AFRIQUE DE L’EST
RWANDA : Paul Kagamé exige une distribution équitable des vaccins
Le Président rwandais, Paul Kagamé, s’est montré très critique, dans une tribune rendue publique, contre les puissances occidentales qui se sont accaparées les vaccins contre le coronavirus. Il s’est notamment inquiété du nationalisme vaccinal en Europe et en Amérique du Nord où certains pays ont acquis plus de doses qu’ils n’en n’ont besoin.
La course effrénée à l’acquisition des vaccins anti-Covid fait rage. Devant le retard annoncé dans la livraison par certains laboratoires, des pays comme la France et l’Allemagne ont émis l’idée de restreindre l’exportation des vaccins. Une situation qui n’est pas du goût de Paul Kagamé qui dénonce le blocage de l’approvisionnement de plusieurs pays. « Les nations riches et puissantes se sont précipitées pour bloquer l’approvisionnement de plusieurs candidats vaccins. Pire encore, certains accumulent des vaccins et achètent beaucoup plus de doses que ce dont ils ont besoin. Cela laisse les pays africains et autres pays en développement loin derrière dans la file d’attente des vaccins, ou pas du tout », a-t-il dénoncé.
Il existe, selon Kagamé, des signes inquiétants de nationalisme vaccinal en Europe et en Amérique du Nord. Les pressions exercées sur les dirigeants politiques pour qu’ils vaccinent tous leurs citoyens avant de partager des fournitures avec d’autres sont compréhensibles. Mais, il estime que forcer les pays plus petits ou plus pauvres à attendre que tout le monde dans le Nord ait été pris en charge est à courte vue.
A l’en croire, retarder l’accès aux vaccins pour les citoyens des pays en développement est en fin de compte beaucoup plus coûteux. « La pandémie fera rage et paralysera l’économie mondiale. De nouvelles mutations pourraient continuer d’apparaître à un rythme plus rapide. Le monde risque de renverser des décennies de progrès en matière de développement humain et d’éclipser les objectifs de développement durable de 2030 », souligne-t-il.
Dans ce contexte, fait-il remarquer, les milliards de dollars qu’il en coûterait pour distribuer des vaccins dans les pays en développement ne sont pas particulièrement élevés, compte tenu du retour sur investissement. « Cela permettrait de débloquer le commerce mondial, qui profiterait à toutes les nations commerçantes pendant le long chemin de la reprise économique qui nous attend. Nous avons besoin que les chaînes de valeur mondiales soient à nouveau pleinement opérationnelles et qu’elles incluent tout le monde », relève-t-il.
L’année dernière, le monde s’est réuni pour offrir un espace budgétaire supplémentaire aux pays en développement par le biais de l’initiative de suspension du service de la dette au G20. A l’en croire, cela a aidé les gouvernements africains à payer leurs réponses Covid et à fournir une protection sociale supplémentaire, empêchant ainsi les pires résultats. « Nous ne devons pas perdre cet esprit maintenant et céder à une érosion malheureuse de la solidarité mondiale », indique-t-il.
L’installation Covax, dirigée par l’Organisation mondiale de la santé, était censée assurer des doses à 20% de la population africaine – dès le départ et en même temps que les pays plus riches. « Cependant, près de deux mois après l’administration des premiers vaccins, on ne sait toujours pas quand les pays africains pourront commencer à vacciner les personnes, bien que les premières doses puissent commencer à atteindre le continent plus tard ce mois-ci », s’est-il inquiété.
« Que peut-on faire concrètement ? », s’interroge-t-il. Selon lui, le monde riche peut aider les pays en développement à obtenir les mêmes prix équitables qu’ils ont déjà négociés pour eux-mêmes. Une entreprise pharmaceutique prévoit de facturer 37 $ par dose pour les « petites commandes ». « Récemment, un pays africain a déclaré avoir été invité à payer plus du double du prix que l’Union européenne avait négocié pour le même produit », révèle-t-il, ajoutant que lors de catastrophes naturelles, la hausse des prix des fournitures essentielles est illégale. « Il ne doit pas non plus être toléré pour les vaccins pendant une pandémie. Si les prix sont justes et que l’Afrique est autorisée à passer des commandes, de nombreux pays du continent seraient disposés et capables de payer pour eux-mêmes. Mais, étant donné la structure actuelle du marché, ils auront besoin du soutien actif de pays plus puissants pour le faire », estime-t-il.
L’Union africaine et Afreximbank ont mis en place la plateforme de fournitures médicales en Afrique pour aider les pays à obtenir un financement en fournissant des garanties d’engagement anticipé pouvant atteindre 2 milliards de dollars aux fabricants. La plate-forme a négocié une commande initiale de 270 millions de doses, mais, indique-t-il, c’est encore très loin de la couverture de 60% dont l’Afrique a besoin pour parvenir à une certaine immunité collective, et on ne sait pas quand ces fournitures seront disponibles.
Des candidats vaccins de Chine et de Russie sont également mis en ligne et peuvent constituer une alternative pour certains pays en développement. Toutefois, souligne Kagamé, la réalité est que la plupart des pays ne pourront se procurer que des vaccins approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS devrait, selon lui, accélérer les approbations d’utilisation d’urgence des vaccins Covid-19 conformément aux mesures prises par les principaux organismes de réglementation nationaux en Europe et en Amérique du Nord.
« L’Afrique n’attend pas la charité. Nous avons tiré nos leçons du passé. Tout ce que nous demandons, c’est la transparence et l’équité dans l’accès aux vaccins, et non le protectionnisme en cours », a martelé le Président rwandais qui considère que garantir un accès équitable aux vaccins à l’échelle mondiale pendant une pandémie n’est pas seulement une question morale, mais un impératif économique pour protéger le bien-être des personnes partout dans le monde. « Mais quand l’Afrique obtiendra-t-elle la protection dont elle a besoin ? Si toutes les vies sont égales, pourquoi l’accès aux vaccins ne l’est-il pas ? », s’interroge-t-il en conclusion.
AFRIQUE
TANZANIE – La présidente Samia Suluhu crée une commission d’enquête après les violences post-électorales
En Tanzanie, la présidente Samia Suluhu Hassan a annoncé ce vendredi 14 novembre 2025 la création d’une commission d’enquête indépendante chargée de faire toute la lumière sur les décès enregistrés lors des violentes manifestations qui ont éclaté en marge des élections législatives et présidentielle du 29 octobre.
Devant le Parlement, la cheffe de l’État s’est dite « profondément attristée » par les pertes en vies humaines survenues lors de cette journée électorale marquée par une contestation sans précédent. « Ceux qui ont perdu la vie lors des violences du 29 octobre méritent que la vérité soit établie », a-t-elle déclaré, promettant que la commission aura pour mandat d’identifier les causes, les responsabilités et les circonstances de ces événements.
La présidente a également appelé à la clémence envers les jeunes arrêtés et poursuivis pour trahison dans le cadre des manifestations. « En tant que mère de cette Nation, j’ordonne aux forces de l’ordre d’évaluer la gravité des faits reprochés. Ceux qui ont simplement suivi la foule doivent pouvoir effacer leurs erreurs », a-t-elle insisté.
Samia Suluhu Hassan a officiellement remporté l’élection présidentielle avec un score de près de 98 %, un résultat largement contesté par l’opposition et par plusieurs organisations nationales et internationales. Ces accusations de fraude, combinées à une répression musclée, ont conduit à plusieurs jours de tensions. Selon l’opposition et des ONG, des centaines de personnes auraient été tuées par les forces de sécurité. Aucun bilan officiel n’a pour l’instant été communiqué par le gouvernement.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a réclamé, le 11 novembre, l’ouverture d’enquêtes « crédibles » après des informations faisant état de corps emportés vers des lieux non divulgués. Quelques jours plus tôt, les observateurs de l’Union africaine avaient estimé que l’intégrité du scrutin avait été « compromise » en raison de bourrages d’urnes signalés dans plusieurs bureaux de vote.
AFRIQUE
SOUDAN – Antonio Guterres appelle à des négociations urgentes pour un cessez-le-feu
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé mardi un appel pressant au dialogue entre les belligérants au Soudan, alors que la situation humanitaire et sécuritaire continue de se détériorer.
Dans une déclaration solennelle depuis le siège de l’ONU, M. Guterres a exhorté les parties au conflit à « venir à la table des négociations » et à « mettre fin à ce cauchemar de violence » qui déchire le pays depuis plus d’un an.
« La crise horrifiante au Soudan est en train de devenir incontrôlable », a-t-il averti, soulignant l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et d’un accès humanitaire sans entraves aux populations piégées par les combats.
Le patron de l’ONU s’est dit profondément préoccupé par les massacres signalés à El-Fasher, au Darfour, ainsi que par la multiplication des violations graves des droits humains. Il a réitéré la détermination de l’Organisation des Nations unies à soutenir toute initiative diplomatique visant à restaurer la paix et la stabilité dans le pays.
AFRIQUE
TANZANIE – Samia Suluhu Hassan réélue avec 97,66 % des voix dans un climat de violences
Trois jours après un scrutin présidentiel marqué par la tension, la présidente sortante de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a été réélue avec 97,66 % des voix, selon les résultats définitifs proclamés samedi 1er novembre par la commission électorale nationale. Le taux de participation aurait atteint 87 %, d’après les chiffres officiels.
Le processus électoral, largement contesté, s’est déroulé dans un climat de violence et de répression. L’opposition fait état d’au moins 800 morts lors des manifestations qui ont éclaté le jour du vote et se sont poursuivies pendant trois jours, alors que les forces de sécurité tentaient de disperser les foules.
Lors d’une allocution retransmise à la télévision nationale, la cheffe de l’État a condamné les manifestations, saluant « le professionnalisme des forces de sécurité » et remerciant celles-ci d’avoir « veillé à ce que les violences n’empêchent pas le vote ». Il s’agit de sa première réaction publique depuis le début des troubles.
De son côté, John Kitoka, porte-parole du principal parti d’opposition Chadema, a rejeté catégoriquement le résultat. « Ce qui s’est passé n’était pas une élection. Par conséquent, tout résultat qui en découle est illégitime », a-t-il déclaré. Contestant la crédibilité du scrutin et de la commission électorale, l’opposition demande l’organisation de nouvelles élections sous supervision internationale.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « très inquiet » et a appelé les autorités à « empêcher toute nouvelle escalade de la violence ». Sur le terrain, la situation reste tendue : les connexions internet demeurent restreintes et les ambassades étrangères appellent à la prudence.
Samia Suluhu Hassan, élue pour un deuxième mandat, dirige désormais un pays profondément divisé. C’est la première fois qu’elle obtient le pouvoir par les urnes, après avoir succédé à John Magufuli en 2021, à la suite du décès de ce dernier.
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