CULTURE
Amadou Lamine Sall ouvre la voie aux jeunes talents – Sénégal Njaay – Senegal-njaay.com

Une discussion profonde et captivante avec Amadou Lamine Sall, éminent poète sénégalais, révélant sa décision de céder les Rencontres Poétiques Internationales de Dakar à la jeune génération. Cette entrevue passionnante dévoile les raisons, les défis et les espoirs que le poète a pour l’avenir de la poésie au Sénégal et dans le monde.
Propos recueillis par Fatou Kiné Sène, Cheffe du Service Culture et Loisirs Société Nationale-Agence de Presse Sénégalaise (SN-APS)
1- Vous semblez annoncer votre retraite en cédant les Rencontres Poétiques Internationales de Dakar aux jeunes poètes ?
Oui, mais le mot « retraite » n’est pas le bon mot. Je m’efface pour faire de la place aux jeunes poètes. Il faut et il est temps qu’ils apprennent à dépasser l’espace national pour celui international et mondial. Depuis 1998, j’ai créé et piloté ces Rencontres Internationales de poésie. J’ai fait ce que j’ai pu. J’ai mis en place deux prix importants : le prix international Léopold Sédar Senghor et le prix de la MAPI pour les jeunes poètes. Dakar et le Sénégal ont été montré au monde. Aux jeunes de prouver leur capacité de mobilisation, de rigueur, de travail et d’innovation.
2- Pourquoi cette option ?
Ce n’est pas une option. C’est un désir de céder la place aux jeunes poètes pour qu’ils soient plus visibles et plus motivés.
3- Qu’est-ce qui vous pousse à avoir confiance aux jeunes poètes et en pensant qu’ils pourront perpétuer ce legs ?
Si vous ne faites pas confiance aux jeunes, à qui donc feriez-vous confiance ? Les cycles, il faut les respecter, les laisser s’installer, en espérant que le savoir-faire et le savoir être soient au rendez-vous. Les nouveaux cycles font peur car les nouveaux arrivants sont plombés par des conjonctures économiques et sociales effrayantes, sans compter le plus désastreux : le manque de culture et l’analphabétisme ! Ces deux monstres réunis par le monde, sont l’annonce d’une 3ème guerre mondiale ! Je viens d’apprendre que les États-Unis d’Amérique sont parmi les premiers pays ou l’analphabétisme est le plus élevé chez les Noirs et pire encore chez les Blancs, puisqu’ils sont les plus nombreux ! L’école publique s’est affaissée. Un élève de CM2 au Sénégal, me dit mon interlocuteur américain, est plus cultivé qu’un lycéen américain en classe de terminale. Les enseignants dans le public ont un niveau bas et alarmant insoupçonné. Comment est-ce possible demandais-je pour une première puissance mondiale ? Réponse : le système politique est féroce, dominant, richissime, manipulateur et n’a aucun intérêt à ce que le plus grand nombre des citoyens américains électeurs soient instruits. L’école privée coûte 100 fois la peau des fesses et inaccessible aux pauvres ! Pour revenir à la poésie, à la littérature, à l’écriture, à la dignité humaine tout simplement, il faut du savoir, le respecter et l’acquérir. Nos hommes politiques en Afrique, hélas, en sont les plus démunis. Le pouvoir, l’argent, le paraitre, les tirent vers le bas. Aidons notre jeunesse à être cultivée, à respecter le savoir.
4- Vous avez organisé pendant dix éditions cette biennale de la poésie internationale à Dakar donc cela fait vingt ans d’existence, quel bilan en retenez-vous ?
Un solide et merveilleux bilan : une nouvelle génération de poètes est née et sans âge. Il faut en citer, cela fait du bien : Fally Diaïté Kaba, Moustapha Dieng, Saliou Ndiaye, Arfang Sarr Crao, Abdoulaye Fodé Ndione, Amadou Lamine Ba, Pape Samba Kane si habité, Meïssa Maty Ndiaye, Gorgodio Sow. J’en oublie et des meilleurs. De très grands poètes internationaux ont visité le Sénégal, rencontré et échangé avec son président de la République. Ils sont repartis chez eux fous de notre pays et de son peuple. Des recueils de poésie en nombre ont été édités, publiés, promus. De jeunes poètes ont voyagé loin pour aller découvrir d’autres cultures par la poésie. Des co-éditions réussies ont été réalisées qui ont porté loin la poésie sénégalaise. Des poètes sénégalais ont été distingués à l’étranger et traduits dans des langues étrangères. Oui, le bilan est total. Le Sénégal moderne fondé par un poète a montré au monde que la poésie restait un poste budgétaire important dans la marche de l’humanité, même si elle n’était pas la voix dominante.
5- Qu’est-ce qui a fait le plus votre fierté pour cette organisation que vous avez portée ? Et votre regret ?
Avoir démontré au monde que le Sénégal restait un pays de poésie, d’écriture, de culture. Regret ? Aucun ! Rien que de la fierté dans l’humilité !
6- Pourquoi invitez-vous à une réforme du « Grand Prix du Chef de l’État pour les Arts et les Lettres » après plus de trente ans d’existence?
Vous ne seriez pas tranquille si vous ne m’aviez pas posé cette question ! Avec d’autres confrères, vous avez tellement insisté sur cette question que j’ai abordée dans mon discours d’ouverture au musée Senghor le 13 novembre dernier lors de la 10e édition des Rencontres Poétiques Internationales de Dakar. Je n’ai fait que rappeler l’historique de ce Prix que j’ai initié en 1990 quand j’étais arrivé dans le cabinet du ministre de la Culture du Président Abdou Diouf, notre regretté Moustapha KA. Un esthète ! En même temps que ce Prix, j’avais proposé la création d’une Biennale internationale des arts et des lettres, Biennale que j’ai dirigée durant deux éditions avant de quitter le secrétariat général, remplacé par le très talentueux Rémy Sagna qui hérita d’une Biennale de l’art africain contemporain que l’UE nous imposa, à l’époque. Revenons au Grand Prix du président de la République pour les arts et les lettres. J’avais proposé l’appellation suivante : « Grand Prix de la République pour les arts et les lettres » ! Nous attendions la réponse du Président Diouf. La réponse vint de Monsieur le Secrétaire Général de la présidence de la République de l’époque : Jean Collin. Sa correspondance indiquait : « Grand Prix du président de la République » ! Cette option fut notée et acceptée ! J’ai demandé, pour répondre, à votre question, de retourner à la formule « Grand Prix de la République » ! La République nous gouverne tous et c’est elle seule qui restera après nous ! Je suis un fou de la République ! Elle est sacrée et rien ne doit être au-dessus d’elle ! Mais le plus important que j’ai encore dit et proposé, c’est de doter ce Grand Prix d’au moins 50 millions de FCFA, si ce n’est plus. J’ajoutai que le jury de ce Grand Prix devait également être intraitable, pour ne pas en dire plus ! Un ami a proposé la création du « Grand Prix du plus mauvais livre de l’année » ! Génial ! « Il risque d’être mieux acheté et mieux lu que l’autre », ajoute-t-il, sans rire !
7- Qu’est-ce qui fait la différence avec ce que vous proposez « Grand prix de la République… » ?
J’y ai déjà répondu !
8- Vous demandez aussi la mise en place d’un jury soigneusement élu et d’une hausse de la récompense ? Une invite lancée également aux capitaines d’industrie pour la création de Grands Prix ?
J’ai déjà, en partie, répondu à cette question. ! En revanche, pour ce qui ressort des capitaines d’industrie dont j’ai parlé, il s’agit de les pousser avec leur colossale fortune pour certains, à rester dans l’histoire en créant de Grands Prix internationaux fortement dotés, comme le Nobel et récompensant nombre de discipline. C’est le cas du Prix Goncourt. L’État doit être relayé. A la vérité, un État n’est pas fait pour créer des Prix littéraires ou scientifiques. Des titres et des décorations, oui ! On dit que tout ce que l’État protège, meurt. Ce n’est pas toujours vrai, mais la création de Prix devrait lui être épargné ! J’ai évoqué la très forte vision culturelle et artistique du feu Colonel Kadhafi qui tenait à mettre en place un Grand Prix africain équivalent au Nobel, 10 fois mieux doté et qui récompenserait à la fois les fils de l’Afrique mais aussi tous ceux qui, par le monde, se distinguent par leur génie dans telle ou telle discipline. Je m’étais battu pour ce prix rêvé par Kadhafi et dont il m’avait personnellement parlé à Acra, au Ghana, lors d’un Sommet de l’Union Africaine. J’avais souhaité voir ce Prix mis en place, quand mon cher Président Macky Sall occupait le poste de Président de l’Union Africaine. Toujours marquer l’histoire, élever la pensée, distinguer le savoir.
9- Comment appréciez-vous le fait que le chef de l’État par décret choisit les lauréats du Grand Prix du chef de l’État ?
Il n’y a que vous Fatou Kiné, pour poser une telle question ! Elle aurait pu ne pas être embarrassante, mais elle l’est ! Par contre, ce qu’il faut d’abord savoir et saluer, c’est la générosité du professeur Aliou Sow, ministre en charge de la Culture et du Patrimoine, de vouloir distinguer deux très grandes figures de notre littérature : Cheikh Hamidou Kane et Aminata Sow Fall. Qu’Allah les garde encore longtemps, longtemps parmi nous ! C’est cette forte et si noble symbolique de Monsieur le ministre, qu’il faut retenir et mettre en avant. Mais, on aurait pu agir autrement en sortant de ce décret et de ce Grand Prix, en créant autre chose encore plus puissant, plus original, pour mettre à l’honneur ces deux écrivains. Mais ce qui a été fait est grand, beau et généreux.
10- Le Mémorial de Gorée revient au-devant de la scène, après quelques mois d’incertitude. Vous-même, vous avez eu à faire une sortie sur un supposé abandon du projet. Aujourd’hui la confiance semble-t-elle renaitre après cette audience avec le Chef de l’État ?
Depuis trente ans, je veille, je me bats contre des puissances malveillantes et des pouvoirs qui me dépassent, pour faire bâtir ce projet international, laboratoire des droits de l’homme, pour que plus jamais l’humanité n’assiste à un tel génocide ! Macky Sall, sublime, affectueux, généreux, informé et décisif, m’a tenu la main et dans cette immense obscurité du pouvoir et des jeux d’intérêts inimaginables, sa lampe et sa voix rassurante, ne m’ont jamais quitté. Il devait lui-même inaugurer le Mémorial de Gorée sur la corniche ouest de Dakar avant de quitter le pouvoir. Tout, tout avait été mis en place. Le Diable qui rode est venu subitement s’installer dans un fauteuil qui n’aurait pas dû être là. Je n’ai jamais été autant habité par la douleur, la tristesse, la rage. Échappant au Diable, Macky Sall est redevenu Macky Sall : prévenant, attentif, éveillé, sensible, bon, fidèle à lui-même et à ses principes. Sa noblesse a triomphé ! Je l’ai rencontré et ensemble, avec Dieu, il a éclairé le chemin et libéré toutes ses promesses de réaliser ce projet culturel qui, dans l’histoire, restera son joyau et son patrimoine de la mémoire face aux générations futures. Nous reparlerons mieux de cet homme d’État quand il aura quitté le pouvoir. Il existe un temps qui ne peut être chanté que quand il y a le silence. Le temps des poètes et des écrivains n’est pas le temps des politiques. Puisse le bien et le beau l’emporter sur le mal, la haine, la vengeance ! Ceux qui ne veulent pas se coucher avec le soleil, veilleront mais sans yeux, sans oreille et sans mémoire. Les Sénégalais dorment toujours avec Dieu !
11- A l’Assemblée nationale, le ministre Aliou Sow a parlé d’une délocalisation du projet de son site initial. Vous, vous nous avez parlé de son maintien sur le site de la Corniche ouest ! Qu’est-ce qui a amené ce changement entre jeudi (Assemblée nationale) et vendredi (audience avec le président de la République) ?
Encore du Fatou Kiné ! Indéboulonnable dans ses approches curieuses ! Vous avez l’oreille fine et vous aimez les détails cachés. Vous ne serez pas servie, puisque rien de fondamental ne s’est passé, en vérité. Vous êtes loin d’imaginer combien, depuis Abdoulaye Wade, le site du Mémorial sur la corniche fait saliver des puissances d’argent et des corsaires de haute mer. J’ai failli laisser ma vie dans le combat de préservation de ce site. Notre chance, c’est Macky Sall. Le Président, très vite, a tout compris. Avec l’autorité qu’on lui connait et sa sérénité désarçonnant, il a tout déconstruit. Sa fidélité et son amour pour le projet du Mémorial ont pris le pas sur toutes les avides convoitises. Le Mémorial de Gorée ne saurait rivaliser avec un projet, serait-il générateur de milliards de dollars pour le Trésor public ! Le Président Sall, très vite, a tranché. La culture a triomphé ! La générosité a triomphé. Notre gratitude est infinie. Tout le reste est derrière nous ! Avançons avec le Président !
12- Quels sont les bienfaits de ce Mémorial pour le Sénégal, pour l’Afrique et le monde ?
Ce sont justement ces bienfaits sur lesquels vous m’interrogez, qui ont sauvé ce projet entre les mains d’un décideur politique inspiré, généreux, cultivé et pointilleux sur les enjeux de mémoire. Le Président Macky Sall m’a invité à l’accompagner en Guadeloupe lors de l’inauguration du Mémorial Act, érigé dans les Caraïbes. L’Amérique aussi a bâti son Mémorial à New-York. Restait l’Afrique. Le Président Sall s’est engagé devant son continent, devant le monde à la tribune des Nations Unies, face aux diasporas noires de toutes les couleurs, à fermer le triangle en réalisant au Sénégal, à Dakar, face à l’océan, le Mémorial de Gorée. Il lancera le chantier en janvier 2024. Je demande au futur président de la République du Sénégal de l’inviter à venir, à ses côtés, inaugurer ce monument de la mémoire dont il a été le chef cuisinier ! Le Mémorial de Gorée sera un joyau pour la ville de Dakar. Il sera notre Tour Eiffel de la mémoire, du deuil, du recueillement, du pardon ! Dans sa phase de réalisation comme à son achèvement, il sera un grenier de créations d’emplois. Il sera doté d’un embarcadère avec deux chaloupes. L’une desservant l’île de Gorée depuis la corniche ouest, l’autre, comme l’a voulu le Président Sall lui-même, desservira l’ile des Madeleines qui fait face au Mémorial. Une étude nous révèle que plus de 800 mille personnes visiteront le Mémorial quand il sera inauguré. Un chiffre d’affaires annuel de trois milliards sera généré par les activités du Mémorial : visites, chaloupes, restaurations, parkings, commerce des boutiques, autres dérivés divers et multiformes. Le Mémorial de Gorée est un projet culturel et économique d’envergure internationale jamais réalisée en Afrique. Il sera le phare du Sénégal.
13- Vous critiquez ces prédateurs du site du projet que vous jugez de « manque de culture. L’irrespect au savoir. La rage du seul profit », pourquoi un ton si sévère ?
Il arrive un moment où il faut arrêter la langue de bois et les métaphores poétiques. Trente ans face à des hyènes et des serpents sans pitié, vous transforment un homme. Encore que vous me citiez dans des termes que j’ai voulus dépouillés mais fermes. J’ai appris, même dans la colère et le dépit, à être respectueux. Le manque de culture, l’irrespect au savoir, le combat reptilien d’annihiler et de détruire le projet du Mémorial de Gorée avec tout ce qu’il porte de puissant, de deuil, de recueillement, de respect de la mémoire des millions d’africains morts ou déportés aux Amériques, sont inacceptables et relèvent d’esprits malades et faisandés. Comment un être normalement constitué peut-il combattre un tel projet qui touche ce que l’homme noir a subi de plus tragique et de plus humiliant ? Le Mémorial de Gorée ne relève pas et ne peut pas relever d’un problème d’argent. Il transcende l’argent et le dépasse. Il fait partie de notre âme, de notre passé, de notre avenir dans le pardon et non l’oubli.
14- Les travaux seront lancés en janvier à quelques mois du départ du président Macky Sall Êtes-vous confiant que son successeur va continuer le chantier ?
Ce n’est pas une bonne question. Elle n’a même pas lieu d’être. Ce chantier n’a pas à être continué. Il est. Il continue. Il est son propre métronome. Tous les candidats actuels à l’élection présidentielle de février 2024 militent pour ce projet de mémoire soutenu par la communauté internationale et toutes les diasporas africaines. Comment, par ailleurs, un Chef d’État normalement constitué pourrait-il refuser ou oser renier un tel projet de mémoire voulu, salué et attendu par toutes les femmes, tous les hommes de paix et de concorde ? La culture est notre avenir. La paix notre repos.
15- C’est un projet de 100 milliards. Qui finance ?
Commencez par vérifier vos sources et vos chiffres ! Pourquoi vous raffolez des chiffres ? Toujours l’argent, combien a-t-on dépensé ? Il est des projets culturels, des projets sociaux, des projets économiques dont les fonds qui les sortent de terre sont appelés des « fonds liés » ! Ce qui veut dire que l’argent alloué pour acheter des tomates ne peut pas être utilisé pour acheter de la salade ! Où ce sont les tomates, ou ce n’est rien d’autre. Vous demandez « qui finance ? » Cela ne devrait pas être une question ! Dieu, Macky Sall, les prières des Sénégalais dans leur bonté, les vœux de toutes les diasporas, les fonds internationaux, voilà des pistes pour aller chercher et trouver « qui finance. » Si vous saviez le nombre d’États qui ont proposé de prendre part au financement du projet du Mémorial ! Le Président Sall, dans sa grâce, son pragmatisme, sa générosité et son noble orgueil, a toujours dit : « C’est à nous de bâtir le Mémorial et nous le bâtirons ».
16- Une critique avait été émise par le ministre Abdou Latif Coulibaly dans un de ses ouvrages attirant l’attention sur une ‘’ressemblance confondante’’ des plans architecturaux du futur monument dénommé ‘’Mémorial de Gorée’’ avec ‘’La Tour des Arabes’’, un des principaux éléments de l’attrait touristique de Dubaï, qu’en pensez-vous ?
Je n’en pense rien. Je n’ai pas lu cet « ouvrage » dont vous parlez. Envoyez-moi le titre et la page dès lors que vous avez lu cet ouvrage et la critique que vous évoquez. Laissons Monsieur le ministre Abdou Latif Coulibaly tranquille et avançons. Ce Mémorial nous appartient à tous. Ils nous fédèrent. C’est d’ailleurs ici, pour moi, l’occasion de dire ici merci à tous les ministres de la Culture du Président Macky Sall qui ont, chacun à sa manière et selon son cœur, porté le projet du Mémorial de Gorée. Mes pensées et mes prières infinies vont particulièrement à feu le ministre Abdoul Aziz Mbaye. Un solide et admirable intellectuel, un frère et un ami attachant qui me manque et qui me manque beaucoup, beaucoup, comme Madame Assa Keïta, mon assistante chérie et si bien-aimée qui était la mémoire chantante du Mémorial de Gorée. Dieu, accueille-les donc dans tes jardins les plus parfumés !
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CÔTE D’IVOIRE – Dopelym, symbole d’une unité générationnelle

Dopelym pourrait être décrit comme un artiste à la fois d’ici et d’ailleurs. Avec plus de 110 000 abonnés, plus de 20 millions de streams cumulés et une communauté fidèle, active et bouillonnante – la « Dopeframily » – il s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Didi B ou Himra, avec lesquels il a d’ailleurs collaboré. Mais son style reste unique : plus mélodique, plus réfléchi. Il parle au cœur autant qu’à la tête, mêlant le son et le sens. Le 20 décembre 2025, il sera sur la scène du Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire pour un concert qui s’annonce comme une véritable consécration.
Né à Levallois-Perret, Dopelym – de son vrai nom Dope – est un artiste franco-ivoirien âgé d’une vingtaine d’années. À cet âge, il séduit déjà par la singularité de sa trajectoire artistique. Et comme il aime le dire lui-même, son flow est « le reflet de [sa] réalité ». Sa musique mêle afrotrap, drill et rythmes ivoiriens. Là où d’autres cloisonnent, lui (r)assemble : les beats du 93 rencontrent le nouchi abidjanais et convoquent parfois le créole. Une musique hybride et fédératrice, à l’image d’une génération d’ascendance africaine, fière de ses racines et lucide sur les défis contemporains.
Pourtant, Dopelym n’est pas qu’un artiste : il est aussi étudiant en relations publiques internationales et diplomatie. De quoi surprendre. Le jour, il étudie les mécanismes du dialogue entre les peuples ; le soir, il transforme la scène en un autre espace diplomatique – celui de l’émotion brute. Pour lui, chanter ou rapper, c’est aussi « négocier avec la vie, les doutes, le monde ». Et ce monde, il l’a déjà conquis : du Palais de la Culture d’Abidjan au Mother Africa Festival, en passant par le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, le Canada, ou encore la France, où il s’est produit au Casino de Paris et à l’Olympia aux côtés de Jungeli.
Dopelym n’est pas un inconnu, même s’il cultive la discrétion. À l’heure du streaming à outrance, il s’impose aussi comme une icône digitale. Son clip « Nouveau Départ » cumule des millions de vues sur YouTube, son single « Guala » flirte avec les 8 millions de streams, et son projet “Who Is Døpe?” (2025) dépasse les 5 millions d’écoutes sur Spotify. Des chiffres impressionnants pour un artiste encore dans la vingtaine – fruits d’un savant mélange de sincérité et de stratégie. Là où beaucoup peinent à exister dans la masse des playlists, lui s’impose par une identité visuelle forte et une écriture introspective. Ses textes évoquent la résilience, la quête de reconnaissance, et cette tension intime d’une jeunesse partagée entre loyauté et ambition.
Sur scène, Dopelym ne triche pas. Il donne tout. Son premier grand concert, au Palais de la Culture d’Abidjan, devant 8 000 spectateurs, a marqué les esprits : énergie, maîtrise, sincérité, tout y était. Depuis, il n’a plus besoin d’un marketing tapageur. Sa fanbase solide parle pour lui. Et c’est fort de cette confiance qu’il prépare son prochain grand rendez-vous : le 20 décembre 2025, au Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.
CULTURE
SÉNÉGAL – Dakar célèbre la musique sénégalaise : trois jours de notes endiablées

Sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, «Regards croisés sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise» s’annonce comme une traversée inédite du patrimoine sonore et musical du Sénégal.
Du 27 au 29 octobre, Dakar, la capitale sénégalaise, replongera dans l’histoire de sa musique. Placé sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, cet événement entend revisiter les artistes, les chansons et les courants musicaux qui ont façonné l’identité musicale du Sénégal : du chant des griots aux hybridations contemporaines. Organisé par le Laboratoire Littérature, Langues et Sociétés d’Afrique de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), « Regards croisés » conjugue trois dimensions : la réflexion académique, les performances artistiques et la célébration populaire. Trois jours, trois lieux, trois thèmes pour explorer la trajectoire d’un univers musical qui n’a jamais cessé de se réinventer.
À travers des conférences, projections et concerts, l’événement propose une véritable radioscopie de la musique sénégalaise : ses héritages, ses mutations et ses imaginaires. Le parcours commencera par les premiers foyers musicaux de Rufisque et Saint-Louis, pour remonter jusqu’à la mondialisation du mballax. « Regards croisés » sera une plateforme d’échanges entre artistes, chercheurs, producteurs et journalistes, mais aussi un espace de mémoire et de transmission. Le Professeur Ibrahima Wane, directeur de l’événement, explique : « La musique sénégalaise est un miroir de notre société, un reflet de nos histoires et de nos aspirations. Cet événement est une invitation à comprendre son passé, à célébrer son présent et à imaginer son futur. »
Du 27 au 29 octobre, la musique sénégalaise sera à l’honneur, de Rufisque à Dakar. Tout débutera au Cercle Culturel Maurice Guèye avec une table ronde intitulée « L’héritage musical des premières villes sénégalaises », animée par Sahite Sarr Samb, Yatma Fall, Pape Armand Boye et Rokhaya Daba Sarr (Africa Fête). Le lendemain, le 28 octobre, la Maison de la Culture Douta Seck accueillera une conférence sur « Des airs “typiques” au mballax : visages et usages de la musique sénégalaise », animée par Felwine Sarr, Michael Soumah, Ngoné Ndour et Abdoul Aziz Dieng. Enfin, le 29 octobre, à la Place du Souvenir Africain, sera projeté le documentaire « Le mballax dans tous ses états », suivi d’un échange intitulé « Le mballax, ses éclats et ses écarts », en présence de Dudu Sarr, Moustapha Diop, Abdou Bouri Ba et Maïmouna Dembélé. Pour clore ces trois jours, une grande soirée musicale rétro rendra hommage aux années 1970-1980.
Conçu comme un dialogue entre mémoire et innovation, cet événement s’inscrit dans une réflexion profonde sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il fait écho à la Convention de 2003 de l’UNESCO, dont le Professeur Ibrahima Wane est le référent national. Sous sa direction, « Regards croisés » devient un acte de transmission : il relie les anciens orchestres urbains aux nouvelles scènes digitales, fait dialoguer les générations d’artistes et rappelle que, au Sénégal, la musique demeure une forme vivante de récit collectif. Professeur titulaire de littérature africaine orale à l’UCAD, docteur d’État ès lettres, chercheur et critique, Ibrahima Wane incarne cette articulation rare entre savoir et création. Figure majeure du paysage intellectuel sénégalais,
CULTURE
MALI – Le Festival international Chant des Linguères donne la voix aux femmes africaines

Du jeudi 6 au samedi 8 novembre 2025, à Bamako, les voix féminines africaines feront, pour cette deuxième édition du Festival international Chant des Linguères, vibrer le fleuve Djoliba jusque dans ses rives. Placée sous le thème « La culture, levier et facteur de développement », cette édition sera, une fois encore, l’occasion pour Coumba Gawlo d’affirmer son engagement artistique et social en faveur du continent.
Initiatrice du festival, Coumba Gawlo revient cette année avec un thème fort et porteur de sens. L’événement sera l’occasion de promouvoir les droits des femmes et la protection des enfants, à travers les actions de Go Médias et de l’association Lumière pour l’Enfance – Coumba Gawlo (LPE-GC). Ambassadrice de bonne volonté auprès de plusieurs institutions et ONG, l’artiste voit dans la musique un outil puissant de plaidoyer, de communication et de sensibilisation, capable de transformer les mentalités.
Le Festival international Chant des Linguères est un événement entièrement animé par des femmes. Il porte une ambition claire : faire entendre la voix des artistes féminines sur des enjeux majeurs tels que l’autonomisation économique des femmes, le leadership féminin, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la scolarisation des filles, la santé maternelle et infantile, ou encore la lutte contre les violences basées sur le genre et le mariage précoce.
Coumba Gawlo est née avec une voix au timbre d’or et de cristal. Un don hérité de sa mère, qui la destinait déjà à un brillant avenir. À seulement 14 ans, elle remporte le concours « Voix d’Or du Sénégal » grâce à Soweto, une chanson écrite par son père. En 1990, elle signe chez Syllart Records son premier album, Seytané, qui la fait connaître du grand public. Suivront quatre autres albums. Malgré plusieurs distinctions locales, la consécration internationale tarde à venir. Mais en 1998, à la surprise générale, elle dévoile Yo Malé, une véritable pépite musicale. L’album, sur lequel figure Patrick Bruel, lui vaut un double disque d’or en Belgique et un disque de platine en France. Et le succès ne s’arrête pas là : la chanson Pata Pata achève d’asseoir sa notoriété sur la scène internationale.
Aux côtés de Coumba Gawlo, cette deuxième édition réunira des artistes venues du Mali et du Burkina Faso : Mariam Bâ Lagaré, Djeneba Diaouné, Delphine Mounkoro et Kalam, surnommée la Reine du Kundé, partageront la scène pour célébrer la force, la créativité et la solidarité féminines. Pendant ces trois jours de festivités, le programme s’annonce riche : une conférence de presse inaugurale ouvrira l’événement, suivie, le vendredi 7 novembre à 9 h, d’un forum thématique. Le soir, la musique reprendra ses droits avec un grand concert populaire à la Place du Cinquantenaire. Le festival se clôturera le samedi 8 novembre à 20 h, au CICB, par un dîner de gala placé sous le signe du partage et de l’inspiration.
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