test politique majeur, dans un contexte où le président de la République souhaite impulser une transition générationnelle au sein de l’appareil d’État et du parti.
Favori du scrutin, le RHDP doit néanmoins composer avec une difficulté récurrente : la multiplication de candidatures indépendantes issues de ses propres rangs. Dans des régions stratégiques comme le Tonkpi à l’ouest ou la Bagoué au nord, ces dissidences fragilisent l’unité du parti. Le ministre Bruno Koné, lui-même candidat dans le nord du pays, a d’ailleurs appelé à la discipline et à la loyauté, afin d’éviter une dispersion des voix préjudiciable.
Face au RHDP, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) présente 163 candidats. Désormais dirigé par Tidjane Thiam, le parti doit aussi gérer des tensions internes. Des figures historiques, comme Maurice Kakou Guikahué à Gagnoa ou Olivier Akoto à Daoukro, se présentent en indépendants après avoir été écartées des investitures officielles. Après son absence remarquée à la présidentielle, le PDCI devra surtout mobiliser un électorat tenté par l’abstention.
Grand absent de ces législatives, le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo a opté pour le boycott, dénonçant un climat politique qu’il juge délétère. D’autres acteurs majeurs de la présidentielle d’octobre ne sont pas non plus candidats, à l’image de Jean-Louis Billon ou de Simone Ehivet Gbagbo, même si son parti aligne une quinzaine de prétendants. Quant au FPI de Pascal Affi N’Guessan, il présente 21 candidats, sans son leader en tête de liste.
AFRIQUE
BÉNIN – Patrice Talon s’exprime sur la traque des mutins et la réforme constitutionnelle
Le président béninois Patrice Talon s’est exprimé sur deux dossiers majeurs de l’actualité nationale : la poursuite des auteurs des événements du 7 décembre dernier et la récente révision de la Constitution, promulguée le 17 décembre 2025.
Concernant la tentative de mutinerie, le chef de l’État a assuré que la traque du principal responsable et de ses complices se poursuit activement. Un mandat d’arrêt international a été émis, et les autorités béninoises ont sollicité la coopération des pays voisins afin de faciliter leur localisation et leur extradition. Sans citer de pays précis, Patrice Talon a indiqué que les auteurs de ces actes ont été manipulés par des responsables politiques qu’il qualifie de « nostalgiques et jaloux », avec l’appui de soutiens extérieurs.
Le président n’a pas mâché ses mots à l’égard des mutins, les qualifiant de « crapules », de « voyous » et de « marginaux ». Il s’est félicité de l’absence totale de ralliement, tant au sein de l’armée et de la Garde nationale que de la population. Évoquant le cas de Pascal Tigri, Patrice Talon a révélé que ce dernier avait été contacté par son supérieur hiérarchique et invité à se rendre, avant de prendre la fuite en tenue civile. Il a salué le professionnalisme et la loyauté des forces de défense et de sécurité, qu’il a jugées « extraordinaires ».
Le second volet de son intervention a porté sur la révision constitutionnelle, vivement critiquée par l’opposition. Patrice Talon a rejeté toute accusation d’allongement déguisé du mandat présidentiel et a clarifié la notion de trêve politique. Selon lui, celle-ci ne vise qu’à empêcher une campagne électorale permanente, rappelant que la Constitution encadre déjà strictement les périodes de campagne. Il a précisé que la critique de l’action publique demeure pleinement garantie.
Enfin, s’agissant de la création du Sénat, le président a défendu cette institution comme un organe d’arbitrage destiné à prévenir les blocages institutionnels et à assurer la stabilité politique, estimant que son expérience du pouvoir en démontre la nécessité.
AFRIQUE
MALI – L’imam Dicko et la CFR lancent la « troisième voie » contre la junte
Au Mali, le paysage politique en exil s’organise avec l’essor de la Coalition des forces pour la République (CFR). Lancée début décembre 2025, cette organisation placée sous l’égide de l’imam Mahmoud Dicko enregistre ses premiers ralliements de poids. Son objectif est sans équivoque : mettre un terme à une transition militaire qui dure depuis plus de cinq ans et restaurer l’ordre constitutionnel ainsi que les libertés fondamentales.
Housseini Amion Guindo, dit « Poulo », ancien ministre et figure de proue de l’opposition, est le premier grand leader politique à officialiser son adhésion. Pour lui, la CFR représente une « troisième voie » indispensable face au dualisme destructeur entre la « dictature implacable » de la junte et la menace jihadiste. Selon Guindo, ces deux extrêmes se nourrissent mutuellement, piégeant le peuple malien dans une impasse sécuritaire et démocratique.
D’autres personnalités, comme Abdoulaye Coulibaly (ICAP) et Oumar Abdou Touré (Kaoural Renouveau), ont également rejoint le mouvement. Ils voient en l’imam Dicko, figure morale historique déjà au centre de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, le seul « repère incontournable » capable de fédérer les Maliens autour d’un projet de résistance pacifique. La CFR appelle désormais à la désobéissance civile pour contraindre le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays.
Cependant, une interrogation subsiste : le silence de son mentor. Exilé en Algérie, l’imam Mahmoud Dicko ne s’est pas encore exprimé publiquement sur cette coalition dont il est le référent républicain. Si de nombreux acteurs du mouvement prodémocratie soutiennent la dynamique, ils attendent une déclaration officielle du guide avant de s’engager totalement. Ce nouveau pôle d’espérance parviendra-t-il à ébranler le régime de Bamako depuis l’extérieur ? L’avenir de la résistance malienne semble désormais suspendu aux mots de l’imam.
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