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CHRONIQUES

SÉNÉGAL : Abdou Latif Coulibaly répond à Emmanuel Desfourneaux.

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EXCLUSIF SENEPLUS – La vocation première de la fonction de Macky Sall n’est pas de porter le renouveau de l’Afrique – Il n’a pas non plus à porter la rupture historique pour tout un continent « Macky Sall peut-il incarner le renouveau africain et la rupture historique ? » Par Abdou Latif Coulibaly, ministre, porte-parole de la présidence de la République du Sénégal

La réponse à cette interrogation que vous posez d’emblée coule de source : la vocation première de la fonction de Macky Sall n’est pas de porter le renouveau de l’Afrique. Il n’a pas non plus à porter la rupture historique pour tout un continent. L’intéressé ne revendique pas, non plus, une telle mission. Il reste convaincu que les Sénégalais l’ont d’abord élu pour assurer un leadership politique marquant, lui permettant de prendre en charge les exigences de son peuple. Il est tout aussi conscient qu’il doit, dans cet esprit, continuer de marquer d’une empreinte positive et remarquable, comme cela a été le cas depuis notre indépendance, toutes les dynamiques économiques, diplomatiques et autres qui feront que l’Afrique sera toujours bien et positivement présente dans le concert des nations du monde.

Le renouveau global de ce contient sera la synergie de tous les renouveaux émanant des différentes nations et des convergences majeures réussies dans le cadre de l’Union Africaine (UA). A défaut, ce renouveau et la rupture historique tant souhaités ne seront jamais. L’Afrique est diverse et multiple. Il n’y a pas qu’une seule Afrique ! Autre précision nécessaire, vous dites : « Chaque pays possède son mythe fondateur. En France, c’est son nouvel ordre politique issu de la révolution française. Aux États-Unis d’Amérique, c’est l’esprit pionnier avec la conquête de l’ouest. Et au Sénégal ? C’est d’après moi, la Renaissance africaine consacrant le {paradigme sacré de l’égale dignité de tous les peuples et de toutes les cultures} ». C’est votre liberté de porter votre choix sur la Renaissance Africaine – même si elle reste encore une aspiration légitime parlant à peu de Sénégalais -, pour nous laisser croire qu’elle devrait constituer notre mythe fondateur. Vous n’y avez pas échappé, cette prétention dont certains ont souvent fait montre, aujourd’hui comme hier, pour faire des choix à notre place. C’est pour cela, pour ma part, que je ne vois pas autre mythe fondateur pour le Sénégal que son indépendance, marquée par cette date symbole du 4 avril, consacrant notre accession à la souveraineté nationale et à la liberté à laquelle tout peuple devrait prétendre.

« Chaque pays possède son mythe fondateur. En France, c’est son nouvel ordre politique issu de la révolution française. Aux États-Unis d’Amérique, c’est l’esprit pionnier avec la conquête de l’ouest. Et au Sénégal ? C’est d’après moi, la Renaissance africaine consacrant le {paradigme sacré de l’égale dignité de tous les peuples et de toutes les cultures} »

Ces deux précisions faites, je souhaiterais dire à l’endroit d’Emmanuel Desfourneaux qui a publié un article intéressant sur le Sénégal et son président dans le site SenePlus (27/04/2020), qu’expliquer une situation n’est pas nécessairement la dénoncer. Je n’ai pas dénoncé le libéralisme, j’ai plutôt relevé, pour m’en désoler, le caractère outrancier du néolibéralisme, son caractère sauvage, diront d’autres. Je l’ai fait pour expliquer ses effets pervers sur la situation sanitaire de l’ensemble des pays luttant contre cette pandémie du Covid-19. Un des chantres les plus marquants du néolibéralisme dans le monde actuel, en l’occurrence, le président Emmanuel Macron, mettait en lumière dans une des nombreuses adresses qu’il a faites à son peuple, depuis l’avènement de la pandémie du Covid-19 chez lui, en déclarant : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché « , ajoutant que « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond à d’autres, est une folie. » C’est dans ces mots du chef de l’Etat français que se trouvent les tares du libéralisme forcené dont j’ai parlé. Ces tares ne sont pas la substance, ni l’essentiel même du libéralisme économique. Ç’en est qu’une vile et dangereuse perversion. Le président Macky Sall, dans son mémorable adresse à la Nation, le 03 avril 2020, à la veille de la célébration du 60ème anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, soulignait avec force la nécessité, désormais, de promouvoir un développement à visage humain et à redéfinir les priorités « (…) La tourmente qui secoue le monde a fini de révéler au grand jour la fragilité de tous les pays et leurs vulnérabilités communes. Alors, il est temps de repenser l’ordre des priorités. (…) . Il est temps de travailler ensemble à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales », dit-il, sachant que ces relations internationales sont placées sous le signe du capitalisme libéral outrancier. Dans un tweet du 03 avril 2020, il disait ceci : « Au demeurant, cette crise doit aussi nous faire réfléchir sur nos limité et vulnérabilité ». Le 22 du même mois, il soutenait par le même canal que : « La crise mondiale que nous traversons doit nous permettre de faire émerger de nouveaux systèmes de production et de consommation plus respectueux de notre environnement. Préservons notre planète pour les générations futures ». L’amalgame sciemment entretenu est frappant quand vous écrivez : « Même si le Covid-19 revêt un caractère de force majeure selon Abdou Latif Coulibaly, il n’en demeure pas moins vrai que la part de responsabilité des politiques est indiscutable. Ils ont largement profité du système qu’ils ont beau jeu de dénoncer aujourd’hui ! Tous les investissements de la phase 1 et 2 du PSE ont été rendus possibles par « l’idéologie libérale forcenée » (Latif Coulibaly) à laquelle de surcroît l’APR appartient ! ». Je suis loin d’être la seule personne au monde à dire que le Covid-19 et la pandémie qu’il a provoquée constituent des cas de force majeure. La diffusion et la propagation vertigineuse de la maladie qui a attaqué et fait plier les systèmes de santé les plus vigoureux du monde, ont été aggravées par la structuration de la mondialisation et l’organisation des marchés qui en découlent. Dire cela n’est pas dénoncer le libéralisme. Il s’agit là de constater simplement les effets pervers d’un néolibéralisme triomphant et ravageur.

Soyons plus justes dans la critique, si nous la voulons constructive. S’endetter, pour venir ensuite, en tenant compte de circonstances particulières et exceptionnelles, demander que le remboursement de cette dette soit reconsidéré, voire effacer n’est en aucune manière assimilable à l’allégorie à laquelle vous faites allusion

Devons-nous encore demander la permission pour débattre de la problématique de la dette publique de l’Afrique, selon notre point de vue ? J’en ai parfois le sentiment, surtout quand je lis sous votre plume ce qui suit : « pourquoi toujours attendre une crise pour refonder les priorités des priorités, en particulier en faveur de l’économie de vie dédiée au bien-être humain (J. Attali), concept semblable à celui de l’économie réelle de Macky Sall ? » Je comprends bien ce que Jacques Attali dit et votre référence qui est en fait, traduisant la marque d’une paresse intellectuelle, car elle ne démontre nullement la pertinence de votre propos. Celle-ci met au contraire en évidence la faiblesse du raisonnement par le raccourci schématique sous l’aspect duquel il se présente. Vous savez comme moi, que toute crise dans la quasi-totalité des circonstances où elle survient, est souvent un révélateur marquant d’une défaillance ou d’un manquement. Manquements et défaillances qui ne sont, hélas, observables et palpables qu’après sa survenance. Sans l’apparition de la crise, on n’aurait certainement pas pu en prendre connaissance ou conscience. Il ne s’agit en rien d’attendre une crise pour opérer des changements. Le cas échéant, il s’agirait plutôt d’une attitude de sagesse relevant d’un simple bon sens. Le drame, ce n’est pas de vivre une crise qui, de surcroît, relève d’un cas de force majeure. Le drame serait d’opposer à la crise, de l‘irresponsabilité, en se montrant incapables de comprendre les leçons qu’elle enseigne, afin d’en tirer toutes les conséquences. Contrairement à ce que vous semblez dire, constater un cas de force majeure qui est hors du contrôle des humains n’est pas ignorer et encore moins absoudre des responsabilités en cause dans la gestion de cette crise ou dans l’organisation des services et secteurs de l’Etat qui devraient aider à la résoudre. Aussi, comme toujours, devons-nous en Afrique recevoir à la moindre occasion des leçons de tout le monde. Et celles venant en particulier de personnes parées de bonnes intentions, entre autres, activistes, africanistes « généreux », que sais-je encore, tous trop confortablement engoncés dans des certitudes totalement détachées des réalités que nous vivons sur ce continent. Non évidemment !

En lisant votre texte, j’ai noté cette interrogation : « comment en quelques jours Macky Sall est-il passé de l’allégorie de la main tendue à l’Occident au titre de l’annulation de la dette à celle du demi-dieu panafricain avec le Covid-organics ? La première réponse qui me vient à l’esprit, est d’ordre ontologique de l’être complexe du politique sénégalais : tourmenté existentiellement entre l’infiniment français et l’infiniment africain. Cette explication d’inspiration pascalienne du déséquilibre politique, trait caractéristique de la vie politique sénégalaise depuis 60 ans, est une réalité constante de la présidence salliste. Rappelez-vous la controverse sur les desserts des tirailleurs ! ».

Soyons plus justes dans la critique, si nous la voulons constructive. S’endetter, pour venir ensuite, en tenant compte de circonstances particulières et exceptionnelles, demander que le remboursement de cette dette soit reconsidéré, voire effacer n’est en aucune manière assimilable à l’allégorie à laquelle vous faites allusion. Sous ce rapport, je m’interroge pour savoir quel rapport cohérent faut-il établir entre la demande d’effacement de la dette publique africaine et l’entretien que le président Macky Sall a eu avec son homologue malgache, au sujet du traitement appelé Covid-organics qui est trouvé par les chercheurs de Madagascar ? Aucun rapport à notre avis. Le sophisme de la réponse trahit quelque part une totale vacuité du raisonnement. Ç’en est ainsi quand l’auteur s’interroge : « comment en quelques jours Macky Sall est-il passé de l’allégorie de la main tendue à l’Occident au titre de l’annulation de la dette à celle du demi-dieu panafricain avec le Covid-organics ? » Pour étayer une envie folle de dénier à Macky Sall tout droit de réclamer un effacement de dette, vous lui opposez ceci : « Sans doute Macky Sall manœuvre-t-il autant en faveur de l’annulation du service de la dette publique pour la faire supprimer à moindre coût ; elle a doublé au Sénégal depuis 2013 et son niveau élevé a poussé le FMI fin 2019 à obtenir l’augmentation de l’électricité (…). ». Votre raccourci est trop simpliste. Voilà ce qui me paraît plus juste d’écrire : En septembre 2015, le Comité national de la dette mentionnait que l’encours de la dette publique du Sénégal était à 3.076,2 milliards de francs à la fin de 2012. Cette dette est passée à 3.341,7 milliards en 2013 et à 4.112,9 en 2014. Cette tendance haussière s’est poursuivie en 2015 avec 4.597,6 milliards de francs et au premier trimestre 2016 avec un encours qui se situe à 4.745,3 milliards de francs, explique la Direction de la dette publique.

Les pauvres eux n’ont, depuis le début des années 80, eu de cesse d’ouvrir leurs marchés, de privatiser leurs économies, de promouvoir la concurrence et surtout de réduire l’instrument budgétaire. Ils sont soumis à l’application du dogme washingtonien qui les oblige à adopter les politiques de concurrence et de libéralisation faute de quoi, ils s’exposent à la sanction des guichets du FMI et de la Banque Mondiale.

En effet, de 7.505,1 en 2019, l’encours de la dette est projeté à 8.076,6 en 2020. De même, la charge financière de la dette établie à 364,80 milliards FCFA contre 273,19 en 2019, est en hausse de 91,61 milliards FCFA. Il faut toutefois ajouter à ces remarques d’autres données qui éclairent davantage. En 2013, année de référence de votre texte, la valeur du produit intérieur brut courant était évaluée à 16,05 milliards de dollars américains, avec une croissance de l’économie atteignant à peine 3%. Quand cette dette a été doublée, ce même produit intérieur courant a atteint 24,12 milliards de dollars américains. Avec en prime un taux de croissance de l’économie oscillant (2015-2019) entre 6 et 7,6%. Les efforts réalisés dans le cadre de la gestion budgétaire, mais surtout les investissements faits grâce au produit de la dette, ont permis au cours de cette période de sortir le Sénégal du lot des vingt cinq économies les moins avancées au monde. Pourquoi omettre de souligner que l’augmentation ou plutôt le doublement de la dette du pays a servi et bien servi les intérêts économiques du de la nation ? Comme nous le constatons ensemble, les réalités économiques sont plus complexes que ne laissent apparaître la formule lapidaire et le raccourci avec lesquels vous avez abordé la question de la dette, pour tenter de disqualifier la demande du Sénégal. Dès lors, pourquoi le Sénégal serait-il moins digne et moins respectable que l’Allemagne, quand ce pays après avoir plongé le monde dans la plus grande catastrophe mondiale, la seconde guerre mondiale, a demandé et obtenu l’effacement de sa dette constituée après la défaite de 1945. Après avoir causé les pires crimes à l’humanité, ce pays a obtenu l’effacement de sa dette ? Il en était ainsi parce que, selon le professeur Éric Toussaint : « les puissances occidentales ont voulu après la seconde guerre mondiale éviter de faire peser sur l’Allemagne le poids de remboursements insoutenables car elles ont considéré qu’ils avaient favorisé l’accession du régime nazi au pouvoir ». Selon le même auteur, Éric Toussaint : « Après la seconde guerre mondiale, de multiples conditions ont été réunies pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest de se développer rapidement en permettant la reconstruction de son appareil industriel ».

Pour en revenir aux méfaits du néolibéralisme outrancier et déshumanisant, je voudrais souligner avec l’auteur sud-coréen Chang qui, dans son ouvrage intitulé (Kicking Away the Ladder), explique que : « les politiques néolibérales, connues sous le vocable de (consensus de Washington), outre de les empêcher de se développer, comportent des périls multiformes. Elles sont en effet source d’insécurité et d’incertitudes car dans une situation de pénurie (…) ». Comment ne pas admettre que cette crainte prophétique suggérée par le livre de Chang, s’est aujourd’hui matérialisée avec les décisions unilatérales de restriction d’exportation de pays du Nord, dont dépend une partie de l’humanité pour disposer de nourriture et de médicaments. Chang indique que les pays riches sont montés sur le sommet du monde, en appliquant des politiques volontaristes interventionnistes et protectionnistes faites d’Etat acteur qui impulse aussi bien l’offre que la demande. Ainsi, les pays riches n’ont pas utilisé les préceptes libéraux au moment où ils étaient dans les stades de sous-développement. Les pauvres eux n’ont, depuis le début des années 80, eu de cesse d’ouvrir leurs marchés, de privatiser leurs économies, de promouvoir la concurrence et surtout de réduire l’instrument budgétaire. Ils sont soumis à l’application du dogme washingtonien qui les oblige à adopter les politiques de concurrence et de libéralisation faute de quoi, ils s’exposent à la sanction des guichets du FMI et de la Banque Mondiale. Cette anomalie qui structure les relations économiques internationales justifie et donne une totale légitimité à la demande d’effacement de la dette publique de l’Afrique et une réduction de sa dette commerciale. Il n’échappe à personne que le fardeau de la dette constitue une menace pour la stabilité de l’Afrique et présente de graves implications pour la paix et la sécurité dans le monde. C’est cela qu’il faut impérativement repensé. Le Prix Nobel nigérian, Wole Soyinka a raison quand il dit dans une interview accordée à RFI (mercredi 29 avril 2020 :« On ne comprendrait pas si l’Afrique n’apprend rien et ne fait rien à la suite de ce désordre universel ».

Par Abdou Latif Coulibaly ministre, porte-parole de la présidence de la République du Sénégal

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CÔTE D’IVOIRE- MUSIQUE : Quel avenir pour le couper décaler après la mort de Dj Arafat ?

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La nuit du 11 au 12 Août 2019 restera dans l’histoire de la musique ivoirienne, marquée d’un triste sceau. Houon Ange Didier plus connu sous le pseudonyme de DJ Arafat, donnait tragiquement son âme à Dieu, à la suite d’un accident de moto. La triste nouvelle a bouleversé le monde entier tant l’homme était d’un charisme et d’une aura exceptionnels.

Fils de Houon Pierre et de Tina Glamour, eux-mêmes artistes, DJ Arafat déposait le micro dans la fleur de l’âge. Une trentaine d’années de vie ! Il est parti alors que la gloire et la célébrité lui ouvraient les bras, laissant ses milliers de fans dits les Chinois dans la désolation. 

Sao Tao le dictateur, Beerus Sama, Commandant Zabra, Influenmento, Yorobo…, DJ Arafat, l’homme aux surnoms multiples était le maître du Couper Décaler, cette musique mise en marche dans les années 2000 par l’Ivoirien Douk Saga et sa bande d’amis jet-setteurs. Avec sa gouaille presqu’irrévérencieuse, DJ Arafat régnait sur cette musique. Provocateur à souhait, il n’hésitait pas à s’attaquer aux autres grosses têtes du milieu à travers des vidéos parfois virulentes. Ces sorties qui stimulaient la concurrence avaient fait du Couper Décaler la musique urbaine la plus en vogue en Côte d’Ivoire.

Crédit photo : Page facebook Arafat

Aujourd’hui, cette musique marque le pas. L’héritage du Daïshikan DJ Arafat est sûrement lourd à porter. Debordo Leekunfa et Serge Beynaud qui maintenaient le rythme aux côtés de l’idole des  » chinois  » s’essouflent. L’absence de DJ Arafat se ressent encore. Et c’est malheureusement tout l’avenir du Couper Décaler qui s’écroule. Si Kédjévara le Météormane, Debordo et Serge Beynaud tentent de le maintenir à flots à travers des singles sporadiques, leurs efforts sont bien insuffisants. Le guide manque véritablement à l’appel. 

Signe des temps. C’est le Rap Ivoire qui a conquis le cœur de la jeunesse ivoirienne. KS Bloom, Suspect 95, Didi B, Elown Kiff No Beat et d’autres rappeurs planent sur le showbiz ivoirien. 

Hélas,  » ce que la mort touche ne se réchauffe plus aux foyers d’ici-bas”. 

DJ Arafat est parti. Il a fait sa part. Aux vivants de tenir la flamme du Couper Décaler vive ! Au travail, chers  » Couper Décaleurs  » ! 

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SÉNÉGAL – « L’insurrection sera télévisée » par Pierre Sané

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Qui aurait pu imaginer que le Sénégal de « l’émergence » allait accoucher d’un régime de tyrannie ? L’appât est tout simplement la présidence à vie. Le Pastef n’est que la face émergée d’un peuple qui gronde de colère. Par Pierre Sané SenePlus

Appel à l’insurrection ?

Soyons sérieux !

L’insurrection ne saurait être attribuée à tel ou tel acteur politique. Non. Ce qui déclenche l’insurrection c’est la tyrannie.

L’insurrection c’est comme quand un système immunitaire sain produit des anticorps lorsqu’attaqué par un virus malsain et malveillant. Plus le système immunitaire est sain (cohésion sociale, solidarité, résilience, spiritualité …) et plus la réaction est ferme et sans équivoque. Pour une démocratie, c’est une réaction de survie. Il suffit de lire les livres d’histoire ou mieux de relire le préambule de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 : « Considérant qu’il est essentiel que les Droits de l’Homme soient protégés par un régime de droit, pour que l’Homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression… »

Nul besoin d’un soi-disant « appel ».

La tyrannie par contre est un projet politique, particulièrement malsain et malveillant. Pouvons-nous « apprendre à vivre avec un tel virus » ? Bien sûr que non !

Devons-nous le faire ? Hors de question !

Il faut s’en débarrasser.

Qui aurait pu imaginer que le Sénégal de « l’émergence » allait accoucher d’un régime de tyrannie ?

Tout d’abord la définition d’un tyran (de l’indispensable Wikipédia) : “La nature du pouvoir tyrannique se reconnaît en effet à ce que le tyran, sans abolir les lois, se place au-dessus d’elles. La perversion de ce régime tient aussi au fait que « la tyrannie cumule les vices de la démocratie et ceux de l’oligarchie », en raison de l’amour du tyran pour les richesses et de son hostilité à l’égard du peuple qu’il désarme et asservit. La tyrannie est le pouvoir arbitraire et absolu d’un souverain, d’une personne ou d’un groupe de personnes détenant l’autorité suprême, caractérisé par un gouvernement d’oppression et d’injustice”

Macky Sall est-il un tyran en devenir ?

« Je réduirai l’opposition à sa plus simple expression. » (et non pas je réunirai toute la nation dans sa diversité).

Voilà le programme politique que le président sénégalais Macky Sall avait dévoilé à ses concitoyens lors d’une conférence de presse à Kaffrine le 16 avril 2015. Ce jour-là Macky Sall avait rendu publique sa détermination à mener une guerre sans merci contre la démocratie.

Quand j’ai pris connaissance de ce prononcé, je n’en revenais pas. J’étais hors du pays. Des amis et camarades internationalistes de Turquie, Irlande, Kenya, Côte d’Ivoire et autres m’ont appelé pour confirmer que cela venait bien de la bouche du président de la République du Sénégal, une République constitutionnalisée comme étant démocratique laïque et sociale depuis 60 ans. Et qui dans son article 58 « garantit aux partis politiques qui s’opposent à la politique du gouvernement le droit de s’opposer ».

Sénégal ? Une démocratie en construction leur avais-je toujours dit.

Mais, me répondent-ils, « Macky Sall  contrôle le législatif, le pouvoir judiciaire ; il est Premier ministre, il nomme tous ses conseillers constitutionnels, il commande l’armée, il fait ce qu’il veut de votre argent y compris acheter le train le plus cher au monde (train français bien entendu).Il décide de la composition des listes de candidats députés de sa coalition, désigne les têtes de liste des élections locales, écrit la Constitution, change les règles du jeu avant les élections, choisit ses adversaires aux élections, s’attribue le rôle de maître des poursuites, dispose de l’administration.. Et … décide de la couleur des bus ! » (marron-beige bien sûr).

« Pierre, peux-tu toujours après tout ça nous abreuver de l’exception démocratique sénégalaise ? »

Piteusement, je réponds : au moins nous n’avons jamais eu de coups d’État.

« Ah ouais ? Votre président-poète n’a-t-il pas orchestré le premier coup d’État de l’Afrique indépendante contre le président du Conseil des ministres, en 1962, truquant son procès et le condamnant à la prison à perpétuité (Mamadou Dia) ? »

Revenant à la charge au sujet de Macky Sall, ils me disent (ils deviennent impitoyables) :

« Réduire à sa plus simple expression ?

Les dictionnaires nous en donnent une liste de synonymes : soumettre, anéantir, détruire, briser, vaincre, obliger, subjuguer, dompter, broyer, abattre, asservir, concasser, consumer, déchiqueter, acculer, recroqueviller. 

Relis la liste ci-dessus et tu t’apercevras comment elle capture tous les actes posés par le président Macky Sall contre l’opposition depuis mars 2012. »

En effet, la guerre contre la démocratie s’est intensifiée.

Déjà, après avoir décroché Idrissa Seck, il plastronnait qu’il réunissait désormais 85% de l’électorat. Et maintenant que fait-il ? Il cherche à étouffer les porte-voix des 15% restants. Quinze pour cent de plus et il peut devenir monarque et tyran.

Ainsi, Macky Sall ambitionne de s’octroyer littéralement tous les pouvoirs sans contre-pouvoirs et sans opposition.

Mais bien entendu, il manquera l’essentiel des pouvoirs, l’élément clé, à savoir le pouvoir souverain de battre sa propre monnaie, de superviser les banques et de décider du montant de la masse monétaire en circulation ainsi que des taux d’intérêt. Ceci, afin de pouvoir mener des politiques de développement équitable, créer une véritable économie et mettre fin à la pauvreté.

Car ce pouvoir appartient au Gouverneur de la Banque Centrale (BCEAO) dont le vrai patron est Bruno Lemaire, ministre français des Finances. Si Macky Sall est un vrai « guerrier » qu’il aille donc décrocher ce trophée. Rien de plus facile que d’être courageux lorsqu’on a les fusils et les balles face à des gosses armés de cailloux. Mais face au maître, on courbe l’échine ! Asservissement, quand tu nous tiens.

C’est pourquoi Macky Sall ne sera toujours qu’un tyran par délégation avec la latitude toutefois d’imposer par la force et la violence la perpétuation de son séjour au pouvoir. L’appât est tout simplement la présidence à vie.

Or nous savons tous que si vous conjuguez présidence à vie avec pétrole et gaz le désastre s’installe : guerres, corruption généralisée, pauvreté, inégalités, répression tous azimuts népotisme. Il suffit de jeter un regard autour de nous : Gabon, Congo, Tchad, Cameroun, Guinée équatoriale… C’est pourquoi tous ces amis m’appellent : « Le Sénégal ne doit pas rejoindre ce club. »

Le Sénégal ne mérite pas ce destin et ne l’acceptera pas. Quant á la volonté manifeste de briser l’élan de Pastef ? C’est peine perdue parce que Pastef, ce n’est que la face émergée d’un peuple qui gronde de colère.

Macky Sall a commis l’erreur de confondre résultats d’une élection controversée avec le peuple debout.

S’il ne retient pas la leçon et persiste dans ses errements alors oui l’insurrection sera au rendez-vous et elle sera télévisée. Nul besoin d’un quelconque «appel».

Par contre, il serait instructif de passer un coup de fil à Blaise Compaoré.

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A LA UNE

SÉNÉGAL : Affaire « Sweet Beauté », une démocratie souillée, Par l’éditorialiste de SenePlus Boubacar Boris Diop

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Le paradoxe des événements en cours, c’est que tout en étant graves, ils ont l’allure d’une farce grotesque. Le sentiment que Macky Sall ne se fixe aucune limite est inquiétant. Réagir à chaud est rarement une bonne idée. On peut comprendre que, dans le feu de l’action, les politiques y soient contraints quasi tout le temps : d’une certaine manière, le moindre doute peut leur être fatal. Mais aujourd’hui, avec l’affaire du « Sweet Beauté », l’éthique républicaine est à ce point tournée en ridicule que l’urgence de sonner l’alerte s’impose également, et de toute urgence, à tous. Par Boubacar Boris Diop

Le paradoxe des événements en cours, c’est que tout en étant graves, ils ont l’allure d’une farce grotesque. Ainsi donc, l’homme le plus surveillé du Sénégal, si méfiant qu’il ne fait jamais enregistrer de valise en soute lors de ses voyages en avion, aurait choisi un lieu public pour violer, les armes à la main, une jeune masseuse de 21 ans. Cette dernière déclare avoir été sexuellement abusée à plusieurs reprises dans cet endroit où sont installées, nous dit-on, des caméras de surveillance. Mais surtout, pas une seule fois l’on n’a entendu l’accusatrice du leader de Pastef appeler au secours ou se débattre pour mettre fin à son « calvaire ». Après tout, les faits incriminés sont supposés s’être déroulés dans une maison qui n’a pas l’air bien grande et où vivent une dizaine de personnes, dont la famille de la propriétaire du Sweet Beauté.

Heureusement pour Sonko, les apprentis-sorciers à l’esprit un peu dérangé n’avaient pas prévu que cette dernière n’entrerait pas dans leur jeu. Sa prise de parole, d’une remarquable clarté, a bien montré que des gens cyniques tapis dans l’ombre ont exploité l’inexpérience – pour ne pas parler de fragilité psychologique d’Adja Raby Sarr – et sa détresse financière, pour détruire un homme davantage perçu comme un ennemi mortel que comme un simple adversaire politique.

Le comble de l’amateurisme a été de s’imaginer que, dans notre pays tel qu’il va, une telle affaire pouvait rester strictement privée. Il a suffi de quelques heures pour qu’elle se politise au point de reléguer au second plan tous les autres sujets de la vie nationale, y compris une pandémie chaque jour un peu plus meurtrière. La polarisation, dans un contexte de sourd mécontentement populaire, se fait bien évidemment au détriment du régime de Macky Sall. On ne voit pas avec un si mauvais départ par quel miracle ses hommes de main pourraient convaincre qui que ce soit de la culpabilité de Sonko. De toute façon, quelles que soient leurs prétendues preuves, elles seront rejetées avec mépris par le tribunal de l’opinion, le seul qui vaille dans un pays démocratique. Il n’est pas non plus besoin d’être un partisan de Sonko pour deviner que le leader de Pastef sortira poliquement renforcé de cette épreuve. Les soutiens qui convergent de toutes parts vers lui ne vont pas peu contribuer à le légitimer comme figure politique majeure. Jusqu’ici son importance politique tenait surtout à l’élan d’une jeunesse qui en avait fait le dépositaire de ses espérances. Le voilà qui prend, peut-être plus tôt que prévu, l’épaisseur d’un acteur incontournable de la scène publique.   

Mais en ces heures de forte tension sociale, ce qui se joue va bien au-delà du destin politique de telle ou telle individualité. Il s’agit ici de la dignité de la démocratie sénégalaise dont les valeurs sont si joyeusement foulées au pied. En vérité ceux qui auraient dû la protéger sont tout simplement en train de la souiller. Aucune obscénité ou bizarrerie ne manque à l’appel : il est question d’une femme violée, bien réelle mais devenue un fantôme aussitôt sa plainte déposée ; du sperme d’un honnête père de famille – oublions un instant l’homme politique – convoyé nuitamment, paraît-il, vers un laboratoire ; d’une propriétaire de salon de massage victime de torture morale et de tentative de corruption pour lui faire changer son témoignage ; d’un Procureur de la République, Bassirou Guèye, d’une docilité à toute épreuve vis-à-vis de l’autorité politique ; de la convocation parfaitement illégale du député Ousmane Sonko à la « Section de recherches », c’est-à-dire au mépris de son immunité parlementaire ; et, tout aussi illégalement, de l’encerclement de son domicile par des chars de combat.

Comme si tout cela ne suffisait pas, l’Assemblée nationale est convoquée ce jeudi 11 février 2021 pour le livrer à une justice que, chose aussi triste que terrible, les justiciables ne prennent plus au sérieux. 

La totale emprise de l’Exécutif sur le Judiciaire et sur le Législatif montre que dans ce pays, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme, le président de la République. Ces institutions sont censées constituer un triangle mais celui-ci est d’un genre bien particulier en ce sens qu’il n’a qu’un côté.

Le Sénégal n’est pas pour autant l’affreuse dictature que certains se plaignent à dépeindre et, de toute façon, ce présidentialisme envahissant n’est pas nouveau. Il n’a toutefois jamais été à la fois aussi dangereux et caricatural. Le sentiment que le président Macky Sall ne se fixe aucune limite est tout à fait inquiétant. En agissant d’une façon aussi cavalière, il montre le peu de cas qu’il fait non seulement du commun des Sénégalais mais aussi de ses alliés.

Ce dernier point mérite que l’on s’y arrête un instant.

Certains compagnons de route de Macky Sall sont connus et respectés pour s’être battus leur vie durant pour le progrès et la souveraineté du Sénégal. Qu’ils aient décidé à un moment donné de soutenir Macky Sall importe finalement peu : la vie politique réelle est faite de ces allers-retours et chassés-croisés, ce n’est que le délicieux chaos de la politique politicienne sous les Tropiques. Rien de bien méchant. Ce qui reste plus difficile à accepter, c’est que des intellectuels aussi clairvoyants et d’une grande force de caractère donnent aujourd’hui – du dehors tout au moins – l’impression d’être littéralement tétanisés face au chef de l’Etat. Dans une situation normale, celui-ci devrait pouvoir se dire de temps à autre qu’il existe une ligne rouge que certains de ses alliés, indépendamment de leur poids électoral, ne lui permettraient pas de franchir. La situation ubuesque que nous vivons depuis quelques jours est typique d’un pays où personne n’ose murmurer la moindre réserve à l’oreille du boss.  

Et ce n’est pas que personne n’en ait envie. Il se pourrait bien, en effet, que même dans son parti, des cadres et des militants, quelle que soit leur hostilité à Ousmane Sonko – on peut parfaitement la comprendre – soient embarrassés de voir leur leader se tirer si souvent une balle dans le pied.

Pour expliquer ses comportements erratiques, plusieurs précédents sont cités ces jours-ci, de Karim Wade à Aminata Touré, en passant par Khalifa Sall, tous soupçonnés de lorgner le fauteuil présidentiel, crime gravissime s’il en est. Quelqu’un aurait dû souffler au président que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. La maladroite tentative d’élimination de Sonko, vouée à l’échec, risque de le lui rappeler amèrement. Le leader de Pastef pourrait tirer profit du sentiment de plus en plus partagé que trop c’est trop.

Il est possible que les stratèges du pouvoir aient voulu, par cette provocation, tester les capacités de résistance de Pastef, s’assurer que, comme la propagande du régime le répète à l’envi, que ce n’est que « le parti des réseaux sociaux ». Le résultat a dû les décevoir : le Sénégal s’est retrouvé en très peu de temps dans une situation quasi insurrectionnelle non seulement dans certains quartiers dakarois mais aussi dans des villes comme Louga, Bignona, Mbour et Ziguinchor, cette liste étant fortement susceptible de s’allonger si l’on ne met pas fin au plus vite à cette pantalonnade. Last but not least, le début d’internationalisation à laquelle on assiste fait politiquement sens au vu de la côte d’amour de Pastef dans la diaspora.

En somme, cette expérience peu concluante devrait ramener Macky Sall à la raison. Elle lui donne surtout un désagréable avant-goût des sérieux obstacles qu’il lui faudra surmonter pour imposer une troisième candidature. Ce sera tout simplement mission impossible, même si les exemples de Ouattara et Condé pourraient l’inciter à s’entêter.

La seule chose que devrait faire Macky Sall, c’est de se résigner à l’idée que l’on ne peut pas mettre un pays à feu et à sang au prétexte de vouloir continuer à le diriger. Entre avril 1960 et cette année 2021, des dizaines de millions de fils du Sénégal y ont vécu et y vivent encore. Parmi eux, seuls quatre ont eu l’honneur d’en être le chef d’Etat. Des millions d’autres vivent très bien le fait de n’avoir jamais eu à présider un quelconque pays et beaucoup d’entre eux ne sont pas moins capables que Macky Sall. Bien au contraire…

Source : SenePlus / Par Boubacar Boris Diop / bdiop@seneplus.com

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