POLITIQUE
SÉNÉGAL – Massamba Sall, le dernier combat du juge le plus visé du tribunal de Dakar
C’est en début d’après midi que le juge Massamba Sall a quitté ce bas monde avec ses dossiers et ses affaires scabreux. Après plusieurs mois de maladie, le magistrat sur les épaules de qui pesait l’avenir immédiat de Ousmane Sonko et de Adji Raby Sarr ne sera finalement pas là au moment de rendre les conclusions de ses auditions et constatations.
Son décès a été annoncé il y a presque une heure dans les réseaux sociaux des auxiliaires de la justice avant de faire le tour des médias. Doyen des juges d’instruction du tribunal de Dakar -le tribunal compte 10 cabinets d’instruction-, Massamba Sall, plus connu sous le nom de Samba Sall, est considéré par les avocats comme “l’allié du procureur de la République“, “l’homme à tout faire du parquet.” “Celui sur qui le parquet a toujours compté pour arriver à ses fins.”
Avec le juge Mamadou Seck, du 8eme cabinet, Massamba Sall a presque géré tous les dossiers chauds du moment. Ceux ayant trait à la drogue comme à la politique. Et si certains n’ont pas fait la Une des journaux, des dossiers comme celui opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr ont fini de braquer les projecteurs sur le patron du 1er cabinet. Cette mise sous les phares est intervenue après que le juge Mamadou Seck, désigné en premier pour instruire le dossier Adji Sarr-Ousmane Sonko, ait décidé “pour convenances personnelles” de se débarrasser de cette “affaire perdue d’avance.”
Auparavant, c’est le juge Massamba Sall qui avait hérité du volet “appel à l’insurrection” de l’affaire Ousmane Sonko. A ce titre, c’est lui qui a décidé le placement sous mandat de dépôt des 18 manifestants pro Sonko interpellés entre le 3 et 8 mars. Et c’est aussi lui qui a placé sous mandat de dépôt les activistes Amadou Clédor Sène, Assane Diouf et Guy Marius Sagna. “Quand nous l’avons rencontré, il était déjà malade. Je ne sais pas de quoi il souffrait, mais en le voyant on sentait net qu’il était mal en point. C’est d’ailleurs à cause de sa maladie qu’il s’est déchargé de tous les dossiers au profit du 3eme cabinet selon nos avocats.” A fait savoir Amadou Clédor Sène.
Aussi, ce fameux mercredi 3 mars alors que Ousmane Sonko était en route pour aller répondre à la convocation du juge Mamadou Seck, c’est pour permettre au juge Massamba Sall d’hériter du dossier que le préfet a fait stopper le convoi de Ousmane Sonko avant d’arrêter le leader de Pastef pour “trouble à l’ordre public”.
Ensuite, alors que Ousmane Sonko était en garde à vue à la Section de Recherches, c’est vers lui qu’il a été conduit le vendredi 5 mars pour une brève audition qui allait, le lundi 8 mars, déboucher sur une inculpation et un placement sous contrôle judiciaire. Avant l’affaire Ousmane Sonko, c’est Massamba Sall qui avait hérité du très politisé dossier Khalifa Ababacar Sall, le maire de Dakar. Et c’est lui qui l’avait inculpé et placé sous mandat de dépôt.
Source : Kewoulo
AFRIQUE
BÉNIN – Patrice Talon s’exprime sur la traque des mutins et la réforme constitutionnelle
Le président béninois Patrice Talon s’est exprimé sur deux dossiers majeurs de l’actualité nationale : la poursuite des auteurs des événements du 7 décembre dernier et la récente révision de la Constitution, promulguée le 17 décembre 2025.
Concernant la tentative de mutinerie, le chef de l’État a assuré que la traque du principal responsable et de ses complices se poursuit activement. Un mandat d’arrêt international a été émis, et les autorités béninoises ont sollicité la coopération des pays voisins afin de faciliter leur localisation et leur extradition. Sans citer de pays précis, Patrice Talon a indiqué que les auteurs de ces actes ont été manipulés par des responsables politiques qu’il qualifie de « nostalgiques et jaloux », avec l’appui de soutiens extérieurs.
Le président n’a pas mâché ses mots à l’égard des mutins, les qualifiant de « crapules », de « voyous » et de « marginaux ». Il s’est félicité de l’absence totale de ralliement, tant au sein de l’armée et de la Garde nationale que de la population. Évoquant le cas de Pascal Tigri, Patrice Talon a révélé que ce dernier avait été contacté par son supérieur hiérarchique et invité à se rendre, avant de prendre la fuite en tenue civile. Il a salué le professionnalisme et la loyauté des forces de défense et de sécurité, qu’il a jugées « extraordinaires ».
Le second volet de son intervention a porté sur la révision constitutionnelle, vivement critiquée par l’opposition. Patrice Talon a rejeté toute accusation d’allongement déguisé du mandat présidentiel et a clarifié la notion de trêve politique. Selon lui, celle-ci ne vise qu’à empêcher une campagne électorale permanente, rappelant que la Constitution encadre déjà strictement les périodes de campagne. Il a précisé que la critique de l’action publique demeure pleinement garantie.
Enfin, s’agissant de la création du Sénat, le président a défendu cette institution comme un organe d’arbitrage destiné à prévenir les blocages institutionnels et à assurer la stabilité politique, estimant que son expérience du pouvoir en démontre la nécessité.
AFRIQUE
MALI – L’imam Dicko et la CFR lancent la « troisième voie » contre la junte
Au Mali, le paysage politique en exil s’organise avec l’essor de la Coalition des forces pour la République (CFR). Lancée début décembre 2025, cette organisation placée sous l’égide de l’imam Mahmoud Dicko enregistre ses premiers ralliements de poids. Son objectif est sans équivoque : mettre un terme à une transition militaire qui dure depuis plus de cinq ans et restaurer l’ordre constitutionnel ainsi que les libertés fondamentales.
Housseini Amion Guindo, dit « Poulo », ancien ministre et figure de proue de l’opposition, est le premier grand leader politique à officialiser son adhésion. Pour lui, la CFR représente une « troisième voie » indispensable face au dualisme destructeur entre la « dictature implacable » de la junte et la menace jihadiste. Selon Guindo, ces deux extrêmes se nourrissent mutuellement, piégeant le peuple malien dans une impasse sécuritaire et démocratique.
D’autres personnalités, comme Abdoulaye Coulibaly (ICAP) et Oumar Abdou Touré (Kaoural Renouveau), ont également rejoint le mouvement. Ils voient en l’imam Dicko, figure morale historique déjà au centre de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, le seul « repère incontournable » capable de fédérer les Maliens autour d’un projet de résistance pacifique. La CFR appelle désormais à la désobéissance civile pour contraindre le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays.
Cependant, une interrogation subsiste : le silence de son mentor. Exilé en Algérie, l’imam Mahmoud Dicko ne s’est pas encore exprimé publiquement sur cette coalition dont il est le référent républicain. Si de nombreux acteurs du mouvement prodémocratie soutiennent la dynamique, ils attendent une déclaration officielle du guide avant de s’engager totalement. Ce nouveau pôle d’espérance parviendra-t-il à ébranler le régime de Bamako depuis l’extérieur ? L’avenir de la résistance malienne semble désormais suspendu aux mots de l’imam.
AFRIQUE
GUINÉE BISSAU – L’épouse de l’ex-président mise en examen au Portugal
La police judiciaire portugaise a annoncé, mardi 16 décembre 2025, la mise en examen de Dinisia Reis Embalo, épouse du président bissau-guinéen déchu Umaro Sissoco Embalo, pour des soupçons de contrebande et de blanchiment de capitaux. Cette procédure judiciaire fait suite à une opération menée à Lisbonne après l’arrivée d’un jet privé en provenance de Bissau.
Selon les autorités portugaises, Dinisia Reis Embalo est arrivée au Portugal le week-end dernier à bord du même avion qu’un autre passager interpellé dès son arrivée, Tito Fernandes, chef du protocole de l’ancien président renversé. L’arrestation de ce dernier, intervenue le dimanche 14 décembre à l’aéroport militaire de Lisbonne, est à l’origine de l’enquête en cours.
Tito Fernandes était en possession de cinq millions d’euros en espèces, une somme immédiatement saisie par la police. Il est soupçonné de contrebande et de blanchiment de capitaux. Bien qu’il ait été remis en liberté après son interpellation, les investigations se poursuivent afin de déterminer l’origine et la destination des fonds transportés. L’ouverture de la procédure visant Dinisia Reis Embalo est directement liée à cette affaire, précisent les enquêteurs.
D’après l’agence de presse portugaise Lusa, le vol avait pour destination finale Dubaï, ce qui renforce les soupçons portant sur un circuit financier international. L’enquête aurait été déclenchée à la suite d’une dénonciation anonyme signalant des mouvements suspects à bord de l’appareil.
Depuis le coup d’État qui l’a renversé, Umaro Sissoco Embalo a quitté la Guinée-Bissau. Il aurait successivement trouvé refuge à Dakar puis à Brazzaville, avant de s’installer au Maroc, selon plusieurs sources concordantes.
Cette affaire est accueillie favorablement par certaines organisations de la société civile bissau-guinéenne. Le Frente Popular, par la voix de son coordonnateur Armando Lona, dénonce un « régime au service du crime organisé » et considère cette mise en examen comme un signal fort adressé à l’opinion publique et aux réseaux impliqués dans des pratiques financières illicites.
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