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CULTURE

SENEGAL : « Politisez-vous », une invitation à la chose politique.

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Le sénégal vient de traverser une période de campagne mouvementée, soldée par un scrutin législatif le 30 juillet dernier. Un moment crucial pour se pencher sur les questions politiques du pays. La jeunesse parfois mise à l’écart du ring politique, lance un cri d’alerte destiné aux ténors du monde politique pour leurs rappeler leurs priorités. Par cette invitation, il ne s’agit pas seulement de dire qu’elle existe mais il est question avant tout d’appeler les jeunes à être des acteurs et non des spectateurs passifs. Ainsi 10 jeunes sénégalais unis par la conviction que la classe politique actuelle n’est pas un horizon indépassable, qu’elle est loin d’être inscrite dans une volonté de transformation sociale de leurs pays, ont lancé un appel urgent à se politiser. Convaincus que les problèmes sont multiples et divers, pour eux, c’est seulement par la politique qu’ils arriveront à apporter des solutions durables et ancrées dans le temps pour les prochaines générations. Issus de parcours différents, de sensibilité politiques différentes voire opposées, certains vivent au sénégal et d’autres dans la diaspora. Parmi eux, on retrouve plusieurs catégories socio-professionnelles : des journalistes, des entrepreneurs, des étudiants ou des auteurs. Ze-Africanew.com est allée à la rencontre de l’un d’entre eux : Hamidou Anne, ancien élève de l’ENA, qui est également chroniqueur politique et société.

Ze-Africanews.com : Vous venez de publier un livre dont le titre est “Politisez-vous !”, de quoi s’agit il ?

Il s’agit d’un ouvrage collectif né à la suite de longs et récurrents débats sur les problématiques contemporaines de notre pays et de l’Afrique en général. On identifie souvent beaucoup de maux qui gangrènent nos pays malgré de réelles avancées. Il était donc important de nous imposer un exercice d’identification de solutions allant dans le sens de comment faire émerger un progrès en Afrique, une meilleure vie pour toutes celles et ceux qui affrontent au quotidien de nombreux défis sur le continent. Nous pensons que la classe politique actuelle, en général, n’est pas capable d’apporter les ruptures profondes et d’imaginer des choix fertiles et efficaces pour changer la vie des Africains. Mais nous pensons que la politique reste tout de même utile, en ce sens elle est le principal vecteur de transformation sociale et de libération d’un peuple. Ce livre est par conséquent un appel à la politisation de la société. Il s’agit d’inviter la jeunesse africaine à prendre ses responsabilités à changer le cycle d’abaissement que nous infligent ceux qui nous gouvernent. C’est un appel à une insurrection citoyenne capable de charrier des utopies nouvelles à travers divers problématiques contemporaines comme la justice, l’écologie, le droit des femmes, l’égalité, le renforcement de la République, etc.

« Il y a une dépolitisation de la jeunesse sénégalaise en effet. Mais elle n’est guère définitive. Elle est seulement le résultat d’une classe politique qui a échoué à faire rêver par sa capacité à servir. »

A qui s’adresse ce message à l’impératif ?

Il s’adresse d’abord à la jeunesse africaine, majoritaire sur le continent mais peu représentée dans les instances de décision et de définition des politiques publiques. La jeunesse est notre coeur de cible car étant nous mêmes jeunes, nous comprenons sans doute mieux ses défis, ses aspirations, ses déceptions et son envie de servir sans toutefois souvent trouver sa place. Mais ce livre s’adresse aussi à notre classe politique qui doit ainsi comprendre ce qu’on lui reproche sans injures ni anathèmes. Enfin il s’adresse à toute personne qui se définit comme africain et qui rêve de voir ce continent sortir de l’impasse pour inaugurer un futur nouveau.

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Pensez-vous que la jeunesse sénégalaise s’est désolidarisée de la politique ?

Il y a une dépolitisation de la jeunesse sénégalaise en effet. Mais elle n’est guère définitive. Elle est seulement le résultat d’une classe politique qui a échoué à faire rêver par sa capacité à servir. Aujourd’hui, les jeunes sont souvent dans la recherche d’autres moyens d’implication publique, notamment via l’entreprenariat et l’activisme numérique. Ces voies sont intéressantes mais peu suffisantes à l’aune du caractère gigantesque de la tâche. C’est par le fait politique qu’on change une société.

Pensez-vous que cette jeunesse a encore confiance en ses leaders politiques ?

Non, comme nous venons de le souligner. La confiance est rompue depuis le cycle des alternances sans transformation du quotidien de millions de gens qui vivent dans le dénuement le plus absolu. La confiance est rompue que la parole publique n’a plus de valeur chez les politiciens qui changent de parti au gré du vent et de leurs intérêts personnels.

Pourquoi c’est nécessaire selon vous d’appeler à cette action d’investir le champ politique ?

Tout le monde appelle au changement mais finalement peu acceptent d’y investir leur temps et leur énergie. La jeunesse a le capital du dynamisme, de l’énergie, du rêve. Elle doit donc mettre son énergie au service de la construction d’une Afrique nouvelle, meilleure que celle qu’elle a reçue en héritage. Ce travail est profondément politique. D’où notre appel.

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Vous voulez des acteurs, pas des spectateurs? Pourquoi ?

Regarder les choses se faire est intéressant, mais si nous adoptons tous cette posture passive qui va éduquer nos enfants ? Qui va soigner les africains ? Qui va lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance ? Qui va lutter contre les multinationales qui fraudent le fisc ? Qui va offrir enfin un désir d’avenir aux prochaines générations. Etre acteur de notre époque est un devoir si nous voulons mener une vie utile à notre communauté.

Comment s’est passé le choix des auteurs ?

Nous sommes avant tout un groupe d’amis, partageant des idées, et, pour certains d’entre nous, un engagement associatif ou militant. Comme nous l’évoquions précédemment, nos sensibilités particulières font que nous n’abordons pas toujours les sujets liés à l’Afrique de la même manière. Nous sommes cependant tous convaincus d’une chose : la nécessaire politisation de la jeunesse du continent. C’est cela qui constitue notre socle intellectuel commun. Nous essayons par ailleurs, par différentes formes, comme la littérature et le militantisme entre autres, de partager cette conviction avec les autres jeunes du Sénégal et d’Afrique. Ce livre est un moyen supplémentaire de diffuser cette idée fondamentale.

« Politisez-vous ! » est disponible à Dakar : Librairie l’Harmattan – VDN Sicap Karack Librairie « Aux 4 Vents » – Mermoz Livraison via Paps +221781203020.

 

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CÔTE D’IVOIRE – Dopelym, symbole d’une unité générationnelle

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Dopelym pourrait être décrit comme un artiste à la fois d’ici et d’ailleurs. Avec plus de 110 000 abonnés, plus de 20 millions de streams cumulés et une communauté fidèle, active et bouillonnante – la « Dopeframily » – il s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Didi B ou Himra, avec lesquels il a d’ailleurs collaboré. Mais son style reste unique : plus mélodique, plus réfléchi. Il parle au cœur autant qu’à la tête, mêlant le son et le sens. Le 20 décembre 2025, il sera sur la scène du Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire pour un concert qui s’annonce comme une véritable consécration.

Né à Levallois-Perret, Dopelym – de son vrai nom Dope – est un artiste franco-ivoirien âgé d’une vingtaine d’années. À cet âge, il séduit déjà par la singularité de sa trajectoire artistique. Et comme il aime le dire lui-même, son flow est « le reflet de [sa] réalité ». Sa musique mêle afrotrap, drill et rythmes ivoiriens. Là où d’autres cloisonnent, lui (r)assemble : les beats du 93 rencontrent le nouchi abidjanais et convoquent parfois le créole. Une musique hybride et fédératrice, à l’image d’une génération d’ascendance africaine, fière de ses racines et lucide sur les défis contemporains.

Pourtant, Dopelym n’est pas qu’un artiste : il est aussi étudiant en relations publiques internationales et diplomatie. De quoi surprendre. Le jour, il étudie les mécanismes du dialogue entre les peuples ; le soir, il transforme la scène en un autre espace diplomatique – celui de l’émotion brute. Pour lui, chanter ou rapper, c’est aussi « négocier avec la vie, les doutes, le monde ». Et ce monde, il l’a déjà conquis : du Palais de la Culture d’Abidjan au Mother Africa Festival, en passant par le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, le Canada, ou encore la France, où il s’est produit au Casino de Paris et à l’Olympia aux côtés de Jungeli.

Dopelym n’est pas un inconnu, même s’il cultive la discrétion. À l’heure du streaming à outrance, il s’impose aussi comme une icône digitale. Son clip « Nouveau Départ » cumule des millions de vues sur YouTube, son single « Guala » flirte avec les 8 millions de streams, et son projet “Who Is Døpe?” (2025) dépasse les 5 millions d’écoutes sur Spotify. Des chiffres impressionnants pour un artiste encore dans la vingtaine – fruits d’un savant mélange de sincérité et de stratégie. Là où beaucoup peinent à exister dans la masse des playlists, lui s’impose par une identité visuelle forte et une écriture introspective. Ses textes évoquent la résilience, la quête de reconnaissance, et cette tension intime d’une jeunesse partagée entre loyauté et ambition.

Sur scène, Dopelym ne triche pas. Il donne tout. Son premier grand concert, au Palais de la Culture d’Abidjan, devant 8 000 spectateurs, a marqué les esprits : énergie, maîtrise, sincérité, tout y était. Depuis, il n’a plus besoin d’un marketing tapageur. Sa fanbase solide parle pour lui. Et c’est fort de cette confiance qu’il prépare son prochain grand rendez-vous : le 20 décembre 2025, au Palais des Congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.

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SÉNÉGAL – Dakar célèbre la musique sénégalaise : trois jours de notes endiablées

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Sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, «Regards croisés sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise» s’annonce comme une traversée inédite du patrimoine sonore et musical du Sénégal.

Du 27 au 29 octobre, Dakar, la capitale sénégalaise, replongera dans l’histoire de sa musique. Placé sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, cet événement entend revisiter les artistes, les chansons et les courants musicaux qui ont façonné l’identité musicale du Sénégal : du chant des griots aux hybridations contemporaines. Organisé par le Laboratoire Littérature, Langues et Sociétés d’Afrique de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), « Regards croisés » conjugue trois dimensions : la réflexion académique, les performances artistiques et la célébration populaire. Trois jours, trois lieux, trois thèmes pour explorer la trajectoire d’un univers musical qui n’a jamais cessé de se réinventer.

À travers des conférences, projections et concerts, l’événement propose une véritable radioscopie de la musique sénégalaise : ses héritages, ses mutations et ses imaginaires. Le parcours commencera par les premiers foyers musicaux de Rufisque et Saint-Louis, pour remonter jusqu’à la mondialisation du mballax. « Regards croisés » sera une plateforme d’échanges entre artistes, chercheurs, producteurs et journalistes, mais aussi un espace de mémoire et de transmission. Le Professeur Ibrahima Wane, directeur de l’événement, explique : « La musique sénégalaise est un miroir de notre société, un reflet de nos histoires et de nos aspirations. Cet événement est une invitation à comprendre son passé, à célébrer son présent et à imaginer son futur. »

Du 27 au 29 octobre, la musique sénégalaise sera à l’honneur, de Rufisque à Dakar. Tout débutera au Cercle Culturel Maurice Guèye avec une table ronde intitulée « L’héritage musical des premières villes sénégalaises », animée par Sahite Sarr Samb, Yatma Fall, Pape Armand Boye et Rokhaya Daba Sarr (Africa Fête). Le lendemain, le 28 octobre, la Maison de la Culture Douta Seck accueillera une conférence sur « Des airs “typiques” au mballax : visages et usages de la musique sénégalaise », animée par Felwine Sarr, Michael Soumah, Ngoné Ndour et Abdoul Aziz Dieng. Enfin, le 29 octobre, à la Place du Souvenir Africain, sera projeté le documentaire « Le mballax dans tous ses états », suivi d’un échange intitulé « Le mballax, ses éclats et ses écarts », en présence de Dudu Sarr, Moustapha Diop, Abdou Bouri Ba et Maïmouna Dembélé. Pour clore ces trois jours, une grande soirée musicale rétro rendra hommage aux années 1970-1980.

Conçu comme un dialogue entre mémoire et innovation, cet événement s’inscrit dans une réflexion profonde sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il fait écho à la Convention de 2003 de l’UNESCO, dont le Professeur Ibrahima Wane est le référent national. Sous sa direction, « Regards croisés » devient un acte de transmission : il relie les anciens orchestres urbains aux nouvelles scènes digitales, fait dialoguer les générations d’artistes et rappelle que, au Sénégal, la musique demeure une forme vivante de récit collectif. Professeur titulaire de littérature africaine orale à l’UCAD, docteur d’État ès lettres, chercheur et critique, Ibrahima Wane incarne cette articulation rare entre savoir et création. Figure majeure du paysage intellectuel sénégalais,

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MALI – Le Festival international Chant des Linguères donne la voix aux femmes africaines

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Du jeudi 6 au samedi 8 novembre 2025, à Bamako, les voix féminines africaines feront, pour cette deuxième édition du Festival international Chant des Linguères, vibrer le fleuve Djoliba jusque dans ses rives. Placée sous le thème « La culture, levier et facteur de développement », cette édition sera, une fois encore, l’occasion pour Coumba Gawlo d’affirmer son engagement artistique et social en faveur du continent.

Initiatrice du festival, Coumba Gawlo revient cette année avec un thème fort et porteur de sens. L’événement sera l’occasion de promouvoir les droits des femmes et la protection des enfants, à travers les actions de Go Médias et de l’association Lumière pour l’Enfance – Coumba Gawlo (LPE-GC). Ambassadrice de bonne volonté auprès de plusieurs institutions et ONG, l’artiste voit dans la musique un outil puissant de plaidoyer, de communication et de sensibilisation, capable de transformer les mentalités.

Le Festival international Chant des Linguères est un événement entièrement animé par des femmes. Il porte une ambition claire : faire entendre la voix des artistes féminines sur des enjeux majeurs tels que l’autonomisation économique des femmes, le leadership féminin, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la scolarisation des filles, la santé maternelle et infantile, ou encore la lutte contre les violences basées sur le genre et le mariage précoce.

Coumba Gawlo est née avec une voix au timbre d’or et de cristal. Un don hérité de sa mère, qui la destinait déjà à un brillant avenir. À seulement 14 ans, elle remporte le concours « Voix d’Or du Sénégal » grâce à Soweto, une chanson écrite par son père. En 1990, elle signe chez Syllart Records son premier album, Seytané, qui la fait connaître du grand public. Suivront quatre autres albums. Malgré plusieurs distinctions locales, la consécration internationale tarde à venir. Mais en 1998, à la surprise générale, elle dévoile Yo Malé, une véritable pépite musicale. L’album, sur lequel figure Patrick Bruel, lui vaut un double disque d’or en Belgique et un disque de platine en France. Et le succès ne s’arrête pas là : la chanson Pata Pata achève d’asseoir sa notoriété sur la scène internationale.

Aux côtés de Coumba Gawlo, cette deuxième édition réunira des artistes venues du Mali et du Burkina Faso : Mariam Bâ Lagaré, Djeneba Diaouné, Delphine Mounkoro et Kalam, surnommée la Reine du Kundé, partageront la scène pour célébrer la force, la créativité et la solidarité féminines. Pendant ces trois jours de festivités, le programme s’annonce riche : une conférence de presse inaugurale ouvrira l’événement, suivie, le vendredi 7 novembre à 9 h, d’un forum thématique. Le soir, la musique reprendra ses droits avec un grand concert populaire à la Place du Cinquantenaire. Le festival se clôturera le samedi 8 novembre à 20 h, au CICB, par un dîner de gala placé sous le signe du partage et de l’inspiration.

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