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CULTURE

CÔTE D’IVOIRE : Usher Aliman « Le zouglou doit rester insoumis ».

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Usher Aliman est un journaliste originaire d’Eboinda au sud-est de la Côte d’iVoire.  Il est titulaire d’une maîtrise des sciences et techniques de la communication et d’une licence de Lettres modernes. Il exerce le métier de journaliste depuis 2002. Il a commencé ma carrière de journaliste au magazine Top Visages. Il y était le responsable de la célèbre page Top potins. Il a, plus tard, également occupé le poste de secrétaire général de rédaction du magazine. Il a été Rédacteur en chef du magazine télé « Dimanche de foot » sur RTI 1. Il est chroniqueur radio sur Fréquence 2. Il est également auteur d’œuvres sur les cultures urbaines africaines, dont il nous parle dans cet entretien.

Ze-Africanews.com : Comment est née l’idée d’écrire sur le coupé ç- et le zougou ?
Usher Aliman : L’idée d’écrire un livre sur l’histoire du coupé-décalé est partie d’une enquête journalistique toute simple : en 2003-2004, les créateurs du coupé-décalé étaient reconnus comme les maîtres du « travaillement » (distribution publique de billets de banque). Ils dépensaient des sommes folles à chacune de leurs sorties. La curiosité journalistique m’a poussé à faire une enquête sur l’origine de l’argent des créateurs du coupé-décalé et surtout pourquoi ils le gaspillaient aussi facilement. Au fil de l’enquête, au fil des années, les révélations, les confessions, les découvertes étaient tellement nombreuses qu’elles ne pouvaient pas tenir dans un article de presse ni même dans un journal entier. J’ai alors décidé d’aller plus loin dans mon enquête pour en faire un livre. ‘’Douk Saga ou l’histoire interdite du coupé-décalé, un destin fracassé’’ est né après une enquête qui a duré dix ans.

Dites nous-en plus sur le livre ?
Le livre raconte l’histoire du coupé-décalé avec en filigrane, le parcours de vie de Douk Saga. Pour parler de Douk Saga, je dirai que c’était un personnage haut en couleurs, très imprévisible mais avec la main sur le cœur. Enfant, Douk Saga a côtoyé le luxe sans pouvoir en jouir. Une fois adulte, il a voulu rattraper toutes ses frustrations d’enfance. Pour l’avoir côtoyé, je puis vous dire que c’est quelqu’un qui adorait le luxe et qui avait une très haute estime de lui-même. L’autre chose que je retiens, c’est qu’il était très intelligent et savait exactement là où il voulait arriver et comment y arriver. Dommage qu’il ait eu ce destin d’étoile filante.

Pourquoi « destin fracassé » ? Que doit-on retenir de Douk Saga ?
Destin fracassé parce que Douk Saga est mort dans la fleur de l’âge, au sommet de sa gloire. Maintenant la question est : a-t-il lui-même fracassé son destin ou quelqu’un d’autre l’a-t-il fait ? Les réponses se trouvent dans le livre.

« Dans le coupé-décalé, si le public ne veut plus d’un artiste, il disparait presqu’aussitôt de la scène. »

Quelle est l’influence de rythme sur la jeunesse ivoirienne, voire africaine ?
Au-delà du coupé-décalé musique qui fait danser l’Afrique et sa diaspora, il y a le coupé-décalé phénomène de société qui influence bien des jeunes. Je vous donne un exemple : avant l’avènement du coupé-décalé, les jeunes Ivoiriens se referaient beaucoup aux deux Congos en matière de mode, d’habillement. On déplaçait des Congolais pour venir faire des shows d’habillement pour les ivoiriens. Avec les coupé-décalé, les Ivoiriens osent eux-mêmes leur propre style vestimentaire. Cette audace vestimentaire, ce sont les créateurs du coupé-décalé qui l’ont eu en premier. Autre chose, aujourd’hui le phénomène du «broutage » (arnaque sur internet) a pris de l’ampleur et on accuse les créateur du coupé-décalé de l’avoir inventé. Mon livre explique en quoi le coupé-décalé influence (volontairement ou pas) le phénomène du broutage.

Certains n’hésitent pas à critiquer le coupé décalé : musique assourdissantes, textes sans intérêt, voire grossiers ?
Il y a du vrai dans ces critiques. Mais après, le public est juge seul. Depuis l’avènement du coupé-décalé, des dizaines de stars sont nées avant de tomber dans l’oubli parce que le public n’en voulait plus. Dans le coupé-décalé, si le public ne veut plus d’un artiste, il disparait presqu’aussitôt de la scène. Combien d’artistes coupé-décalé ont été tout en haut de l’affiche avant de tomber dans l’oubli le plus total ? Des dizaines. L’autre chose que je veux dire, c’est qu’à la base, le coupé-décalé est festif dans son ADN. Il a été créé pendant la première guerre civile en Côte d’Ivoire pour distraire, pour faire oublier les affres de ce conflit. Le zouglou qui est un autre genre musical ivoirien est plus enclin et faire des textes pour conscientiser. Les textes grossiers dans le coupé-décalé se sont surtout multipliés ces dernières années. Bien sûr, il faut les dénoncer et les condamner parce qu’il y a des enfants qui écoutent ces textes. Au besoin censurer tous les textes grossiers, si tant est qu’on peut censurer un artiste à l’ère d’internet.  

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Usher Aliman, auteur et journaliste.

Qu’en est-il du livre sur le zouglou, ‘’Espoir 2000, les secrets d’un zouglou insoumis’’ ?
L’idée m’est venue en 2014, soit une année avant la célébration du 25e anniversaire du zouglou. Je voulais écrire l’histoire de la génération zouglou (des créateurs du zouglou jusqu’aux zouglous de la première et deuxième génération). Je voulais écrire cette histoire avec le parcours du groupe zouglou Espoir 2000 en fil rouge parce qu’au départ ce groupe était le creuset de plusieurs talents zougloutiques. De nombreuses stars du zouglou actuel étaient membres du groupe Espoir 2000 avant de voler de leurs propres ailes.  

Le livre raconte l’histoire de la génération zouglou avec le parcours d’Espoir 2000 ?
Le zouglou, genre musical né sur les campus universitaire ivoirien a vocation à porter les revendications sociales des laissés-pour-compte, du bas peuple. Généralement ce zouglou-là n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de cracher ses vérités aux gouvernants. Ce zouglou-là n’a jamais été soumis ni dompté. Quels que soient les régimes qui se succèdent en Côte d’Ivoire, les artistes zouglous ont toujours dénoncé la mal-gouvernance, les détournements de fonds les enrichissements illicites, la corruption endémique, les délits d’initiés etc. Et à mon avis le zouglou doit rester insoumis parce qu’il est l’un des rares porte-voix encore crédibles en Côte d’Ivoire.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je travaille en ce moment sur deux autres livres. Je travaille également sur un documentaire consacré à l’artiste Meiway et au zoblazo. Pour ce faire j’ai dû aller faire la formation ‘’Devenir un pro de la télé’’ dispensée par Galaxie Africa (structure productrice de l’émission télé ‘’Réussite’’), en collaboration avec Canal+ et Vivendi.

 

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CÔTE D’IVOIRE – La cheffe Sonia Marty Sokouri brille à la Private Chef World Cup 2025

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À table ! C’est l’heure de l’attiéké sublimé à l’huile d’argan. Premier concours international à valoriser le métier de chef à domicile, la Private Chef World Cup s’est tenue du 12 au 14 septembre 2025 au Village International de la Gastronomie, dans le 7ᵉ arrondissement de Paris. Imaginée par le chef et auteur Cyril Rouquet-Prévost, cette première édition a réuni treize talents venus des cinq continents pour trois jours d’épreuves culinaires exigeantes et créatives. Parmi eux, l’Ivoirienne Sonia Marty Sokouri, cheffe à l’énergie solaire, a décroché la deuxième place, juste derrière le Cambodgien Sao Sopheak. Live food and good vibes !

Cheffe Sonia Marty : première participation, premier exploit
Tout commence le 12 septembre 2025, au pied de la Tour Eiffel. Trois jours durant, les candidats ont rivalisé d’inventivité et de savoir-faire. Au terme d’une compétition haute en saveurs, la cheffe franco-ivoirienne Sonia Marty Sokouri a manqué la première marche du podium d’un souffle, derrière Sao Sopheak, fort de ses 17 années de carrière. Une performance d’autant plus remarquable que le concours avait initialement rassemblé 120 participants. Entrée dans l’univers gastronomique il y a seulement trois ans, Sonia Marty signe déjà un parcours très enviable.

Sonia Marty, seule Africaine dans le tercet final
Originaire de Côte d’Ivoire, Sonia Marty Sokouri puise son inspiration dans les richesses culinaires du Grand-Lahou. Sa capacité à marier subtilement les épices ivoiriennes aux codes de la haute gastronomie française a séduit le jury. “Cette victoire a une saveur particulière : il y a moins de trois ans, je choisissais de me reconvertir dans le milieu culinaire. Aujourd’hui, cette reconnaissance me rappelle que ce n’est que le début d’un long chemin, plein de passion, d’engagement et de belles aventures à venir”, confie-t-elle. Formée à l’École des Arts Culinaires Lenôtre, Sonia Marty a affûté son savoir-faire dans des établissements prestigieux comme le Jules Verne ou le Pré Catelan. Portée par sa passion pour les produits locaux et les cuisines africaines, elle a lancé Black Culinaria, une initiative valorisant les chefs afro-descendants.

Quand Sonia Marty métisse la gastronomie française
En demi-finale, elle a séduit avec un menu tout en audace. Entrée : carpaccio de dorade et graines de niébé, bouillon d’adjovan à la citronnelle et à la verveine. En plat : paleron de bœuf au barbecue, mariné aux épices kankan façon choukouya, sauce à l’ail noir et réduction de jus de viande. Et en dessert : biscuit à la cuillère imbibé au jus de tamarin, crème mascarpone au yaourt, carpaccio de mangues et gelée de tamarin. Et puis quand vint le jour de la finale, elle a relevé la barre avec, en plat de résistance : saumon et gambas snackés à l’huile rouge de palme, sauce du pêcheur, accompagnés d’attiéké à l’huile d’argan, raisins secs et éclats de cajou. Et un somptueux dessert : mousse au chocolat au cacao de Madagascar, tuile croquante à la farine de niébé, curd fruit de la passion à la vanille de Madagascar.

L’inclusif au cœur de la Private Chef World Cup
Les candidatures, ouvertes le 15 juillet, l’étaient à tous, sans distinction. L’événement s’est distingué par son exigence et son esprit d’inclusion. Les candidats devaient relever deux grands défis : préparer un menu pour deux avec des ingrédients imposés et des techniques précises (barbecue, fumage, réchauffe), puis créer en public un plat et un dessert en moins de deux heures. Le jury, composé de professionnels renommés tels que Valentin Néraudeau et Logan Laug, a mis en avant créativité, engagement et excellence technique. La présence de Guillaume Gomez, ambassadeur de la gastronomie française, et de la marraine Anne-Laure Descombin a donné à l’événement son éclat prestigieux et convivial.

Le salon SERBOTEL en ligne de mire
Cette belle performance n’est que le début d’une aventure prometteuse. Au-delà du concours, Sonia Marty Sokouri a pu mesurer ce qu’on appelle le “haut niveau” de la gastronomie mondiale. Elle sera de nouveau à l’honneur le 19 octobre 2025, lors du Trophée Mondial du Meilleur Plat Français, organisé par l’Association des Chevaliers de la Gastronomie Française, au salon SERBOTEL, Parc des Expositions de la Beaujoire. Bon appétit !

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CAMEROUN – Pit Baccardi signe son come-back à l’Olympia

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Vingt-cinq ans de rap. Un quart de siècle de compétition et de création. À 47 ans, Pit Baccardi, de son vrai nom Guillaume N’Goumou, né à Yaoundé, revient à Paris le 25 septembre 2025 pour un concert-anniversaire à l’Olympia. Figure incontournable du rap francophone, pionnier du Secteur Ä et producteur visionnaire, il célèbre une carrière qui a marqué plusieurs générations.

L’Olympia accueillera ce soir-là une véritable rétrospective : un voyage à travers ses quatre albums, enrichi d’une dizaine de collaborations et d’une influence diffuse qui irrigue le rap francophone depuis plus de deux décennies. Fidèle à son style, Pit Baccardi s’est imposé comme l’un de ceux qui ont su tenir le cap contre vents et modes passagères.

Très tôt orphelin de mère, il est élevé par sa grand-mère au Cameroun. En 1982, il rejoint son père en France avant de repartir quatre ans plus tard. Son adolescence oscille entre Yaoundé et Paris, entre scolarité et fréquentations de rue. En 1995, il intègre le collectif ATK, où son flow grave et ses textes aiguisés retiennent l’attention. L’année suivante, il entre dans la galaxie Time Bomb. Aux côtés d’Oxmo Puccino, Lunatic ou X-Men, il forge sa réputation dans les freestyles et sur des compilations devenues cultes.

Membre fondateur du collectif Secteur Ä, qui symbolise pour beaucoup l’âge d’or du rap français des années 2000, Pit impose un rap à la fois introspectif et engagé. Installé durablement en France à la fin des années 90, il s’affirme comme une voix forte de la scène, sans céder aux tendances éphémères. Son premier album solo (1999), puis Le Poids des Maux (2002), restent des jalons essentiels pour une génération en quête d’identité à travers le rap.

Mais si Pit Baccardi est aujourd’hui auréolé du respect dû aux vétérans, c’est aussi parce qu’il n’a jamais limité son rôle à celui de rappeur. En 2013, il fonde Empire Company, un label qui devient tremplin pour une nouvelle vague d’artistes camerounais (Magasco, X Maleya, Duc Z). En 2018, son projet POWER fédère les voix montantes de la scène urbaine africaine (Locko, Tenor, Mink’s, MIMIE). En 2020, sa nomination à la tête d’Universal Music Africa confirme son flair et son sens du collectif. Plus récemment, il crée Gold Prod à Abidjan, un label où se rencontrent sa vision artistique et son instinct entrepreneurial.

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Loin de se reposer sur ses lauriers, Pit Baccardi poursuit ses explorations. Après un showcase intimiste à Abidjan en décembre dernier, il enchaîne les coups d’éclat : Chiffres Romains, en duo avec son frère Dosseh (mai 2025), puis Feu (juin 2025), un titre audacieux aux textures inédites. Comme un pied de nez à l’usure du temps, il prouve une fois de plus sa capacité à se réinventer.

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CAMEROUN – Le jour où Ben Decca a cassé l’Olympia

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On imagine mal comment un artiste presque septuagénaire peut encore réussir un tel exploit. Et pourtant, le 4 mai 2025, Ben Decca, le roi du makossa, a enflammé Paris. Son nom s’affichait en grandes lettres rouges au fronton du mythique Olympia. Après plus de quarante ans de carrière et de succès, c’était une première pour lui dans cette salle légendaire – une première qui avait tout d’une consécration. Deux heures de show ininterrompu, offertes à un public conquis.

Le makossa, un succès populaire
Né à Douala, Mouangue Eyoum Victor, alias Ben Decca, est ce qu’on peut appeler la mémoire vivante de la musique camerounaise. Pour ses fans, qui l’appellent affectueusement “Papa Ben”, il est ce parent proche dont la voix résonne dans les souvenirs intimes de chacun. Dès que l’on entend le makossa, ce rythme urbain né à Douala dans les années 1950, on pense spontanément à lui. Ses titres – Ye Te Na Oa (1982), Souffrance d’amour, ou encore les refrains de son vingtième album repris lors des mariages et bals africains – sont devenus partie intégrante du patrimoine musical camerounais. Avec vingt-cinq albums et plus de cent cinquante chansons à son actif, Ben Decca a contribué à rendre immortel le makossa, qui résiste encore et toujours à l’usure du temps.

À l’Olympia, Ben Decca a fait le show en grand
Le chanteur camerounais a livré une prestation millimétrée, soutenue par des musiciens d’exception, à commencer par le maître de la basse, Étienne Mbappé. La machine était parfaitement huilée, et le live – du début à la fin – a touché les cœurs avec intensité. Entouré de son orchestre, Ben Decca a revisité ses classiques intemporels, tout en réservant de belles surprises. Parmi elles : la présence de Locko, de Lemo, nouvelle voix de l’afrobeat, et de Gaëlle Wondje. De ce rendez-vous entre Ben Decca et l’Olympia, il reste plus qu’un simple concert : la reconnaissance. Celle d’un artiste qui, depuis plus de quatre décennies, a fait danser, pleurer et rêver toute une diaspora. Et celle d’un genre musical, le makossa, qui continue d’imposer sa pulsation chaloupée face aux modes passagères.

Une production signée Mastatik
L’événement a été porté par Mastatik Records, le label fondé par Masta Premier, devenu en quelques années un passeur essentiel entre les scènes africaines et européennes. Après avoir accompagné Suspect 95, Locko ou Salatiel, la structure a offert à Ben Decca une scène à la mesure de son héritage.

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