AFRIQUE AUSTRALE
ZIMBABWE – Après Mugabe, le président zimbabwéen concentre tous les pouvoirs
Porté au pouvoir après avoir fait partir Robert Mugabe il y a quatre ans, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa consolide progressivement son emprise sur le pouvoir dans un style similaire à son prédécesseur.
Mnangagwa, 78 ans, dirige le Zimbabwe depuis novembre 2017, quelques jours après la démission contrainte de Mugabe par un coup d’État militaire. Huit mois plus tard, il remportait des élections vivement contestées par l’opposition.
Les prochaines ne sont prévues que dans deux ans mais il a déjà commencé à bricoler la constitution, pour à la fois asseoir son pouvoir et désarmer ses opposants.
Il y a quelques semaines, il a approuvé un amendement constitutionnel qui lui donne le pouvoir de choisir les juges et de prolonger le mandat de hauts magistrats, y compris au-delà de l’âge de la retraite.
L’opposition s’inquiète de ces changements qui donnent au président des pouvoirs excessifs.
Cette modification de la Constitution « est manifeste dans son intention de consolider la position du président avant les élections de 2023 », a déclaré le Forum des ONG des droits de l’Homme du Zimbabwe dans un communiqué.
C’est « le coup le plus mortel porté au constitutionnalisme », a déploré Dzikamai Bere, directeur de l’Association des droits de l’homme du Zimbabwe.
Quelques jours après l’adoption de l’amendement, Mnangangwa a prolongé de cinq ans le mandat du juge en chef Luke Malaba, largement considéré comme son allié, alors qu’il devait partir en retraite à 70 ans.
Une association d’avocats a contesté, avec succès, le renouvellement de son mandat, rassurant sur la force des institutions et de la société civile pour limiter la mainmise complète du pouvoir.
Le camp présidentiel n’a pas caché sa rage, le ministre de la Justice Ziyambi Ziyambi allant même jusqu’à menacer de « frapper l’ennemi dans l’½il », affirmant que les tribunaux étaient manipulés par des forces étrangères.
– « Un vrai bazar » –
Succédant à Mugabe, Mnangagwa faisait miroiter une « nouvelle démocratie en marche », promettant de s’écarter du style autoritaire de l’ancien héros de l’indépendance, qui a dirigé le pays pendant 37 ans.
Mais pour ses détracteurs, l’ancien vice-président n’a pas fait mieux que son ex-patron, cherchant à consolider un État à parti unique en affaiblissant le principal parti d’opposition, le MDC.
Pour museler davantage l’opposition, le gouvernement a concocté un projet de « loi patriotique » pour interdire à tout Zimbabwéen de « communiquer délibérément des messages destinés à nuire à l’image et à la réputation du pays ».
S’il est adopté, ce texte permettra au gouvernement de s’immiscer dans les communications privées entre citoyens et représentants de gouvernements étrangers.
« Ensemble, l’amendement constitutionnel et le projet de loi +patriotique+ constituent un grand recul en termes de démocratie », juge Eldred Masunungure, politologue à l’Université du Zimbabwe.
Selon lui, ces deux textes « animés de pulsions autoritaires, sont réellement conçus pour concentrer le pouvoir entre les mains du président ».
« C’est un grand bazar », dit-il. « Le patriotisme ça ne se légifère pas. Il s’agit simplement de museler les critiques ».
Au MDC, le responsable des affaires juridiques Kucaca Phulu a affirmé que les textes « sont conçus pour ancrer un exécutif impérial » sans contrôles suffisants.
Mais pour l’analyste politique Alexander Rusero, Mnangagwa joue une partie plus fine qu’autrefois.
« Par le passé, le Zanu-PF (au pouvoir) utilisait la violence et les enlèvements pour intimider ses opposants, là ils choisissent des moyens plus subtils », explique-t-il à l’AFP.
« Nous sommes sur des montagnes russes, le règne par le droit opposé à l’État de droit. Le passage à tabac des gens n’est plus viable », dit-il, mais « la voie a été dégagée » et les élections de 2023, « c’est comme si c’était fait ».
Source : SlateAfrique
AFRIQUE
MADAGASCAR – Herintsalama Rajaonarivelo promet un gouvernement d’action et de transparence
C’est dans une atmosphère de calme et de solennité que s’est tenue la passation de pouvoir à la Primature malgache. Les deux hommes se tenaient côte à côte : le Premier ministre sortant, en tenue de haut gradé, et son successeur, Herintsalama Rajaonarivelo, vêtu d’un sobre costume foncé. Une image d’apaisement, symbole d’une transition sans heurts, même si l’ensemble du personnel administratif et politique s’apprête à être profondément renouvelé.
Le nouveau chef du gouvernement a affiché la couleur : « tolérance zéro » pour les malversations. « La constitution du gouvernement se fera incessamment sous peu, et ce sera un gouvernement d’action, de transparence et de redevabilité. Nous ne tolérerons aucune forme de mauvaise gestion, de corruption ou d’abus de pouvoir. Nous allons rétablir la bonne gestion des ressources et des biens publics », a déclaré Herintsalama Rajaonarivelo dans son premier discours officiel.
Mais cette volonté de rupture s’accompagne de vives réserves, notamment au sein de la jeune génération. La nomination du nouveau Premier ministre, jugé trop proche de l’ancien pouvoir par certains observateurs, a provoqué un débat sur les réseaux sociaux.
Cherchant à rassurer, Rajaonarivelo a rappelé les principes de la « Refondation » : respect, fihavanana (le vivre-ensemble malgache) et collaboration. « Une nouvelle page s’ouvre. Arrêtons de nous juger et travaillons ensemble pour un vrai développement », a-t-il insisté.
La « Gen Z malgache », très active sur les plateformes numériques, s’est cependant montrée prudente et vigilante. Sur X et Facebook, plusieurs messages mettent en garde : « Aucune magouille, aucun retour d’anciens dinosaures ne passera inaperçu. »
AFRIQUE AUSTRALE
COMORES – Les Forces Vives des Comores soutiennent le peuple malgache
La diaspora malgache et comorienne s’est rassemblée à Paris pour contester la suspension de Madagascar par l’Union africaine, jugée « injuste » après la chute du régime d’Andry Rajoelina.
Les intervenants, dont l’avocat international Me Said Larifou, ont affirmé que le départ de Rajoelina était le fruit d’une mobilisation populaire contre la pauvreté et la mauvaise gouvernance, saluant le rôle « constitutionnel » de l’armée dans cette transition pacifique. Ils appellent les institutions internationales à soutenir ce processus sans imposer d’agendas extérieurs.
AFRIQUE
MADAGASCAR/COMORES – Les diasporas et forces vives de l’océan indien appellent à une transition démocratique exemplaire
Les représentants des diasporas et forces vives de l’océan Indien, notamment malgaches et comoriennes, vont tenir une conférence de presse conjointe ce jeudi 16 octobre 2025 à Paris pour exprimer leur soutien au peuple malgache et dénoncer la décision de l’Union africaine de suspendre Madagascar de ses instances.
Selon les organisateurs, cette initiative vise à « faire entendre la voix des peuples africains », ceux qui, par leurs luttes et mobilisations, revendiquent une vie digne, libre et respectée.
Voici le communiqué ci- dessous
Le soulèvement populaire à Madagascar
Au cours des dernières semaines, Madagascar a été le théâtre d’un puissant soulèvement
populaire, déclenché par des années de pauvreté persistante, de gouvernance défaillante et
d’absence de réponses structurelles aux cris d’alerte des populations les plus vulnérables.
Le régime d’Andry Rajoelina, usé et contesté, a été renversé par la mobilisation massive et
spontanée du peuple malgache. Contrairement à certaines interprétations internationales
réductrices, il ne s’agit pas d’un “coup d’État militaire”, mais d’un mouvement populaire
authentique, auquel l’armée nationale a joué pleinement son rôle. Elle a dignement choisi de
ne pas s’opposer, et même d’accompagner le mouvement dans le respect de la Constitution.
Le rôle constitutionnel et responsable de l’armée Malgache
Au cœur de ce processus historique, l’armée malgache a joué un rôle majeur, mesuré et
constitutionnel.
Contrairement aux accusations de putschisme, les forces armées n’ont pas initié un coup
d’État. Elles ont répondu à leur devoir républicain :
1. Elles n’ont pas réprimé les manifestants ;
2. Elles ont constaté la vacance de pouvoir de fait et ont agi pour protéger la nation et ses
fondamentaux ;
3. Elles ont facilité une transition d’autorité sans effusion de sang, évitant ainsi le chaos
et la guerre civile.
Pour cela, nous félicitons le rôle de l’armée malgache, qui s’est comportée avec responsabilité
et honneur dans une situation explosive.
Le rôle du colonel Michael Randrianirina
À la suite des événements, c’est le colonel Michael Randrianirina, commandant du CAPSAT,
qui s’est imposé, sans recours à la force comme l’autorité de transition. Ancien chef d’unité
respecté, il s’est illustré ces dernières semaines en appelant les forces de sécurité à protéger la population plutôt que de la réprimer. La Haute Cour constitutionnelle a reconnu sa légitimité
en tant que Président par intérim.
Certains signes montrent les prémices d’une volonté de mettre Madagascar sur de nouveaux
rails. Cette séquence, bien que dirigée provisoirement par une autorité militaire, a été
initialisée par le peuple et soutenue par une armée qui a refusé la dérive autoritaire.
Position des diasporas et forces vives Malgaches et Comoriennes
Nous exprimons notre stupéfaction et notre désaccord profond vis-à-vis de la décision de
l’Union africaine de suspendre Madagascar de ses instances, au lendemain de la chute du
régime.
“Cette décision est perçue comme une sanction injuste contre le peuple malgache, qui, en
l’absence de réaction de la SADC, de l’Union africaine et des institutions internationales
spécialisées malgré de nombreux signaux d’alerte sur la montée de la pauvreté dans plusieurs
régions du pays, a légitimement agi pour mettre fin à de profondes injustices sociales.”
Appel à l’Union Africaine et à la communauté internationale
Nous appelons l’Union africaine à revenir sur sa suspension, et à accompagner activement la
transition démocratique à Madagascar, au lieu de punir son peuple. La SADC doit enfin
assumer son rôle régional de médiation. Les Nations Unies et l’Union européenne ont un rôle
important a jouer en soutenant le processus sans imposer d’agendas extérieurs.
L’Afrique a besoin d’une Union africaine qui protège les peuples, pas qui protège des régimes
en déroute.
La dynamique panafricaine est irréversible
De Dakar à Antananarivo, de Moroni à Ouagadougou, une même dynamique traverse le
continent :
Les peuples refusent la misère et l’oppression.Ils exigent justice, dignité, liberté et bonne
gouvernance.Ils réclament que leurs institutions régionales les écoutent, plutôt que de les
condamner.
“L’avenir de l’Afrique se joue maintenant. Il ne se construira pas sur la répression, la
confiscation du pouvoir et les sanctions injustes, mais sur la souveraineté populaire, la dignité
et la liberté.”
Nous faisons appel aux forces progressistes et aux peuples africains et de l’océan Indien en
particulier à exprimer notre solidarité avec le peuple frère de Madagascar et appelons à une
transition exemplaire qui inspirera tout le continent.
Me Said LARIFOU
Avocat International et Panafricaniste
Président du RIDJA-PACTEF
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