Je vous partage mon ressenti et les éléments que j’ai retenus (pour ceux qui n’ont pas le temps de lire le livre) : Je trouve que le livre est bien écrit. Il est facile à lire, accessible et bien documenté à certains endroits. Ce livre est loin d’être un pamphlet contre Macky, il est au contraire un extraordinaire atout pour tout militant de Macky qui souhaiterait faire connaître le bilan de son leader. En lisant les premiers chapitres on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme de la Sénégalaise pur jus Marième Faye. Le livre dépeint Macky comme un homme du peuple, un « président animé d’une forte fibre sociale » qui a beaucoup d’empathie et de considération pour les pauvres à cause de ses origines sociales, un gros travailleur (qui ne dort plus depuis qu’il est au pouvoir), un homme méthodique, un super-guerrier mais un faux méchant. Bref, pour Cheikh Yérim Seck, Macky est clairement du côté des gentils.
– Les chapitres 10 et 11 permettent à l’auteur d’étaler les réalisations matérielles de Macky au cours des 10 dernières années. Macky est clairement placé par l’auteur devant tous les anciens PR du Sénégal en termes de bilan.
– A mon avis, ce n’est pas anodin de voir la version numérisée du livre circuler aussi facilement sur nos réseaux sociaux : c’est fait pour. Ce livre est fait pour être largement distribué, pour être lu par toutes les personnes qui se posent des questions sur l’avenir politique du pays. C’est un bilan-programme qu’il faut vulgariser.
– L’auteur prépare les lecteurs à la survenue du troisième mandat, qui a déjà été validé selon lui par le Conseil Constitutionnel suite à une saisie du PR.
– Il démontre par la même occasion qu’il n’y a pas d’autres alternatives que Macky en 2024 :
Sonko est dépeint comme un homme politiquement immature, radical, clivant et cru de ses seuls partisans, aux mœurs légères et il nous dit que Macky dafa yakk deram auprès des Français (GMS son acolyte est anti-Français), auprès des Américains (accusation de liens avec le salafisme) et auprès des lobbys pétroliers qui s’intéressent de près au Sénégal en ce moment et qui sont très puissants.
– Idrissa Seck est dépeint comme une personnalité sans envergure politique, neutralisée par Macky.
– Malick Gakou est décrit comme quelqu’un qui était à deux doigts de rentrer dans l’avant-dernier gouvernement Macky.
– Khalifa Sall et Karim seraient finis politiquement, puisque la question de l’amnistie ne serait selon lui qu’un leurre.
– Amadou est décrit comme réseauté et apprécié par beaucoup mais presque détesté par le patron et surtout totalement dépendant des choix de Macky.
– Mimi est décrite comme la plus dangereuse, celle qui détricote le plus efficacement tout ce qui a été mis en place par Macky pour favoriser son troisième mandat.
– Il finit le livre sur un chapitre ou il demande à Macky de mener 3 gros travaux pour l’avenir du pays (Exploitation optimale du gaz et du pétrole, Transformation digitale et numérique, Répartition équitable des ressources).
La question que je me pose, quelqu’un à qui il reste moins d’un an de mandat peut-il mener ces travaux ? Ou Yérim nous décline-t-il le programme de Macky pour la période 2024/2029 ?
Le grand Yérim nous fait quelques révélations qui doivent faire réfléchir chacun d’entre nous :
– Idrissa Seck et Macky ont ficelé leur deal avant l’élection présidentielle de 2019. « Macky et Idrissa n’ont pas cessé d’échanger des coups des fils et des enveloppes. »
– Karim Wade a en partie financé la campagne de Macky Sall en 2012
– Macky a saisi le conseil constitutionnel pour un avis sur la légitimité de sa candidature depuis 2020 et celui à répondu positivement.
– Amadou Ba était conseiller municipal du Parti Socialiste et il a fait partie des cadres de la génération du concret de Karim Wade.
– Macky a recruté Tony Blair, Jack Lang et une entreprise de lobbying pour l’aider à convaincre les partenaires étrangers du bien-fondé de sa future candidature.
– Sonko a cherché à rejoindre Idy avant 2012 puis s’est ravisé. Sonko a sollicité le poste de directeur de l’ARMP auprès de Macky en 2012 et celui-ci aurait refusé.
– Le secteur de la pêche qui emploie plus de 600 000 personnes est en train d’être méthodiquement déstructuré par Macky et ses proches. Les scandales s’enchaînent et l’horizon est très sombre, près de 6 000 000 de familles seraient menacées.
-La Senelec serait au cœur d’un scandale financier avec « des surfacturations converties en commissions qui culminent à 21 millions de dollars » juste pour la période de juin à octobre 2022. Le chapitre sur la Senelec fait mal au cœur.
Je ne sais pas ce qui est vrai ou faux dans tout ce qui a été dit mais ce qui est sûr c’est qu’une grande quantité d’informations, dont certaines circulaient déjà sous forme de rumeurs, nous a été livrée. Il y a matière à réfléchir (et du travail pour tout le monde) : la justice, les citoyens, les hommes politiques de tout bord.
Je termine par ces deux phrases magnifiques de CYS concernant la démocratie : «…Si toutes ces exigences légitimes ne peuvent pas être remplies, ce sera du bon sens de préférer à cette démocratie sous-développée une dictature juste, éclairée, créatrice de progrès »… « Mieux vaut une dictature qui développe qu’une démocratie qui maintient dans le sous-développement. »
Si tout ça ne nous fait pas réfléchir mom keneu meunou tchi dara… Sonko a été mal avisé avec sa sortie.