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SÉNÉGAL – 500 ans de présence militaire française : une histoire qui s’achève le 17 juillet 2025 par Maodo Ba Doba

La fin d’une influence et d’une présence militaire de plus de 500 ans: le départ des troupes françaises du Sénégal ce jeudi 17 juillet 2025.
La France remet officiellement la base militaire de Ouakam aux autorités sénégalaises, mettant un terme à plus de 500 ans d’histoire militaire française sur le sol sénégalais. Cette décision découle d’une volonté politique affirmée par le Président Bassirou Diomaye Faye qui, dès novembre 2024, déclarait: «J’ai instruit le Ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entre autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal dès 2025.». Cette rupture avec l’héritage colonial répond à une promesse de campagne: recouvrer une souveraineté nationale totale, tant symbolique que stratégique.
Les origines historiques de la présence militaire française au Sénégal remonte au début des temps modernes. En effet, l’installation militaire française au Sénégal ne peut être comprise sans revenir à la reconfiguration géopolitique du XVe siècle. En 1453, la prise de Constantinople par les Ottomans ferme les routes terrestres vers l’Orient aux puissances européennes. En réponse, ces dernières se tournent vers l’Atlantique, ouvrant une ère d’exploration maritime avec l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique en 1492 et la découverte de nouvelles routes commerciales en Afrique et en Asie par les Portugais et les Espagnols. Dès 1569, les Français établissent un comptoir à Saint-Louis, puis s’installent à Gorée, deux bases essentielles au commerce triangulaire. Le dispositif militaire français s’implante pour protéger les intérêts commerciaux, mais aussi pour concurrencer d’autres puissances européennes, notamment les Britanniques, avec lesquels la France alterne conquêtes et pertes de territoires, notamment durant la guerre de Sept Ans (1756-1763).
Cependant, l’armée française passe du commerce à la conquête par la militarisation de la colonisation. Autrement dit, avec la révolution industrielle du XIXe siècle, la France colonialiste cherche à sécuriser ses approvisionnements en matières premières. À partir de 1820, Saint-Louis devient une base militaire stratégique. La conquête militaire prend un tournant décisif avec l’arrivée du général Louis Faidherbe (1854-1865), nommé gouverneur du Sénégal. Il développe une infrastructure militaire (forts, routes, garnisons) et mène des campagnes violentes contre les royaumes sénégambiens. Des villages entiers sont brûlés par l’armée française surtout dans le Walo, le Djolof et le Cayor en faisant des milliers de victimes. Ces actions, qualifiées par certains députés français comme des crimes de masse, sont dénoncées notamment par Georges Clémenceau: « La conquête est toujours l’asservissement d’un peuple et toujours injuste » (30 juillet 1885). Mais, Jules Ferry (dont son nom porte toujours une rue à Dakar) défend la colonisation au nom d’une prétendue mission civilisatrice, justifiant l’usage de la force pour sécuriser les routes commerciales notamment le fleuve Sénégal et étendre l’influence française vers l’intérieur du continent.
La consolidation de la domination française passe par la création, en 1857, des Tirailleurs sénégalais, un corps de soldats africains utilisé dans toutes les campagnes coloniales françaises, puis dans les deux guerres mondiales. Après la défaite de 1870 contre la Prusse, le projet de « force noire », promu par Charles Mangin en 1910, ambitionne de combler le déficit démographique français face à l’Allemagne par un recrutement massif de troupes africaines. En revanche, cette mobilisation prend des allures de répression. Avec le concours de Blaise Diagne, commissaire général au recrutement en 1914, l’armée française organise des rafles et massacres dans les villages réfractaires, accentuant la brutalité du système colonial pour un recrutement forcé.
Dakar devient le carrefour stratégique de l’Empire français. En effet, le Sénégal prend un rôle stratégique au sein de l’empire colonial français: Dakar devient la capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) en 1902. Sa base navale devient un pivot essentiel de la marine française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dakar, alors fidèle au régime de Vichy, est la cible d’une tentative de prise par les forces anglo-gaullistes en septembre 1940. À la fin du conflit, les Tirailleurs sénégalais, démobilisés, sont rassemblés au camp de Thiaroye. Lorsqu’ils revendiquent leur solde, ils sont massacrés par l’armée française, en décembre 1944. Cet épisode tragique reste gravé dans la mémoire collective sénégalaise.
La présence militaire française devient une coopération militaire à l’indépendance voire la continuité postcoloniale. Après l’indépendance du Sénégal en 1960, la France et le Sénégal signent des accords de coopération militaire. Ceux-ci permettent la formation de l’armée sénégalaise, son équipement, et le maintien de bases militaires françaises stratégiques, comme le camp Geille à Ouakam, ou l’escale aérienne militaire de l’aéroport Léopold Sédar Senghor à Dakar. Cette présence est régulièrement justifiée par la formation des militaires africains et plus récemment par la lutte contre le terrorisme au Sahel. Toutefois, l’inefficacité de cette présence face aux menaces régionales, combinée aux critiques d’ingérence militaire dans les affaires africaines par l’implication dans les coups d’Etat militaires, ont ravivé les demandes de retrait.
C’est dans ce contexte que le Président Bassirou Diomaye Faye annonce, le 28 novembre 2024, que la présence de bases étrangères est incompatible avec la souveraineté nationale. Cette déclaration survient à l’occasion de la commémoration du massacre de Thiaroye: « Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain. » Ainsi, ce jeudi 17 juillet 2025, le Sénégal tourne la page de plus de 60 ans de présence militaire française post-indépendance, et de plusieurs siècles d’influence coloniale. Les bases françaises de Dakar sont remises à l’État sénégalais. Parallèlement, le Sénégal diversifie ses partenariats stratégiques. La coopération militaire avec la Chine s’inscrit dans cette volonté de redéfinir les alliances du pays en fonction des enjeux géopolitiques contemporains.
En somme, la présence militaire française au Sénégal n’est pas seulement une trace du passé colonial: elle est le produit d’une histoire complexe faite de conquêtes, de répression, de stratégies économiques et de résistances pour servir les intérêtsstratégiques et vitaux de la France. Le retrait de ces troupes en 2025 symbolise la fin d’une époque et marque la volonté du Sénégal de reprendre pleinement le contrôle de sa souveraineté.
Maodo Ba Doba
Historien militaire contemporain,
Professeur en Études stratégiques de défense et politiques de sécurité.
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SÉNÉGAL – Visite officielle : Le Pr Bassirou Diomaye Faye à l’Élysée, vers une nouvelle ère diplomatique entre Dakar et Paris (par Maodo Ba Doba)

La visite officielle du Président Bassirou Diomaye Faye à l’Élysée entamée aujourd’hui nous permet de penser une probable nouvelle doctrine diplomatique française vis-à-vis du Sénégal. Le Président sénégalais salue l’accueil du Président français Emmanuel Macron et réaffirme la volonté de renforcer la coopération bilatérale à travers cette déclaration: « Ce petit-déjeuner nous a permis d’échanger sur la revue du portefeuille de nos programmes de coopération et de réaffirmer notre volonté commune de renforcer la relation bilatérale dans des domaines tels que l’investissement, le commerce, la défense et la sécurité ».
Les axes de cette coopération semblent donc porter sur l’investissement, le commerce, la défense et la sécurité, l’éducation et la culture ainsi que le développement et l’aide humanitaire. Dès lors, après des siècles de domination coloniale et néocoloniale, la France cherche à maintenir son influence stratégique et à conserver le Sénégal comme pivot géopolitique en Afrique de l’Ouest, face à la concurrence de la Chine, de la Turquie et la Russie voire des BRICS surtout après les fructueuses visites officielles d’ Ousmane SONKO. Le Président Macron déroule ainsi le tapis rouge au seul acteur géopolitique de la région ouest-africaine avec des institutions politiques, économiques et militaires solides pour rester dans une logique de diplomatie compétitive en s’appuyant sur le Sénégal.
Toutefois, les militaires français ont officiellement quitté le Sénégal fin juillet 2025, mettant fin à une présence militaire permanente de plus de deux siècles suite à une demande du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Il s’agit moins d’un retrait que d’un réalignement stratégique dont la France doit désormais assurer une présence basée sur son attractivité culturelle, éducative et économique. Cela veut dire que le soft power doit l’emporter sur le hard power. La politique de hard power, dont les termes sont vulgarisés par de grands politologues, géopolitologues ou historiens militaires contemporains tels que Raymond Aron, Emmanuel Todd ou Zbigniew Brzezinski, est un pouvoir basé sur la force, la contrainte ou les incitations matérielles. En résumé, c’est la politique de la « carotte ou du bâton », basée sur une obéissance par la force en collaboration avec des marionnettes africaines. La France a toujours pratiqué cette politique dans ses anciennes colonies, à l’instar des États-Unis dans certains pays du monde. Tels semblent être l’exemple de la guerre en Irak en 2003, l’assassinat de Thomas Sankara en 1987 au BurkinaFaso, la crise ivoirienne pour installer Alassane Ouattara en 2010-2011, les sanctions économiques contre l’Iran ou le Venezuela.
Cependant, le peuple sénégalais souverain opte pour une politique de rupture vis-à-vis de ces pratiques hégémonique occidentales. C’est dans ce contexte que le peuple sénégalais a élu le Président Bassirou Diomaye Faye pour mettre fin à la politique néocoloniale en place depuis 1960. L’aspiration à une indépendance complète, porteuse de progrès significatifs, est la motivation principale de l’élection d’un gouvernement souverainiste avec le projet de rupture de Pastef. A cela s’ajoute une reconfiguration du contexte géopolitique des grands ensembles africains. Donc, la France doit s’adapter dans la mesure où la politique du hard power ne fonctionne plus dans ses anciennes colonies qui ont la détermination d’affirmer leur souveraineté nationale comme au Mali, Burkina Faso, Niger, Centrafrique, le Tchad, voire le Sénégal.
Par conséquent, la visite du Président Faye pourrait faire basculer progressivement la diplomatie française au Sénégal vers le soft power, une politique étrangère basée sur la séduction pour convaincre ou influencer sans recours à la contrainte ou à des sanctions économiques ou militaires. Cela se manifeste par l’attractivité des instituts français, élargissement des domaines des ambassades et consulats (les attachés militaires pour l’espionnage et le traitement des renseignements) sur l’ensemble du territoire sénégalais, les universités et école françaises ou l’installation de grandes entreprises françaises pour un contrôle économique du Sénégal. À cela s’ajoute une présence française de plus en plus visible auprès des lutteurs comme Modou Lo, roi des arènes, démontrant une volonté d’avoir une visibilité sur la scène politique sénégalaise pour défendre ses intérêts stratégiques et vitaux dans le pays et la sous-région. Cela illustre bien la nouvelle diplomatie du soft power français au Sénégal.
Maodo Ba Doba
Historien militaire contemporain,
Professeur en Études stratégiques de défense et politiques de sécurité.
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SÉNÉGAL – Pourquoi nos champions se cachent -ils? Par Thione Niang

L’Amérique nous a fait rêver avec ses modèles et ses histoires de réussite. Elle nous a donné la conviction que tout est possible. C’est pourquoi tant de personnes aspirent encore à y aller — parce que cette culture inspire à faire plus, croire plus, devenir plus.
Mais en Afrique, trop de nos enfants meurent dans l’océan en tentant de fuir — non pas parce qu’ils n’aiment pas leur pays, mais parce que nous avons échoué à les faire rêver ici. Ceux qui devraient être leur source d’inspiration — nos entrepreneurs, innovateurs et champions — sont souvent contraints de se cacher au lieu d’être célébrés.
Dans toutes les grandes économies du monde, on retrouve un dénominateur commun : des champions.
Ce sont les entrepreneurs, innovateurs et leaders économiques qui prennent des risques, créent des emplois, inspirent les communautés et soutiennent les gouvernements dans la construction d’un avenir plus fort. De la Silicon Valley aux États-Unis aux pôles industriels en Asie, les champions sont célébrés, soutenus et reconnus comme des moteurs essentiels du progrès.
Mais chez nous, en Afrique, trop souvent, l’histoire est différente.
Au lieu d’être célébrés, les entrepreneurs sont parfois regardés avec suspicion. Le succès devient une source d’envie plutôt qu’une source d’inspiration. Ceux-là mêmes qui bâtissent des entreprises, qui emploient d’autres personnes et qui prennent des risques que peu oseraient assumer — sont trop souvent perçus de manière négative.
En conséquence, trop de nos champions se cachent. Ils gardent un profil bas, évitent l’attention, car ils savent que la visibilité peut faire d’eux des cibles. Et quand les champions se cachent, ce sont des communautés entières qui perdent. Nous perdons des modèles pour la prochaine génération. Nous perdons des opportunités de création d’emplois. Nous perdons l’énergie collective qui pourrait élever nos économies à un niveau supérieur.
Aucun pays ne s’est jamais développé en détruisant ses bâtisseurs. Les économies ne grandissent que lorsque les entrepreneurs sont encouragés à prospérer — lorsqu’ils sont reconnus comme des partenaires essentiels du développement national, et non comme des menaces.
Nous devons célébrer nos champions. Nous devons raconter leurs histoires, soutenir leurs efforts et rendre l’entrepreneuriat honorable. Car sans eux, la pauvreté persistera, la dépendance s’aggravera et nos peuples continueront de manquer d’opportunités.
La vérité est simple : si nous voulons des économies plus fortes, nous avons besoin de champions plus forts. Et ces champions ne peuvent être forts que s’ils sont soutenus par leurs communautés et par leurs gouvernements.
Pourquoi le succès est-il parfois perçu comme une menace dans nos communautés ?
Comment pouvons-nous apprendre à célébrer nos bâtisseurs au lieu de les abattre ?
Thione Niang
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SÉNÉGAL – Ousmane Sonko n’appartient plus seulement au Sénégal mais toute l’Afrique par Narcisse…

Par le biais des réseaux sociaux, ce 5 août 2025, j’ai appris l’arrivée en Turquie de mon frère aîné, le président du parti PASTEF – Les Patriotes du Sénégal, et Premier ministre de la République du Sénégal, Monsieur Ousmane Sonko.
Plus tard dans la soirée, grâce à certains jeunes patriotes sénégalais résidant en Turquie, j’ai pu consulter le communiqué officiel émanant de l’ambassade du Sénégal en Turquie, relatif à cette visite officielle.
Selon ce communiqué, je cite :
«À l’occasion de la visite du Premier ministre, ce dernier rencontrera la diaspora sénégalaise».
Il est ensuite précisé que, pour des raisons de capacité d’accueil de la salle prévue, seules les fédérations et associations sénégalaises de Turquie, les étudiants sénégalais, ainsi que les Sénégalais en situation irrégulière, seront reçus par le Premier ministre Ousmane Sonko, par ailleurs président national du PASTEF.
Or, à aucun moment il n’est fait mention d’une rencontre avec les ressortissants africains vivant en Turquie.
Ce silence interroge profondément.
Monsieur Sonko n’est pas seulement le Premier ministre du Sénégal.
Il est, avec son excellence le président Bassirou Diomaye Faye, l’un des principaux artisans d’un projet politique résolument panafricain, porté par le PASTEF.
Ce projet, fondé sur la souveraineté, la solidarité africaine et l’unité des peuples du continent, a suscité une adhésion massive au-delà des frontières sénégalaises.
Dans ce contexte, comment comprendre que ni le protocole du Premier ministre ni l’ambassade du Sénégal en Turquie ne prévoient une rencontre avec les leaders panafricains ou les communautés africaines résidant en Turquie ?
Pourquoi chercher à réduire Ousmane Sonko à un rôle strictement national, alors même que sa stature dépasse de loin les limites du Sénégal ?
Pourquoi restreindre le nombre de participants à 10 voire 20 personnes par délégation, alors que cette visite représente une opportunité historique de rassembler les forces vives africaines autour d’une même vision ?
Faut-il y voir une volonté de freiner la dynamique panafricaine du projet incarné par Sonko ?
Ou bien s’agit-il d’une directive émanant de lui-même ?
Si tel est le cas, je me permets humblement de dire qu’il s’agirait d’une erreur.
Monsieur Ousmane Sonko ne s’appartient plus.
Il n’appartient plus seulement au Sénégal.
Il appartient à l’Afrique.
Il appartient à cette jeunesse africaine qui croit encore aux valeurs de justice, de liberté, de dignité et d’unité continentale.
Chacune de ses apparitions publiques, chacun de ses déplacements à l’étranger est perçu comme un signal fort, une source d’espoir, un test de la cohérence entre ses discours et ses actes.
Pourquoi alors le priver de cette communion légitime avec les patriotes africains de Turquie ?
Pourquoi marginaliser ceux qui, au-delà des clivages nationaux, œuvrent pour un idéal continental commun ?
Seuls les responsables de l’ambassade du Sénégal à Ankara ainsi que le protocole du Premier ministre peuvent apporter des réponses claires à ces questions.
Pour ma part, en tant qu’Africain, jeune leader panafricain, j’aurais souhaité pouvoir être invité à cette rencontre, pour échanger et communier avec mon aîné dans le combat panafricain.
Malheureusement…
Narcisse Nganchop
Président des Patriotes Africains du Cameroun pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PACTEF)
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