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AFRIQUE DU SUD : Mary Sibande raconte la société sudafricaine post-apartheid

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Mary Sibande est une plasticienne contemporaine sud-africaine née en 1982 à Barberton à Mpumalanga, une province d’Afrique du Sud. Elle vit et travaille actuellement à Johannesburg. Connue dans les domaines de la sculpture, de la photographie, des arts visuels et du collage, Mary Sibande explore la construction de l’identité dans le contexte post-apartheid de la société sudafricaine et les représentations de la femme. A travers son personnage « Sophie », elle explore, enquête, questionne, s’exprime, dénonce, raconte et met en scène des tranches de vie coloniale, discriminatoire et racisée. Mary Sibande est une artiste grand format qui n’hésite pas à bousculer la société et ses tares. A travers son travail, elle donne sa part de vérité de ce monde qui va terriblement mal, trempée dans un contexte historique conservateur où elle interpelle son peuple : les sud-africains dans leur ensemble dont une partie de la population, noire, a longtemps été dominée par une autre, blanche. Pour notre série portrait, Ze-africanews fait un focus sur cette artiste mondialement connue pour son combat pour l’Afrique et le monde noir.

Ses études et ses œuvres
Mary Sibande a étudié à l’université de Johannesburg d’où elle est sortie diplômée en 2007. Dotée d’un talent et d’un style assez singuliers, elle est présentée dans de nombreuses manifestations internationales. Elle a représenté l’Afrique du Sud à la Biennale de Venise en 2011. En plus d’être la dernière lauréate de la Standard Bank Young Artist Award, elle bénéficie d’une exposition itinérante en Afrique du Sud en 2013. Ses productions peuvent être retrouvées dans la collection du Spencer Museum of Art de l’Université du Kansas et dans de nombreuses collections publiques sud-africaines telles que South Africa National Gallery et Johannesburg Art Gallery.

Sophie de Mary Sibande

A travers “Sophie” , elle raconte l’histoire post-coloniale de l’Afrique du Sud
Dans ses sculptures, elle se sert de son personnage, son alter ego “Sophie” vêtue d’un vêtement hybride, une grande robe victorienne de couleur bleue surmontée d’un tablier blanc. Avec les accessoires de maison, elle maintient les yeux fermés comme pour rêver d’un monde de loin différent de celui de la classe ouvrière traditionnelle de l’Afrique du Sud post-Apartheid. Elle raconte l’histoire de l’Afrique du Sud. La vie des Noires domestiques sous l’aile de leur maître. Dans ses œuvres, c’est également l’histoire de sa grand-mère dont ses maîtres avaient appelé “Elsie” par substitution à son nom africain qu’ils ne pouvaient pas prononcer. Elle se pose des questions sur le statut des femmes de sa propre famille, qui était des domestiques, alors qu’elle a réussi à devenir artiste. Elle est libre d’avoir des idées, de les exprimer. Une liberté acquise qui durant des générations, était une notion inexistante dans la vie de ses proches.

Elle gagne en notoriété grâce à la Coupe du monde de football de 2010
Lors de la Coupe du monde de football accueillie par l’Afrique du Sud en 2010, les sculptures et les photographies de Mary Sibande étaient visibles dans les rues de Johannesburg. Un tel événement qui draine une foule immense a accru de façon considérable sa notoriété dans son pays et dans le monde.

Son exposition personnelle « The purple shall govern » a été présentée au National Arts Festival à Grahamstown et dans les principales villes d’Afrique du Sud, dans le cadre de l’itinérance du prix jeune artiste de la Standard Bank. L’autre particularité du travail de Mary Sibande c’est l’utilisation de la couleur bleue qui rappelle la période de l’apartheid qui a fait beaucoup de tord à la communauté noire d’Afrique du sud où des président blancs se sont succédés au pouvoir de 1961 à 1994 soit trente trois ans avant l’arrivée du pouvoir de Nelson Mandela, figure proue de cette période sombre de l’histoire de son pays.

Succession of three ages de Mary Sibande

Son originalité : elle veut comprendre le rôle de la couleur dans l’histoire sud africaine
« Succession of three ages”, une œuvre révolutionnaire de Mary Sibande, représente quatre chevaux gigantesques harnachés à une silhouette difforme, tentaculaire et presque surréaliste. L’artiste plasticienne fait allusion à son enfance dans cette production artistique, où elle a été entourée de personnes qui ont vécu les périodes sombres d’une société difforme socialement, économiquement et politiquement sous fond de ségrégation raciale avec une scisssion entre les Noirs et les Blancs. La couleur violette utilisée dans cette réalisation, rappelle les années 1980 où le peuple sud-africain vivait alors une période de transition et de lutte pour l’abolition du système de l’Apartheid qui avait créé une véritable hiérarchie dans la société sud-africaine biraciale. Au cours d’une manifestation, les forces gouvernementales aspergent un jet d’eau qui contient de l’encre violette sur la foule. L’objectif était d’identifier les protestataires afin de les arrêter par la suite. Inspirée par cette histoire dramatique et historique, Mary Sibande présente un char qui représente le pouvoir despotique et anonyme et des tentacules violets rappellent la figure de la méduse, l’une des trois gorgones de la mythologie grecque. La situation de tension sociale, les chevaux à bascule harnachés, pourraient évoquer l’impasse du peuple noir sud-africain dans la lutte à la recherche de la liberté pour son émancipation effective.

La continuité de son combat contre l’inégalité
Anti-conformiste, révolutionnaire, rigoureuse, plasticienne contemporaine, Mary Sibande a représenté des chiens rouges, motifs récurrents nés de l’expression zouloue « Ie ukwatile uphenduke inja ebomvu », que l’on peut traduire par « Il est en colère, il s’est transformé en chien rouge » en décembre 2019. Elle retrace ainsi l’indignation, le sentiment majeur face à la persistance d’inégalités criantes. « La colère est quelque chose d’animal. Quand elle vous saisit, vous voyez rouge ! », soutient-elle.

Sophie de Mary Sibande
Sophie de Mary Sibande
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CÔTE D’IVOIRE – Toutes les nuits du monde : un spectacle qui vaporise les formes traditionnelles de la mise en scène

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« Toutes les nuits du monde » a été annoncé sur les réseaux sociaux, tambour battant. Pour tout dire, cela a piqué ma curiosité.  Ce samedi 1 octobre, le spectacle a eu lieu, à dix-neuf heures, à l’Institut français d’Abidjan. Il a produit sur le public venu en grand nombre une impression excellente. Nous avons aimé et applaudi ce tableau vivant, ce spectacle du slameur-poète Placide Konan et du metteur en scène Alain Serge Agnessan.

Dussé-je déverser mon fiel sur ce spectacle, encourageons d’abord les organisateurs. Hormis d’humaines imperfections de détails, le spectacle a été bien monté et artistiquement présenté. Ce n’était pas qu’une pièce de théâtre, c’était mieux : de la musique, de la chorégraphie, du slam, un jeu d’acteurs qui éclate, comme des pétards, à belle hauteur et encore mieux ça racontait une histoire bouleversante. Et quelle histoire !

Lever de rideau. Un jeune homme sanglé comme un clodo apparaît. Débraillé, en désordre et revernir à l’alcool, il avance dans la nuit et commence à s’épancher : il entame un long discours ponctué d’accents puissants. On s’attarde sur son désordre vestimentaire qui fatigue par sa complexité. Il pleut une lumière sur lui. Le reste du décor, vexé, est caché dans la nuit. Il porte sur son front les séquelles d’un amour qui ne viendra plus. Il se nomme Ferdinand. Akissi, son amante, tourne et danse autour de lui, dans le vide. Il ne la voit pas. Il l’appelle, elle l’entend ; mais, il ne peut la voir. Comment combler ce vide soudain entre une morte et un vivant ? Comment joindre, aboucher à la perfection l’au-delà et l’ici ? Comment dissoudre deux noyés de densités différentes ? D’un côté comme de l’autre de la rive, deux êtres s’interpellent, sans jamais s’entendre, vraiment, ni se toucher réellement. L’humain n’est que solitude. Séparé, détaché, disjoint, il ne parvient pas au monde. Le monde, lui non plus, ne lui parvient. Alors que le temps a arrêté de courir sur l’un, il emporte l’autre. Il les entraîne sans jamais les unir, sans rompre l’isolement. Chacun tend la main à un rêve qu’il ne peut atteindre. Trouble du moi, attaque de panique devant son impuissance ; un clinicien pourrait y trouver un nouveau filon pathologique. 

Crédit photo : TROIS B

Placide, la mastodonte n°1 du slam. Un de ces monstres qu’Alain Tailly créa à quelques exemplaires, y joue le rôle de Ferdinand. Il écrit un poème à Akissi, rôle brillamment campé par la danseuse et chanteuse, Marcelle Kabran, sa bien-aimée dont il veut faire revenir à la vie. Ah! Cette Akissi ! Est-elle née un dimanche ou un lundi ? Quelle boule d’énergie ! Son utilisation de l’espace, les expressions de son corps valent des vers. On comprend le tourbillon de feu qui mange son âme. Est-ce dans le but d’éteindre ce feu dévorant qu’il boit autant ? Il projette de coucher sur le papier un poème qui va arracher sa bien-aimée des entrailles de l’au-delà. Vaine quête d’un homme splendidement isolé, comme tous poètes et qui commence le lent et inéluctable naufrage des damnés. Dans un décor sombre où s’entasse un rêve qui lui glisse entre les doigts. La démesure, – et c’est ce qui fait la beauté de ce spectacle -, est telle que Akissi parlant à Ferdinand dans un tête-à-tête n’a même plus conscience en vient souvent à ne pas savoir qu’elle est une âme éthérée, qu’elle est morte. Sa voix résonne comme un prêche dans une maison close. Ferdinand, je crois, se ment à lui-même. Il ne veut pas vraiment faire revenir Akissi. Il veut se sauver par l’écriture. La scénographie m’en bouche un coin. J’apprends qu’elle a généré par le même qui a fait la mise en scène du spectacle. 

Crédit photo : TROIS B
Crédit photo : TROIS B
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SÉNÉGAL – Le Carnaval de Dakar en passe de devenir une véritable institution par Fatou Kassé-Sarr

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Article réalisé avec la collaboration de Siaka Bamba Doh Ouattara

Les 25, 26, 27 novembre 2022, dernier weekend du mois de novembre, sur trois jours, va se dérouler au Sénégal le Carnaval de Dakar. Cette troisième édition, placée sous le signe du sport et de la culture, aura pour parrain Baaba Maal, la star sénégalaise. Pays à l’honneur : la République Fédérale du Nigéria. 14 disciplines représentées ! Plus de 7 000 visiteurs attendus ! Il y aura du Thiébou Dieun, à volonté. 

Né en 2019, le Carnaval de Dakar en est à sa troisième édition. Il se tient, chaque année, dans la dernière semaine du mois de novembre. Joyeux lieu de brassage des peuples et des cultures, cet événement festif est une vitrine pour faire la promotion de la diversité et de l’esprit de la Téranga. Avec sa jeune tradition et ses moments forts : les gastronomies locales, la street food, les produits locaux, parade en costume traditionnel, démonstration de danse, sketch, … Durant ces trois jours, un village accueille les festivaliers, les visiteurs et les animations. Ce sera l’occasion d’une visite guidée sur les allées du Centenaire, au Monument de la Résistance et au musée des Civilisations noires. Chaque jour est dédié à une activité. Le vendredi 25 novembre, 1er jour, la cérémonie débutera les allocutions des autorités qui viendront nombreux. Le lendemain, la parade des enfants et le dimanche, dernier jour, jour de clôture, un grand repas, en wolof, « Grand Agn » (Garnd déjeune) ou encore sabar de clôture sera pris par les festivaliers. Si les deux premières éditions se sont bien déroulées, c’est en grande partie dû à et à l’initiatrice et à l’organisatrice Fatou Kassé-Sarr. 

Qui est Fatou Kassé-Sarr ?

Fatou Kassé-Sarr est directrice générale de LabellCom. Une structure créée en 2018 qui « crée des plans de social marketing engageants pour aider les marques à communiquer avec leurs audiences. » Elle est l’organisatrice en chef du Carnaval de Dakar. Au four et au moulin, mais derrière elle, il faut compter sur un staff professionnel.  Cette jeune quinquagénaire, qui ne fait pas son âge, fut député suppléante au Parlement français. Mariée et mère de deux enfants, cette spécialiste en communication politique et publique, vise, à travers ce Carnaval, à « promouvoir et à valoriser la diversité culturelle du Sénégal ». Et avec les deux dernières éditions, des réussites, il faut le dire, on peut dire qu’elle y est parvenue. Elle n’a pas manqué de féliciter : « la Présidence du Sénégal, en partenariat avec le Ministère sénégalais du Tourisme et des Transports aériens. »

Fatou Cassé-Sarr, Organisatrice du « Carnaval de Dakar »

La culture des Haal Pulaar à l’honneur

Après les Congnaguis (2019) et les Lébous (2021), c’est au tour des Haal Pulaar, avec un représentant de taille : Baaba Maal qui est lui-même haalpulaar. Ce Carnaval, affirme Fatou Kassé-Sarr : « valorise les terroirs et trouve des synergies avec tous les acteurs » tout en permettant de « développer une économie locale ». Ce Carnaval est un levier de la valorisation et de la promotion de la diversité culturelle du Sénégal. À travers des spectacles, on saura les jeux d’alliance entre les Haalpulaar et les peuples, comme les sérères, les diolas,… La présence d’artistes de renom à Dakar joue aussi un rôle important dans cette phase de « découverte ».

Le Nigéria à l’honneur

Après le Canada, le pays à l’honneur du Carnaval de Dakar sera la République Fédérale du Nigéria pour cette troisième édition. Pourquoi le Nigeria ? Au micro de Zenewsafrica l’organisatrice, Fatou Kassé-Sarr affirme que : « Le Nigéria est un modèle de diversité culturelle – le pays compte plus de 500 ethnies – et une grande industrie africaine. Et comme la majeure partie des carnavals à travers le monde, le Carnaval de Dakar est un moyen de faire découvrir au monde entier les richesses et la diversité culturelle au Sénégal. La culture est un outil qui crée de l’emploi » 

Fatou Cassé-Sarr, Organisatrice du « Carnaval de Dakar »
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SÉNÉGAL – Les sculptures massives d’Ousmane Sow entrent au fort Vauban de Mont-Dauphin

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Les œuvres monumentales rejouant la bataille de Little Big Horn, exposées sur le pont des Arts, à Paris, en 1999, avaient rendu célèbre l’artiste sénégalais. L’installation vient de rejoindre la forteresse dans les Hautes-Alpes pour au moins dix ans.

Corps à corps de guerriers musculeux, carambolage de chevaux. On croit entendre les bruits et la fureur du combat. Sous l’impressionnante charpente en bois curviligne de l’ancienne caserne Rochambeau, au fort de Mont-Dauphin (Hautes-Alpes), se rejoue la bataille de Little Big Horn, opposant, en 1876, une coalition de Cheyennes, de Sioux et des Arapaho aux soldats du régiment du général Custer.

En trente-cinq sculptures monumentales, visibles à partir du 6 juillet, le sculpteur sénégalais Ousmane Sow (1935-2016) célèbre l’éclatante victoire des fragiles contre les puissants. Déposée dans ce village fortifié pour une durée de dix ans renouvelable par sa veuve, la réalisatrice Béatrice Soulé, cette installation épique est bien connue des Parisiens qui la découvrirent ébahis, un jour de mars 1999, sur le pont des Arts.

L’exposition est restée dans les annales par sa fréquentation record – au moins 3 millions de visiteurs en trois mois. « Un succès inattendu », se souvient le critique d’art Emmanuel Daydé, alors adjoint du maire aux affaires culturelles. Pour l’ancien kinésithérapeute né en 1935 à Dakar, devenu artiste sur le tard, c’est la consécration. Mais aussi, étonnamment, un chant du cygne.

Au moment où Ousmane Sow accède à une notoriété internationale, le monde de l’art lui tourne le dos. Bien qu’il soit le premier artiste africain reconnu en France, aucun de ses successeurs, auxquels il avait pourtant pavé la voie, ne s’en réclame.

La fille du maire appuie sa cause
Tout avait pourtant bien commencé. En 1993, le sculpteur sénégalais, qui, deux ans plus tôt, avait fait la couverture de Revue noire – ­trimestriel qui révéla nombre de talents ­africains – est invité à la grande exposition quinquennale de la Documenta de Cassel, en Allemagne. En 1995, le voilà à la Biennale de Venise, qui est à l’art contemporain ce que le Festival de Cannes est au cinéma. L’autodidacte rêve, lui, d’un événement à Paris.

Le hasard lui fait croiser Hélène Tiberi, fille du maire de l’époque, Jean Tiberi. Qui soutient sa cause à la Mairie. L’emplacement est facile : ce sera le Pont des Arts, entre le Louvre et l’Académie des Beaux-Arts. Il faudra des trésors de diplomatie pour convaincre ces deux institutions, qui n’ont pas vu d’un bon œil la proximité des silhouettes massives imaginées par un artiste africain.Les archives « Monde » : Ousmane Sow interroge Bordelais et politiques 

L’école nationale des beaux-arts voisine, où le figuratif est alors tabou, se pince également le nez. L’argent manque. Le groupe Havas avait d’abord promis de contribuer à l’addition de 5 millions de francs (l’équivalent d’1 million d’euros aujourd’hui), mais son nouveau PDG, Jean-Marie Messier, se dérobe. Béatrice Soulé remue ciel et terre, déniche des sponsors et s’est personnellement endettée à hauteur de 1 million de francs. La suite ici

Source : Le Monde


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