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CULTURE

CAMEROUN : Une belle légende contée par Wazal Ayissi.

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Entre les ciseaux et la plume, Wazal Ayissi ne fait pas de différence. Son inspiration débordante l’amène à l’écriture, il nous conte l’histoire du roi Wazalion au Royaume Wazalvilles.

Les extraits :

Il était une fois, à l’extrême Nord du Cameroun, vivait le roi Wazalion au Royaume Wazalvilles. Wazalvilles était un village calme, paisible, où la sagesse de ses anciens permettait d’assurer la pérennité du village. Pour tout visiteur extérieur, il donnait l’impression d’un village robuste, difficile à conquérir. Ses murs anciens laissaient paraître les différentes et nombreuses batailles déjà menées, et reflétaient une force majestueuse indescriptible. Le roi Wazalion était un homme d’une grande sagesse, patience et intelligence. Doux dans ses actes et ses paroles, il disposait d’une puissance et d’une maturité redoutables qui forçaient le respect. Aimé de tous, il n’hésitait pas à partir au combat afin de protéger ses terres et répondre aux besoins de son peuple. C’est lors d’une embuscade que le bon roi Wazalion trouva la mort : le village avait été pris d’assaut. Wazalion cacha son épouse et son fils dans une cave secrète afin de les mettre à l’abri. Puis il réunit ses armées pour protéger le village. A l’aide de son armure et de son épée Wazall’âme, le roi Wazalion accompagné de ses soldats et de son fidèle ami Bantoutator se lancèrent dans un combat sanglant au cours duquel le roi perdit la vie. Bantoutator ayant échappé à la mort promit de venger la mort de son ami Wazallion.

A sa mort il laissa derrière lui un fils, Wazal, qui signifie « lion, roi de la jungle ».

Un jour les wazalciens et wazalgeois du village se réunirent pour nommer le nouveau chef du village.

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Comme le prédisait la prophétie, le courageux guerrier qui porterait ce titre serait assigné à la lourde et honorable tâche de protéger la terre des ancêtres et le secret de son « trésor » LE WAZALIANE, du nom de la grand-mère de Wazal. Wazaliane était l’épouse de Wazalking, fidèle et toujours à ses côtés. C’était une femme sage, née de la tribu Margeritator, seule de cette tribu née sans marguerite sur sa tête. Après sa mort, le roi Wazalking, par respect et par amour pour son épouse, voulut lui rendre hommage. Il décida de planter une marguerite sur sa tombe. Six mois plus tard, surpris de découvrir un parterre de fleurs sublimes, il demanda aux villageois d’en faire la récolte. Les fleurs étaient mélangées avec le sang de la reine. Ils créèrent alors une fibre transformée en fil tissé, utilisé pour la fabrication du tissu que les rois et wazalciens portent aujourd’hui. En hommage à l’épouse de Wazalking, ce tissu fut appelé WAZALIANE : tissu magique très précieux, qui signifie « plus riche », recherché et convoité par tous les villages voisins. Ce tissu procurait la sagesse et la protection à qui le revêtait. Pour le décorer, il suffisait de prononcer un mot magique « wazalkaliflagilistik » que le roi Wazal connaissait : des messages géométriques et codés de Paix, Modernité, Fécondité apparaissaient alors.

Porter le tissu Wazaliane n’était pas un acte anodin ; en effet, l’étoffe servait également à fabriquer les costumes du roi et les tuniques des Wazalciens, en revanche les Wazalgeois n’y avaient pas accès.

A l’issue du conseil des Wazalciens et Wazalgeois,, fils du roi Wazalion fut naturellement nommé Roi de Wazalville.

Le roi Wazal aimait voyager et partir à la découverte d’autres mondes ; c’était quelqu’un de réfléchi et très curieux. Il était passionné par l’art et la nature. Au retour de chaque voyage, il rapportait des provisions à ses serviteurs.

« Si pour le roi ses journées se déroulaient paisiblement, comme habituellement, en revanche ses nuits devinrent de plus en plus agitées. Des rêves étranges de pouvoirs occultes, de guerre, d’incendie, d’attaque de son royaume venaient hanter son sommeil. »

Un jour, revenant d’un voyage épuisant, il décida d’aller se ressourcer dans les terres de ses ancêtres. Après quelques heures de marche, il entendit soudainement, et venant de très loin, un écho. Curieux il continua de marcher quand tout à coup l’écho retentit, et cette fois de façon plus audible :
Wazal fils de Wazalion, j’ai un message pour toi. Je suis ton Ancêtre, souverain de la cité des anciens, premier roi de Wazalville, gardien, conseiller et protecteur, connu par tes pères sous le nom de Wazaldringo.

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Le roi, surpris, sursauta, mais l’Ancêtre lui parla d’une voix calme :

– N’aie crainte, je suis là pour te livrer un message de la part des Ancêtres ; Wazalville est en danger.

– Je ne crains rien et je n’ai de leçons, à recevoir de personne ! Wazalville est un village paisible, j’en suis le roi incontesté. Nul ne viendra troubler notre quiétude.

– Je te demande de me faire confiance et de m’écouter. L’heure est grave. Ne t’obstine pas, ne te crois pas invincible et capable de faire abstraction du conseil de tes ancêtres.

– Je connais parfaitement l’histoire de mes ancêtres, tu es un imposteur et je te demande maintenant de retourner d’où tu viens.

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– Soit ! Fais comme il te semble ! Sache que si tu le souhaites vraiment, il te suffira de m’appeler dans tes songes pour entendre le message de tes Ancêtres.

Wazal n’eut pas le temps de répondre, la Voix s’était évaporée. Quelque peu perturbé par l’Intrus mais néanmoins courroucé, il reprit son chemin pour retourner au village. Il ne fit part à personne de cette « rencontre » et pensa vite oublier la « mésaventure ».

« Cette huile est le symbole de la puissance de ton père, tu dois la récupérer. Pour cela, tu devras nager jusqu’au milieu du lac Tchad, un des plus grands lacs du monde et dont les eaux sont douces. »

Si pour le roi ses journées se déroulaient paisiblement, comme habituellement, en revanche ses nuits devinrent de plus en plus agitées. Des rêves étranges de pouvoirs occultes, de guerre, d’incendie, d’attaque de son royaume venaient hanter son sommeil. Pour fuir ces cauchemars, le roi se mit à veiller, mais sans pour autant faire de lien avec sa rencontre avec Wazaldringo. Après dix nuits d’insomnie, exténué, il alla voir les anciens pour trouver la clef de ses songes. Un des anciens qui possédait un don de clairvoyance perçut tout de suite la situation de Wazal. Il ne lui donna qu’un conseil : faire appel, dans ses songes, à Wazaldringo. Wazal, furieux, repartit obstiné et bien décidé à se débrouiller seul car même les anciens ne lui faisaient pas confiance ! Il lui fallut encore une semaine de veille pour entrevoir la nécessité d’écouter les anciens et de solliciter Wazaldringo. Il était exténué, irritable, son esprit était confus, son entourage ne le reconnaissait plus !

Humblement, il implora Wazaldringo, il lui assura être prêt à recevoir ses conseils pour protéger son peuple. Alors, la Voix de l’Ancêtre revint la nuit suivante pour lui conter ses enseignements :

– Je suis venu t’enseigner comment entrer en possession de tes pouvoirs

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– Mais de quels pouvoirs parles-tu ? Est-ce en lien avec les menaces sur Wazalville ?

– Tu dois protéger ton village comme tes ancêtres l’ont toujours fait ainsi que l’étoffe précieuse wazaliane que tu portes.

– Mais je suis un voyageur, je ne suis pas digne d’être un héros !

– Tu es le digne fils de Wazalion, donc tu es digne de ta mission et de ce que l’on attend de toi, selon la prophétie.

Ils conversèrent longuement, la confiance s’installa et l’Ancêtre lui conta la prophétie :

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« Juste avant de mourir, ton père Wazalion a demandé à ne pas être enterré. Les wazalciens ont respecté son vœu et ils eurent l’idée, afin de le protéger, de conserver son corps au creux d’un moabi, appelé arbre de vie. C’est un arbre rare et sacré. Mais après quelques semaines, un jour que les anciens vinrent se recueillir sous l’arbre, ils eurent la surprise de découvrir à la place du corps du roi, une huile de couleur fauve, rappelant la couleur du pelage du lion, mélangée à la sève de l’arbre. Les anciens se réunirent plusieurs fois afin de réfléchir à l’utilisation de cette huile et sur mes conseils, ils décidèrent de verser l’huile dans la rivière qui coule le long de la terre de tes ancêtres. Lors de leur concertation, j’ai signé un pacte avec eux afin que personne ne s’aperçoive de la disparition de la tête de Wazalion.

Cette huile est le symbole de la puissance de ton père, tu dois la récupérer. Pour cela, tu devras nager jusqu’au milieu du lac Tchad, un des plus grands lacs du monde et dont les eaux sont douces ; tu verras alors une tâche ayant la couleur du lion. Tu plongeras au milieu de cette tâche d’huile et la magie opèrera alors : tu auras des cheveux nattés en forme de queue de lion et une épée gravée sur le haut du dos, il s’agit de l’épée Wazall’âme, qui signifie respect, puissance et créativité. Grâce à cette épée, qui se transmet de père en fils, tu possèderas le pouvoir, la force, le courage et la rapidité de mille lions.

Je dois te conter encore l’histoire de cette huile magique : le père de Wazalion, ton grand-père Wazalking, était guérisseur. Il savait composer de savants mélanges de potions afin de guérir les siens. Dans un village lointain, vivaient deux tribus, les mécanikators, et les futurators : on les appelait ainsi car leurs armures étaient fabriquées à l’aide de pièces mécaniques de moteur, un mélange de mécanique gladiateur et terminator. Un jour, les mécanikators alliés avec les futurators ont lancé une attaque contre le village de Wazalville car ils souhaitaient récupérer la racine du tissu protecteur. Afin de protéger son village, ton grand-père élaborait un mélange de toutes les herbes et huiles qui se trouvaient dans sa cave. Il souhaitait aussi multiplier ses forces. Avant de tester sa potion, il fallait la laisser mijoter doucement. Il s’éloigna quelque temps de la cave. Mais ton père, qui rentrait de voyage alla directement voir son père à la cave ; trouvant une marmite entrain de bouillir, curieux du contenu, il goûta sans réfléchir à la potion. Aussitôt, Wazalion se mit à tousser puis il ressentit un malaise. Après quelques minutes il se ressaisit et se leva. Mais quand il regarda autour de lui, il découvrit avec effroi le sol à deux mètres de son corps : il planait !!! Il tenta en vain d’appeler son père : aucun son ne sortait de sa gorge. Son père, loin d’imaginer le retour de son fils, mais cependant doté d’un sixième sens s’enquit auprès d’un serviteur afin de vérifier son intuition : son fils, de retour en effet et le cherchant, s’était rendu à la cave !

« Aussitôt les espions prirent la route vers la tribu des Mékanikators afin de faire le compte-rendu de leur mission. »

Ton grand-père Wazalking, se souvenant subitement qu’il avait laissé la marmite sur le feu, se rendit aussitôt à la cave. Il trouva son fils qui planait dans les airs, à dix mètres du sol. Il fit reculer au fond de la pièce son serviteur puis il prononça une formule magique : il utilisa trois lettres « wzl » pour communiquer avec les ancêtres. Trois minutes plus tard, Wazalion sortit de son emprise et atterrit, ébaubi, sur un banc. Wazalking le confia au serviteur afin de l’emmener dans sa chambre. Il prit le temps d’éteindre soigneusement le feu et de ranger la cave. Wazalion, dans son sommeil entra en communication avec sa défunte mère Wazaliane. Elle lui annonça la mort prochaine de son père et qu’il en serait le successeur. Elle lui expliqua également qu’il devrait se rendre en haut du Mont Cameroun, appelé Montagne des dieux afin de rencontrer le Bantoutator, guerrier Bantou qui a combattu aux côtés du roi, afin de récupérer ses pouvoirs et d’apprendre à les maîtriser.

De la même façon pour toi, après avoir récupéré les pouvoirs de ton père, tu devras retourner au village, et afin de prendre les bonnes décisions, tu devras toujours être en harmonie avec les wazalciens pour prendre soin du peuple. En effet, les wazalciens sont les Sages du village, ne l’oublie jamais, même si tu es le roi, leur sagesse est incontournable.

Mais avant cette première épreuve, je dois te livrer encore un autre secret.
– Mais, fais donc, allons-y !
– Tu as un petit frère Wazalstyle
– Un frère ! Mais je suis fils unique !
– Il a été conçu hors mariage ; il a toujours vécu à Wazalville. Il a hérité d’un don de créateur : c’est lui qui a confectionné toutes les tuniques et vestes du village, ainsi que celle que tu portes aujourd’hui. La couronne ne l’a jamais intéressé.
– Où est-il ?
– Les Mécanikators alliés aux Futurators, l’ont pris en otage lors de la dernière attaque contre Wazalville.
– Mais que cherchent-ils, que veulent-ils ?
– Ils utilisent ses dons afin de gagner des concours face aux autres créateurs. Il est maintenu attaché par des chaines aux poignets avec des électrodes sur le corps et sur le crâne.
– Et surtout, ils cherchent à conjurer la prédiction entrevue par Futurator : leur perte lors de la prochaine attaque. Ils veulent donc s’emparer de la racine du tissu Wazaliane et avoir ainsi tous les pouvoirs pour être à la tête de tous les empires.

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Ta première mission sera de sauver ton frère.
– Mais comment le pourrais-je, je ne le connais pas ?
– Wazalstyle a le crâne nu et sur le haut un « W »
Détailler l’histoire du frère : il a deux dons dont un qu’il ignore
Préciser l’alliance obligatoire des deux frères (l’un ne peut réussir sans l’autre)
Les premiers entraînements commencèrent pour Wazal car Wazaldringo voulait qu’il soit prêt pour l’ultime combat. Ils décidèrent d’apprendre tous les rudiments, et charges attribuées à un roi. Il travaillait dur, était aussi à l’écoute et ne se laissait distraire par personne. Excepté par cette jeune femme qui entrait au palais avec sa mère, la servante qui accomplissait des tâches ménagères du feu roi Wazalion. Appelée Eliane, elle venait souvent aider sa mère. Wazal était attiré par elle, mais n’osait pas le lui dire, ni même se l’avouer. Un jour à son réveil alors qu’il faisait le tour de son royaume il entendit les cris d’une jeune fille et de plusieurs hommes. Il se précipita au palais et ouvrit la chambre d’où venaient les cris : Il vit deux hommes autour de la jeune servante.
– Qui êtes-vous, que lui voulez-vous ?
– De quoi te mêles-tu jeune homme ? Nous avons ordre de la capturer.
La jeunesse fille, leste et rapide comme l’éclair, profitant de l’irruption de Wazal, donna un coup de pied au premier homme mais le deuxième se précipita sur elle et en profita pour lui fixer une puce sur l’épaule. Elle dut les maîtriser sans même l’aide du roi. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le tour était joué. Aussitôt après elle s’en prit à Wazal :
– Deux hommes veulent me kidnapper, et toi tu converses avec eux, au lieu de me venir en aide. Sache que je n’ai peur de personne ni de rien. On m’appelle la Rebelle !
– Tu as raison je te présente mes excuses, mais qui t’a appris à te battre ? J’aime ta façon de te battre. Mais que faisais-tu dans la chambre seule, sans ta mère ?
– Quand ma mère n’est pas là je la remplace.
– Et les hommes tu les connais ?
– Non !

Le roi appela les gardes pour aller à la recherche des deux hommes afin de les enfermer. Mais ils étaient déjà bien loin et les gardes revinrent bredouille.

Aussitôt les espions prirent la route vers la tribu des Mékanikators afin de faire le compte-rendu de leur mission. Les mécanikators et Futurators les attendaient avec impatience et espéraient des bonnes nouvelles. Les espions humiliés et honteux de leur échec face à une femme, rapportèrent une histoire des faits, quelque peu transformée : ils n’avaient pas pu capturer Eliane car le jeune roi avait surgi et tout mis en œuvre pour les en empêcher. Après un long et rude combat, ils avaient dû prendre la fuite, non sans avoir auparavant installé la puce sur l’épaule de la jeune fille. Les mékanicators, furieux de cette défaite, brûlèrent leurs oreilles, et ils se concertèrent avec les Futurators en vue d’échafauder un nouveau plan.

Le quotidien des Wazalgeois :

Parmi les wazalgeois il y avait quelques soldats du roi wazal ; ils passaient beaucoup de leur temps libre à jouer au rugby. C’étaient des hommes robustes, ils aimaient les sports qui faisaient appel à la force physique. En guise de maillot, ils revêtaient des tuniques pour jouer au rugby et également afin de plaire aux femmes. Ils avaient créé une technique de jeu unique et très particulière. Le roi prenait beaucoup de plaisir à les regarder jouer, perché sur la tribune avec quelques wazalciens. C’était aussi l’occasion pour lui de choisir les meilleurs soldats.

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Certains wazalgeois aimaient cultiver, pêcher et chasser

Wazaldringo : l’Ancêtre

Wazalking : père de Wazalion

Wazalion : Fils de Wazalking et père de Wazal et Wazalstyle

Wazal : fils du roi Wazalion

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Wazalcien : les anciens

Wazalstyle : demi-frère de wazal

Wazallionne (née …) : femme de Wazal

Wazall’âme : épée de Wazal

Wazaliane : épouse de Wazalking et mère de Wazalion – tissu protecteur et magique

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Mécanikators : tribus voisines – hommes avec un mélange de mécanique gladiateur et terminator

Futurator : tribus voisines : des méchants

Margeritator : femme mi humaine mi fleur inspirée d’une fleur marguerite

Toureiffelysée : un mélange de tour Eiffel et de champ Elysées

wazalkaliflagilistik : mot magique pour faire apparaître des dessins géométriques

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Une
Les tribus : Mécanikator

Futurator

Toureiffelysée

Margueritator

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A LA UNE

TCHAD – Kadeux, phénomène viral ou la dynamique de partage

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Nous avons presque tous découvert Kadeux sur TikTok en 2023 avec “Ayé han”. On était tombé sous le charme de ce jeune rappeur tchadien. Pourtant, il n’a que vingt-et-un ans. Malgré cet âge – âge souvent associé à l’insouciance juvénile –, ses mots, empreints d’humilité, tapent toujours dans la mille. En effet, il y résonne un flow tranchant, surtout lorsqu’il se met à décrire la difficile condition de vie des laissés-pour-compte. Mais pas seulement : il met aussi dans sa musique une sincérité et une modestie qui vont droit au cœur. Depuis son carton sur TikTok, l’artiste ne cesse de prendre de l’épaisseur. Kadeux, phénomène viral ou la dynamique du partage

Kadeux, un phénomène viral
Dans l’univers musical tchadien, un nom se détache aujourd’hui comme une poussière luminescente, avec éclat : Kadeux. Ceux qui pensaient que sa notoriété, propulsée par internet et les réseaux sociaux, n’allait pas faire long feu, se sont trompés. L’engouement ne s’est pas estompé et, sa fanbase ne fait que s’élargir. Né en 2003, à Koundoul au Tchad, Kadeux, de son vrai nom Kamal Borgoto, a réussi à hisser le rap tchadien sur la scène musicale internationale. Grâce à un savant mélange de sonorités locales – utilisation des dialectes tchadiens – et de musique contemporaine, il a créé un style unique et authentique qui résonne bien au-delà des frontières de son pays natal. Bien que sa carrière ait véritablement débuté 2023, Kadeux, rappelons-le, a pris le temps d’apprendre des groupes comme “Sexion d’Assaut” et plusieurs artistes internationaux. Son premier single “Ayé han” fait un carton, avec plus de 100 000 vues sur YouTube et 27 millions de vues sur TikTok. Un record pour un artiste tchadien. Il enchaîne avec “Biney”, une chanson engagée contre l’argent facile et les dérives de la société. Cette chanson franchit rapidement la barre des 200 000 vues sur YouTube. Puis vient “SAME SAME”, un hymne à la résilience et à l’espoir, qui reflète l’état d’esprit combatif et optimiste de la jeunesse tchadienne.

Kadeux, un artiste ancré dans l’authenticité
Kadeux se distingue par son utilisation des dialectes tchadiens qu’il manie avec une grande aisance. Aussi, cela donne à ses textes une puissance émotionnelle et une authenticité rare qui font de lui un artiste original. Son style musical engagé, teinté de sarcasme, est une plongée en apnée dès les premières notes, dans le marécage des maux de la société. Ses analyses sociales d’une finesse inouïe captent immédiatement l’attention du public. Lors des grands événements musicaux, aussi bien au Tchad que dans la sous-région, Kadeux fait partie des artistes à inviter. En effet, il sait mettre le feu à la scène, échauffer le public. Au nombre de ses performances marquantes, ces deux dernières années, nous pouvons évoquer la “fête de la musique à N’Djamena” (juin 2023), le “festival Afrobeat International au Burkina Faso”, une prestation en Côte d’Ivoire, au “FEMUCO”, une série de concerts aux côtés du rappeur ivoirien Didi B à N’Djamena et une tournée au Cameroun (Yaoundé, Douala, Ngaoundéré, Dschang…)

Fierté tchadienne
Malgré son jeune âge et sa carrière encore naissante, Kadeux, qui accumule déjà des multiples récompenses tant au Tchad qu’à l’international, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. À ses ambitions musicales, il a greffé deux rêves : lancer sa propre marque de vêtements et créer un studio de production. En 2024, au micro de RFI, l’artiste confie : “Je veux que ma musique soit un pont entre les générations, une voix pour ceux qui n’en ont pas, et une source d’inspiration pour la jeunesse tchadienne”. Avec son charisme, son authenticité et son talent brut, il y a des chances que le souhait de Kadeux se réalise : porter la culture tchadienne sur la scène internationale et faire entendre la voix des laissés-pour-compte.

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MALI – Nana Menthe en concert au Pan Pipper, un show intense sur des notes mandingues

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Le 15 février 2025, lors de la ‘‘Nuit du Mandé’’, Nana Menthe Kouyaté donnait un show d’une puissance hors norme au Pan Pipper à Paris. Lors de ce concert organisé par Afrik’Consult et Doums Production, c’était l’occasion pour cette diva de la musique mandingue de présenter au public son nouvel album ‘‘Karan’’ (2024).

Un show intense
C’est sous les regards d’armée de projecteurs lumino-fluorescent que Nana, en robe de soirée sirène dentelle rouge, fait son entrée sur la scène. Le bassiste est en hauteur par rapport aux musiciens qui tiennent les guitares et le tam-tams et le n’goni. Une danse sapée comme une chanteuse disco des années 80 attend que Nana donne le la. Le décor est sublime. Reste plus que le spectacle. Sol-ré-do ! Nana, celle qu’on surnomme ‘‘l’oiseau rare’’. Tour à tour, Nana visite son répertoire, depuis N’Toutadon jusqu’à Karan son dernier album. Elle avait à ses côtés des artistes de renom comme Adja Soumano, Pedro Kouyaté, Liberté Kanté, Amadou Sodia et bien d’autres artistes invités.

Nana, la voix du mandingue
Fille du virtuose de la kora Batrou Sékou Kouyaté, Nana Kouyaté, comme le suggère son nom, est une griotte. Née à Abidjan en 1988, elle grandit à Bamako. Bien que griotte, son père voyait d’un mauvais œil que sa fille fasse de la musique. Cependant, avec l’aide de sa mère, elle brave cet interdit et s’illustre, déjà à son jeune âge avec sa voix de contralto léger, un tantinet porté vers le mezzo-soprano dramatique comme Oumou Sangaré ou Coumba Gawlo ou même Fanta Damba, Nana rivalise, par la voix, avec les divas mandingue. En 2005, elle embarque pour Paris et s’y installe. Par la suite, elle va collaborer avec des légendes comme Salif Keita, Papa Wemba, Oumou Sangaré et Amadou et Mariam. Désormais, elle fait entendre sa voix par le biais de la musique. En 2024, elle a sorti un nouvel album intitulé ‘‘Karan’’.

Karan, ou les bénéfices de l’éducation
Karan, signifiant « éducation » en bambara, est un album de 11 titres qui résonne comme un manifeste pour la transmission des valeurs et la perpétuité des traditions. Nana Menthe y aborde des thèmes universels tels que l’amour, la paix, l’unité africaine et la lutte contre les violences faites aux femmes, dans une fusion subtile entre sonorités traditionnelles et influences contemporaines.

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Karan, quelques morceaux choisis
Avec ces onze titres, évocateurs et engagés, Nana explore les réalités profondes de la société où chaque morceau est une fresque sonore. Tandis qu’ “Acapelle” lève le voile sur les tumultes du mariage, en dévoilant les attentes et les désillusions qui l’accompagnent. “Denmbalou”, en collaboration avec Alune Wade, Guimba Kouyaté et Paco Sery, raconte, pat contre, avec émotion les défis de la maternité et les angoisses d’une mère face à l’éducation de son enfant. Ensuite, l’hommage vibrant à Cheikh Ahmadou Bamba célèbre l’héritage spirituel d’un grand soufi. Et puis il y a le titre phare : “Karan”, titre phare de l’album, exalte les vertus de l’éducation comme pilier de l’émancipation personnelle et du développement national. “Rien n’est au-dessus de l’éducation”, dit l’artiste, soulignant son rôle central, même dans les parcours migratoires où elle devient un passeport pour l’intégration. En attendant, le public se prépare avec ferveur à la prochaine performance de Nana, prévue à Orléans le 25 mars 2025.

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Alune Wade : “Boogie & Juju”, un swing transatlantique de Lagos à la Nouvelle-Orléans

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Quand Alune Wade pose ses doigts sur sa guitare basse, c’est tout un héritage qui résonne. Le 14 mars 2025, sur les plateformes de streaming, ce virtuose du groove a dévoilé “Boogie & Juju”, un nouveau titre extrait de son prochain album “New African Orleans”, attendu le 2 mai. À travers cette œuvre, le jazzman sénégalais nous embarque dans un jam session transatlantique, entre les syncopes chaloupées de La Nouvelle-Orléans et les polyrythmies vibrantes du Nigéria.

Un voyage en blue note
Avec “New African Orleans”, Alune Wade ne se contente pas de revisiter les standards du jazz, il les réinvente en leur insufflant un souffle nouveau, où l’Afrique et l’Amérique se répondent dans un dialogue musical intemporel. Dans chaque album, il concocte un groove cotonneux amorti par une voix chaude qui brille comme un soleil de midi. Cet ancien complice d’Aziz Sahmaoui et disciple d’Ismaël Lô a enregistré son album entre Lagos, Saint-Louis du Sénégal et La Nouvelle-Orléans. Par-là, il renoue ainsi avec l’essence même du jazz : une musique d’échange et de métissage. “Boogie & Juju” est une jam brûlante où se croisent le boogie-woogie de Louisiane, le juju music nigérian et les rythmes Assiko du Cameroun. Un riff hypnotique, des percussions qui swinguent avec une aisance déconcertante et une ligne de basse qui slappe comme un cœur battant. Dans ce morceau, tout évoque la transe d’un club enfumé où l’on improvise jusqu’à l’aube.

Congo Square en toile de fond
Comme un clin d’œil à cette mémoire musicale, “New African Orleans” fait référence à Congo Square, ce lieu emblématique où les esclaves affranchis et captifs se retrouvaient autrefois pour jouer, chanter et danser. J’imagine l’extase. Dans cet album, ce sera la célébration des liens indéfectibles entre les deux rives de l’Atlantique. En effet, Wade chante l’universalité des traditions culinaires (Same Foufou), l’hospitalité des peuples (Three Baobabs) et la dureté du voyage (Taxi Driver). Et comme si cela ne suffisait pas, il rend hommage à l’un des parrains du blues louisianais, le regretté Dr. John, en reprenant “Gris-Gris Gumbo Ya Ya” dans une version afrobeat hypnotique.

Une setlist en bebop et afrobeat
Alune Wade est un maître de l’improvisation et de l’hybridation. Sur ce sixième album, il pose sa voix sur des standards revisités avec une rare audace : une version chantée en wolof de “Voodoo Child” de Jimi Hendrix, un “Water No Get Enemy” de Fela Kuti ralenti à la manière d’un blues poisseux, et un hommage enflammé à Herbie Hancock avec un Watermelon Man en mode jazz-hop. Passé par les scènes du monde entier et compagnon de route de légendes comme Salif Keita, Oumou Sangaré, Joe Zawinul ou Marcus Miller, Wade continue de tracer son propre chemin, entre tradition et avant-garde. Une sorte de Duke Ellington du XXIe siècle qui navigue sans complexe entre afrobeat, highlife et jazz modal.

Sur scène, un live aux allures de big band
Pour les amateurs de live, Alune Wade ne se contente pas d’être un musicien de studio hors pair : c’est un showman à l’énergie contagieuse. Son jazz-fusion, teinté d’afro-groove et de funk, promet des concerts brûlants où le public se laisse emporter dans une jam session endiablée. Plusieurs dates sont annoncées dans une série de concerts qui débute le 1er avril au Rocher de Palmer, à Cenon pour prendre fin le 11 juillet à Marseille au Jazz des Cinq Continents. Avec ce nouvel album, Alune Wade signe ici une œuvre vibrante, une passerelle entre deux continents, où le jazz continue de réinventer son langage. Cet album, avec son souffle chaud du bayou et son parfum des nuits africaines, va marquer les esprits.

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