AFRIQUE CENTRALE
RWANDA : Paul Kagamé répond à Emmanuel Macron.
Lors de sa prestation de serment, vendredi 18 août 2017 au stade Amahoro (Paix), pour un nouveau mandat de sept ans, le président Paul Kagamé du Rwanda a envoyé ce qui est perçu comme une sorte de petite réplique à son homologue français, Emmanuel Macron, qui situait le problème de l’Afrique dans un “défi civilisationnel”.
Face à 20 chefs d’Etat et de gouvernements et à 25 000 personnes, l’homme fort de Kigali a appelé les africains à se méfier des “préceptes” que d’aucuns veulent imposer au continent. “Chaque pays africain doit faire face aux tentatives visant à nous forcer à vivre selon les termes de quelqu’un d’autre. Ils exigent que nous changeons des systèmes qui travaillent bien pour nous avec des dogmes dans lesquels leur propre peuple perd rapidement la foi. L’Afrique n’a pas de problèmes de civilisation, seulement des actifs”. et le président rwandais d’ajouter en français l’expression “Sans aucun doute”, ajouté plus tard sur sa page Facebook. Une façon de préciser l’identité du destinataire du message?
“L’Afrique est sur la bonne voie et nous allons nous en sortir”, a dit l’homme fort de Kigali qui a en outre supervisé une réunion sur les réformes de l’Union Africaine à la fin de sa prestation de serment. Beaucoup d’analystes voient derrière le discours de Kagamé une réponse aux critiques de la communauté internationale face à son long règne commencé il y a 23 ans et qui pourrait se prolonger jusqu’en 2034 à la faveur des amendements constitutionnels votés par les rwandais à une écrasante majorité. “Toute tentative faite, de l’intérieur ou de l’extérieur, pour dénigrer le processus et glorifier l’ancienne politique de division, a seulement rendu les rwandais plus déterminés à s’exprimer par le vote”, a déclaré le président Kagamé réélu avec plus de 98, 97% des voix.
Et le président Kagamé de se faire panafricain. ” Durant des siècles d’adversité, notre civilisation nous a soutenue. Aujourd’hui, cela nous donne de l’ambition, de la compassion et de la créativité. Toute l’inspiration dont nous avons besoin est ici en Afrique. Il existe un leadership et une ingéniosité exceptionnels parmi nous, partout, que nous avons été habitués à ne pas reconnaître comme tels”. Et de finir en incantation : “Veillons à ce que ceux qui ont lutté et péri pour construire ce nouveau Rwanda et pour libérer l’Afrique ne se soient pas sacrifiés en vain”.
Le Président Kagame a été élu avec un haut score de 98,79 % pour un prochain mandat de sept ans, alors que ses concurrents, Philippe Mpahimana, candidat indépendant, et Dr Frank Habineza de Green party, se sont contentés respectivement d’un faible score de 0,72 % et 0,48 %.
Parmi les Chefs d’Etat et de Gouvernements présents à la cérémonie, l’on peut citer Alpha Conté de Guinée ; Yoweri Musevenu Kaguta de l’Ouganda ; Idriss Deby Itno du Tchad ; Sassou Nguesso de Congo Brazzaville ; Macky Sall du Sénégal ; Issoufou Mahamadou du Niger ; Ismaëll Omar Guelleh de Djibouti ; Faure Essozima Gnassingbé du Togo ; Ali Bongo Ondimba du Gabon ; Hailemariam Desalegn d’Ethiopie ; Uhuru Kenyatta du Kenya et son épouse ; Patrice Trevoada de Sao Tomé et Principe ; Edgar Lungu de Zambie ; Salva Kiir du Soudan du Su ; Hage Geingob de Namibie et son épouse ; Archange Touadera de Centrafrique ; Omar El Béchir du Soudan ; Yemi Osinbajo du Nigeria ; Brahim Ghali de l’entité Arabe Sahraouie Démocratique, (non reconnue par l’ONU).
A noter aussi les présences du Premier Ministre de Madagascar, des Présidents des Parlements de la RDC, de la Guinée Equatoriale, du Maroc, du délégué du Roi de Swazilande et des Ministères des Affaires étrangères de Gambie, du Lesotho, des Comores, de l’Erythrée, du Ghana, du Mali, de Mauritanie, de Mozambique, de Tunisie, et du Liberia.
Par Gakwaya André, Kigal
A LA UNE
RD CONGO – Élections : Un cadre du parti du candidat Moïse Katumbi meurt lors d’un déplacement dans l’est du pays
Un cadre du parti de l’opposant Moïse Katumbi a été tué et plusieurs autres blessés mardi 28 novembre 2023 à Kindu, dans l’est de la RDC, où l’opposant est arrivé dans le cadre de sa campagne pour la présidentielle du 20 décembre. Il s’agit du premier incident majeur depuis le début de cette campagne électorale qui se déroule dans un climat politique tendu.
Le climat était déjà tendu bien avant l’atterrissage de l’avion de Moïse Katumbi, les autorités ayant interdit à l’opposant de tenir son meeting à la Tribune centrale de l’artère principale de la ville de Kindu.
À son arrivée, Moïse Katumbi et ses alliés, dont l’ancien Premier ministre Matata Ponyo et Seth Kikuni ont été acclamés et suivis par la foule dans les rues avant le rassemblement délocalisé ailleurs. C’est à l’approche de la résidence du gouverneur que l’opposant et ses partisans ont été attaqués à coup de jets de pierres par des jeunes supposés appartenir au parti présidentiel.
« Lapidé », selon son parti
Dans les échanges et la cohue, en tête de cortège, Dido Kakisingi, responsable de la jeunesse du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi à Kindu, a été atteint par un projectile. À terre, il a été roué de coups violents jusqu’à rendre l’âme, selon son parti, affirmant qu’il a tout simplement été « lapidé ».
Mais pour le maire de Kindu, ce dernier est tombé d’un véhicule du cortège avant d’être tamponné. La police s’est interposée, en tirant à balles réelles. Dans la foulée, plusieurs autres blessés ont été enregistrés.
Ces incidents n’ont pas freiné le cortège de campagne de Moïse Katumbi qui a tenu son rassemblement pour solliciter le vote des populations.
A LA UNE
CONGO – Au moins 37 morts dans une bousculade lors d’un recrutement de l’armée à Brazzaville
Au moins 37 jeunes Congolais ont trouvé la mort dans la nuit du 20 novembre 2023 dans une bousculade lors d’une opération de recrutement de l’armée dans la capitale Brazzaville, ont annoncé, mardi 21 novembre, les autorités locales.
Au moins 37 jeunes Congolais ont trouvé la mort dans la nuit de lundi 21 novembre 2023, dans une bousculade survenue lors d’une opération de recrutement de l’armée, selon des sources officielles. Le drame s’est produit après 23 heures au stade Michel d’Ornano, au cœur de la ville, selon plusieurs témoins.
C’est ce site qui a été choisi pour accueillir des jeunes de 18 à 25 ans, candidats au recrutement dans l’armée. Depuis la semaine dernière, l’armée congolaise a annoncé le renforcement de ses effectifs par l’engagement de 1 500 nouveaux agents.
Fatigués d’attendre
Lundi, les choses ont traîné pendant toute la journée. Tard dans la nuit, les candidats étaient toujours sur les lieux. Fatigués d’attendre dehors, ils ont forcé le portail du site qui, selon des témoignages, s’est écroulé sous eux. Les uns ont marché sur les autres pendant plusieurs minutes.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs corps dans les services de la morgue municipale, mais aussi de nombreux blessés admis au CHU ou encore à l’hôpital militaire.
Les services d’urgence font état de 37 morts. Le bilan est encore provisoire. Il pourrait s’alourdir, parce qu’il y a de nombreux blessés, certains dans un état critique.aA
A LA UNE
TCHAD – L’opposant Succès Masra prône la réconciliation nationale
Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, qui avait fui il y a un an, est rentré d’exil le 3 novembre après avoir signé un « accord de réconciliation » avec le pouvoir du Président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno.
Cet accord prévoit notamment une « amnistie générale » pour les responsables des meurtres de manifestants le 20 octobre 2022, pour la quasi-totalité de très jeunes hommes tués par les balles des policiers et militaires.
Une cinquantaine selon le pouvoir, plus de 300 selon l’opposition, des ONG nationales et internationales et un rapport d’experts mandatés par l’ONU.
M. Masra a exhorté dimanche des centaines de ses partisans rassemblés à N’Djamena à l' »apaisement » et à ne pas « réclamer vengeance », rapporte un correspondant de l’AFP.
En martelant le mot « réconciliation » à maintes reprises, Succès Masra a « prié Dieu pour qu’il apaise les cœurs » des victimes et leurs familles et les « guide vers la responsabilité collective ». « La réconciliation n’est pas une capitulation », a-t-il lancé.
Depuis son retour au pays, le reste de l’opposition, dont nombre de dirigeants sont encore en exil, dénonce un « accord » de dupes et fustige un ralliement de M. Masra au pouvoir dans la perspective d’élections promises pour 2024.
Elle appelle à boycotter le référendum du 17 décembre et juge l’amnistie comme le moyen « soustraire à la poursuite les criminels (…) qui ont tué en masse, torturé, enlevé et fait disparaitre les jeunes le 20 octobre 2022 », a résumé pour l’AFP Max Kemkoye, président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP).
Le discours-fleuve de M. Masra a été ponctué d’ovations d’une foule compacte de partisans habillés aux couleurs nationales.
« Son discours rassure le peuple, on est debout », s’enthousiasme Etienne Josue, 25 ans. « Il fait renaître en nous un sentiment d’espoir, après le 20 octobre, il n’y avait plus d’espoir », renchérit Salim Abdoulaye, 32 ans.
« Notre frère Mahamat Déby peut compter sur nous comme un allié du peuple. Nous sommes prêts à poursuivre avec les autorités pour trouver une solution globale », a conclu M. Masra.
Le général Déby a été proclamé par l’armée le 20 avril 2021 président de transition à la tête d’une junte de quinze généraux à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front après avoir dirigé le Tchad d’une main de fer trente années durant.
Il promettait aussitôt de rendre le pouvoir aux civils par des élections au terme d’une transition de 18 mois, prolongée finalement de deux ans 18 mois plus tard.
Le 20 octobre 2022, plus de 600 jeunes hommes, dont 83 mineurs, ont été arrêtés –au moins un millier selon l’opposition– et déportés dans le sinistre pénitencier de Koro Toro en plein milieu du désert.
La plupart y ont été condamnés un mois et demi plus tard à de la prison ferme pour « insurrection » dans un procès de masse sans avocats.
Ils ont ensuite été rapidement graciés par le général Déby et remis en liberté. Mais l’opposition et des ONG internationales affirment que des dizaines voire des centaines ont disparu le 20 octobre et les jours suivants, « exécutés » ou décédés durant leur transport à Koro Toro.
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