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SÉNÉGAL : Affaire « Sweet Beauté », une démocratie souillée, Par l’éditorialiste de SenePlus Boubacar Boris Diop
Le paradoxe des événements en cours, c’est que tout en étant graves, ils ont l’allure d’une farce grotesque. Le sentiment que Macky Sall ne se fixe aucune limite est inquiétant. Réagir à chaud est rarement une bonne idée. On peut comprendre que, dans le feu de l’action, les politiques y soient contraints quasi tout le temps : d’une certaine manière, le moindre doute peut leur être fatal. Mais aujourd’hui, avec l’affaire du « Sweet Beauté », l’éthique républicaine est à ce point tournée en ridicule que l’urgence de sonner l’alerte s’impose également, et de toute urgence, à tous. Par Boubacar Boris Diop
Le paradoxe des événements en cours, c’est que tout en étant graves, ils ont l’allure d’une farce grotesque. Ainsi donc, l’homme le plus surveillé du Sénégal, si méfiant qu’il ne fait jamais enregistrer de valise en soute lors de ses voyages en avion, aurait choisi un lieu public pour violer, les armes à la main, une jeune masseuse de 21 ans. Cette dernière déclare avoir été sexuellement abusée à plusieurs reprises dans cet endroit où sont installées, nous dit-on, des caméras de surveillance. Mais surtout, pas une seule fois l’on n’a entendu l’accusatrice du leader de Pastef appeler au secours ou se débattre pour mettre fin à son « calvaire ». Après tout, les faits incriminés sont supposés s’être déroulés dans une maison qui n’a pas l’air bien grande et où vivent une dizaine de personnes, dont la famille de la propriétaire du Sweet Beauté.
Heureusement pour Sonko, les apprentis-sorciers à l’esprit un peu dérangé n’avaient pas prévu que cette dernière n’entrerait pas dans leur jeu. Sa prise de parole, d’une remarquable clarté, a bien montré que des gens cyniques tapis dans l’ombre ont exploité l’inexpérience – pour ne pas parler de fragilité psychologique d’Adja Raby Sarr – et sa détresse financière, pour détruire un homme davantage perçu comme un ennemi mortel que comme un simple adversaire politique.
Le comble de l’amateurisme a été de s’imaginer que, dans notre pays tel qu’il va, une telle affaire pouvait rester strictement privée. Il a suffi de quelques heures pour qu’elle se politise au point de reléguer au second plan tous les autres sujets de la vie nationale, y compris une pandémie chaque jour un peu plus meurtrière. La polarisation, dans un contexte de sourd mécontentement populaire, se fait bien évidemment au détriment du régime de Macky Sall. On ne voit pas avec un si mauvais départ par quel miracle ses hommes de main pourraient convaincre qui que ce soit de la culpabilité de Sonko. De toute façon, quelles que soient leurs prétendues preuves, elles seront rejetées avec mépris par le tribunal de l’opinion, le seul qui vaille dans un pays démocratique. Il n’est pas non plus besoin d’être un partisan de Sonko pour deviner que le leader de Pastef sortira poliquement renforcé de cette épreuve. Les soutiens qui convergent de toutes parts vers lui ne vont pas peu contribuer à le légitimer comme figure politique majeure. Jusqu’ici son importance politique tenait surtout à l’élan d’une jeunesse qui en avait fait le dépositaire de ses espérances. Le voilà qui prend, peut-être plus tôt que prévu, l’épaisseur d’un acteur incontournable de la scène publique.
Mais en ces heures de forte tension sociale, ce qui se joue va bien au-delà du destin politique de telle ou telle individualité. Il s’agit ici de la dignité de la démocratie sénégalaise dont les valeurs sont si joyeusement foulées au pied. En vérité ceux qui auraient dû la protéger sont tout simplement en train de la souiller. Aucune obscénité ou bizarrerie ne manque à l’appel : il est question d’une femme violée, bien réelle mais devenue un fantôme aussitôt sa plainte déposée ; du sperme d’un honnête père de famille – oublions un instant l’homme politique – convoyé nuitamment, paraît-il, vers un laboratoire ; d’une propriétaire de salon de massage victime de torture morale et de tentative de corruption pour lui faire changer son témoignage ; d’un Procureur de la République, Bassirou Guèye, d’une docilité à toute épreuve vis-à-vis de l’autorité politique ; de la convocation parfaitement illégale du député Ousmane Sonko à la « Section de recherches », c’est-à-dire au mépris de son immunité parlementaire ; et, tout aussi illégalement, de l’encerclement de son domicile par des chars de combat.
Comme si tout cela ne suffisait pas, l’Assemblée nationale est convoquée ce jeudi 11 février 2021 pour le livrer à une justice que, chose aussi triste que terrible, les justiciables ne prennent plus au sérieux.
La totale emprise de l’Exécutif sur le Judiciaire et sur le Législatif montre que dans ce pays, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme, le président de la République. Ces institutions sont censées constituer un triangle mais celui-ci est d’un genre bien particulier en ce sens qu’il n’a qu’un côté.
Le Sénégal n’est pas pour autant l’affreuse dictature que certains se plaignent à dépeindre et, de toute façon, ce présidentialisme envahissant n’est pas nouveau. Il n’a toutefois jamais été à la fois aussi dangereux et caricatural. Le sentiment que le président Macky Sall ne se fixe aucune limite est tout à fait inquiétant. En agissant d’une façon aussi cavalière, il montre le peu de cas qu’il fait non seulement du commun des Sénégalais mais aussi de ses alliés.
Ce dernier point mérite que l’on s’y arrête un instant.
Certains compagnons de route de Macky Sall sont connus et respectés pour s’être battus leur vie durant pour le progrès et la souveraineté du Sénégal. Qu’ils aient décidé à un moment donné de soutenir Macky Sall importe finalement peu : la vie politique réelle est faite de ces allers-retours et chassés-croisés, ce n’est que le délicieux chaos de la politique politicienne sous les Tropiques. Rien de bien méchant. Ce qui reste plus difficile à accepter, c’est que des intellectuels aussi clairvoyants et d’une grande force de caractère donnent aujourd’hui – du dehors tout au moins – l’impression d’être littéralement tétanisés face au chef de l’Etat. Dans une situation normale, celui-ci devrait pouvoir se dire de temps à autre qu’il existe une ligne rouge que certains de ses alliés, indépendamment de leur poids électoral, ne lui permettraient pas de franchir. La situation ubuesque que nous vivons depuis quelques jours est typique d’un pays où personne n’ose murmurer la moindre réserve à l’oreille du boss.
Et ce n’est pas que personne n’en ait envie. Il se pourrait bien, en effet, que même dans son parti, des cadres et des militants, quelle que soit leur hostilité à Ousmane Sonko – on peut parfaitement la comprendre – soient embarrassés de voir leur leader se tirer si souvent une balle dans le pied.
Pour expliquer ses comportements erratiques, plusieurs précédents sont cités ces jours-ci, de Karim Wade à Aminata Touré, en passant par Khalifa Sall, tous soupçonnés de lorgner le fauteuil présidentiel, crime gravissime s’il en est. Quelqu’un aurait dû souffler au président que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. La maladroite tentative d’élimination de Sonko, vouée à l’échec, risque de le lui rappeler amèrement. Le leader de Pastef pourrait tirer profit du sentiment de plus en plus partagé que trop c’est trop.
Il est possible que les stratèges du pouvoir aient voulu, par cette provocation, tester les capacités de résistance de Pastef, s’assurer que, comme la propagande du régime le répète à l’envi, que ce n’est que « le parti des réseaux sociaux ». Le résultat a dû les décevoir : le Sénégal s’est retrouvé en très peu de temps dans une situation quasi insurrectionnelle non seulement dans certains quartiers dakarois mais aussi dans des villes comme Louga, Bignona, Mbour et Ziguinchor, cette liste étant fortement susceptible de s’allonger si l’on ne met pas fin au plus vite à cette pantalonnade. Last but not least, le début d’internationalisation à laquelle on assiste fait politiquement sens au vu de la côte d’amour de Pastef dans la diaspora.
En somme, cette expérience peu concluante devrait ramener Macky Sall à la raison. Elle lui donne surtout un désagréable avant-goût des sérieux obstacles qu’il lui faudra surmonter pour imposer une troisième candidature. Ce sera tout simplement mission impossible, même si les exemples de Ouattara et Condé pourraient l’inciter à s’entêter.
La seule chose que devrait faire Macky Sall, c’est de se résigner à l’idée que l’on ne peut pas mettre un pays à feu et à sang au prétexte de vouloir continuer à le diriger. Entre avril 1960 et cette année 2021, des dizaines de millions de fils du Sénégal y ont vécu et y vivent encore. Parmi eux, seuls quatre ont eu l’honneur d’en être le chef d’Etat. Des millions d’autres vivent très bien le fait de n’avoir jamais eu à présider un quelconque pays et beaucoup d’entre eux ne sont pas moins capables que Macky Sall. Bien au contraire…
Source : SenePlus / Par Boubacar Boris Diop / bdiop@seneplus.com
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SÉNÉGAL – Un phénomène nommé Mouhamed VJ fait monter la chaleur à la Cigale
Le vendredi 10 janvier, pour clore la semaine en beauté, nous nous sommes rendus à la Cigale pour assister à un concert exceptionnel. À l’affiche : le jeune prodige casseur de code et inventeur de style, celui qui s’affiche comme un génie dans son domaine : Mouhamed VJ a cassé la barrage à la Cigale.
VJ, un phénomène du rap galsen
VJ, c’est seulement 20 ans. Mais ne vous fiez pas à son jeune âge. Comme l’a dit un écrivain français : « La valeur n’attend point le nombre des années. » Cette citation lui correspond parfaitement. Sur YouTube, ses vidéos cumulent près de 100 millions de vues. Quant aux streams, mieux vaut ne pas en parler pour ne froisser personne. Vendredi soir à Paris, VJ s’est produit pour la première fois à la salle mythique de la Cigale. Et pourtant, à le voir aussi à l’aise sur scène, on pourrait croire qu’il s’agit d’un habitué des grandes salles. Jogging complet, sac à dos, micro au bord des lèvres : VJ a emporté son public dans une galaxie de flows et de vibes. Chaque note, à la fois délicate et puissante, compose une fresque musicale captivante. Une performance qui a enchanté non seulement les oreilles, mais aussi les cœurs. Des guest stars étaient à ses côtés sur la scène : Warren, Jungeli ou encore Seydouche.
Un artiste précoce
Mouhamed Abdoulaye Preira, alias VJ, est né au début des années 2000 dans le quartier de Médina, à Dakar. Partagé entre le rap et le football durant son enfance, il finit par choisir le rap. À seulement 13 ans, il est déjà une petite célébrité dans le quartier de Bopp. Son premier single, « Dans tes bras », marque les esprits. À 17 ans, il charme le public et se constitue rapidement une fanbase solide, notamment grâce à une forte présence sur les réseaux sociaux. À tel point qu’il organise son premier concert avec seulement quelques titres à son actif.
De Hoside à Warner
VJ fait ses débuts dans l’industrie musicale en collaborant avec le label Hoside, afin de maintenir sa popularité grandissante. En 2022, il sort un EP intitulé « En Vrai », que ses fans considèrent comme un véritable album. Cet EP donne lieu à une série de spectacles à travers le Sénégal : l’Esplanade du Grand Théâtre de Dakar, le Canal Olympia et l’Esplanade du Musée des Civilisations Noires, entre autres. Désireux d’élargir ses horizons, VJ signe ensuite avec le label Rec 118 de Warner Music, en partenariat avec Hoside et BLZ.
Un vendredi soir incandescent
À 19 heures, la Cigale ouvre ses portes qui donne lieu à une marée de fans venus profiter de la performance de ce prodige de 20 ans. Reconnu pour son énergie scénique, VJ a livré une prestation magistrale, digne d’un artiste ayant plusieurs années de carrière derrière lui. Ce vendredi soir, il a prouvé qu’il était bien plus qu’une étoile montante : il est une figure incontournable de la scène musicale, un artiste sur lequel il faudra désormais compter.
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SÉNÉGAL – Tournée européenne Link Sunugal en Italie, un tournant majeur
Après plusieurs semaines à parcourir les grandes capitales européennes, la ‘‘Tournée Européenne Link Sunugal’’ s’est conclue en apothéose le 11 décembre 2024 à Offida, en Italie. La cérémonie de clôture a rassemblé une délégation impressionnante composée d’élus, de diplomates, d’entrepreneurs et de membres des diasporas sénégalaise et italienne. Tous ont répondu présents pour sceller des partenariats économiques et solidaires entre les deux pays.
Link Sunugal : une opportunité d’investissement
Devant une assistance enthousiaste composée du maire d’Offida et de plusieurs personnalités de haut rang, M. Ibrahima Badji, président d’IBC INVEST, a tenu à saluer le travail acharné des organisateurs et à remercier les participants pour leur détermination à renforcer les liens économiques entre le Sénégal et l’Italie. En effet, la tournée Link Sunugal a permis de mettre en lumière les enjeux économiques cruciaux pour le Sénégal, en particulier dans le contexte des retombées pétrolières et gazières. Soulignant le rôle central de la diaspora sénégalaise en tant qu’acteur clé de ce développement économique, M. Badji a insisté sur les nouvelles opportunités d’affaires qui s’ouvrent désormais aux entreprises sénégalaises grâce à cette coopération bilatérale renforcée. La tournée Link Sunugal se présente donc comme une véritable plateforme d’échange et d’investissement, où des retombées concrètes et durables pour les deux pays sont attendues.
Plus que des distinctions symboliques, un pacte d’engagement mutuel
Lors de ce Salon, Aliou Gning, maire de Sandiara, a été honoré par Luigi Massa, maire d’Offida, pour son leadership dans le développement de sa commune. De son côté, Abdou Karim Sy, maire de Koki, a reçu une distinction des mains de Mauro Broda, président de l’Institut Consulaire International (ICI), en reconnaissance de son rôle dans la promotion de la diplomatie économique et des partenariats internationaux. Il faut noter que ces distinctions, loin d’être honorifiques, témoignent de l’engagement des deux maires à promouvoir un développement inclusif et durable. Ça été l’occasion pour les deux hommes d’entamer des visites d’affaires et de partenariats avec les communes d’Offida et de San Benito.
Pour un développement inclusif et durable
Lors du récent salon consacré à l’économie sociale et solidaire, plusieurs leviers stratégiques ont été mis en avant pour favoriser un développement harmonieux et inclusif. Faire le marketing en langues locales est une approche pertinente, car elle permet d’impliquer davantage les populations, en particulier les femmes et les jeunes. L’éducation et le civisme ont aussi été identifiés comme des piliers essentiels pour renforcer l’économie. En outre, la microfinance, selon les participants, peut devenir un outil efficace pour combattre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des couches les plus vulnérables. Par ailleurs, les industries culturelles ont été présentées comme des moyens capables de dynamiser l’économie locale tout en préservant le patrimoine culturel. Un accent particulier a également été mis sur les investissements de la diaspora, qui représentent un soutien vital aux Petites et Moyennes Entreprises. À cela s’ajoute la nécessité de prendre en compte les enjeux environnementaux pour une transition vers des sources d’énergie plus vertes et créatrices d’emplois, comme l’a plaidé M. Badji.
Des partenariats concrets pour un avenir solidaire
Une bonne nouvelle est tombée à ce salon : la création d’un réseau de la diaspora sénégalaise en Italie. Ce réseau sera présidé par M. Mamadou Faye et animé par Mme Nor Ndiaye. Il aura pour but de répondre aux besoins des membres de la diaspora, notamment en facilitant l’accès aux financements, à la couverture sanitaire, au rapatriement des dépouilles ou à l’assistance juridique. Cette initiative découle de la volonté de renforcer le lien entre les Sénégalais établis en Italie et leur pays d’origine. Cette vision est partagée par le maire de Sandiara, qui a une ambition claire : hisser sa commune au rang de ville émergente d’ici 2035. Dans cette dynamique, il a lancé un appel aux investisseurs italiens pour les encourager à saisir les opportunités offertes par le Sénégal.
Le triptyque stratégique : Sénégal – Italie – Moldavie
Ce partenariat triangulaire entre le Sénégal, l’Italie et la Moldavie est porté par des intervenants comme Senesi Roberto. En raison de certaines similitudes culturelles et économiques partagées, ils entendent promouvoir un développement mutuel et durable entre ces trois pays, avec à la clé l’idée d’un jumelage entre les communes d’Offida en Italie et de Koki au Sénégal. Ce jumelage représente une opportunité précieuse pour résoudre des défis pressants liés à l’approvisionnement en eau, à la santé et à l’environnement. Ce projet, qui s’inscrit dans un cadre de coopération triangulaire entre le Sénégal, l’Italie et la Moldavie, vise à résoudre des défis cruciaux tels que l’accès à l’eau potable, la santé et la préservation de l’environnement. Par ailleurs, une mission de prospection menée le lundi 16 décembre à l’usine Monvimox, spécialisée dans le traitement des produits halieutiques, illustre l’ambition des deux maires de diversifier les investissements dans leurs communes. Ce partenariat pourrait, à terme, contribuer à moderniser le secteur halieutique sénégalais tout en générant des emplois pour les jeunes.
Link Sunugal : rendez-vous d’espoir
Lors de la clôture du salon, M. Ibrahima Badji, président de l’IBC-Invest, a exhorté les participants à l’action : transformer les idées échangées en initiatives concrètes pour éradiquer la pauvreté et construire un avenir solidaire pour les générations futures. Il a émis le souhait de voir des résultats tangibles émerger avant la prochaine édition. C’est avec un sentiment d’optimisme et de détermination que les participants sont sortis de ce salon, qui permettra au Sénégal et à l’Italie de consolider une alliance stratégique durable. Le Salon Link Sunugal 2024 n’a pas seulement célébré les succès ; il a jeté les bases d’une coopération économique et sociale solide entre le Sénégal et ses partenaires. Les résultats de ces initiatives seront attendus avec impatience lors de la prochaine édition.
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SÉNÉGAL – Fatou Sall, départ prématuré d’une “âme sociale”
Terrible douleur est la nouvelle qui étreint, depuis le 18 décembre 2024, le monde associatif sénégalais et de la diaspora. Fatou Aïssata Sall, la présidente de l’association Sene Asso, s’en est allée, brutalement, lors d’une tournée solidaire, à Dakar. Elle n’avait que 36 ans. Elle n’est pas partie n’importe comment. C’est au milieu des enfants démunis, à la pouponnière, dans les écoles coraniques que son âme est allée rejoindre les astres. Une ironie tragique pour celle qui incarnait la lumière discrète mais persistante de l’engagement social.
Fatou Sall, une bonté sans frontières
Fatou Sall n’appartenait pas à ces bienfaitrices médiatisées qui crèvent l’écran et dont la charité se donnait en spectacle. Résidant à Paris depuis son enfance, elle n’avait jamais cessé – douloureux passé – de tisser des ponts entre la France et le Sénégal. Elle n’avait qu’une devise, « aider sans attendre de retour », et ce credo animait sa passion. Elle donnait de la joie aux pauvres, aux oubliés, aux migrants errant dans Paris. C’étaient ses protégés. Paris, elle la connaissait ; puisque Paris l’avait vue grandir. Pourtant, le Sénégal n’était pas une nostalgie pour elle. Aussi a-t-elle fondé Sene Asso en 2016 afin de venir en aide aux étudiants sénégalais nouvellement arrivés en France. L’association s’élargit et s’attaque aux problématiques sociales et humanitaires sénégalaises. Depuis 2019, elle avait initié la Tournée Solidaire de Sene Asso afin de mobiliser des fonds visant à soutenir les structures d’accueil pour enfants, les établissements scolaires et les centres religieux.
Des femmes, comme on en voit plus
Après avoir travaillé pendant 20 ans dans le secteur du tourisme, Fatou Sall avait réussi sa reconversion professionnelle. Elle était directrice des achats et des relations fournisseurs dans une entreprise d’ameublement en France depuis 2022. Malgré toute cette charge de travail, elle arrivait à concilier vie personnelle, activités professionnelles et associatives. Toujours simple. Toujours vêtu d’un sourire franc et dans ce sourire, percevait l’inquiétude qu’elle se faisait pour les autres, mettant ses propres difficultés en sourdine. Et, étant à la tête de Sene Asso, ce n’était pas les sollicitations qui manquaient. Ndiaga Fall, l’un de ses proches collaborateurs, témoigne : « Elle était très disponible et dévouée. Nous saluons véritablement son esprit de solidarité ». C’est rare de voir toute la chaîne d’amour qui se déploie autour de Fatou Sall.
Pudeur et dévouement, modèle de leadership féminin
Fatou Sall n’avait pas peur des combats. Elle était de tous les fronts associatifs. Cependant, et cela peut paraître paradoxal s’agissait d’une femme qui s’affirme, elle avait cette retenue pudique. Jamais un mot plus haut que l’autre. Son esprit de management en tant que présidente de l’association Sene Asso auréole son âme encielée. À ses amis et proches, elle leur confiait souvent : « Le principal défi est de concilier vie personnelle, professionnelle et associative. Mais grâce à ma personnalité et mon expérience, diriger Sene Asso est plutôt aisé ». Son partenaire de travail depuis quatre ans, Aladji Gora Pene, résume leur collaboration par deux mots : « Respect et admiration » et Il témoigne : « Fatou était méthodique, organisée, rigoureuse. Elle a fait de nous tous des Fatou prêts à conseiller, orienter et prendre les meilleures décisions ». Il faut du coffre pour devenir un acteur majeur de la solidarité franco-sénégalaise. Et, Fatou Sall l’avait. Incontestablement.
L’engagement vrai, un héritage impérissable
Ce départ, brusque, est un séisme silencieux. Une faille qu’il sera difficile de combler. Ce décès, personne ne l’a vu venir, puisque derniere publication sur Facebook date d’à peine quelques jours. Et pourtant, quelque part, elle le pressentait. Elle a pris soin de laisser derrière elle des recommandations, des plans pour l’avenir de Sene Asso, comme un soldat qui, en partance pour le front, prépare sa famille à sa perte. Sene Asso promet de continuer les actions initiées par sa présidente. Fatou Sall n’a jamais cherché la lumière. Et quand son moment est arrivé, elle a su s’éclipser. Elle laisse un héritage, et une manière de pratiquer la vie associative. Un lien et un numéro de téléphone ont aussi été mis en place afin d’aider la famille à traverser cette épreuve. Comme quoi l’esprit de solidarité prôné par Fatou Sall brille encore. Désormais, elle repose au cimetière de Yoff au Sénégal.
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